Val, Carla et les totalitarismes : l'interview choc de Télérama
Brève

Val, Carla et les totalitarismes : l'interview choc de Télérama


Ouf, Philippe Val va bien. Après avoir essuyé de nombreuses critiques suite à sa nomination à la tête de France Inter et à certaines de ses décisions (évictions de Porte et Guillon entre autres), Val va beaucoup mieux. C'est Télérama qui nous l'apprend cette semaine dans une interview exclusive. Vous saurez tout, de la mise à l'antenne de programmes "impossibles dans un pays totalitaire" à l'importance de l'amitié dans sa vie (notamment avec Carla Bruni)". Attention, séquence émotion.

e la mise à l'antenne de programmes "impossibles dans un pays totalitaire" à l'importance de l'amitié dans sa vie (notamment avec Carla Bruni)". Attention, séquence émotion.

"Certains disent que je ne suis pour rien dans les bons résultats d'Inter ? Tant pis". Avec une dose de fatalisme, Val a accordé un entretien exclusif à Télérama, plus de deux ans après sa nomination. Les résultats d'audience de la station sont bons, il ne reste plus qu'à redresser l'image de Philippe Val. Et dans cette spécialité, il excelle, il a réponse à tout. Sur le choix des programmes ? "J'essaie de mettre à l'antenne des programmes qui seraient impossibles dans un pays totalitaire", explique-t-il en toute modestie.

Sur son amitié avec Carla Bruni ? La réponse se fait en deux temps. Il y a d'abord la version Plus belle la vie : "Je l'ai connue il y a longtemps, il n'y a pas de raison pour que je cesse de la voir. Mais je ne devrais même pas en parler. J'ai des amis - très peu - avec qui je discute de choses intimes qui ne regardent personne. Je n'ai pas beaucoup de famille", explique-t-il avant d’ajouter : "Depuis que je suis gosse, les relations d'amitié tiennent une place prépondérante dans ma vie". Poignant. Heureusement, Val parvient à se ressaisir en livrant ensuite une version plus philosophique (prenez des notes) : "Si j'ai tant aimé Montaigne, c'est notamment pour son essai sur l'amitié avec La Boétie. C'est un concept philosophique majeur, qui permet de penser une organisation de la société sans autorité ascendante.... Je suis très sensible à tout cela." Descendant des stratosphères philosophiques et refusant de dire s'il la fréquentait encore, Val invoque ensuite... le respect de la démocratie pour ne pas répondre : "Les totalitarismes attaquent l'intimité - nos lectures, nos conversations, nos fréquentations. Autant le pouvoir doit être le plus transparent possible, autant la vie privée doit rester opaque. Donc, je ne réponds pas à votre question. Je ne peux pas répondre".

Botter en touche avec de belles références, tel est le credo de Val dans cette interview. Illustration avec la question sur les loupés de la nouvelle grille, comme "Ouvert la nuit" et "Les Affranchis". Val trouve la parade (reprenez des notes) : "Une radio doit être dans la mutation continuelle. Ce n'est pas toujours simple. Avec Chopin ou Debussy, au début, les gens se bouchaient les oreilles ! Mais on doit passer le cap, être patient et respecter les gens". Chopin, Montaigne, il ne manquerait pas une référence ciné ? Allez, va pour Lubitsch. Un mot compte triple placé en réponse à des questions sur les limites de l'humour et les évictions de Porte et Guillon : "Soyons clair, en humour comme ailleurs, l'excellence vaut mieux que la médiocrité. Mon modèle absolu, c'est le cinéma de Lubitsch, qui prend en compte la complexité humaine."

Sur toutes les attaques dont il a fait l'objet, il reprend les mêmes arguments maintes fois rabâchées : Frédéric Pommier a été évincé de la revue de presse car celle-ci n'était "pas intéressante", Guillon et Porte ont été licenciés car ils "se sont mal conduits", la phrase sur Inter qui traite mal son actionnaire a été mal comprise. Bref, tout va bien et Télérama le lui rend bien. Car pour un bon plan com', il faut un bon questionnement. Et attention, c'est grinçant : "Vous avez mis à l'antenne des lectures, des émissions sur les sciences et la philo, l'histoire des femmes, le rapport aux animaux... Ça ressemble plus à France Culture qu'à France Inter..." Et vlan ! "Vous avez commis des maladresses, des erreurs ?" ou encore "En arrivant à Inter, vous aviez un projet précis en tête ?". Quelle impertinence ! Parfois, il y a même des questions pièges, comme celle-ci : "Vous écoutiez France Inter avant d'arriver à sa tête ?" (surtout, ne pas répondre non). Ou encore : "Ça vous blesse, ce qu'on peut dire sur vous ?" Une question qui tue à laquelle Val a une réponse bien ciselée : "Les attaques ne sont pas indolores, mais elles ne mettent pas en jeu le pronostic vital. Elles n'empêchent pas de travailler". Certes, tous les sujets sont abordés notamment l'affaire Siné, la nomination de Hees par Sarkozy ou les nouveaux soupçons de connivence (notamment après le clash Morano/Aram). Mais l’entretien n'est pas vraiment contradictoire, le ton est compatissant et les questions souvent très ouvertes.

Télérama ne pratique plus de "journalisme pestilentiel"

Reste à comprendre pourquoi Télérama a déroulé le tapis rouge à Philippe Val. Pour se faire pardonner des articles moins complaisants par le passé ? En mai 2009, Télérama avait publié un portrait sans concession de Val à la suite duquel il avait accusé le magazine de pratiquer un "journalisme pestilentiel".

En septembre 2010, dans un dossier évoquant les remous à France Inter, Val avait consenti à répondre à Télérama. Le début des réconciliations ? Pas vraiment, à lire le questionnement assez direct de l'époque : "En changeant d'humoristes, vous avez fait le choix de déplaire à tout le monde, sauf aux politiques", lui faisaient remarquer les journalistes. Ou encore : "Les rapports ne sont pas très bons entre les salariés de France Inter et vous".

Pour cette interview 2012, pas de fausses notes. Fini les remarques directes et dérangeantes.Télérama a d'ailleurs mis les petits plats dans les grands en doublant l'interview d'une enquête démontrant que "deux ans plus tard, les passions se sont apaisées et l'audience grimpe". Pourtant, dans les trois pages à la tonalité apaisée, deux passages auraient pu interpeler les journalistes de Télérama sur les tensions internes au sein de la station. "La représentante du Syndicat national des journalistes (SNJ) - qui n'a jamais caché ses réserves sur le personnage - n'a pas souhaité s'exprimer dans cet article", précise le magazine. Une journaliste, sous couvert d'anonymat, explique également que "ce n'est pas parce que les sondages sont bons que tout va bien. Notre problème, c'est Val. Son attitude nous heurte. Il fonctionne par clan, ne travaille qu'avec ses copains". On sait maintenant pourquoi : c'est la faute à Montaigne et La Boétie.

Interrogé sur le livre d'Augustin Scalbert qui décrit les liens étroits entre France inter et l'Elysée, Val a botté en touche, il ne l'a pas lu. Nous, si. Scalbert est d'ailleurs l'un des invités de notre émission "D@ns le texte" que nous tournons cet après-midi.

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