Cahuzac : comprendre la justice de classe ?
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Cahuzac : comprendre la justice de classe ?

Condamné en appel à quatre ans de prison, dont deux ferme, Jérôme Cahuzac n'ira peut-être pas en prison. C'est un juge de l'application des peines qui devra décider de son placement, ou non, en détention. Disposition dont il a bénéficié, "comme tous les justiciables", répètent les radios du matin."Comme tous les justiciables" : ces mots tournent et retournent dans les têtes mal réveillées, tandis que se succèdent les images de pauvres gens collés au trou pour le vol de tranches de jambon.

Jusqu'où la presse a-t-elle pour mission de rendre acceptable une décision de justice de classe ? "La grande perdante de cette affaire est l'intelligibilité de la décision de Justice", conclut la papesse de la presse judiciaire, l'excellente Pascale Robert-Diard, du Monde. Une fois de plus, comme pour une réforme du code du travail ou de la SNCF, l'acceptation serait donc une simple affaire d'explication et de pédagogie. Objection Votre Excellence. Juridiquement parlant, cette décision est partiellement intelligible,  et les chroniqueurs judiciaires s'emploient excellement à la faire comprendre.  Il y a d'excellentes raisons juridiques pour que Jérôme Cahuzac n'aille pas en prison. 

La peine de prison, m'a-t-on enseigné lors de mes lointaines études de droit, a trois fonctions principales. D'abord, l'élimination de la société d'un individu dangereux. Jérôme Cahuzac, qui emploie une partie de ses journées à la pêche sous-marine en Corse, ne représente aucun danger évident pour la société, sinon pour la faune sous-marine. Ensuite, la punition. On peut parfaitement soutenir que la sanction politique et sociale a été suffisante (et Cahuzac s'est indirectement employé à en convaincre l'opinion, notamment à travers un reportage d'anthologie de Match, détaillant la "descente aux enfers" du retraité de 66 ans, qui vit dans un village corse, avec une retraite de 9000 euros mensuels).

Mais il y a une troisième fonction de la peine : la dissuasion, ou l'intimidation, comme on voudra. Il s'agit de dissuader les récidivistes de récidiver et, par l'exemple, les imitateurs d'imiter. C'est sur ce dernier plan, qu'il aurait été parfaitement intelligible d'envoyer effectivement derrière les barreaux l'ancien ministre qui, les yeux dans les yeux, a menti à l'Assemblée Nationale -même si la décision inverse est, elle aussi, intelligible.  Disons qu'elle est scandaleuse. Ce n'est pas la même chose.

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