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Commentaires

A qui appartient George Orwell ? (1)

Alors que l’œuvre de George Orwell entrera l’an prochain dans le domaine public en France, l’auteur de "1984" est l’objet de vives querelles d’appropriation entre réactionnaires et progressistes, mais aussi au sein de la gauche radicale.

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"les anarchistes du POUM"


Non. Orwell était anarchiste, mais pas le POUM, qui comme son nom l'indique était marxiste (mais anti-stalinien)


L'organisation anarchiste pendant la guerre d'Espagne, c'était la CNT-FAI

(...)

- "même si la masse de données connectées par les géants privés (Google) ou publics (NSA) est si considérable qu’il est permis de se demander si elle n’est pas rendue inexploitable par sa propre masse" :

argument qui perd très vite de sa pertinence, s(...)

Je conseil à tout ceux qui s’intéressent à de la SF prophétique des années 30 de plutôt lire La guerre des salamandres, de Karel Capeck qui à beaucoup mieux anticipé les dérives de notre époque.

Derniers commentaires

Peut être y a-t-il une réponse plus simple à la question ? 

George Orwell était anarchiste. Si une personnalité non anarchiste le revendique, on peut se poser des questions. 


Peut être faudrait-il le laisser à sa place, avec l'autre Georges (Brassens), entre anarchistes...

Cette question autour de la common decency est développée dans le livre d'entretien entre Bégaudeau et Paul Piccarreta qui vient de sortir aux éditions de l'Escargot.

Pour rafraîchir votre galerie de couvertures de 1984, cette édition britannique (Penguin Books) dont la couverture est signée David Pearson : https://www.telegraph.co.uk/multimedia/archive/02904/orwell-1984_2904205k.jpg

L'atrocité du pouvoir



"Comment un homme affirme-t-il son pouvoir sur l'un de ses congénères, Winston?"

'How does one man assert his power over another, Winston?'

     Winston réfléchit. "En le faisant souffrir, dit-il.

     Winston thought. 'By making him suffer', he said.

- Exactement. En le faisant souffrir. L'obéissance ne suffit pas. S'il ne souffre pas, comment être sûr qu'il obéit non à sa volonté mais à la vôtre? Le pouvoir réside dans la capacité d'infliger souffrance et humiliation. Dans la capacité de déchirer l'esprit humain en petits morceaux, puis de les recoller selon les formes que l'on a choisies. (...)

'Exactly. By making him suffer. Obedience is not enough. Unless he is suffering, how can you be sure that he is obeying your will and not his own? Power is in inflicting pain and humiliation. Power is in tearing human minds to pieces and putting them together again in new shapes of your own choosing. (...) 

 Google ,le Marché , mais oui , Pourtant ,il existe un Etat orwellien  : la Chine, avec la reconnaissance faciale  ,le contrôle de la population . Les Ouïghours  et les Hong- Konguais en savent quelquechose.

D'après moi, Georges Orwell est victime d'appropriation intempestive par des idéologues sans foi ni loi, et donc prêts à tout. Et de tous bords.


Autant la Ferme des Animaux est une charge talentueuse et violente contre le stalinisme et analyse très bien les ressorts d'une prise de pouvoir totalitaire, autant 1984 est beaucoup plus subtil.

D'ailleurs, il est étonnant à quel point Orwell peut comprendre des situations aussi difficiles à l'époque où il vivait. Non seulement il est très bien informé, mais ses connaissances lui permettent de comprendre comme s'il y était.  Et ses qualités littéraires et sa sensibilité font le reste.


Et dans 1984, il explique tout ce qui est contre-intuitif (lalalère, moi aussi j'ai réussi à placer ce mot éminemment à la mode) dans la domination : comment on fait plier les réfractaires, comment le mensonge institutionnalisé est perçu comme la vérité, ou plutôt une vérité (déjà théorisé par la voix de Ponce Pilate dans le nouveau testament). 

1984 nous apprend à penser l'intérêt du mensonge et de la dissimulation par le pouvoir, de façon ludique.


Il nous retourne le cerveau et nous présente des mécanismes que nous refusons de voir dans la vie ordinaire.

Mais ce n'est ni un manuel de doctrine politique, ni un manifeste universel et intemporel. Il raconte avant tout les préoccupations de son auteur dans le monde crépusculaire et sanglant des années 30, 40 et 50.


1984 nous apprend à penser. Avant tout.

En tout cas, il est à la base de ma prise de conscience politique à l'époque du rideau de fer, quand j'avais 17 ans.

Daniel Schneidermann devrait réviser la guerre d'Espagne, le POUM n'était pas un parti anarchiste mais trotskyste  qui s'est allié avec la FAI anarchiste surtout en catalogne et s'est aussi opposé au PCE stalinien. Le leader du POUM a été arrêté, torturé et assassiné par les agents des services secrets russes en Espagne.. JF 34

- "même si la masse de données connectées par les géants privés (Google) ou publics (NSA) est si considérable qu’il est permis de se demander si elle n’est pas rendue inexploitable par sa propre masse" :

argument qui perd très vite de sa pertinence, si on voit comment les entreprises et ingénieurs de "big data" se démènent pour analyser toujours plus de données en un minimum de temps.

aussi l'idée est d'avoir les données à disposition au cas où, pour des individus particuliers auquel on a soudain quelque chose à reprocher, pas pour tout analyser en permanence, pas pour tous les individus qui pensent qu'on aura jamais rien à leur reprocher.


- "Sauf que c’est de notre propre gré, et enthousiastes, que nous livrons tous nos secrets à Facebook et Google" :

- comme c'est de notre propre gré qu'on va travailler au Smic ?

- essayez de vous défaire de google, facebook, whatsapp etc., vous serez repris par le filets de vos relations sociales qui utilisent toutes leurs apps, rien que parce qu'ils ont enregistré votre nom et votre numéro dans leur téléphone, et peut-être des photos de vous tagées automatiquement avec logiciel de reconnaissance faciale.

- essayez d'avoir une vie sociale (pas faite seulement de vieux amis) sans whatsapp ou snap.

- essayez de proposer de communiquer via des alternatives comme Signal, facile à installer et utiliser, mais pas sexy.

- l'Europe, le Japon ont-ils fait leur propre google ? leur propre facebook etc.? pour diversifier un peu l'offre ?

- combien d'OS disponibles pour les smartphones ?

- est-ce que Duckduckgo est aussi efficace que Google ?

Pour aller plus loin voir notamment le guide d'autodéfense numérique : https://guide.boum.org


- Google et le savoir :

Tout le monde académique international est géré par Google Scholar, avec des apps complémentaires, qui répertorient les publications, et les évaluent en fonction des "vues" et des "citations". De même pour être publié il est préférable d'avoir plus de "followers" sur son profil d'auteur universitaire.


- la droite "finkielkrautienne" :

intéressant ce patriotisme et cet ANTI-antisémitisme qui reprend exactement les attaques antisémites jusqu'aux années 1940 : "peuple sans terre", "peuple sans Etat", etc. (Ben Gourion niait l'existence du peuple palestinien notamment parce qu'il n'avait pas d'Etat central - voir sa dernière interview).


(merci pour cet article stimulant qui nous sort du présent immédiat franco-français)


Le mythe de la surveillance généralisée existe depuis qu'existe l'humanité, elle en est intrinsèque tout comme son inverse, la notion de liberté.


Orwell, comme auteur, est un peu surestimé et 1984 est un fouillis sans nom. Comme rappelé plus haut, « La ferme des animaux » est plus intéressant mais ce n'est que du La Fontaine actualisé qui lui-même était une actualisation d'Ésope qui lui-même... etc.


Le succès d'un ouvrage est souvent affaires de circonstances. La biographie et les idéaux politiques d'Orwell auront participé aux fantasmes (pro ou anti) sur 1984. Ceux  qui encore aujourd'hui s'écharpent autour de ce roman et de son soi-disant message prophétique sont juste en recherche d'une légitimité par procuration.


Là-dessus aussi, rien de nouveau.

La réponse d’Annie Lacroix-Riz date du numéro de septembre 2019 et non de septembre 2020 du Monde Diplomatique. « Les faits sont têtus » comme disait Lénine. Orwell est une escroquerie littéraire et intellectuelle.

Il y a un "e" superfétatoire dans le nom du taulier d'Agone (Discepolo et non Diescepolo).

la "common decency" vu par Michéa c'est pas très matérialiste comme concept; c'est plutôt naturalisant et réactionnaire. Je ne sais pas comment Orwell l'entend; et si c'est une forme de romantisme pour lui.

Je conseil à tout ceux qui s’intéressent à de la SF prophétique des années 30 de plutôt lire La guerre des salamandres, de Karel Capeck qui à beaucoup mieux anticipé les dérives de notre époque.

Génial, merci! Un livre en préparation ? 

À propos de la calomnie stalinienne accusant Orwell comme délateur, un petit livret paru chez Ivréa il y a plus de vingt ans − le mensonge de Lacroix-Riz n'a même pas le charme de la primeur − dégonfle cette lamentable et sordide supercherie. Son titre est « George Orwell devant ses calomniateurs - Quelques observations ».


Les staliniens aurait bien voulu enterrer George Orwell en Espagne, où ils l'ont traqué comme d'autres, Franz Borkenau qu'ils ont aussi raté, ou Andreù Nin dont a été connu avec précision le sort après l'ouverture des archives de la Guépéou. Orwell mort, il ne leur reste plus que sa mémoire à salir.


Les jeunes gens m'affirment parfois qu'il n'y a plus de stalinisme. Tant qu'il reste des staliniens, madame Annie Lacroix-Riz en est l'exemple, la méfiance reste de mise.

"les anarchistes du POUM"


Non. Orwell était anarchiste, mais pas le POUM, qui comme son nom l'indique était marxiste (mais anti-stalinien)


L'organisation anarchiste pendant la guerre d'Espagne, c'était la CNT-FAI

Orwell ne s'est jamais revendiqué comme anarchiste. Dans ses livres, dans « Le quai de Wigan » à moins que ce soit dans « Dans la dèche à Paris et à Londres » il se définit comme socialiste, plus précisément il définit ce que signifie le socialisme pour lui et s'en revendique. Il y a un passage, qui peut aujourd'hui faire sourire, où il s'indigne devant le fait qu'à un rassemblement socialiste un repas végétarien soit prévu et où il craint que ce simple détail concoure à faire passer les socialistes pour des énergumènes.

c'est pour ça que je comprend pas son usage de la "common decency"; que j'entends comme une fétichisation des classes populaires comme forcement "pures".

De ce que j'ai lu d'Orwell, principalement les romans, tous, ainsi que les nouvelles et essais, presque tous − il reste les écrits politiques qui sont dans la file d'attente −, la question de la common decency ne m'a pas semblé une fétichisation de la classe ouvrière, qui serait alors la naissance d'une croyance parasite. Je l'ai comprise, mais je ne me suis pas focalisé dessus aussi je me garde d'être catégorique, comme un socle, une base de pratiques communes, une culture non manifeste qui constitue une base morale sur laquelle l'entente et la possibilité de construire sont possibles.


Dans le passage que j'évoque où il se rend à un rassemblement socialiste, il est également scandalisé, ou plutôt consterné de voir monter dans le bus qui l'y amène deux personnages, je crois, habillés de manière extravagante pour l'époque, dont il craint, mais il en est presque certain, qu'ils se rendent également au rassemblement et qu'ils constituent un repoussoir et un objet de caricature facile pour les opposants qui souhaiteraient considérer et faire passer le socialisme comme une extravagance. Orwell aurait aimé que les socialistes veuillent convaincre sur la base du plus grand dénominateur commun, entre autres cette common decency.

s/dénominateur/facteur/

A ses lecteurs ?

La mort de l'auteur tout ça.


Sinon ça se concentre beaucoup sur 1984 mais il me semble qu'Animal Farm est beaucoup plus clair.

Il n'est pas du coté de Napoléon mais pas trop de celui de Bouge de Neige qui est un porc aussi et participe à la corruption initiale du régime (garder le beurre pour eux, boire l'alcool du fermier).

Il est encore moins de celui des humains, l'illustration suprême de la corruption des porcs étant de se mettre à leur ressembler.

On pourrait dire de celui des animaux si, entre les moutons stupides, le corbeau propagandiste, le cheval naïf et les chiens conditionnés, il semble à peu près aussi optimiste que moi quant à leurs chances d'arriver à quelque chose.


Je revendiquerai donc Orwell, on peut clore ce débat. :)

Merci beaucoup pour cette belle enquête,

Sur les derniers développements, concernant la place du désir dans la surveillance aujourd'hui, le livre de Bernard Harcourt, La société d'exposition. Désir et désobéissance à l'ère numérique, apporte de très utiles précisions. Pour nourrir la suite...

Merci encore

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