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Ben Laden était le héros de ma jeunesse, et je ne le savais pas.

Nous avons reçu le texte suivant, du cinéaste Chris Marker (@sinaute fidèle). A propos de la mort de Ben Laden, il y évoque le personnage du capitaine Nemo, héros de deux romans de Jules Verne, 20 000 lieues sous les mers, et L'ile mystérieuse.

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Je remonte ce topic pour rendre hommage à Chris Marker qui est décédé aujourd'hui

http://www.premiere.fr/Cinema/News-Cinema/Mort-de-Chris-Marker-le-realisateur-de-La-Jetee-3449890
Plus proche de nous (ou de moi, quoique ça me rappelle qu'il faut que je relise du Verne, tiens): Obi-Wan Kenobi Is Dead, Vader Says (original sur le NYTimes). Un clic sur la bannière de pub renvoie sur une vidéo du même tonneau.
Ben Laden n'a rien à voir avec le capitaine Nemo. Il n'a pas pris la tête d'une révolte contre l'occupant de son pays, pour la bonne raison que l'arabie saoudite n'est pas occupée. Et sa famille, milliardaire, est en affaire avec les Américains, plus particulièrement avec le clan Bush.


Nemo prend soin de ses hommes, Ben Laden les envoie en mission suicide.
Nemo cherche à se faire oublier des hommes et de toute civilization, Ben Laden se met en scène et veut que tout le monde (ou du moins tous les musulmans) le suive.
Nemo est un explorateur, un scientifique, un artiste, Ben Laden est juste un crétin fanatisé qui ne rêve que de sang et de destruction.
Nemo incarne la liberté, et en un sens l'esprit des lumière, Ben Laden est l'obscurantisme personnalisé.
Analyse intéressante...

Chris Marker évoque le capitaine Nemo pour comprendre Ben Laden: on dirait que "ceci est l'histoire d'un homme marqué par une image d'enfance" (source forcément marquante)...

Pour approfondir le texte de Chris Marker, je recommande L'attrapeur d'images, la biographie dessinée (et tout aussi marquante) d'un certain Nemo Lowkat (Nemo? nomen omen? ), avec des reproductions d'illustrations de Jules Verne inside, par Alexandre Kha. La couverture se remarque d'ailleurs par une évocation de la maquette des éditions Hetzel de Jules Verne. Et ce Némo là évoque moins Ben Laden qu'un être bien plus remarkable...
Souvenir de la si belle édition reliée, j'en sens encore l'odeur, et les gravures... un petit tour dans mon grenier d'enfant, Merci M. Chris Marker.

http://anthropia.blogg.org
Que l'histoire soit souvent de la littérature qui s'ignore on ne peut évidemment qu'être d'accord, par exemple en repensant à la célèbre affiche imaginaire et prophétique qu'on trouve dans le chapitre un de Moby-Dick :


« Mais j’ignore la raison pour laquelle, après avoir goûté à plusieurs reprises des embruns en tant que marin marchand, je me mis dans la tête d’embarquer sur un navire baleinier. L’agent secret du Destin qui, invisible, exerce sur moi une surveillance constante, me suit discrètement et m’influence de manière inexplicable, répondra mieux que quiconque à cette question. Sans doute aucun, mon départ pour la pêche à la baleine figurait depuis bien longtemps au programme grandiose de la Providence, tel un court intermède musical, un solo dans une exécution orchestrale. L’affiche, j’imagine, devait l’annoncer à peu près en ces termes :


Grande Élection contestée pour la Présidence des
États-Unis

VOYAGE DE PÊCHE À LA BALEINE
PAR UN NOMMÉ ISHMAËL


BATAILLES SANGLANTES EN AFGHANISTAN


Je ne vois pas cependant la raison précise qui poussa les Parques imprésarios de ce Grand Théâtre à m’assigner ce rôle minable à bord d’un navire baleinier, alors que d’autres se voient accordé de jouer les vedettes dans de somptueuses tragédies, ou des rôles courts et faciles dans des comédies de bon ton, ou d’être un gai luron dans une farce ; bien que je ne puisse discerner leur raison précise, en me remémorant maintenant toutes les circonstances, je crois deviner la vérité sur les ressorts et les motifs qui, présentés sous des déguisements astucieux et divers, m’induisirent à entreprendre de jouer mon rôle, tout en me berçant de l’illusion que ce choix émanait de ma propre volonté et de mon libre-arbitre. »
Ciel ! Mais l'Arabie Saoudite a donc été envahie par l'occident.
Quand ! Quand ? Grâce à @SI, je vais enfin apprendre des choses que j'ignorais...

Ce sont donc ces salauds d'Américains qui occupent le Golfe et contraignent ces gentils Nusulmans à amputer la main des voleurs, et à maintenir les femmes sans droit, même leur interdisent de sortir de chez elles, et qui emprisonnent les femmes violées parce qu'elles ne sont pas vierges (Non ! mince, ça, ça doit être le Koweit, peut-être que ça ne se produit pas en Arabie Saoudite, voire)

C'est vrai que Ben Laden en a été si traumatisé qu'il voulait seulement étendre cette façon de vivre partout dans le monde musulman et pas que musulman d'ailleurs, et pour cela, tuer plein de narabes.

Venger la mort de son peuple en tuant d'autres innocents me semble très romantique en littérature et en art en général, mais dans la réalité, ça n'amène que des destructions supplémentaires, parce que de nouveau, les victimes se vengent.

Et je vous prie de ne pas mêler le capitaine Personne à tout ça.
Bien vu, monsieur Marker (c'est presque un pléonasme que je fais là).

Une hypothèse me taraude depuis que j'ai lu ce texte. M. Marker dit que Nemo était le héros de sa jeunesse et donc : "Ben Laden était le héros de ma jeunesse, et je ne le savais pas."

Comment ne pas imaginer justement que Nemo ait pu frapper l'imaginaire d'un jeune Ben Laden, fils d'une famille multi-milliardaire, ayant eu accès à toute la culture possible ?

J'ai l'impression que la puissance de la littérature de fiction est sous-estimée pour ce qui est de sa capacité à engendrer les pires crimes (les textes sacrés sont d'ailleurs hors catégorie à ce propos).
Notamment, c'est en lisant "Au bord de l'eau" (??? Shu? h? zhuàn), roman d'aventures d'un groupe de 108 bandits dissidents et chef d'œuvre de la littérature classique chinoise, que j'ai compris le poids que cette œuvre a eu dans la perpétuation des crimes de la Révolution culturelle, dont notamment les nombreux cas de cannibalisme. Le "Tourbillon Noir", personnage héroïque mais extrêmement violent, impulsif et s'abandonnant sans complexe à ses moindres désirs et lubies, est le protagoniste de plusieurs scènes de cannibalisme, où cette pratique s'applique à des gens "coupables" du poitn de vue de la Justice céleste et qu'il a préalablement puni par la mort.
Ce n'est pas par hasard si Au Bord de l'Eau a fait l'objet de vives discussions en Chine lors de la Révolution culturelle ; le héros principal Song Jiang ("le Héraut de Justice") a été accusé d'être un traitre (car toujours il reste fidèle à l'empereur), tandis que son alter-ego diabolique, le Tourbillon Noir était perçu comme seul vrai héros.
Et ce n'est pas par hasard non plus que les versions aujourd'hui accessible en Chine sont censurée pour ne plus contenir ces scènes de cannibalisme.

Le cinéma aussi à sa part : qui peut nier que la mythologie des cowboys, totalement imaginée par l'industrie du cinéma pour les films de westerns, n'a pas fortement influencé George W. Bush, le menant à se comporter comme Cow-boy justicier (par les armes, forcément), c'est-à-dire suivant les règles de la vengeance aveugle, de la loi du Talion ?
Ah Jules Verne et l'éperonnage, toute une histoire...
Mais Chris Marker sur ASI, ouah, la classe!
ce brave Jules Verne, bon bourgeois qui n'a jamais pratiqué l'extrémisme au-delà du conseil municipal où il fut élu en 88, sur une liste radicale-socialiste.

Alors là, je proteste. Jules Verne était très impliqué dans la résistance à la dictature insectoïdo-napoléonienne et a été une figure marquante, aux côtés de Louise Michel et de Victor Hugo, de la révolution sélénite de 1899, pour laquelle il a bien donné de sa personne (et qui, depuis, a été largement documentée par Jehan Heliot).

Franchement, @si laisse décidément dire n'importe quoi.
Le 11 septembre 2001 vers 15h00, j'ai vu un certain nombre de mes collègues de travail rassemblés autour du téléviseur qui se trouve dans le couloir.
A cet endroit, un téléviseur et quelques sièges sont disposés pour accueillir les personnes qui attendent l'heure de leur rendez-vous, près du bureau du directeur.
Je me suis joint à l'attroupement et j'ai vu un avion percuter l'immeuble, sans doute en direct.
A ce moment-là, deux de mes collègues (des admirateurs du Capitaine Nemo, je pense), comprenant qu'il ne s'agissait pas d'un accident mais d'une action délibérée ordonnée par leur héros, se sont pris par les mains et se sont mis à danser de joie!
J'affirme que cette scène a eu lieu et que je l'ai vue de mes yeux.
Bien vu, si l'on néglige bien entendu l'aspect religieux, car Némo n'a ni dieu ni maître et sa religion et celle de ceux qui le suivent, c'est la vengeance, la liberté vis à vis des lois de la société et, finalement, l'amour des sciences. Grand personnage, en tout cas, sans doute le meilleur de Jules Verne. Ben Laden est aussi un personnage de fiction, mais il se rattache plutôt (dans son idée en tout cas) à la tradition des chefs de guerre des origines de l'Islam, même si certains ont vu en lui le "vengeur du tiers-monde" que Jules Verne avait si brillamment et si précocement imaginé.

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