Sur le plateau du Gros Journal, installé près du mur de la Prison de la Santé à Paris, il a été question de justice sociale, de l'affaire Adama Traoré, de la politique contre le terrorisme de Manuel Valls, mais aussi des médias. Durant les 36 minutes d'interview (la version longue est disponible sur le site de Clique TV), le sociologue, auteur de Penser dans un monde mauvais, aux éditions PUF, a critiqué les "pulsions répressives" d'une partie de la gauche, en prenant pour exemple le site Mediapart : "Je suis abonné, je le lis, je pense que c'est un journal très important, mais en même temps tu vois chez eux une forme de jubilation quand ils ont mis quelqu'un en prison, quand quelqu'un a dû démissionner, quand quelqu'un est condamné, quand quelqu'un est arrêté. C'est comme si c'était la réussite de leur enquête. Et moi, je ne crois pas qu'on fasse vivre une gauche libertaire, émancipatrice aujourd'hui, si jamais on pense que la solution au problème c'est plus de répression, plus d'Etat pénal et plus de gens en prison".
Interrogé aussi sur la présence de nombreux intellectuels ou idéologues de droite sur les plateaux télé, Lagasnerie en est persuadé : "Il n'y a pas de débat possible avec les intellectuels et les idéologues de droite (...) Nous sommes en désaccord radical, nous ne parlons pas le même langage (...) Par conséquent, si nous allons dans ces émissions, nous ratifions leur présence comme des gens acceptables" (sic). Selon le sociologue qui prend l'exemple de Zemmour, certaines opinions seraient, de fait, "inacceptables". "Le fait que Ruquier ait invité Zemmour comme chroniqueur est une honte. Moi, ça me ferait presque pleurer de penser qu'un gay comme lui ait pu supporter de passer ces opinions-là comme étant des opinions débattables, acceptables, dont on rigole etc. Je pense que c'est une responsabilité majeure qu'il a eue, dans ce pays, et que tout intellectuel qui est allé chez Ruquier est complice de cette opération de transformation de Zemmour comme une personne qui dit des choses acceptables".
Comment dès lors désigner l'inacceptable dans les médias ? "Ce qu'il faut, c'est casser les systèmes. Il ne faut pas dire des choses, même radicales, dans des dispositions instituées. Il faut casser les dispositifs, si on veut faire un petit peu la révolution". En commençant par Canal + ?
L'occasion de revoir notre émission avec Geoffroy de Lagasnerie : "Les terroristes se retrouveraient totalement dans le discours de Valls"
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