Suite à la fuite du rapport interne passionnant du New York Times ("Innovation", dont @si vous parlait ici), les commentaires ne se sont pas fait attendre. Selon Vox.com, tout jeune pureplayer américain très en vogue (@si en parlait ici), ce rapport, même remarquable, ne changera pas grand chose.

La raison de cet échec programmé ? Il tient dans une statistique, selon Vox : les parts de revenu print et web du quotidien américain. "Après deux décennies de publication web, le New York Times gagne encore moins d'un quart de son revenu avec son site. Le rapport du Times parle beaucoup de devenir une "rédaction avec le numérique au centre", mais financièrement parlant, le Times est toujours une rédaction print. Et elle va le rester pour encore quelques années au moins."

Pour les revenus pub, le web compte pour 25%. Pour la diffusion payée web-print, le site ne compte que pour 18% - Capture Innovation

Or, les entreprises sont "otages" de leur modèle économique, selon Vox.com. A travers son histoire, le New York Times a tout fait pour ses lecteurs papier. A force, son modèle économique basé sur le papier se serait alors petit à petit retrouvé "dans son ADN".

"La plupart du temps, cet ADN culturel est une énorme force. Mais ça peut devenir une faiblesse" explique Vox, notant qu'un journal "est une grosse institution bureaucratique [...] qui possède des imprimeries, des hangars, des camions et d'autres actifs totalement inutiles pour faire un site internet". Ainsi, "ses équipes de distribution, ses commerciaux, ses typographes ou son service client print devront être reconvertis ou (plus certainement) mis à pied" si le journal veut faire face à une innovation disruptive.

Le dilemme de l'innovateur

Cette "innovation disruptive" dont Vox parle tant, était définie sur notre plateau par Nicolas Colin comme "l'innovation qu'on n'a pas vu venir et qui change les règles du jeu", en se basant sur les travaux de Clayton Christensen dans Le dilemme de l'innovateur, également cité par Vox. Mais qui représente cette innovation disruptive dans la presse ? Une fois de plus on retrouve Buzzfeed (dont @si vous parlait ici), qui a attiré ses lecteurs avec des "vidéos de chats et des quizz avant de publier des articles sérieux" et qui a compris avant tout le monde la mort de la page d'accueil au profit de Facebook.

Un bon exemple de l'incapacité du New York Times à véritablement innover ? Son paywall. "Le principal but du paywall du Times n'est pas de générer du revenu, il est là pour empêcher les gens d'arrêter leur abonnement print. C'est pour ça que le journal fait payer moins un abonnement print avec accès au site qu'un abonnement numérique seul. La société choisit d'entraver son produit numérique pour éviter de cannibaliser."

Pour comprendre pourquoi les "barbares" du numérique gagnent toujours contre le vieil empire, voir notre émission 14h42 : "Nicolas Colin, un barbare numérique contre les empires"