Chapeaux, le non-débat
Le matinaute
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chronique

Chapeaux, le non-débat

Donc, il y a les sujets dignes de grandébat, et les autres.

Le gouvernement n'ayant pas décrété le lancement d'un grandébat sur les retraites-chapeau, nous avons le regret de vous informer que c'est dans le plus parfait nondébat, que le même gouvernement s'est opposé à l'augmentation de la taxation de ces retraites "surcomplémentaires", accordées aux grands patrons et à quelques milliers de cadres supérieurs, augmentation proposée par quelques députés courageux (mais pas téméraires) de l'UMP. La nouvelle n'a pas fait la Une des journaux radio. Le matinaute ne l'aura apprise qu'en tendant l'oreille à l'excellente chronique économique de Philippe Lefébure, sur France Inter, qui l'a mentionnée d'un mot. A en croire La Tribune, en septembre dernier, on réfléchissait pourtant à alourdir la fiscalité sur ces avantages opaques, qui n'émergent dans l'actualité qu'accidentellement, quand quelqu'un prend soin de lire attentivement les comptes des entreprises. On a changé d'avis. Pourquoi ? Sous la pression de qui ? Avec quels "éléments de langage" ? Tiens, lisez-les journaux d'aujourd'hui, et tenez-moi au courant.

Il est vrai que l'on a plus croustillant à se mettre sous la dent (et avant même d'apprendre le renvoi de Chirac devant la Justice, morceau de choix du week-end). La niche voisine, celle des footballeurs, a été rasée devant les projecteurs, et sous les applaudissements. Ca leur apprendra, aux footballeurs, à être défendus par la tricarde Rama Yade. Après le refus, par le gouvernement, de la surtaxation des profits bancaires (vous vous souvenez ? On s'y est repris à deux fois, le temps de remettre le doigt du député Lamour sur le chemin du bon bouton), voilà un deuxième refus concret, qui aide à apprécier, rétrospectivement, les moulinets anti-banques, et anti-patrons-qui-abusent.

Encore une fois, ces informations ne sont pas occultées. Simplement, il faut aller les chercher, tendre l'oreille. Il y a quelques années, Bernard Guetta, qui fut correspondant à Moscou dans les dernières années du communisme, nous racontait sur le plateau d'Arrêt sur images que même aux pires moments, les Russes trouvaient tout de même des informations, dans la très officielle Pravda. Il suffisait de lire en creux. De détourner son regard des gros titres, pour aller chercher, d'instinct, les brèves de bas de page, et décrypter les virgules, les absences, les interstices. Pas de panique : c'est juste une question d'entraînement.

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