Mais pourquoi se battre pour la ZAD ?
Le matinaute
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chronique

Mais pourquoi se battre pour la ZAD ?

Annoncé partout depuis quelques jours, le calendrier a été respecté : à l'heure où j'écris, alors que se lève le jour sur la zone humide, 2500 membres des forces de l'ordre sont en train de chasser de Notre-Dame-des-Landes, à coups de lacrymogènes, quelques dizaines de zadistes "résiduels". Pour désigner ces résiduels, tout l'arsenal des appellations a été dégainé : jusqu'au boutistes, illégaux, bref, les "mauvais" zadistes, ceux qui n'ont pas voulu s'inscrire dans la démarche institutionnelle initiée par l'Etat.

La police ayant confiné la presse loin des opérations, les images sont rares. Parmi les rares vidéos disponibles à l'heure où j'écris, celles de quelques medias locaux, comme L'Eclaireur, hebdomadaire de Chateaubriant. Avec obligeance, la police a proposé de fournir aux medias qui les demanderont ses propres images. Trop aimables ! Mais avant même cette interdiction, les grands medias avaient choisi leur camp : celui de l'Etat. Collomb sur Europe 1, Valls sur RTL (mais oui, Valls. Encore et toujours Valls, à qui Calvi reproche de ne pas avoir eu le courage d'évacuer la ZAD lui-même) : aux radios du matin, c'est l'Etat qui s'exprime . Mes bons confrères objecteront qu'il était difficile d'inviter des zadistes. Peut-être. Mais on n'a entendu, non plus, aux radios du matin, aucun des signataires, par exemple, de la dernière pétition de soutien à la ZAD. Pourtant, à lire les noms, ils n'habitent pas tous dans les arbres. Leurs numéros de téléphone ne doivent pas être très difficiles à trouver. Et ils ne signent même pas Camille.

Pourquoi, puisque l'aéroport est mort-né, se battre pour la ZAD ? Pour une raison proche de celles qui poussent à défendre la SNCF : le symbole qu'elle représente. Dans le naufrage de toute perspective politique institutionnelle à court terme, le zadisme est le seul espace alternatif subsistant. C'est le seul lieu d'invention potentielle non-marchande de l'autrement. Ce sont les petites braises qui rougeoient encore sous le foyer éteint, et où repartira peut-être un jour le feu de joie. Comme dit Hervé Kempf, de Reporterre (que nous recevions ici sur le même sujet, émission en libre accès)  "la possibilité d’exister autrement, de chercher la coopération plutôt que la compétition, de s’organiser sans hiérarchie entre les êtres, de régler les conflits sans police ni justice, de partager le commun en harmonie avec ce qu’on appelle la nature, de subsister sobrement, de sortir de l’assujettissement de l’argent... Y arrive-t-on sur la Zad ? On ne peut le dire. Mais on essaye vraiment".


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