Espagne : le conducteur toujours au centre des investigations
Brève

Espagne : le conducteur toujours au centre des investigations

Tous les Espagnols attendent son explication : le conducteur Francisco José Garzon Amo reste l'énigme de la catastrophe ferroviaire de Santiago en Espagne. Sa conversation téléphonique suite au déraillement, les informations retrouvées sur son compte Facebook (que nous rapportions hier) et la photo de son visage ensanglanté juste après le déraillement font jaser les médias. Ils tentent de reconstituer les dernières secondes du train Alvia en accablant le conducteur d'éléments accusateurs. La spéculation sur sa responsabilité dans l'accident est renforcée par sa mise en garde à vue par la police qui pense qu'il aurait pu causer l'accident "par imprudence".


Sur leurs sites internet, les principaux quotidiens espagnols ont diffusé la photo de cet homme, Francisco José Garzon, le visage en sang, les yeux dans le vide, survivant d'une tragédie qui constitue l'une des pires catastrophes ferroviaires qu'a connu l'Espagne.

Le conducteur du train suscite la fascination des médias qui cherchent à reconstituer le déroulement de l'accident. Hier de nombreux journaux reprenaient ses paroles qui provenaient d'une conversation avec les services d'urgence des lignes ferroviaires : "Je dois aller à 80kms/h et je suis à 190". El Pais soutient aujourd'hui que le conducteur aurait appelé les services d'urgence après l'accident, et aurait donc prononcé ces mots postérieurement au déraillement même s'il a utilisé le temps présent pour décrire la situation. "J'ai foiré, j'ai envie de mourir"; "s'il y a des morts, je les aurai sur la conscience" aurait également dit le conducteur après le drame.

Selon les dernières informations, il aurait été placé en garde à vue par la police qui pense qu'il aurait pu causer l'accident "par imprudence". Il n'aurait toutefois pas encore été entendu pour des raisons médicales. Il recevrait encore des soins à l'hôpital.


Pour leur version papier, les manchettes affichent des photos de victimes en pleurs et celles du train constituées à partir de la vidéo qui montre le déraillement depuis une caméra de surveillance. Les Unes mettent aussi en cause le conducteur :"Pourquoi allait-il à 190" se demande La Vanguardia, "Le système de sécurité avait averti le conducteur de l'excès de vitesse" affirme La Razon.


Seul El Mundo affirme en Une que la catastrophe pourrait être le résultat à la fois d'une erreur humaine et d'une faille technique. En effet, quelques mètres avant le lieu du déraillement, le système de sécurité automatique européen : ERTMS s'arrête et laisse place à l'ancien système espagnol : AFSA. Le système européen serait beaucoup plus sûr et aurait permis le freinage du train aussitôt l'excès de vitesse constaté.

Cet ancien système fonctionne avec des balises qui doivent prévenir de l'excès de vitesse et activer automatiquement le freinage si aucune diminution n'est constatée. Seulement voilà, la balise AFSA ne se trouve qu'après le lieu de l'accident, et le freinage automatique n'a donc pas fonctionné selon les sources de El Mundo.


La forte médiatisation du conducteur alimente la conversation sur Twitter quant à sa responsabilité et à l'utilité des informations à son sujet. Dans un blog du journal en ligne El Confidencial, la journaliste espagnole Irene Lozana estime que la volonté des journalistes de trouver une tête de turc les a poussés à placer cet homme au centre de l'information. Elle fustige la couverture médiatique du profil Facebook du conducteur : "il semble que de grands journalistes - certains portant la responsabilité de confectionner des Unes- ont trouvé que cela constituait une information mais aussi une preuve incriminante". Et d'ajouter : "Ce journalisme est hystérisé et morbide mais il est surtout hypocrite : il place la rapidité avant toute considération de service public, et à la minute suivante, il pend une personne sur la place publique parce qu'elle aime la vitesse".

Par Mathilde Gracia

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