Niel contre Mediapart, l'émission à laquelle vous avez échappé
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Niel contre Mediapart, l'émission à laquelle vous avez échappé

L'autre soir, je reçois un mail de Xavier.

Vous ne voyez pas qui je veux dire ? Allez, Xavier. Niel, si vous préférez.

Je ne me vante pas, hein, de nombreux journalistes entretiennent des correspondances par mail avec Xavier Niel. C'est totalement grisant. Vous êtes appelé par votre prénom par le Steve Jobs français, qui signe "Xavier" (parce que sur Internet, on est tous copains). Je ne vous raconte pas comment on biche, nous les happy few. Ou, plus vraisemblablement, happy many.

Bref, Xavier est furieux de l'enquête en six volets sur ses "secrets", dont Mediapart, le site de Edwy, François, Laurent, Martine et les autres, vient de commencer la publication. Furieux, dit-il, que Mediapart le présente comme "propriétaire" du Monde, et simple actionnaire chez eux, Mediapart, alors, dit-il, que la structure juridique de sa participation est la même. Point mineur. Je n'entre pas dans la discussion, un peu vaine, mais je saute sur l'occasion, pour l'inviter sur le plateau.

Habile photomontage de l'émission dont j'aurais rêvépicto

On a invité Xavier Niel à plusieurs reprises. Je n'ai pas à vous expliquer pourquoi, je suppose. Patron du Monde, fondateur de Free, on a mille questions à lui poser. Il a toujours refusé.

Mais là, l'autre soir, j'entrevois la trouée. Je réactive donc l'invitation, à la fois à propos de l'enquête de Mediapart, et de son récent bras de fer avec Google. O surprise: ce n'est pas non. C'est même oui. Pas sur l'affaire Google (il semble être déjà passé à autre chose), mais sur Mediapart. Oui sans conditions. Ou plutôt, à une condition, formulée dans un mail:

"en direct live avec Laurent Mauduit et Edwy Plenel et je balance en live tout ce que je sais sur Mediapart et ses copinages ?

;-)

parce que sinon vous allez censurer, c'est trop énorme ..."

On accepte. Tout savoir sur les "copinages" de Mediapart, pensez si on est preneurs. Surtout si c'est trop énorme. Je lui propose donc un plateau pour vendredi (dernier). Réponse:

"uniquement du direct,

et à la fin des articles",

Parfait. Il est chaud. Le feuilleton, pardon, la série de Mediapart, s'étalant sur deux semaines, ça reporte l'émission à la semaine suivante. Cette semaine, donc. Mais étrangement, quand je lui annonce ce report en fin de semaine dernière, je sens que la résolution de Xavier a fléchi.

"franchement, je ne lis plus, et j'en ai un peu marre, on se fait trop taper dans la tête partout,

je sent que vous n'allez pas me revoir publiquement avant mon enterrement où je suis sur vous ferez un très gentil article ;-)"

Aie. Entretemps, Edwy Plenel et Laurent Mauduit, de Mediapart, donnent leur accord pour le plateau. La publication de la série s'étant terminée aujourd'hui, j'ai donc confirmé notre invitation à Xavier Niel. Et là, silence de quelques heures (inhabituel chez lui). Puis: "bon, je me défausse, je me dégonfle, je saute par la fenêtre de défaussage". Fin d'un beau projet. Et ô surprise, ce soir: Xavier a accordé une interview auFigaro.C'est moins risqué.

Qu'en conclure ? Rien. Il a eu un coup de sang, et puis il s'est calmé. C'est son droit. A tout prendre, son fonctionnement "direct" avec les journalistes me semble préférable à celui de ses homologues (ou de mille autres prétendus importants, pesant bien moins lourd que lui) qui se calfeutrent derrière des services de communication pléthoriques. Aucune autre leçon, donc à en tirer, que celle-ci: rien n'est plus facile que de dissimuler des comportements finalement très traditionnels derrière les blagues et les smileys. Mais on le savait déjà, non ;-)

Au menu de l'émission de cette semaine, donc: le Mali.

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