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Alep : deux vétérans du journalisme français critiquent l'unanimisme médiatique

Le traitement médiatique de la reprise d'Alep par les forces de Bachar al-Assad, revendiquée le 22 décembre dernier par l'armée syrienne, a suscité à retardement plusieurs critiques, notamment de deux figures du journalisme français, Jean-François Kahn et Jean-Claude Guillebaud. Les médias français ont-ils trop penché du côté des rebelles ? @si examine quelques exemples.

Derniers commentaires

Nouvel article sur le site Les Crises, par Peter Hitchens pour THE MAIL ON SUNDAY
https://www.les-crises.fr/peter-hitchens-au-milieu-des-bombes-dalep-tout-ce-quon-peut-entendre-ce-sont-les-mensonges/
Autre info intéressante :
Gabbard à Damas : comme envoyée de Trump ?

Tulsi Gabbard est une proche de Sanders.

Voilà qui serait une sacrée bonne nouvelle !
Comme quoi le fou Trump n'est pas tout à fait aussi con qu'on le dit…
Vous êtes au courant de ça ?

"nous avons vu le Sénateur McCain photographié en compagnie des chefs de l’État Islamique, il y a 2 ans. Il y a 2 ans ! Que faisait le Sénateur McCain en Syrie ? D’où proviennent les armes de ce qu’on appelle l’Armée syrienne libre (ASL) ?"

À mon avis, ça va pas louper, nous aurons droit sur @si à un article "Qui est Giulietto Chiesa ?"
Découverte cette nuit du poète Marcel Martinet dans cette émission de France-Culture
https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/relecture-henri-barbusse-et-marcel-martinet-1ere-diffusion-0
en particulier vers 1h02min le poème Tu vas te battre,, paru en 1917.

C'est ce poème qui aurait dû être lu lors des commémorations de Verdun.

Ecoutez-le, il est toujours d'actualité.

Tu vas te battre contre la Russie, contre la Chine et non contre les huit hommes les plus riches du monde qui possèdent autant que la moitié la plus pauvre de l'humanité.
"La chute d’Alep a été d’un point de vue journalistique une leçon pour moi. Depuis le quartier de Ramouseh où j’assistais en direct à l’évacuation des rebelles, je lisais sur internet des propos de confrères, de ministres ou d’hommes politiques, qui me décrivaient des choses qui n’étaient pas la réalité de ce qui se produisait devant mes yeux. "

http://www.parismatch.com/Actu/International/La-chute-d-Alep-Est-un-temoignage-pour-l-histoire-1166348
Kahn et guillebaud sont bien gentils, mais ils étaient sur quelle planète pendant 4 ans? L'aveuglement des médias sur les exactions jihadistes a été dénoncé déjà à l'été 2012 chez taddéi par de villiers et tahhan ( https://www.youtube.com/watch?v=OeHYznxB02E ). L'émission de sept 2012 parlait déjà à l'époque d'alep, et quand on la regarde rétrospectivement on comprend bien à quel point la journaliste (f. aubenas) s'est fait totalement enfumer.

Qu'on ne partage pas les opinions de tahhan (soutien d'asad) je veux bien, mais sur la question des faits, combien de temps encore on va continuer d'inviter des reporters qui racontent des contes pour enfants (aubenas) ? Comment a-t-on pu en arriver à une presse qui préfère des informations fausses mais flatteuses idéologiquement à des informations vraies mais venant de gens infréquentables? Peu avant sa mort, le même de villiers que les médias adoraient dépeindre comme un excité d'extrême droite (ex chez ardisson https://www.dailymotion.com/video/x1g68k_gerard-de-villiers-vs-ardisson_news ) a pourtant reçu beaucoup d'éloges du monde entier, notamment des EU, et a été présenté comme l'un des écrivains les mieux renseignés au monde...Aux moins les américains accordent encore un peu d'importance aux faits, alors qu'en france cette époque est vraiment terminée. L'ère des fake news ne se terminera pas en continuant d'inviter les mêmes reporters et experts menteurs.
Je reviens sur cette émission:http://www.france5.fr/emissions/c-a-vous/videos/alep_la_tragedie_humanitaire_-_c_a_vous_-_14122016_14-12-2016_1424087?onglet=tous&page=1
Il me semble que Malbrunot connaît mieux le terrain que Guetta.
Rappel: les informations sur Alep viennent aussi depuis longtemps de l'archevêque d'Alep:
https://www.les-crises.fr/la-france-naurait-jamais-du-soutenir-la-rebellion-syrienne-par-larcheveque-dalep/
ha Khan le mec qui qualifie un viole de troussage de domestique ....
Rappel: lors d'une autre émission Georges Malbrunot, invité de l'émission Càvous sur la 5. Autre invité: Guetta.
http://www.arretsurimages.net/forum/read.php?3,1534403,1534617#msg-1534617
Ah, de l'@si comme je l'aime: précis, complet, instructif sur un sujet qui m'avait totalement échappé: je ne supporte pas Yves Calvi et donc ne l'écoute pas ).

Merci Frédéric.
Cet article me fait forcément penser au modèle de propagande, imaginé par Chomsky et son compère dans la Fabrication du consentement, à propos du traitement disymétrique des médias américains ( notamment en ce qui concerne la situation en Amérique latine). Un tel travail a-t-il été mené à propos des médias français et de leurs biais ?
Comme je n'y comprenais rien, j'ai essayé vers la mi-décembre, juste avant la chute, d'Alep, de faire une revue de presse en rédigeant un peu les choses pour que ça puisse servir aux autres (sur Facebook).

Si ça intéresse quelqu'un, la voilà, c'est assez représentatif de ce qu'on pouvait comprendre à ce moment en lisant les médias :

[quote=Rolleyes, revue de presse du 13 décembre 2016]
Il y a des moments comme ça où on voit un flot d’articles et d’images terribles sur son fil Facebook et où on ne réagit pas. Pourquoi on ne réagit pas ? Parce qu’au delà du choc des images et des situations humanitaires, on ne sait pas trop ce qui se passe, on entend des discours contradictoires et des dénonciations de propagande dans tous les sens, et donc, dans le doute, on ne fait rien.

Il y a bien un moment où il faut essayer de retrouver les faits si on ne veut pas rester dans la paralysie et l’incompréhension, et si on veut pouvoir lutter contre les déformations des faits. Alors j’ai pris un peu de temps pour creuser ce qui se passe à Alep, et je partage parce que vous n’avez peut-être pas eu le temps de le faire, et que ça peut vous intéresser.

Qu’est ce qui se passe à Alep ?

Les quartiers d’Alep-Est, jusque là tenus par les forces rebelles, sont encerclés et en passe d’être repris par les forces gouvernementales. (Résumé rapide mais plus complet de l’Express http://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-moyen-orient/alep_1816872.html)

Quelles sont les forces en présence ?

D’un côté, l’armée gouvernementale du régime de Bachar Al Assad, appuyées par la Russie pour les frappes aériennes, mais aussi, et c’est une nouveautés, par des troupes au sol provenant de plusieurs forces : mercenaires russes, milices placées sous commandement iranien, du Hezbollah, chiites irakiens, etc. (http://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-moyen-orient/ces-milices-etrangeres-qui-reconquierent-la-syrie-pour-bachar-el-assad_1857913.html)
Ce qui montrerait deux choses :
- D’un côté, le soutien chiite qui s’organise autour de Bachar Al Assad (pour rappel, Al Assad provient de la minorité alaouite qui a gouverné en s’appuyant sur les chiites au détriment des sunnites) et qui, du fait de l’implication de forces à terre extérieures, laisse présager une implantation étrangère sur le sol Syrien prête à durer.
- D’un autre côté, la faiblesse du régime qui n’arrive plus à recruter et à s’imposer avec ses forces propres (Bachar Al Assad avait d’ailleurs parlé des limites de l’armée syrienne à la télé l’année dernière : http://www.lefigaro.fr/international/2015/07/26/01003-20150726ARTFIG00049-syrie-bachar-el-assad-reconnait-manquer-de-soldats-dans-son-armee.php)
En face de l’armée gouvernementale, parler de « rebelles » ne veut rien dire, dans la mesure où il y existe de nombreuses forces opposées au régime syrien : les Kurdes (du PYD notamment), les djihadistes (l’Etat islamique mais aussi Al Nosra, affilié à Al Qaïda), l’opposition initiale réunie sous le nom d’Armée Syrienne Libre.

Sputnik News, site russe présent en plusieurs langues et une des voix du soft power russe dans le monde, reprend la terminologie de Bachar Al Assad, allié des russes, et parle de tous les opposants au régime comme de djihadistes. C’est donc ainsi que sont définis les rebelles d’Alep dans cet article, qui arrive sur la première page de résultats Google pour une recherche sur « Alep » aujourd’hui : https://fr.sputniknews.com/international/201612101029109708-islamistes-alep-liberation/
C’est un mélange : Alep-Est est principalement tenue par l’Armée Syrienne libre, qui a défendu et repris Alep contre l’Etat Islamique en 2014, comme le rappelle le spécialiste du Moyen-Orient Jean-Pierre Filiu dans son blog sur le site du Monde (c’est là : http://filiu.blog.lemonde.fr/2016/12/11/les-lecons-du-martyre-dalep/ ; on peut retrouver un article de l’époque ici pour les gens qui, comme moi, avaient mauvaise mémoire : http://www.lemonde.fr/international/article/2016/03/04/alep-la-plus-grande-defaite-de-l-etat-islamique_4876968_3210.html)

Ce n’est pas tout, ceci dit, de dire que l’Armée Syrienne Libre est à Alep : si on regarde la fiche Wikipédia pour l’Armée Syrienne libre (c’est là : https://fr.wikipedia.org/wiki/Armée_syrienne_libre), en effet, on voit qu’il s’agit d’un regroupement de groupes divers et que les spécialistes du Moyen-Orient sont divisés sur l’existence réelle d’une coordination par une Armée Syrienne Libre (cf le chapitre « Existence réelle et indépendance vis-à-vis des groupes djihadistes »). L’idée qu’on peut en retirer c’est que cette coordination existe (a existé) mais qu’elle est désormais plus un label qu’une réelle structuration.
Un autre point qui pourrait faire douter, c’est le deuxième résultat qui apparaît quand on recherche « armée syrienne libre » dans Google : une interview d’un ancien commandant de l’ASL parue dans le Monde dont le titre est « Jamal Maarouf : «l’Armée syrienne libre est sous la coupe d’Al-Nosra » »
En lisant l’article, on se rend compte que le titre est mal choisi (dans la mesure où il sous-entend fortement que Armée Syrienne Libre et Al Nosra, c’est kif kif bourricot), alors que l’ancien commandant de l’ASL a un discours plus mesuré dans son interview : il indique en effet que l’ASL, en situation de faiblesse, n’a actuellement pas les moyens de ne pas composer avec Al Nosra (et notamment de ne pas partager une partie de l’aide qu’elle reçoit), mais aussi qu’elle constitue le seul projet politique possible pour la Syrie. (c’est là : http://www.lemonde.fr/international/article/2016/03/15/jamal-ma-arouf-l-armee-syrienne-libre-est-sous-la-coupe-d-al-nosra_4883276_3210.html)
La situation complexe de cohabitation avec Al Nosra qu’il décrit semble exister à Alep-Est, où Al Nosra serait également présent : http://tempsreel.nouvelobs.com/topnews/20161103.REU3939/combats-entre-groupes-rebelles-rivaux-a-alep-est.html

Au-delà des forces en présence, ceci étant dit, il y a aussi à Alep des civils, et c’est là que ça se corse :

Quelle est la nature de la crise humanitaire ?

Les Etats-Unis ont accusé le régime de Bachar Al Assad de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre : http://www.lemonde.fr/syrie/article/2016/12/10/alep-le-regime-syrien-accuse-de-crimes-contre-l-humanite-par-washington_5046938_1618247.html
Les deux notions ont des définitions précises en droit international, cf Wikipedia : crime contre l’humanité (https://fr.wikipedia.org/wiki/Crime_contre_l'humanité), crime de guerre (moins précis sur Wikipedia, voir plutôt l’article sur le droit de la guerre : https://fr.wikipedia.org/wiki/Droit_de_la_guerre)

Le fondement de ces accusations, c’est le blocus sur Alep-Est (manque d’eau, de nourriture) et le pilonnage par bombes indiscriminé fait par le régime de quartiers toujours occupés par des civils, en détruisant également les hôpitaux, ce qui rend la situation intenable (le ciblage d’hôpitaux, qui est un crime de guerre, ne se fait pas uniquement à Alep, cf les déclarations d’ONG : http://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-moyen-orient/syrie-les-ong-denoncent-les-attaques-contre-les-hopitaux_1730941.html).

Le pilonnage par bombe n’est pas une nouveauté dans le conflit syrien, et le régime étant accusé, notamment, d’utiliser des bombes-barils.
Un article d’Amnesty International reprend les exactions commises pendant la guerre en Syrie par les différents belligérants : https://www.amnesty.org/fr/countries/middle-east-and-north-africa/syria/report-syria/

Les forces gouvernementales sont maintenant en passe de gagner et de prendre l’ensemble d’Alep… Un des points qui cristallise maintenant la guerre de communication entre la Russie/les forces gouvernementales et l’Occident/les rebelles est la mise en place de couloirs d’évacuation pour les civils et les combattants d’Alep-Est, annoncés par la Russie depuis début décembre et mis en place les 8 et 9 après une résolution de l’ONU.
- Côté russe et médias proches (RT, Sputnik), on loue l’initiative de la Russie et pourfend l’inaction occidentale, on évoque plusieurs milliers de civils évacués, on parle de rebelles tirant sur les civils pour les empêcher d’évacuer. (exemple : https://francais.rt.com/international/30347-lavrov-annonce-debut-plus-importante-operation-evacuation-alep)
- Côté occidental ou rebelle, on signale que ça arrive un peu tard (après un mois et demie de bombardements et maintenant qu’Alep est en train de tomber...) et que le blocus persiste, on parle de civils évacués (quand on reprend les sources russes), les rebelles doutent des garanties données et de leur capacité à sortir réellement en vie ou libres, Bachar Al Assad ayant contredit les annonces russes. (exemples : http://www.lemonde.fr/syrie/article/2016/12/09/tractations-diplomatiques-pour-evacuer-les-civils-et-les-rebelles-d-alep_5046249_1618247.html?xtmc=alep_evacuation&xtcr=4 ; http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/guerre-en-syrie/20161209.OBS2405/syrie-a-alep-arret-momentane-des-frappes-pour-evacuer-des-milliers-de-civils.html). Les casques blancs d’Alep relaient notamment leur inquiétude : http://www.liberation.fr/planete/2016/12/08/cri-d-alarme-des-casques-blancs-syriens-a-alep_1533916
C’est sans doute trop tôt pour savoir exactement ce qu’il en est (dans quelle mesure les civils évacuent ? Certains groupes rebelles les empêchent-ils de le faire ? Les groupes rebelles sont-ils également en mesure d’évacuer ?), mais on peut remarquer qu’aucune force hormis les belligérants (forces gouvernementales et alliés, et rebelles) n’étant présentes au sol, ni la Russie, ni l’Occident, elles ne sont de fait pas en mesure de faire respecter le cessez-le-feu si les belligérants ne le respectent pas – c’est donc une situation de très forte vulnérabilité pour les civils d’abord, puis pour les rebelles qui sont en situation de défaite.

Conclusions :

Selon Jean-Pierre Filiu, la chute d’Alep profite à l’Etat Islamique, dans la mesure où ses ennemis se bouffent le nez : http://filiu.blog.lemonde.fr/2016/12/11/les-lecons-du-martyre-dalep/
Reste à voir dans quelle mesure l’EI est capable d’en tirer les bénéfices (ce sera pour une autre fois de mon côté).
Sinon, on peut en conclure une atomisation et une faiblesse des belligérants :
- De l’armée syrienne libre, qui est défaite à Alep.
- De l’armée gouvernementale, qui n’est plus en mesure de reprendre des territoires seule, ni de reprendre des villes autrement que vidées de leurs habitants.
- De l’occident et de l’ONU, qui se sont caractérisés par leur inaction et qui ne semblent pas en mesure de garantir la sécurité de l’évacuation.
Sur le dossier, c’est la Russie qui a l’initiative. Le choix des cibles (Alep-Est, reprise à l’EI, plutôt que les fiefs de l’EI) montre par ailleurs que la Russie roule pour Bachar plutôt que contre les groupes islamistes (point à creuser à ce sujet ceci dit : le statut d’Al Nosra).

Les prochaines actions du camp Russie/Assad sont à suivre : par où et vers qui se poursuit l’offensive (cf Filiu : Rakka ou Idlib, c’est à dire : EI ou ASL ?), mais aussi et vraiment : quelle répression des rebelles et civils présents à Alep-Est aujourd’hui, parce que ça peut être une nouvelle catastrophe.

L’autre conclusion, c’est qu’on est dans le non-respect total du droit international et des règles de la guerre dans ce conflit (je renvoie à nouveau à la synthèse d’Amnesty International), à des niveaux différents, ceci dit, selon les belligérants : si on lit les accusations précises contre les différents belligérants, on voit que l’échelle de la terreur n’est pas la même.

Dernier point : en creusant je suis tombée sur beaucoup de points de flou :
- Sur le nombre de morts de la guerre en Syrie : les chiffres sont contradictoires selon les sources, notamment ceux relayés en 2015 (http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/09/08/en-syrie-qui-de-l-ei-ou-du-regime-de-bachar-al-assad-a-fait-le-plus-de-victimes_4748890_4355770.html) et ceux transmis en 2016 (http://www.lemonde.fr/syrie/article/2016/08/08/syrie-plus-de-290-000-morts-depuis-le-debut-de-la-guerre-selon-l-observatoire-syrien-des-droits-humains_4979935_1618247.html) par des organisations différentes.
- Sur l’évacuation des civils d’Alep : seuls les russes donnent des chiffres, repris ou non par les autres.
Les journalistes, comme l’ONU, ne sont pas ou difficilement sur place, et on repose donc beaucoup sur des informations de deuxième main, sur des points pourtant essentiels.

Avec un peu de recul et quelques articles que j'ai lus après, on peut tirer des conclusions en plus :
- Pour finir, l'évacuation des rebelles et des civils d'Alep-Est s'est bien déroulée, et les exactions massives à leur encontre que l'on pouvait craindre (que je craignais en écrivant ma synthèse) ne se sont pas déroulées. Rétrospectivement, cela semble faire beaucoup d'inquiétude pour rien, mais on ne sait pas, peut-être que cette attention internationale a aidé à garantir la sécurité des personnes évacuées (même si l'action de la Turquie a probablement plus joué en leur faveur).
- Rétrospectivement, j'ai un peu le sentiment d'un emballement médiatique à propos d'Alep-Est, mais qui me paraît plus dû à un problème de forme (les articles courts sur les événements récents qui ne font pas le lien avec le déroulement global des événements) qu'à un alignement sur la position des rebelles. Le problème (je crois), c'est que bien que des exactions soient commises par tous les belligérants (cf article d'Amnesty), elles ne relève pas de la même échelle de la terreur. Par exemple, les russes ont reproché aux médias occidentaux de ne pas beaucoup avoir parlé de la fois où un hôpital d'Alep-Ouest a été atteint par un tir de mortier provenant des rebelles, provoquant la mort d'un médecin, alors que les attaque contre les hôpitaux des rebelles étaient relayées. Mais le problème, c'est qu'en creusant un peu, il semble que les attaques contre les hôpitaux et le personnel soignant rebelle aient été systématiques, ce qui n'était pas le cas dans l'autre sens. Si on ne relaie pas cette attaque isolée, on a faux, mais si on la relaie en laissant paraître une équivalence qui n'est pas vraiment, on a faux aussi.
Ceci étant dit, on avait du mal à comprendre en lisant les médias que 100 000 personnes vivaient dans les quartiers d'Alep-Est mais 1 million 300 000 environ (si je me rappelle) bien dans les quartiers d'Alep-Ouest, qu'il y avait des tirs de mortiers des rebelles sur la partie Ouest de la ville dans le cadre de la bataille, qui ont évidemment tué des gens aussi.
- Un point sur lequel il est vraiment difficile d'avoir des chiffres fiables, et c'est très dommage car les différences de chiffres induisent des lectures très différentes des événements, c'est sur le nombre de morts et les causes de leur mort. Je suis tombée à un moment sur un article belge (le voilà : http://www.lalibre.be/actu/international/alep-ils-ont-brule-des-familles-dans-leurs-maisons-execute-des-enfants-et-tuent-tout-ce-qui-bouge-584fba62cd70bb41f08e420e#6) qui indiquait un chiffre de 400 civils tués à Alep-Est pendant le dernier mois de la bataille contre 100 du côté ouest. Même si l'article est critique du régime de Bachar Al-Assad, je me rappelle m'être dit que 400 personnes, ce n'est pas l'holocauste dont on nous parlait dans les médias... Mais en lisant l'article de wikipedia sur la bataille d'Alep, on trouve à la fin des chiffres beaucoup plus élevés, et détaillés :
"Selon l'OSDH, pour la période du 22 avril au 22 décembre 2016, au moins 2 872 civils ont été tués à Alep dans les bombardements, dont 330 femmes et 630 enfants, plus de 16 000 autres ont été blessés :
Les bombardements aériens loyalistes et russes sur les zones rebelles ont causé la mort d'au moins 1 607 civils, dont 139 femmes et 300 enfants ;
Les tirs d'artillerie loyalistes sur les zones rebelles ont causé la mort d'au moins 282 civils, dont 24 femmes et 60 enfants ;
Les tirs d'artillerie rebelles sur les zones loyalistes ont causé la mort d'au moins 923 civils, dont 158 femmes et 255 enfants ;
Les tirs d'artillerie rebelles sur les zones kurdes ont causé la mort d'au moins 40 civils, dont 4 femmes et 9 enfants.
Les tirs d'artillerie kurdes ont causé la mort d'au moins 8 civils."
Tous ça repose sur l'OSDH, critiqué (notamment par les russes), mais qui, d'après l'article de Vincent Coquaz sur Arrêt sur Images à propos des sources d'informations sur Alep (http://www.arretsurimages.net/articles/2016-12-13/Sans-journalistes-sur-place-d-ou-viennent-les-infos-sur-Alep-id9388), est considéré comme fiable par l'AFP et beaucoup de rédaction car ses chiffres sont très proches de ceux de l'ONU (on constatait aussi que ses chiffres se prêtent beaucoup moins à une lecture idéologiques que ceux qui avaient été transmis par le Réseau syrien des droits de l’homme, cité par les Décodeurs du monde en 2015).
Pour ceux que le sujet intéresse, je conseille d'écouter l'émission suivante sur France Culture qui date du 15 décembre dernier. C'est fascinant de voir comment un journaliste attaque avec son propre angle très orienté "pro-rebelles", puis d'écouter les trois experts qui, unanimement et sans élever le ton, explosent précisément ce point de vue :

https://www.franceculture.fr/emissions/du-grain-moudre/letat-islamique-est-il-un-adversaire-militaire-comme-les-autres

Evidemment les invités sont de qualité :
- Caroline Galactéros : directrice du cabinet d'intelligence stratégique «Planeting»
- Gérard Chaliand : géostratège, spécialiste de l'étude des conflits armés et des relations internationales et stratégiques
- Hosham Dawod : chercheur au CNRS, anthropologue et spécialiste de l’Irak où il dirigeait jusqu’en septembre 2014 la branche irakienne de l’Institut français du Proche-Orient
"Il serait évidemment impossible de procéder à une analyse exhaustive de la couverture du siège d'Alep par les medias français"

On peut savoir pourquoi ce serait impossible ?
Vous faites une analyse comme d''autres pèsent avec une balance au gramme près. C'est pas sérieux dans le mesure ou vous pourrez jamais être exhaustif sur tout ce qui s'est dit sur la Syrie. Vous oubliez l'essentiel, le ton et bruit de fond qui emporte tout de la propagande occidentale. Il ne reste rien de la supposé objectivité ou neutralité journalistique..
Relater l'information de manière partiale suivant le "camp" concerné, en particulier lorsque visiblement nos gouvernants en ont choisi un est un problème important et fréquent.
La guerre en Ukraine en fût une bonne illustration. Au cours de celle-ci, une erreur de l'AFP et sa rectification en ont administré la preuve éclatante. On pourrait dès lors nommer ce mécanisme "la déformation de Slaviansk": Sur le site lescrises.fr
Concernant Filiu, Jean-Dominique Merchet signalait dès septembre 2013 que parce qu'il était "Jugé trop pro-révolutions arabes, Jean-Pierre Filiu n'obtient pas le prix Brienne du livre géopolitique"

"Jean-Pierre Filiu, spécialiste du monde musulman, arabisant proche de la gauche (il siégeait à la commission du Livre blanc de la défense), a suscité une levée de boucliers pour ses positions jugées trop proches des insurgés syriens et une vision trop irénique des révolutions arabes."

http://www.lopinion.fr/blog/secret-defense/juge-trop-pro-revolutions-arabes-jean-pierre-filiu-n-obtient-pas-prix-brienne
On en avait causé là concernant un article du Point sur le sujet. Dommage, Matthieu, que vous n'en ayez pas eu connaissance. Parceque c'est une anthologie !!!

Et tant de fois sur le sujet de la propagande de guerre au sujet d'Alep, relayée par @si, où on se faisait traiter de complotistes, pro-Poutine, pro-Assad et autres joyeusetés.

Il fallait que ce soit un Jean-François Kahn qui en cause pour avoir droit à un article qui laisse la parole à un peu plus de nuances et de mesure.

Parceque le Jean-François, vous comprenez, c'est pas un forumeur d'@si, c'est pas un blogueur de les-crises, c'est du sérieux ! (on est tombés bien bas !)

En tout cas merci à Matthieu, grâce à qui @si progresse. Lentement, mais ça progresse. Tant mieux.
On subit une information asymétrique concernant la Syrie. Il y a deux camps sur ce sujet, le gouvernement en a choisi clairement un, les médias dominants aussi et tout aussi clairement.Donc, le citoyen moyen doit ramer pour se forger une opinion.
Mais ce qui est à hurler , c'est que c'était la même chose sur le Kosovo, la même chose sur l'Ukraine et que c'est toujours la même chose sur le Yemen mais à front renversé ( pas de méchant cette fois donc silence !)

mais sur d' autres thèmes c'est la même asymétrie, même chose sur Trump, même chose sur le Brexit! (On prononce comment déjà "brekzit" ou "Breksit"?, parce que là dans les médias exceptionnellement il y a deux camps équilibrés.
Comme je l'avais prédit, personne ne reproche à Raphael Glucksmann son éditorial délirant dans lequel "les milices du régime finissent le « travail » à l’arme blanche, rue par rue, maison par maison."

Par contre, l'Orient Le Jour, le 27 décembre, est plus précis :

"Un charnier contenant 21 corps a été découvert dans la partie qui était contrôlée par le rébellion dans la ville syrienne d'Alep, rapporte l'agence officielle Sana, imputant la responsabilité aux insurgés.
Les "civils (ont été) exécutés par les groupes terroristes avant leur sortie des quartiers est de la ville d'Alep", a indiqué Sana dimanche soir, utilisant le terme qui dans la phraséologie du régime signifie les groupes rebelles.
Cité par l'agence, le chef du département des médecins légistes à Alep, Zaher Hajjo, a affirmé que "cinq enfants et cinq femmes" figuraient parmi les victimes. Ils ont été trouvés "dans des prisons qui étaient administrées par les groupes terroristes dans les quartiers de Soukkari et Al-Kallassé et ont été exécutés par balles à bout portant", a-t-il précisé."

Ceux qui ne s'informent qu'au travers du Monde ou de Libération n'en sauront jamais rien.
Je ne résiste pas à citer Etienne Klein :
'J'ai le sentiment confus que nous préférons le bien-être à la vérité : plutôt que d'aimer la vérité parce qu'elle est la vérité, nous déclarons vraies les idées que nous aimons... Qu'elles soient vraies ou fausses, peu nous importe : nous voulons simplement qu'elles nous fassent du bien à l'âme..."
Pour ma part je trouve l'article pas trop mal foutu. Un peu scolaire, mais il a le mérite de confronter la plume d'éditocrates (pour une fois contre la pensée dominante) aux éléments fourni par l'ONU (seul organe crédible dans cette guerre si on prend le temps de l'écouter) et aux articles publiés par leurs confrères.
Puis ça reconnecte des infos qu'on a pu récupérer à droite à gauche.
Titre alternatif : deux personnes qui n'y connaissent rien de plus à la Syrie que beaucoup de leurs confrères décident de publier une tribune mal informée qui représente à peu près tout ce qu'on peut attendre de "vétérans du journalisme français".

Tout ce qu'on peut attendre d'eux ? Des éditos vaguement engagés plein de formules fortes à l'emporte pièce qui visent à faire passer d'éventuels détracteurs pour des demeurés.

Fabuleux.
Merci d'aborder ce sujet.

Sur France-Culture ce matin: reportage d' Alice Serrano; témoignages d'habitants d'Alep-est. https://www.franceculture.fr/emissions/le-choix-de-la-redaction/15-jours-apres-la-treve-quoi-ressemble-lest-dalep

Elle est également intervenue récemment sur France-Inter.
" En tout cas, ce plateau était certainement monocolore." Chez Calvi, c'est une habitude, tant il semble fuir comme la peste les vrais débats (d'autres diront : les polémiques). Sauf que là, c'est plus drôle, car d'ordinaire, il invite des gens qui pensent comme lui, ce qui lui permet de ne même plus avoir à poser de questions, mais d'être un participant de plus à la discussion entre gens de bonne compagnie. Il a dû souffrir...
Serait-il un peu moins « évidemment impossible de procéder à une analyse exhaustive » avec un autre moteur de recherche que Google ? Les résultats de recherche pour "Europresse" dans Arrêt sur image, site ouaibe bien connu des @sinautes, montrent que cette « base de données d'informations accessible sur abonnement par Internet »1 a été utilisée au moins à trois reprises par une journaliste, chercheuse indépendante sur la RDC2, à l'époque où elle est passée par @arretsurimages.

1. Les passagers parisiens peuvent néanmoins la consulter gratuitement à la Bpi3.
2. N.d.C.-c. : République démocratique du Congo.
3. Ibid. : Bibliothèque publique d'information.
Cet article est une honte absolue en matière de désinformation. Demander l'avis de J.F Kahn, toute sa vie, journaliste de canapé qui fait la leçon à ceux qui travaille depuis des années dans cette partie du monde (MAIS LOL), prendre pour argent comptant un malade qui considère que les Zadistes sont des djiadistes (http://confusionnisme.info/2014/12/20/yves-calvi-eric-denece-et-les-fascistes-ukrainiens-de-notre-dame-des-landes/ ) et un gars qui tient chronique sur Bd Voltaire ( http://www.bvoltaire.fr/auteur/fredericpichon ) c'est vraiment d'un comique achevé quand on prétend donner un "éclairage" sur un sujet. L'éclairage des fachos, perso, je m'en passe.

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