La bulle, Ambrose et Wolfgang
Des clameurs d'extase après la réussite de la première journée de la "vente historique" Bergé-Saint Laurent, magnifique exemple de célébration médiatique auto-réalisatrice, qu'il faudra étudier de près, si l'on a le temps. Une lamentation récurrente sur le prix des pâtes qui continue d'augmenter, mais le gouvernement fait ce qu'il faut, et les choses devraient s'améliorer au deuxième trimestre. Les victimes de l'explosion AZF, à Toulouse, "veulent comprendre". Avec vingt-quatre heures de retard, Duhamel (RTL) et Askolovitch (Europe 1) s'émeuvent du parachutage de l'hyper-conseiller Pérol à la tête de la nouvelle hyper-banque. Guillon canarde Aphatie, qui le canardait hier. Bien.
Certains matins, on a envie de se demander: de quoi ne nous a-t-on pas parlé du tout ? On tente alors de sortir le nez de la bulle, pour tenter de discerner où naissent les nuages, qui demain viendront assombrir le ciel, à la grande surprise démédias ébahis. Mais toute sortie de la bulle se fait sans boussole et sans carte. Un exemple. Successivement, The Telegraph et le Financial Times , tous deux traduits par le site Contre-info, ont averti leurs lecteurs, ces derniers jours, de la fragilité des économies d'Europe de l'Est. Endettés jusqu'au cou pour cause de nécessaire "rattrapage", placés sous la coupe des banques occidentales elles-même dans l'état que l'on sait, plusieurs pays d'Europe de l'Est constituent un maillon ultra-vulnérable, aux portes de la zone Euro. "Nous en sommes donc réduits à attendre et observer ces dangereux feux de brousse qui se rapprochent. Si une étincelle atterrit au delà de la ligne de la zone euro, nous aurons une crise systémique globale dans les jours suivants. Les pompiers sont prêts ?" demande Ambrose Evans-Pritchard dans The Telegraph, tandis que Wolfgang Münchau, dans le FT estime, optimiste, que "la crise orientale pourrait couler l'eurozone".
Qui sont Ambrose et Wolfgang, qui sonnent ainsi le tocsin, et que lémédias français ignorent superbement ? Des journalistes économiques ? Des "experts" reconnus ? Et reconnus par qui ? Quel crédit accorder à leurs alarmes convergentes ? Et qui est ce site "Contre-info", qui promet d'offrir "les infos absentes des prompteurs des JT", et affiche parmi ses contributeurs des personnalités aussi différentes que Michel Aoun, Michel Rocard ou Henry Kissinger ? Autant de questions soumises à votre sagacité par un matinaute qui, pour une fois, pose davantage de questions qu'il n'offre de réponses.
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