Ruquier, quand la maison brûle...
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Ruquier, quand la maison brûle...

L'affaire Morano a fait une victime supplémentaire : Laurent Ruquier se sent coupable.

Il l'a dit dans son émission de radio. Si l'on comprend bien, il est davantage malheureux pour Morano elle-même, que d'avoir offert une tribune à Morano, et d'avoir empoisonné le débat politique français pendant une semaine. Il se sent coupable, parce qu'il "aime bien" Nadine Morano. Malheureux garçon. Il avait invité Morano, mais surtout pas pour qu'elle fasse du Morano. Il croyait qu'elle parlerait de la croissance, de la COP 21, qu'elle allait déployer sa vision de la Syrie. Compatissons.

Pour se dédouaner, Ruquier explique à Libération qu'il n'a invité Marine Le Pen qu'une seule fois, parce qu'il y était obligé. Et l'a réinvitée en plein affrontement contre Jean-Marie Le Pen, sachant par avance qu'elle refuserait. Très bien. Mais avoir zemmourisé les samedis soirs du service public, c'est à dire avoir accoutumé le public au lepénisme souriant, au lepénisme sympa et craquant, au lepénisme copain, au lepénisme érudit et éloquent, au lepénisme dans la bergerie (une critique que Ruquier "peut entendre", assure-t-il), n'est-ce pas pire que d'inviter régulièrement Le Pen ou Philippot ?

Laurent Ruquier a souvent répété qu'il était "de gauche". Faisons-lui crédit d'être impeccablement antiraciste. Mais quelqu'un devrait se dévouer, pour lui expliquer gentiment que la question n'est pas là. Le problème n'est pas que Ruquier donne trop la parole à des racistes. Sous réserve de comptage, il est probable qu'il invite aussi des antiracistes, ou aimerait bien en inviter. Le problème est que le système Barma-Ruquier, en polarisant ses émissions sur cette question (c'était aussi le cas à l'époque d'Ardisson) laisse penser que le débat sur le racisme est le seul débat important d'aujourd'hui. Pas davantage que ses collègues, par exemple, Ruquier n'a jamais invité Txetx Etcheverry, l'initiateur de la marche Alternatiba, que nous recevions sur notre plateau ce week-end. Pourquoi, alors que la "maison brûle", nous obstinons-nous à regarder ailleurs ? C'est un des mystères que tenteront d'expliquer les historiens du prochain siècle, s'il en reste.

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