Kouachi : la DGSI a essayé de couvrir ses manquements (Le Monde)
Brève

Kouachi : la DGSI a essayé de couvrir ses manquements (Le Monde)

"Quand la DGSI réécrit l’histoire."

Trois mois après les attentats qui ont visé Charlie Hebdo, Le Monde revient aujourd'hui sur le rôle et les manquements de la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI). Le quotidien révèle ainsi que suite à un premier papier, publié le 10 janvier sur la "myopie des services de renseignements", la DGSI a tenté de dévier la polémique pour se couvrir.

"A Beauvau, encadrés de collaborateurs du ministre, Patrick Calvar, le patron de la DGSI, et Lucile Rolland, la chef de la sous-direction « T » chargée de la lutte antiterroriste, détaillent sous le sceau du off à dix journalistes le dispositif qui visait les frères Kouachi." Et dans les quatre jours qui suivent, ça ne manque pas : Libération, Le Figaro puis Le Point reprennent grosso modo la même version... celle de la DGSI. Celle-ci consistait à faire porter la responsabilité du fiasco à la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité (CNCIS). Chargée d’émettre un avis sur la poursuite ou non d’écoutes, c’est elle qui aurait choisi de "débrancher" les frères Kouachi, en refusant de prolonger en juin 2014 leurs écoutes.

Mais comment citer des informations obtenues dans un debrief "en off" de la DGSI ? "Selon des sources concordantes", avançait lapidairement Le Point, quand Libé assurait tenir cette version grâce à "des informations policières, judiciaires et gouvernementales recoupées". Seul Le Figaro précisait "selon Beauvau", du nom de la place où se trouve le ministère de l'Intérieur, comme source de cette info.

La DGSI met sur écoute les parents des Kouachi... morts depuis plus de 20 ans

Et comme le racontait @si à l'époque, la version de la DGSI faisait déjà tiquer certains dès le 14 janvier, comme le journaliste spécialisé du Monde Laurent Borredon et surtout la magistrate-tweeteuse JJalmad. Celle-ci s'interrogeait notamment sur l'article du Point, comme un "service commandé de la DGSI", et sur les attaques visant la CNCIS, qui démentait formellement avoir refusé de prolonger les écoutes des Kouachi. Idem pour le Canard Enchaîné, qui révélait la même semaine que si la surveillance du domicile des deux frères avait cessé... c'était parce que la DGSI n’avait pas continué la procédure, lors d’un simple déménagement des deux frères. Si la DGSI n’a pas fait le nécessaire pour que les frères Kouachi soient surveillés à leur domicile à partir de mai 2014, difficile donc de blâmer la CNCIS, qui ne rend ses avis que sur les écoutes. Le Point rendait par ailleurs personnellement responsable des ratés, Jean-Marie Delarue, directeur de la CNCIS, jugé trop laxiste. Problème : il a été nommé le 27 juin 2014, soit un mois après la fin de toute surveillance des frères Kouachi par la DGSI, selon le Canard.

Une liste d'incohérences dans la version de la DGSI que cette nouvelle enquête du Monde vient alourdir. Pour le quotidien, les manquements du renseignement sont évidents : "Les renseignements [que la DGSI] a fournis durant la traque sont de nature à s’interroger sur la réalité de la surveillance des Kouachi. Le 7 janvier, la note de renseignement sur Saïd Kouachi fait moins de deux pages, et les informations datent d’avant 2012 [...] Il n’y est même pas mentionné son mariage, ni sa paternité". Idem pour Chérif Kouachi, dont la DGSI ignorait visiblement tout : "la DGSI met sur écoute, après la tuerie de Charlie Hebdo, une ligne de téléphone attribuée aux parents de Chérif et Saïd en Algérie, avant de réaliser qu’ils sont morts depuis plus de vingt ans".

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