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Ce que les publireportages font au journalisme

Tous les samedis, l'édito médias de Pauline Bock (ici remplacée par Loris Guémart), envoyé la veille dans notre newsletter hebdomadaire gratuite, Aux petits oignons : abonnez-vous !

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Il serait naïf de croire qu'un magazine, de quel que type qu'il soit, puisse être autre chose qu'un support publicitaire. On n'investit pas dans une chaîne télé, un site Internet, un journal ou un magazine papier (...)

Respect à ASI et ses rédacteurs qui font un travail d’analyse formidable et qui se retrouvent malgré eux confondus à ce « journalisme » qui n’en mérite pas le nom.


Sauf erreur (il y avait eu un sondage il y a quelques années), après « politique », le (...)

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vous pouvez me vendre un revolver connecté que je me suicide avant de voir ça! ?

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Monsieur Guémart,

Cela m'emmerde prodigieusement que vous vous permettiez de prendre la place de Pauline Bock pour faire votre pub !

Je ne lis plus aucun de vos articles depuis un certain temps, à raison.

Je suis abonnée à a@si, et pas à netscape ou à cet autre  twitch, faisant office, pauvre asinaute, de réchauffée...

Cela ne va pas forcément durer longtemps.


C'est un peu le constat que j'ai pu faire en lisant des magasines. Ça n'est pas tant le fait que les publicités se déguisent en articles de journaux, ce qui serait facilement détectable si les vrais articles se distinguaient par leur pertinence, leur indépendance, leur irrévérence. Non en fait le pire c'est que les articles de presse sont tellement fainéants, tellement flatteurs, tellement des copié collé des communiqués de presse, reprenant même les visuels et les éléments de langage que les marques leur communique. Il n'y a plus aucune plus value, il n'y a plus qu'à mettre le prix et les coordonnées pour commander, c'est du shopping. Et même dans bien des cas on a l'article sur la montre sur la page de gauche et la pub pour la même montre sur la page de droite. Le comble c'est que quand il s'agit d'un objet commercial, le journaliste ne l'a peut être même pas eu entre les mains, il ne fait que recracher le communiqué de presse.  

Dans les magasines de bagnole il est parfois difficile de distinguer un article "news" d'un article "essai" tant le contenu des articles est vide, ne déroulant que la fiche technique du constructeur et des photos sur-esthetisées. Il existe un continuum news / essai / pub du constructeur / pub du concessionnaire qui fait que le magasine devient avant tout un catalogue commercial.


Je pense que les journaux se sont rendus tellement dépendants de la publicité, allant jusqu'à travestir le contenu journalistique, que les annonceurs n'ont pas eu grand chose a faire de leur côté, le chemin restant à parcourir étant minime, pour que journalisme et pub soient indissociables. 

Justement, je viens de lire la dernière édition du Monde, celle datée aux 20 et 21 août 2023, et un article sur les salons de coiffure (son titre : La crise des salons de coiffure fait émerger de nouvelles pratiques) m’a interrogé sur son aspect, en est-il un ou bien est-ce un publireportage.

La répétition tout au long de l’article sinon du nom d’un espace de « coworking », le retour à lui, me fait douter des intentions réelles du journaliste signataire, et par conséquent du journal lui-même, est-on dans le domaine de l’information ou bien dans celui de la communication commerciale et industrielle ?

Mais peut-être est-ce tout simplement un hybride, voire un effet à « l’insu de son plein gré ».

Respect à ASI et ses rédacteurs qui font un travail d’analyse formidable et qui se retrouvent malgré eux confondus à ce « journalisme » qui n’en mérite pas le nom.


Sauf erreur (il y avait eu un sondage il y a quelques années), après « politique », le métier de journalisme est un des métiers les plus détestés en France.


On comprend malheureusement pourquoi avec ce genre d’articles …


courage à vous.


Bonjour, 

Attention, il y a une erreur d'orthographe (ou "un écart significatif avec la norme orthographique en vigueur").

Je conclus. En effet, il n'y a pas de verbe "concluer"... donc pas de "je conclue".

Cordialement.

Claude

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Il serait naïf de croire qu'un magazine, de quel que type qu'il soit, puisse être autre chose qu'un support publicitaire. On n'investit pas dans une chaîne télé, un site Internet, un journal ou un magazine papier pour délivrer de l'information, mais de la publicité en premier lieu, et ensuite de l'influence. Seuls les journaux et magazines réellement indépendants, comme @si échappent à la règle.

Parfois, le titre mère est tellement sollicité par les annonceurs que sa pagination ne suffit plus à écouler la pub. Alors on crée une extension du magazine, qu'on baptise par exemple "… Madame" ou "… Ados".

Et puis comme on est tous lassés d'être cernés par la pub, et que plus personne n'y croit, il faut inventer d'autres modes de persuasion en changeant les formes vers des choses de plus en plus sophistiquées et dissimulées.

Il faut jeter un œil sur le site du Festival de la pub qui se tient tous les ans à Cannes (ouvert seulement aux professionnels, mais le site est accessible à n'importe qui). On y voit les dernières tendances en matière de pub. Beaucoup n'ont plus rien d'une communication de marque. Elles prennent la forme de performances gratuites, d'installations qui jouent avec le public dans l'espace qu'il fréquente, de mécénat qui n'affiche aucune marque, tout finit par ressembler à des objets apparemment créés pour le seul plaisir des spectateurs.

Or, lors du festival de Cannes, les agences nous explique dans de très longs clips, comment ont été pensées stratégiquement, mis en place et réalisées ces pubs. Souvent les résultats d'impact sur les ventes sont mis en évidence par des graphiques pour montrer qu'elles marchent et piègent parfaitement le public cible. Et chaque année, le Festival décerne un prix pour les coups publicitaires les plus innovants.

Les pubs papier et télé ont pris de sacrés coups de vieux depuis au moins une dizaine d'années. La tendance se renforce d'année en année, délicatement baptisée de communication à 360°.

Je prédis que les objets connectés seront les prochains supports publicitaires. Vous lirez et entendrez sur votre téléphone votre brosse à dents vous vanter une marque de dentifrice au moment où vous devez acheter un nouveau tube. Votre frigo vous signalera qu'il y a une promotion sur telle marque de lait.

Bienvenu dans le monde d'Ubik.


vous pouvez me vendre un revolver connecté que je me suicide avant de voir ça! ?

Vous avez probablement raison. La pub papier est déjà has been alors que celles sur les sites d'infos sont affreusement conventionnelles... Bientôt votre brosse a dent vous vendra des médocs pour faire repousser vos cheveux car après analyse des glandes salivaires et de la sensiblité du palai elle sera arrivée à la conclusion que vous êtes en chimio (et il y aura une promo sur les cerceuils en carton ou sur les stelles anarchistes - au choix...)....

Je pourrai pas vous la retrouver a cette heure mais il y a une nouvelle d'ANTHOLOGIE de Philip K Dick a ce sujet. Une société où la pub est absolument partout (ce qui sera vraisemblablement le cas dans 10 ou 20 ans). Une vieille dame sort de prison après avoir été condamné parce qu'elle mettait des boules quies (où un truc dans le genre) - ce qui avait pour effet de ne pouvoir entendre les publicités permanentes qui surgissaient de partout, dans sa propre maison, dans la rue....  - c'est juste la première page...

C'est clairement la nouvelle de Dick qui m'a le plus marquée.

Bref,  la meilleure pub à lui faire à 5 heures du mat' c'est que son auteur avait imaginé l'avenir de façon plutôt cohérente, en partant du principe que seuls les avancées scientifiques pouvant être monétisés à outrance auraient une chance de se démocratiser auprès du grand public. C'est ainsi que Dick est devenu l'auteur de SF le plus visionnaire - capitalisme, écologie, vie privée, pressions sociales.... Des fois ça sert à quelques chose d'être maladivement parano...

Re Bref, lisez les intégrales de nouvelles de Dick (les romans sont plus dispensables, la forme du roman est de toute façon beaucoup moins adapté à la sf que les nouvelles, et Dick ne déroge pas à la rêgle - peut être que je viens d'inventer cette règle ? )))

(désolé, cherchée mais pas retrouvée, il pourrait s'agir de "services après achats" mais sans le texte sous les yeux je ne peux le promettre...)


Ubik que j'évoque à la fin de mon post est justement le titre d'un livre de Dick , auteur dont j'ai lu toutes les nouvelles et tous les romans relevant de la SF (je me suis épargné son exégèse et ses romans de drogue mystiques). 

Dans ce roman, une porte refuse de s'ouvrir pour laisser l'occupant de l'appartement sortir de chez lui. Elle lui reproche d'avoir un arriéré de loyer. L'occupant arrive tout de même à sortir et se retrouve alors poursuivi dans la rue et les escaliers qu'il emprunte par un drône qui lui réclame en hurlant le montant du loyer. Tout ceci devient parfaitement réalisable aujourd'hui. Et le sera sans doute.

Vous ne pouvez plus payer les traites de votre voiture achetée à crédit ? Hop, la serrure électronique connectée se retrouve bloquée à distance jusqu'à ce que vous payiez. On vous enverra un code pour la débloquer. Vous ne parlerez à personne, vous ne verrez personne, il sera inutile de chercher à négocier. Un algorithme s'occupera de vous.


Je ne peux qu'apporter mon soutien à cette double recommandation de lire les nouvelles de K. Dick, qui me semble aussi avoir été l'un des auteurs de science-fiction les plus visionnaires de son époque (malheureusement).

Eh eh, chapitre 3, extrait : 


"Il se dirigea d’un pas décidé vers la porte du conapt et appuya sur le bouton commandant la libération du verrou.

La porte refusa de s’ouvrir et déclara :

— Cinq cents, s’il vous plaît.

À nouveau il chercha dans ses poches. Plus de pièces ; plus rien.

— Je vous paierai demain, dit-il à la porte. (Il essaya une fois de plus d’actionner le verrou, mais celui-ci demeura fermé.) Les pièces que je vous donne, continua-t-il, constituent un pourboire ; je ne suis pas obligé de vous payer.

— Je ne suis pas de cet avis, dit la porte. Regardez dans le contrat que vous avez signé en emménageant dans ce conapt.

Il trouva le contrat dans le tiroir de son bureau ; depuis que le document avait été établi, il avait eu besoin maintes et maintes fois de s’y référer. La porte avait raison ; le paiement pour son ouverture et sa fermeture faisait partie des charges et n’avait rien de facultatif.

— Vous avez pu voir que je ne me trompais pas, dit la porte avec une certaine suffisance.

Joe Chip sortit un couteau en acier inoxydable du tiroir à côté de l’évier ; il s’en munit et entreprit systématiquement de démonter le verrou de sa porte insatiable.

— Je vous poursuivrai en justice, dit la porte tandis que tombait la première vis."

Je pense que je me souviendrai toute mon existence de ce passage. C'est peut-être le passage le plus Dickien possible avec quelques uns provenant de "poupée Pat", le genre de truc tellement taré que tu peux être sûr qu'un jour ou l'autre les sociétés capitalistes en arriveront précisément à ce point. C'est drôle je pensai que ce passage ne venait pas d'Ubik mais d'une nouvelle.

Sinon, léger hors sujet, pour ceux qui lisent et commentent ASI sur leur smartphone vous avez toujours "l'ere du satisfacteur" qui dès 62 ou 63 anticipait (un peu) l'objet que vous tenez entre vos mains (un peu...).


Je me souviens avoir ri aux éclats en lisant ce passage et sa suite il y a une trentaine d'années..

A présent je ris jaune.

Voici ce qu'en dit un article de Mediapart sur les "obets connectés :


                                                                     "  Transformer les objets connectés en mouchards : la surenchère sécuritaire du gouvernement                       

Le projet de loi « Orientation et programmation du ministère de la Justice 2023-2027 » a commencé à être discuté au Sénat, et son article 3 fait déjà polémique. À raison. Permettre de prendre le contrôle de tous les outils numériques à des fins d’espionnage policier ouvre la voie à des risques d’abus ou d’usages massifs extrêmement graves."

                                                       

    

Cela a été accepté depuis par le Sénat.


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