Dénis
Le matinaute
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chronique

Dénis

"Les Français ont peur. Ils nous savent en faillite. Ils ne voient pas d'issue pour le pays et pour leurs proches, et constatent avec consternation l'inefficacité du sarkozysme".

Qui parle ? Un éditorialiste ? Un opposant ? Non. C'est "un proche du président", anonyme, cité dans un article du Monde, signé par Arnaud Leparmentier. La pause des réformes, annoncée par Sarkozy pour la fin 2011 dans son interview au Figaro Magazine ? Elle "déconcerte ses partisans" poursuit le même article, qui cite aussi un ministre : "l'action est le seul moyen de compenser la personnalité contestée du président". Cette pause risque cependant d''être radicale, et brutale, note Leparmentier, qui remarque que Sarkozy, dans cette interview, n'a pas même évoqué la réforme de la Justice et la suppression du juge d'instruction.

Aussi révélatrices soient-elles du désarroi intellectuel des sarkozystes, l'essentiel n'est pas ce que disent ces citations anonymes. L'essentiel, c'est que des ministres, des proches, soufflent des aveux aussi désabusés à un journaliste du Monde, sous couvert d'anonymat bien entendu, mais en courant le risque d'être identifiés -les choses vont si vite à l'époque de Twitter. Ces confidences, et le seul fait qu'elles soient tenues, disent à elles seules que la dynamique est cassée, et la machine ensablée. Etrangement pourtant, Le Monde choisit de ne pas titrer sur cet ensablement, mais titre à la Une : "M. Sarkozy veut garder le cap, malgré le sévère avertissement du 1er tour". Non seulement le titre contredit l'article, mais c'est un titre qui fait "comme si". "Comme si" les leviers répondaient encore, comme si ce que "veut Sarkozy" avait encore prise sur la réalité. Jouons au titreur de comptoir : "les réformes compromises par le 1 er tour de l'élection régionale", eût été un titre plus conforme à l'article, et sans doute plus fidèle à la réalité.

Loin de moi l'idée d'accuser Le Monde de jusqu'auboutisme sarkozyste. Chez les politiques, le déni d'une réalité est souvent une tactique délibérée. S'agissant de la presse, il obéit à des mécanismes plus complexes. Ce que montre ce décalage, c'est la puissance des automatismes, et notre aptitude stupéfiante, devant un brutal renversement de la donne, à faire "comme si". Comme si la donne antérieure était encore valable, alors que tout nous montre le contraire. Notre éternelle aptitude à ne pas voir, ne pas entendre, et donc ne pas dire. Dans la philosophie orientale, ce triple renoncement est une voie vers la sagesse. Il n'est pas certain que cela s'applique aux médias.

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