Wikileaks : Manning, espion mais pas traître
Brève

Wikileaks : Manning, espion mais pas traître

Plus de cent ans de prison?

Bradley Manning, source de plus de 700 000 documents publiés pas WikiLeaks, a été reconnu coupable par la justice militaire américaine de violation de la loi sur l'espionnage mais pas de "collusion avec l'ennemi", plus grave chef d'accusation.

La juge, la colonelle Denise Lind n'a pu être convaincue "au delà du doute raisonnable" que Bradley Manning avait conscience que les documents qu'il fournissait à WikiLeaks pouvaient finir entre les mains d'Al Qaïda.

Le jeune soldat risquait la réclusion criminelle à perpétuité s'il avait été reconnu coupable d'avoir aidé le groupe terroriste en transmettant des documents à Wikileaks. L'accusation avait établi de son côté qu'al-Qaida et son fondateur Oussama Ben Laden avaient largement exploité la mine de renseignements divulguée par Manning : des liasses d'archives WikiLeaks avaient été retrouvées dans le repaire du terroriste.

Manning est tout de même reconnu coupable de 20 autres chef d'accusation sur 22, aux termes du verdict lu par la juge Lind. Il risque donc 136 ans de prison, selon l'AFP, ce qui revient au même que la prison à vie. Un autre chiffre encore plus important est donné par Europe 1 : 154 ans de prison. Selon le Figaro.fr, toutefois, il ne risquerait que 20 ans derrière les barreaux. Une incohérence dans les chiffres sans doute due aux multiples chefs d'accusations dont il est reconnu coupable.

Manning est donc reconnu coupable de sept délits pour violations de la loi sur l'espionnage de 1917. La juge militaire a reconnu le jeune homme coupable également de vols d'informations aux forces armées, de transmission illicite de câbles diplomatiques ou encore de mémos secrets sur les détenus de Guantanamo. Il a également été reconnu coupable de désobéissance au règlement militaire, de fraude informatique, en insérant un logiciel non autorisé dans le système informatique de l'armée, en détournant les mécanismes de sécurité de ce système et en stockant de manière illicite des informations classifiées. Il n'a pas été reconnu coupable de "possession non autorisée et la transmission volontaire" de la vidéo d'une bavure d'une attaque aérienne dans un village afghan faisant des dizaines de victimes civiles.

Le jeune soldat avait plaidé coupable de dix de ces charges, mais il se déclarait innocent de la plus sérieuse d'entre toutes, celle de "collusion avec l'ennemi". Il avait reconnu avoir transmis au site Wikileaks quelque 700 000 documents lorsqu'il était analyste du renseignement en Irak, de novembre 2009 à son arrestation en mai 2010. Ces documents se composaient de 470 000 rapports de combats en Irak et en Afghanistan, et de 250 000 télégrammes diplomatiques du département d'État, intégralement mis en ligne par le site de l'Australien Julian Assange, actuellement réfugié à l'ambassade d'Équateur à Londres.

Parmi les premiers à réagir, WikiLeaks a estimé sur Twitter que le verdict illustre un "dangereux extrémisme, en matière de sécurité nationale, de l'administration Obama" et parle de "nouveau précédent très grave en matière de divulgation d'informations à la presse". "Il s'agit d'un avertissement adressé aux donneurs d'alerte contre lesquels l'administration Obama mène une chasse d'ampleur inédite sans prendre en compte l'intérêt public de leurs révélations", réagit aussi Reporters sans frontières.

L'avocat de Manning avait demandé l'acquittement, soulignant que Manning est quelqu'un de "jeune, naïf et bien intentionné", choqué par ce qu'il avait vu en Irak, et qu'il souffrait de "troubles d’identité sexuelle" dans un environnement hostile, le "don’t ask, don’t tell" qui s'imposait aux homosexuels étant encore en vigueur au moment de son arrestation. L'accusation l'avait au contraire dépeint comme un être égoïste et téméraire, qui savait bien qu'en transmettant des documents à WikiLeaks, ils seraient consultés par les ennemis des Etats-Unis.

Le procès en cour martiale devait reprendre aujourd'hui pour sa phase finale destinée à fixer la peine qui lui sera finalement infligée. Cette phase pourrait encore durer plusieurs jours.

L'occasion de relire notre dossier sur Wikileaks.

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