141
Commentaires

Comment incarner un musicien à l'écran...

Difficile de donner à l’écran une interprétation réaliste d’un musicien, quand on ne l’est pas soi-même. Heureusement, le cinéma permet tout. À l’occasion de la sortie du film Le Quatuor, voici un petit panorama de procédés employés pour dépasser les limites du playback.

Derniers commentaires

Belle chronique. Revoir ce "banjo duelling" de "Déliverance" en étant délivré de la tension qui régnait dans
le film et informé du trucage ( effectivement repérable quand on le sait) ne nuit pas à l'excellent souvenir que j'en conservait.
On peut rappeller d'ailleurs que les autres cascades du film (et pas des plus faciles) ont été exécutées par les acteurs eux-mêmes.
Dans le film "Master and Commander" Russell Crowe et Paul Bettany ont appris pendant plusieurs semaines à interpréter deux morceaux au violon et violoncelle. Bien entendu, la bande son du film est doublée par des musiciens pro.
Salut cigale,

Content de te revoir ici :)

Premièrement, Le Quatuor venant de sortir, le seul matériau à ma disposition était cette bande-annonce.
On verra si l'on rajoute une vidéo quand le DVD sera dispo.

Sinon, je ne loue pas particulièrement les acteurs du film.
Je dis simplement qu'en peu de temps (dix jours pour le premier violon), ils sont arrivés à un résultat ma foi assez impressionnant, notamment en termes de synchronisme musique/geste.
Alors que Marielle a eu, selon toi, des mois de travail avec Charbonnier. Nuance...

du coup, tu vantes les tricheurs (ah, les contorsions... un bras par ci, un doigt par là) et tu te retrouves à critiquer les acteurs qui prennent réellement le risque de l'absence de trucage.

Non, j'explique, nuance aussi. Le sujet de cette chronique, ce sont les trucages. Peut-être un jour parlerais-je des acteurs qui ont fait les choses eux-mêmes. Prendre un risque pour un mauvais résultat ? Quel intérêt ? L'illusion, le cinéma, ce n'est que de l'illusion. D'optique, pour commencer. Mais autre sujet, pas à développer ici.

si wood n'apparaît pas au générique, elle est quand même plein pot sur l'écran à côté de la belle

Bé oui. Son doublage de Marilyn est connu des spécialistes.
Mais où as-tu lu pour la première fois qu'elle apparaissait dans le film ?
Ici.
Car ce n'est documenté nulle part (c'est pour ça que j'ai dit "petit scoop").
C'est son attitude qui m'a mis la puce à l'oreille, et qui m'a fait effectuer quelques recherches.

et des fois je me demande même si ça gêne un non-instrumentiste total.


Ça, c'est une excellente question, et tu remarqueras que je me garde bien d'y répondre, chacun pouvant avoir sa propre perception des choses...

Pour finir, je t'invite simplement à regarder ce qu'on fait De Niro et Whitaker, déjà mentionnés dans ce forum, par exemple.

Ou encore mieux, Mads Mikkelsen dans Coco & Igor...
ô le beau sujet ! et comme j'ai un bel abonnement tout neuf, je vais en profiter pour commenter !

je trouve ton extrait du quatuor pas du tout convaincant...l'image passe très très vite, comme chat sur braise, sur les plans où on voit acteurs et instruments, et le peu que j'en ai vu n'est vraiment pas du semblant-bien-fait. franchement je n'ai pas l'impression que ce soit si réussi que ça. en tout cas, j'attends de voir sur pièce, autrement que dans le trailer.

non content de louer ce quatuor, tu vilipendes par contre de manière très injuste tous les matins du monde. injustement parce qu'au moins, la caméra ne se contente pas de pfuitttt passer en vitesse sur l'acteur en train de jouer (comme ça semble être le cas pour le quatuor). ensuite le seul qui est pas convaincant, c'est marielle, mais, si je me souviens bien, depardiou fils est très plausible, et la petite jeune fille était une vraie gambiste qui jouait pour de vrai. en fait, c'est un gambiste, jean-louis charbonnier, qui a préparé les acteurs, et ça pendant des mois. tu sembles dire que c'était un petit machin vite fait sur le gaz et plein de négligences, un peu "ils z'avaient qu'à se préparer mieux", mais je me rappelle une émission* je crois radio sur le sujet, je sais plus si c'est savall ou charbonnier qui causait, et qui expliquait l'énorme boulot de préparation fait par les acteurs. si marielle n'y arrive pas, c'est peut-être la faute à ses vieux doigts, il y arrivait peut-être simplement pas. je crois me rappeler que si depardiou fils y arrivait, c'est qu'il avait fait du violoncelle.

dans le fond, c'est l'objet même de l'apprentissage d'un instrument, savoir poser les doigts, tenir l'archet quand il y en a un, et faire les trilles au bon moment...et c'est autrement plus dur que chanter... parce que l'acteur peut toujours chanter comme une casserole (mais du coup les positions de la bouche et de la gorge sont plausibles), et on double ensuite.

du coup, tu vantes les tricheurs (ah, les contorsions... un bras par ci, un doigt par là) et tu te retrouves à critiquer les acteurs qui prennent réellement le risque de l'absence de trucage.

si wood n'apparaît pas au générique, elle est quand même plein pot sur l'écran à côté de la belle. par contre, moi hayworth... pas de mots. affolante de beauté et sa voix est vraiment juste parfaite. et que sa main ne bouge pas aux changements d'accords ne me traumatise pas.

d'ailleurs, une question que je me pose : vu que je sais comment on fait, c'est clair que je suis en quelque sorte gênée par le semblant mal fait. l'archet tout raide, ou la main qui bouge pas aux changements d'accords, ou tout en haut quand on entend tout en bas du clavier, je fais HIPS. mais j'ai remarqué que des non musiciens ne repèrent pas forcément des montages son sur images (par exemple repérer un montage en regardant/écoutant jouer du cor, ou de la trompette...) et des fois je me demande même si ça gêne un non-instrumentiste total.

j'ai fait de la varappe. je repère instantanément si l'acteur qui grimpe le fait vraiment ou non (d'ailleurs ça me fout la trouille quand il le fait vraiment). ça me gêne un peu si c'est pour semblant. mais par contre les non-varappeurs n'y pigent rien, et donc ne doutent point. ou du moins ne sont pas gênés.

or être acteur, c'est quand même faire pour semblant. pour tout... (qui n'a pas pleuré à la mort de la mère de bambi ?)

* un doux baiser à qui me retrouvera cette très intéressante émission entendue il y a 2 ou 3 ans et qui était entièrement consacrée à la bande-son des matins du monde.
Une curiosité : Rita Hayworth dansant (synchrone !) sur Stayin' Alive
Et que pense le maître des lieux de la performance de Sean Penn en sous-Django dans Accords et désaccords de Woody ? On voit qu'il essaie, qu'il n'y parvient pas vraiment, mais l'effort est méritoire, non ?
Oui, j'en apprends tous les jours. Je suis ( un peu) déçu,
moi aussi j'étais persuadé que c'était Marilyn qui chantait !
gamma

Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur

A mon tour d'étaler ma science :
Dans son film "Tirez sur le pianiste", François Truffaut a été confronté au problème de la synchronisation, puisque Charles Aznavour joue un pianiste. Mais deux cas se sont présentés à lui :
1 - Quand Aznavour-Saroyan interprète du classique, le problème est résolu de façon ... classique.
2 - Quand Aznavour interprète Charlie Kohler, pianiste de bistrot, Georges Delerue a eu à composer une musique sur des scènes que Truffaut avait déjà tournées (pour une raison que j'ignore). Casse-tête pratiquement insoluble pour le compositeur, même si on ne voit jamais les doigts d'Aznavour. Au final, cette musique venue d'ailleurs, tout à fait étrange dans un bastringue :
http://www.youtube.com/watch?v=X4BY8h9B92M
Je ne suis pas musicien pour un sou, je ne suis pas amateur de cinéma et ne connais donc pas grand monde parmi les gens que tu cites. Cette chronique n'est pas faite pour moi.
De plus, comme un tour de magie que l'on explique, elle fait perdre toutes leurs illusions à ceux qui avaient gardé leur âme d'enfant.
Hé bien malgré tout ça je la trouve passionnante. Et elle a parfaitement sa place sur ce site fait pour nous montrer ce qu'il y a derrière les images.
Merci sleepless !
Merci Alain !

Quelques précisions, à mon tour :

Extrait du Wiki :
En 1953, elle remplace Marilyn Monroe pour les notes les plus aigües de Diamonds Are a Girl's Best Friend dans Les hommes préfèrent les blondes , notamment les « no, no, no » en début de morceau.

Le problème, c'est que j'ai beau réécouter "Diamonds Are A Girl's Best Friend", eh bien je n'entends nulle part des "no, no, no"...

Plus sérieusement, et selon ce qu'elle raconte dans son autobiographie, I Could Have Sung All Night: My Story, Marni Nixon n'a doublé que cette phrase : "These rocks don't lose their shape" (à 00.58" après le début de la chanson, et c'est quasi indécelable), qui est loin d'être la plus aiguë de la chanson.
Apparemment après coup, pour corriger un problème de justesse (mais bizarrement, il y en a d'autres dans le morceau, laissés tels quels), et non pas avant pour que Marilyn fasse un lip-sync (ce qui est le sujet de cette chronique :).

Qu'elle ait été la voix de nombreuses autres actrices ne fait en revanche aucun doute.
Très bon article, très intéressant. Pour les passionnés, n'hésitez pas à profiter de l'exposition Cinéma et Musique à la cité de la musique qui est elle aussi très intéressante.
Excelllllente chronique ! Avec une petite imprécision toutefois : certaines parties de Diamonds Are a Girl's Best Friend sont doublées par Marni Nixon. Voir par là sa fiche Ouiquipédiatre.

(Ah le fabuleux plaisir de l'inculte contrant l'expert !)
Très bonne chronique. Merci Jean-Stéphane!
Merci...
N'empêche que mon chateau de cartes d'illusions cinématographiques vient de s'écrouler dans un grand fracas ;o))...

En plus, Marilyn, dans l'extrait que tu nous proposes, elle ne danse pas, elle est assise sur un bar... alors vraiment, ces acteurs, quels flemmards ! ;o))
Merci pour cette chronique .
Ça c'est de la chronique rock 'n' roll, merci sleepy !
On pourra ajouter la partie du film Crossroads, le duel Macchio / Vai:
http://www.youtube.com/watch?v=YKfxpBYzyLo
Morceau arrangé* par Ry Cooder et Steve Vai, mais je ne sais lequel des deux (si ça se trouve c'est Jason Becker) a doublé Macchio. Cooder d'après ce que j'ai lu. Et Macchio qui fait d'ailleurs un travail de mime remarquable, même si je ne sais pas si on peut monter aussi haut avec une Telecaster :-)

* Un arrangement de Paganini, Caprice N°5, que j'ai entendu par un violoniste qui m'avait littéralement séché.
T'en penses quoi Steevie ?


Tu sais, j'ai aussi un problème de doublage intra-moi-même, c'est assez bizarre: quand je veux jouer du Satch ou du carlos Ruben Gomez (et autres guitaristes à trois bras), j'arrive pas à sortir autre chose que du Halliday qui ferait un solo sur Duteil. Alors qu'il devrait sortir au minimum du Steve Morse, je fais exactement les mêmes gestes. Les plus sympas parmi mon entourage parlent d'un léger problème de synchronisation, du coup ça me fait louper de bien juteux contrats. Toi aussi tu penses à un problème de décalage ? Comme je sais que tu maitrises le do dièse récurrent de Chariots of Fire (ou ré bémol ? je ne me souviens plus trop), je me disais que tu pourrais analyser ça pour moi.
Je suis moi-même souvent très choqué par l'incohérence des gestes par rapport à la musique. L'exemple de Marielle est flagrant et très gênant.
Par contre j'ai le souvenir de Robert de Niro dans "New York New York" ou de Forest Whitaker dans "Bird" très convaincants au saxophone. Même si on voit bien qu'ils ne jouent pas réellement, l'illusion fait sont effet.
. on conviendra aisément qu’il s’agit d’un casting de rêve...

Pour de vrai ?
Je pense que ce qui est triste ce sont ces nombreux musiciens et chanteurs que le public ne reconnaitra pas ...
Il y a aussi la technique Francis Huster dans Parking de Jacques Demy...
Un deuxième opus tout autant réussi que le premier, passionnant.
Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhh, le quatuor n.14, qu'y a-t-il de plus beau ? ( je le recommande par le quatuor Alban Berg, ainsi que les autres quatuors ) . Il a d'ailleurs déjà été mis en image par Godard dans Prénom Carmen.

Sinon, la mécanique cantique, il fallait l'oser celle-là ;-)
Aïe, les archets, c'est tout raiiiide, ouille (et c'est manifestement au-dessus de la corde)…

Le truc qui me fait bondir, quant à moi, dans la bande-annonce du quatuor, c'est le coup du "je veux être plus qu'un second violon".
Là, c'est quand même un problème, dans le genre bon gros cliché. Quand on se lance dans une carrière de quatuor en tant que second violon (ce qui signifie une somme monstrueuse d'heures de travail), c'est qu'on adore ça.

D'abord, la place de premier violon n'est pas forcément enviable : c'est le second quatuor de l'(ex) quatuor Ysaye qui me l'avait dit : il n'imaginait pas deux secondes se mettre à la place du premier violon, ce qui est l'équivalent de se taper deux ou trois concertos par concert - c'est dur, et c'est de la pression supplémentaire, tout le monde n'en raffole pas.

Ensuite, chaque musicien a des affinités avec des types d'expression, et des types de sonorités. Un premier violon passe les 3/4 de son temps sur la corde la plus aiguë (la corde de mi) ; le second violon a une voix intermédiaire déjà plus proche des médiums et du grave du violon (corde de ré et sol). Par conséquent, on ne passe pas de l'un à l'autre comme ça.

Enfin, il y a un réel bonheur à jouer les parties intermédiaires (sinon les altistes n'existeraient pas…), à être au cœur de l'harmonie et la musique. C'est d'ailleurs ce que disait Mozart, et c'est pour cela qu'il prenait la partie d'alto quand il jouait en quatuor.
Et dans un quatuor, c'est un rôle peut-être même plus difficile sur certains points que premier violon : car le son d'un quatuor, c'est "au centre" que ça se fabrique (comme en orchestre, du reste). Le meilleur premier violon du monde sonnera terne si second violon et alto jouent ternes ; un premier violon moins exceptionnel sonnera magnifiquement si ses partenaires centraux rayonnent. Il y a une blague là-dessus : elle dit qu'un quatuor à cordes, c'est comme une bouteille de vin. La bouteille, c'est le violoncelle ; l'étiquette qui fait super classe et qu'on regarde en premier, c'est le premier violon ; mais ce qu'on boit, au final, c'est le second violon et l'alto...

Qu'il y ait des problèmes d'ego chez les musiciens, évidemment, et les violonistes frustrés, ça existe : mais c'est sûrement chez les seconds violons de grand quatuor qu'on en rencontrera le moins !

(tiens : la manière dont les médias voient la musique et en perpétuent les clichés, voilà une idée de chronique - ou d'émission un jour d'actualité faible !)

DÉCOUVRIR NOS FORMULES D'ABONNEMENT SANS ENGAGEMENT

(Conditions générales d'utilisation et de vente)
Pourquoi s'abonner ?
  • Accès illimité à tous nos articles, chroniques et émissions
  • Téléchargement des émissions en MP3 ou MP4
  • Partage d'un contenu à ses proches gratuitement chaque semaine
  • Vote pour choisir les contenus en accès gratuit chaque jeudi
  • Sans engagement
Offre spéciale
3 mois pour 3 € puis 5 € par mois

ou 50 € par an (avec 3 mois offerts la première année)

Sans engagement
Devenir
Asinaute

5 € / mois
ou 50 € / an

Je m'abonne
Asinaute
Généreux

10 € / mois
ou 100 € / an

Je m'abonne
Asinaute
en galère

2 € / mois
ou 22 € / an

Je m'abonne
Abonnement
« cadeau »


50 € / an

J'offre ASI

Professionnels et collectivités, retrouvez vos offres dédiées ici

Abonnez-vous

En vous abonnant, vous contribuez à une information sur les médias indépendante et sans pub.