L'aveu de Dassault (Mediapart)
"L’argent a été donné, complètement. Moi, j’ai donné l’argent. Je ne peux plus donner un sou à qui que ce soit. Je ne peux plus sortir l’argent pour qui que ce soit. Y a plus de Liban. Y a plus personne là-bas, c’est terminé. Moi, j’ai donné l’argent". L’aveu est franc. Comme l’écrit Mediapart qui diffuse les enregistrements extraits d’une vidéo prise en caméra cachée, "cette fois, Serge Dassault ne pourra pas nier". Cette fois, car des vidéos accusant le sénateur – et par ailleurs propriétaire du Figaro – ont déjà circulé comme nous vous le racontions ici. Or Dassault les a toujours réfutées. |
Parmi la foison, on avait pu découvrir les images révélées par une journaliste de l’agence Capa dans un documentaire diffusé sur Canal en février. La scène se passe en 2008, dure en tout 17 minutes, et l’on voit Dassault assurer aux jeunes présents dans son bureau que leurs soutiens en effet peuvent se monnayer. Les chiffres et les faits étaient relativement flous mais la scène mettait en lumière ce qu’on appelle le système Dassault, pratique du maire qui consistait à distribuer de l’argent pour acheter des voix et la paix sociale dans une ville sous tension. La dernière vidéo connue a été filmée également en douce, toujours dans le bureau de Dassault, et elle a été évoquée par Le Canard enchaîné fin 2012. Selon le Point et le Parisien, cette vidéo serait à l’origine d’un règlement de compte sanglant, un homme ayant fait feu sur un autre dans les rues de Corbeil-Essonnes. D'après Mediapart qui cite des sources policières, "les deux hommes à l’origine de l’enregistrement se sont fait tirer dessus trois mois plus tard". Aujourd’hui, Mediapart en publie des extraits sonores. Le site en ligne a procédé à l’authentification de la voix du sénateur avant diffusion.
Ce n’est donc pas vraiment un scoop, mais l’information de Mediapart peut relancer un dossier qui patine depuis des années. Comme le rappellent nos confrères, plusieurs enquêtes sont en cours : "une information judiciaire a été ouverte fin mars sur des soupçons d’«achats de vote», «corruption», «blanchiment» et «abus de biens sociaux» lors des campagnes municipales de 2008 à 2010", et "sous l'autorité de plusieurs juges d'instruction, les policiers de la brigade criminelle s’intéressent à la tentative d'homicide" évoquée plus haut. Dans cette deuxième enquête, les juges ont souhaité interroger Dassault mais le Sénat a refusé de lever son immunité parlementaire. Une troisième enquête également menée remonte tout doucement la piste de trois frères originaires de Corbeil et impliqués dans l'affaire. Mais, souligne Mediapart, "les différentes enquêtes judiciaires ouvertes sur les diverses ramifications du dossier n’ont pas été regroupées".
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