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Commentaires

Commémoration 14, premières questions

Bienvenue dans la tranchée. Bienvenue dans la boue, bienvenue chez les rats

Derniers commentaires

Tout mon pacifisme ne m' empechera jamais d'avoir recours à la légitime défense.
Heureusement ou malheureusement, je ne sais pas.
bah, c'est pas le plus dur de fabriquer le consentement d'un peuple à la guerre... se mettre sur la gueule pour défendre son pré carré, rien du si spontané, de si archaïque. En allant titiller un peu l'archaïque et le régressif, le respect des ordre et la peur du chef, et deux ou trois "choses cachées depuis la fondation du monde", genre désir mimétique et bouc-émissaire (Girard), hop, hop, c'est parti...

La question, pour moi, c'est plutôt : comment "fabriquer le consentement" à la paix ? Ou plutôt, parce que justement ce n'est pas affaire de pulsions archaïques, et que ça ne peut pas se faire avec des peuples infantilisés, comment inventer des mœurs et des politiques pacifiques ?
Sans aller jusqu'à parler de fleur au fusil, il faut tout de même expliquer qu'il y a eu une forme de consentement relatif liés à plusieurs facteurs dont :

- Une éducation des masses axée sur l'idée de la revanche de 1870 à laquelle notre merveilleuse école de la IIIe république (oui oui la même dont certaines de nos élites réclament le retour à grands cris) aura largement contribué. Qui se souvient des "bataillons scolaires" ou des exercices sportifs à caractère militaire (manipulation de fusil de bois, parade et défilé...).

- Une croyance assez sincère chez beaucoup de soldats dans la nécessité de défendre le sol national contre un allemand montré depuis bien longtemps (dans les médias de l'époque et notamment la presse de caniveau alors florissante) comme une sorte de demi barbare.

- Beaucoup de ces jeunes soldats, fils de paysans et paysans eux-même voyaient dans la guerre une "grande aventure" qui briserait la monotonie d'une existence limitée par les frontières du village ou du canton.

- Les garanties d'une courte guerre, "On sera de retour avant Noël", que devait favoriser le nouvel armement fruit de la révolution industrielle. On connait la suite...

Bref, en toute chose mesure est bonne et c'est ce qui m'effraie le plus à l'aube de ces commémorations : le déluge de commentaire de nos éditorialistes vedettes et autres journaleux pontifiant en mé-connaissance de cause sur une période si douloureuse et si différente de la nôtre.
Et vous oubliez de citer le fait que la guerre fait partie de l'horizon de toutes les générations... La guerre, c'est normal. Ca ne veut pas dire que c'est bien, et ça ne retire rien au fait que ce consentement soit le produit d'un bourrage de crâne républicain. Et il y eut sans doute du consentement sincère et du consentement résolu (cf. le témoignage de Marc Bloch sur ce point). Mais pas de fleur au fusil, juste une résignation, une culture de la soumission à l'Etat : la guerre est aussi un moyen d'enraciner la République et la force de l'Etat-nation.
Bien sûr, je ne voulais pas trop faire dans la longueur, mais il est aussi évident que la guerre en 1914 n'est à priori que le retour d'un phénomène "normal" (en gros tous les 30/40 ans voire moins).
Ce qui est toujours frappant c'est le niveau d'acceptation des populations de l'époque. Imaginons qu'une telle chose se produise aujourd'hui. Qui accepterait de partir ou de laisser aller ses enfants au front et tenir ne serait ce qu'une seule journée ?
Un jour ou l'autre il faudra qu'il y ait la guerre,
On le sait bien.
On n'aime pas ça, mais on ne sait pas quoi faire,
On dit c'est le destin...
En somme, la nation et l'Etat ce ne doit être que la sécurité sociale alimentée par les riches.
Comment fabrique t-on le consentement? Il y a déjà des éléments de réponse : voir "La fabrique du consentement" de Noam Chomsky (déjà cite plus haut) et "La stratégie du choc" de Naomie Klein
lien: ici et ici

En gros, le consentement : 1) changer le vocabulaire (par exemple: au lieu de partir en guerre on défend notre liberté)
2) le contrôle des médias mais ça c'est un peu vaste

Le choc : La crise, la guerre, les coups d’États, la délinquance, sont tout autant de raison qui peuvent rendre une population léthargique. (si vous prenez un coup de poing en pleine rue sans crier gare, combien de temps mettra votre cerveau a comprendre ce qu'il se passe?)
Comment obtient-on d'un peuple le consentement au sacrifice ?

Pour ce qui nous concerne plus immédiatement que la guerre de 1914, c'est-à-dire pour ce qui concerne les peuples européens depuis 30 ans, peut-être que les historiens répondront dans un siècle en parlant de "consentement européiste" ?
Il est fort probable que la question du pacifisme, qui est celle du refus de guerre à l'état natif, accessoirement celle des très nombreux traumatisés de guerre, ne seront toujours pas véritablement abordées. Commémorer, ce n'est pas faire de l'histoire. C'est repartir comme en 14, symboliquement parlant...
Qui se souvient des résultats sur le moral de nos troupes et notre économie lors de la commémoration du bicentenaire de la révolution française organisée en grande pompe par Tonton et Jack Lang, à part le début de l'envolée de la dette publique alourdie par les festivités en tout genre ?
Ayrault a raison, ce AA de Standard & Poor's est injustifié. C'est seulement que les courageuses réformes entreprises par notre gouvernement n'ont pas encore produit leur effet.
Côté réduction du déficit, par exemple, le chiffre de mon impôt sur le revenu indique clairement qu'il n'a pas fait dans la demi-mesure.
Extrait de la chanson de Craonne :

Ceux qu'ont l'pognon, ceux-là r'viendront,
Car c'est pour eux qu'on crève.
Mais c'est fini, car les trouffions
Vont tous se mettre en grève.
Ce s'ra votre tour, messieurs les gros,
De monter sur l'plateau,
Car si vous voulez la guerre,
Payez-la de votre peau !
Et puis, depuis quand on commémore le début d'une guerre ?
Nous aurons même 7 ans pour y réfléchir puisque les "festivités" sont prévues jusqu'en... 2020, et pas 2018.
Les merveilleux historiens invités par le sieur Cohen hier matin sur Inter l'ont tous dit dès la première minute : la Guerre de 14/18, c'est rien que la faute aux Etats Nations ! A y est, tout est dit, rentrez chez vous !
... La faute aux Etats qu'y disent. Et pourtant... ce serait-y pas un peu, quand même, un jeu pervers qu'on appelle "jeu des alliances automatiques" qui aurait joué à plein ? Triple entente, Triple Alliance... OTAN. Oh pardon. Ca m'a échappé....
... Ce serait-y pas un peu aussi la désagrégation des Empires qui mené au chaos... Empire Austro-Hongrois, Empire Ottoman... Empire Américain et Moyen-Orient. Oh pardon, je fais rien qu'à déraper ce matin !

Bref, quand on y regarde de bien près, les tenants et aboutissants de la montée à la guerre, en 1912, 1913, se retrouvent assez profondément calqués sur les forces qui se mettent en jeu depuis quelques années... et l'histoire, si jamais elle ne se répète, bégaye souvent. Moi, cette commémo, je la sens bien prendre un tour bigrement illustratif si on y prend garde...
Cher Daniel,

Depuis la thèse de JJBecker, datant quand même de 1977, on ne croit plus au mythe de la fleur au fusil. C'est l'avantage de l'histoire, quand on la pratique avec sérieux : elle vous sors des clichés et de la petite bulle médiatique.
Quant à la question du consentement et de la contrainte, les débats existent depuis des décennies...
Comment obtient-on d'un peuple le consentement au sacrifice ? Comment fait-on taire les voix discordantes ? Sous quel tumulte les étouffe-t-on ? A propos d'hier et d'aujourd'hui, on a quatre ans pour y réfléchir.

Simple, on le convainc que tous ses malheurs viennent de l'étranger, et que si son pays se défendait tout irait mieux. L'essence du souverainisme.

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