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Comment j'ai visité la grotte d'Ouvéa en 2008

Le fim de Mathieu Kassovitz, L'ordre et la morale, fait actuellement découvrir à un jeune public l'épisode dramatique de la prise d'otages d'Ouvéa, en Nouvelle Calédonie, en 1988. En septembre 2008, quelques semaines après les 20 ans du drame, Laure Daussy, mi-journaliste, mi-citoyenne (et auteure de notre article sur le sujet) débarque sur l'île d'Ouvéa. Une seule pensée: visiter la grotte. Mais la grotte ne se visite pas. Comment faire ? Récit d'une expédition improbable, rédigé à chaud, à la première personne, après la visite.

Derniers commentaires

Merci, Laure, pour un texte qui fait découvrir une autre vision des choses. Il a un naturel qui force le respect et qui pose des questions.

Je n'arrive sur ce fil qu'à près de 90 commentaires (je me devais d'en garder certains intouchés pour pouvoir tester) et je ne suis pas déçu. L'article est formidable et les contradicteurs hilarants. Merci Jerisback, je ne sais pas où vous allez trouver tout ça, mais les papous sous la tour Eiffel, j'en reveux bien encore.
Merci Laure d'avoir insisté à dépasser mes réticences à voir ce film .
Comme je le craignais un peu, son travers reste d’être très imprégné d'une vision "legorju".
Par contre il restitue bien le contexte avec ce fameux débat ou Chirac a été odieux .
Par ailleurs j'aurais aimé sortir de ce film plus imprégné des positions calédoniennes.
Je comprend le communiqué de de presse de Benoit Tangopi et ses réticences sur un film loin de faire la lumière sur les positions du FLNKS.

Donc film à voir, méritoire pour son effort de mémoire mais trop incomplet ou appelant a l'investigation.... mesdames et messieurs les journalistes, au boulot!!!

Et encore une fois merci Laure pour cette belle chronique
Je me joins au cortège des flatteurs pour vous complimenter à mon tour ! L'article est sérieux et très bien écrit. C'est plein d'humilité et je pense que vos mots traduisent assez bien votre ressenti (et le nôtre par procuration).
Cet article est ce que l'on appelle du grand journalisme, dans tous les sens du terme: grand par son sujet, grand par son style, grand par l'émotion transmise, grand par la réflexion qu'il encourage.

Un grand merci, Laure.
j'ai vu le débat chez TADDEI : http://ce-soir-ou-jamais.france3.fr/?page=emission
bien sur, PONS droit dans ses bottes avec le général bête et discipliné à ses côtés, venu nous dire qu'il était impossible de dialoguer avec "des dangereux terroristes armés jusqu'aux dents" et patati et patata....

et moi ce qui me fait rager c'est que nos barbouzes de la république, les Pons, les Pasqua, les MAM, soient éternellement protégés par le secret-défense !!
j'aimerai que dans notre démocratie cette ineptie, qui a pris pour habitude de protéger l'ignominie, soit définitivement abolie !

j'espère qu'un jour un des enfants des kanaks assassinés par les militaires français aura envie d'un peu de vérité et d'ouvrir un procès.....mais qu'il se dépêche tant que Rocard est en vie car en voilà un qui plus il vieillit plus il énonce de vérités !...
beau témoignage Laure, du vrai journalisme d'investigation...:)
Merci pour ce témoignage. Très émouvant. Et la honte sur ces hommes qui ont torturé, assassiné...
Bravo. J'ai lu ce texte, plongé dans les images de googlemap. J'y suis encore.
C'est grâce à des récits comme ça que les jeunes kanaks se souviendront.
Merci.
Un grand merci pour ce texte Laure. Pouvez vous nous en dire plus sur "la coutume" ?
Quant à moi, pour le moment je n'ai pas le choix d'aller voir ou pas "l'ordre et la morale". Le film n'est dans aucune salle à La Réunion. Mais si un jour il arrive, j'irai le voir.
Parce que cet événement est encore dans ma mémoire. C'est peut-être un besoin de voir ça "de l'autre coté". Je me souviens encore de cette colère mélée de honte pour ce que mon pays avait fait à l'époque. Je me souviens du regard de Bernard Pons, de ces yeux sans remorts, sans même une étincelle de culpabilité. Rien. L'Etat qui justifie l'injustifiable.
Il faut se souvenir aujourd'hui des horreurs que nos dirigeants sont capables de faire en période électorale. Ils faut que ceux qui n'étaient pas nés voient ça. Car ça ne doit jamais recommencer. Jamais !
Bonjour Annie,

Pour répondre à votre demande sur la coutume…C'est à la fois simple et complexe de la définir! (D'où cette longue réponse)... Cela désigne, comme je le raconte dans le récit, le geste coutumier qui consiste à montrer son respect et son humilité en arrivant dans une tribu, en donnant un morceau d'étoffe, le manou, éventuellement quelques présents. Le chef coutumier prononce de son côté des paroles de bienvenue. On distribue d'ailleurs une brochure aux touristes pour leur expliquer.

Mais la coutume est aussi plus largement un code de relations sociales, un lien à l'autre, dans des moments clés de la vie en société. De grands rassemblements coutumiers ont lieu ainsi pour les mariages, naissances, fête de l'igname, (plante sacrée pour les Kanak). Les responsables coutumiers prononcent de longs discours, récitent les généalogies et leurs histoires. "Le respect de forces naturelles, le pouvoir de la parole et le geste de l’échange son des valeurs primordiales," explique encore cette brochure, réalisée par la Maison de la Nouvelle-Calédonie à Paris.

On peut la définir aussi comme un "art de vivre ensemble', qui repose que deux principes fondamentaux, le respect et le consensus. C'est pour cela que Kassovitz explique avoir discuté longtemps et à plusieurs reprises avec les Kanaks pour avoir l'autorisation de tourner à Ouvéa. Comme il n'y a pas eu consensus, il a dû tourner en Polynésie.

Plus généralement, c'est un ensemble de règles non écrites, équivalente à nos règles de droit, qui régissent la vie des Kanak. Le statut coutumier coexiste avec le droit civil commun français. C'était un combat et une revendication des Kanaks. Cette reconnaissance de la coutume a été actée, elle est inscrite dans l'article 5 de la Constitution française. La coutume régit ainsi les "terres coutumières". Le mariage, aussi, peut être coutumier, (être reconnu sans passer par le droit civil), de même que des adoptions.

Et pour être complet, et parce que toute culture comporte une part "sombre" je vous signale cette étude de Guy Agniel, professeur de droit public en Calédonie. Il souligne les questions que peuvent poser le statut coutumier concernant les inégalités hommes/femmes. Comme dans beaucoup (la plupart ?) des sociétés, la société kanak était fondée sur une hiéarchie entre hommes et femmes. La coutume, et la société kanak, "ne jugeait donc pas intolérable les violences physiques ou sexuelles envers les femmes", explique-t-il. Ainsi les violences conjugales n'étaient pas reconnues, et, en matière de viol, la peine coutumière peut consister à…punir une fille pour avoir été violée, explique-t-il. Je ne sais pas dans quelle mesure c'est encore le cas ou pas. Certaines femmes se tournent alors vers la justice française, non sans difficultés. Des mouvements associatifs de femmes kanak tentent de faire évoluer cet aspect de la coutume…

A lire aussi, un très beau livre pour comprendre la coutume et ses évolutions, "le tissage de nos silences" , écrit par Wenigo Ihage, fondateur de l'Académie des langues kanak...http://www.antiqbook.com/books/bookinfo.phtml?o=mariti&bnr=53256
Merci beaucoup Laure pour toutes ces précisions. Je repasserai pour consulter chacun de vos liens. Là, il est pour moi l'heure de se préparer pour alller au travail (6h30 heure de la Réunion). Bonne journée.
Voilà, j'ai tout cliqué, j'ai tout lu ;-) Sauf le livre, mais il est commandé.
Très intéressante cette analyse de la cohexistence des différents status civils par Agniel et de l'évolution qu'elle a imprimé au final dans la société Kanak même.
Encore merci d'avoir partagé tout ceci avec nous.
Et si vous n'êtes pas un chef kanak et que le forum n'est pas soumis à la coutume, je n'hésite pas à vous offrir en cadeau un petit morceau de celle qui est aujourd'hui mon ile. C'est une histoire de facteur (coucou Christian !), de chemin, de tamarins, et des gens de là-haut. C'est un morceau de Mafate, au travers de celui qui l'a parcouru tant de fois, qu'il a au compteur plusieurs tours de la terre.
Voici l'histoire en chanson. Moi j'adore. J'espère que vous aimerez aussi :-)
merci pour le texte.
j'avais l'impression d'y être j'en ai pleuré.
j'habite en Calédonie depuis 2 ans je n'ai pas encore eu l'occasion d'aller à Ouvéa. Et c'est vrai j'ai cette chance de ne pas avoir vécu les évènements.
vous avez réussi à rester factuelle en présentant la vision des kanaks qui vécus ça.
vous avez évité le cliché du kanak tout gentil. forcément tout gentil.

le commentaire de "à la plage" est très bien, relisez-le pas grand chose à y ajouter.

et allez voir "l'ordre et la morale". bien sur que ce n'est pas La Vérité. c'est un élément du débat, de la réflexion.
Merci beaucoup pour ce texte très émouvant.
Même si je ne connais rien de la Nouvelle Calédonie, j'ai senti un peu de ce pays à travers ce beau témoignage.
Beau texte, merci Laure.
je suis allée à Ouvéa
et évidemment en voyant "gossanah" j'ai pensé à la grotte, mais je n'ai pas voulu y aller : les circonstances ne se prêtaient pas à cette visite
il faut le temps
il faut nouer les contacts
il faut que chacun appréhende correctement l'autre pour ce genre de démarche, comme c'est raconté ici.
chaque rencontre comme celle décrite est un moment qui se mérite

il n'y a rien qui me lave mieux la tête qu'un séjour en tribu
quand on connaît, quand on sait qui on va rencontrer
un accueil fabuleux, des moments rares

il ne s'agit pas de dresser un tableau idyllique de la situation en brousse : on peut se faire agresser, insulter, sans avoir rien déclenché, en ayant fait les demandes idoines, en ayant été poli.
et de manière générale il faut se méfier des mecs bourrés ou des types complètement à la masse, shootés au datura ou au cannabis

il y a longtemps un caldoche m'a dit "tu as de la chance"
parce que je n'ai pas connu les "évènements"
parce que je peux aller aussi bien vers les kanaks que vers les caldoches, que l'interlocuteur sait que je n'étais pas dans le camp "d'en face"
ça facilite les choses, encore aujourd'hui.


j'encourage le lecteur zor(*) à ne pas avoir de jugement trop rapide sur ce pays magnifique, violent parfois, magique toujours


(*) zor n'est pas une insulte.
la vraie insulte, c'est zam (zoreille à merde) ou pire sezam (sale enculé de zoreil à merde)
caldoche a aussi perdu largement son sens péjoratif
splendide récit

quand on pense que les militaires qui ont éxécuté des hommes désarmés s'en sont tiré en toute impunité c'est dégueulasse ! L'amnistie pour ceux qui ont du sang sur les mains c'est déjà choquant mais pour des éxécutions sommaires , ça l'est encore plus...

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Merci a vous Laure, merci de ne pas nous avoir fait passer pour des imbéciles, merci pour avoir montrer du respect et merci pour avoir retranscrit cette part de votre histoire. et merci d'être aller a la recherche de la vérité, merci pour vos peurs, vos joie, vos maladresses et merci pour votre humilités.
J'aurai aimé que vous nous disiez que vous y êtes retournée, que vous leur avez donné signe de vie, que vous n'avez pas fait la coutume comme tous les colons, uniquement lorsqu'on a besoin de quelque chose...
Ravie que ce récit vous touche, et très heureuse de le partager avec les @sinautes ! Je vous encourage quand même à voir le film, même s'il a ses défauts, c'est une retranscription très puissante, et fidèle, à mon sens, de cette histoire trop méconnue.
Merci pour ce long article passionnant et émouvant (j'ai vu le film hier soir et j'ai l'âge de me souvenir de ce drame, du moins dans les grandes lignes)
En sortant du ciné, révoltée, je suis un peu restée sur ma faim c'est pourquoi j'espérais trouver "un plus" sur arrêt sur image.. et j'ai trouvé votre témoignage... encore merci !

Merci aussi à Matthieu Kassovitz de s'être emparé de ce sujet (et je serais tentée de dire gentiment à Jeanno que la "version Legorju" a au moins le mérite d'exister et qu'en admettant même que cet homme ait la mémoire sélective (comme chacun de nous...) il y a les faits incontournables que ce film restitue : l'entre deux tours de la présidentielle, le débat Chirac Mitterrand et leurs déclarations respectives, l'appel du pied aux électeurs du front national etc... c'est écoeurant de vérité !
Quant à l'approche du peuple Kanak, à leurs coutumes, j'ai retrouvé les mêmes "ingrédients" dans ce film admirable et dans le témoignage de Laure Daussy.
[large]Merci[/large], merci, merci, merci, merci merci Laure.

Je ne suis que très rarement envieuse de qui que ce soit, mais là, OUI, de cette rencontre humaine, émouvante, magique.

Ce récit criant de vérité me suffit, je n'irai pas voir le film.
Bonjour
Simplement, merci Laure pour ce récit touchant.
Comment des gens ont-ils pu faire cela en notre nom ?
Terriblement émouvant. Merci à Laure Daussy. Je crois que les Kanaks ont raison de ne pas faire visiter, sauf à ceux qui le désirent vraiment, ça donne plus de valeur à son témoignage. Et là, avec les polémiques brouillonnes qui tentent de discréditer le film, c'est encore plus important.
Malgré mon horreur des compliments publics sur ASI... beau texte, qui met bien en valeur la dignité de ces "sauvages".

Où on voit bien (entre autres) que l'amnistie, certes nécessaire, n'est pas loin de l'amnésie.

Pour autant, j'ai dix fois plus de respect pour un Rocard (malgré qu'il ait mal vieilli) que pour un Pons, sinistre jeanfoutre qui me fait regretter que l'enfer n'existe pas. Certes, ce sont les militaires qui ont massacré, mais c'est lui, avec l'aval direct ou indirect de Chirac et Mitterrand, qui a armé leur bras.
Merci beaucoup pour cet article(le mot est complétement inadapté).


C'est un récit rare et poignant, je vous félicite tant pour l'écriture que pour le partage de cette expérience unique.

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