Droits de réponse suite à notre enquête sur "Blast"
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Droits de réponse suite à notre enquête sur "Blast"

Suite à notre enquête en deux volets concernant le site "Blast", la direction du média et l'éditeur Florent Massot ont souhaité exercer leurs droits de réponse. Nous maintenons l'ensemble des informations publiées dans ces deux articles, "«Blast», où l'on souffre de l'info" (en accès gratuit suite au vote des abonné·es), et "«Blast», un passif d'affaires étouffées". Articles que nous ne supprimerons pas, exigence formulée par la direction de "Blast" dans son droit de réponse.

La double réponse de "Blast"

Après nous avoir transmis le droit de réponse reproduit ci-dessous, Blast a partagé à ses sociétaires – via un lien transmis dans un courriel – un texte plus long, plus détaillé. Aucune promotion n'en a été faite (du moins, à la date du 30 juin) sur le site de Blast. Si cette version allongée n'est pas celle qui a été transmise à Arrêt sur images, c'est, se justifie Blast, "pour répondre aux exigences légales du droit de réponse de la presse". Parmi les passages supplémentaires : la mention d'une éventuelle procédure judiciaire. "L’affaire est grave et notre préjudice si important que nous allons, selon toute vraisemblance et en concertation avec nos avocats, dans les semaines qui viennent, déposer plusieurs plaintes", signe "la Direction" de Blast. 

Droit de réponse de la direction de "Blast"

À Blast, le souffle de l'info, nous aimons le journalisme, l'indépendance, les enquêtes et la confraternité entre médias indépendants. C'est ce qui nous anime, fait notre marque de fabrique et la reconnaissance grandissante de nos abonnés, sociétaires et lecteurs. Nous avons aussi l'habitude de l'adversité - elle va avec notre conception du métier et de notre fonction. Mais l'attaque dont nous sommes la cible de la part du site Arrêt sur images est d'une violence inédite. Elle restera dans les annales de la profession comme la plus belle leçon de ce qu'il ne faut pas faire quand on se prétend journaliste. 

Nous avons donc décortiqué les deux longs articles (le premier fait 22 pages et 33 000 signes, le second 16 pages et 23 000 signes) Nous avons compté (en en oubliant sans doute) 88 assertions à nos yeux diffamatoires, injurieuses ou mensongères. L'affaire est, à nos yeux, grave et notre préjudice important. 

L'autrice de "Blast où l'on souffre de l'info" et de "Blast un passif d'affaires étouffées" (les titres de vos deux très longs papiers) "travaillait", selon ses dires, depuis trois semaines sur ce sujet et ne nous a accordé que trois jours pour l'éclairer. Nous sommes plusieurs à Blast à avoir été harcelés de messages vendredi 16 juin 2023 avec des ultimatums posés au jour même (9 appels et 7 SMS ou mails pour Denis Robert). 

Vous n'avez intégré qu'une infime partie de nos réponses dans vos articles. Votre religion était faite avant de nous rencontrer. Le type d'enquête que vous avez déclenché demande un peu de temps. Les enjeux humains et professionnels sont trop lourds. 

Cette "enquête" en deux volets est une caricature comme nous n'en avions jamais lue, un contre-exemple sidérant de ce que les tribunaux condamnent de façon constante : aucun équilibre, une thèse poussée quoi qu'il en coûte, un parti-pris systématique pour (nous) disqualifier. Mais voici les faits : Blast s'est lancé le 20 décembre 2020 et a commencé à diffuser des programmes fin mars 2021. En un peu plus de deux ans, nous comptons 22 000 abonnés payants et 800 000 abonnés YouTube où nos vidéos ont été vues 145 208 207 fois (au moment où je vous écris). Nous avons diffusé plus de mille vidéos et publié presqu'autant d'articles sur notre site. Partis de zéro après un crowfunding réussi, nous sommes aujourd'hui une équipe comptant 15 salariés en CDI, 3 en CDD et 4 alternants.

Nous travaillons avec 7 intermittents en montage et post production, entre 4 et 6 stagiaires (tous indemnisés et aux tâches circonstanciées) et un pool de pigistes et de collaborateurs extérieurs que nos abonnés et sociétaires peuvent retrouver régulièrement sur notre site de presse en ligne et sur notre webtélé. Les salaires des pigistes, les notes de droits d'auteur, les factures des collaborateurs sont payées toutes les fins de mois en même temps que les salariés permanents. 

Au total, aujourd'hui, plus d'une quarantaine de personnes font vivre ce média alternatif qui ne cesse de grandir. Nous sommes une société coopérative à intérêt collectif. Notre comptabilité est publique et tous nos gains sont convertis en investissements et en embauches ou piges. 

Le salaire minimum à Blast est de 2 578,51 euros brut mensuel sur 13 mois, soit 2 793,38 euros sur 12 mois. Les journalistes sont rémunérés à partir de 2 811 euros sur 13 mois soit 3 045 euros sur 12 mois hors prime d'ancienneté. 

Nos salarié·es bénéficient d'une complémentaire santé de niveau 3 et non de la complémentaire de base, et de tickets restaurant. Une allocation mobilité de 400 euros par an est allouée à ceux qui utilisent leur vélo pour venir travailler. 

La grande partie des journalistes est en contrat forfait jour 217 jours/an. Chacun est libre d'organiser son temps de travail comme il l'entend, il n'y pas d'horaire collectif à Blast. On arrive vers 10 h-10 h 30 et à 19 h 30 au plus tard, on éteint les lumières. Entre-temps, chacun prend les pauses déjeuner, cigarettes, café qu'il veut. 

Les derniers entretiens annuels ont été réalisés en février dernier, si des points d'organisation ont été soulevés, les retours sont plutôt positifs, nos salariés apprécient la liberté de travail qui leur est offerte. À tous les salariés en contrat forfait jours, nous avons proposé de passer en contrat 35 h, ils ont tous refusé. 

On est donc à des années-lumière des brutalités, cadences infernales, travail de nuit et management toxique inventés par votre journaliste. 

Denis Robert qui est PDG de la société coopérative d'intérêt collectif, est également directeur de la rédaction. Il est en lien direct avec les directeurs de Blast, il exerce son rôle de directeur général de la SCIC en concertation avec eux lors de réunions régulières. Les grandes orientations de Blast sont discutées lors des conseils d'administration qui se tiennent tous les trois mois. La gestion opérationnelle incombe au directeur général et non au conseil d'administration comme indiqué dans les statuts de Blast

Nous avons des locaux dans Paris, choisis et aménagés par l'ex-directeur de production qui nous met en cause et qui a eu toute liberté pour organiser les espaces de vie pour ces équipes. Ces aménagements s'avèrent aujourd'hui insuffisants voire inadaptés. Nous avons grandi vite. Nous recherchons activement de nouveaux locaux qui répondront mieux au besoin de nos salariés, malgré nos difficultés financières. 

Blast a licencié deux salariés depuis sa création. Ce n'est jamais simple de se séparer d'un salarié, mais nous l'avons fait en toute conscience et nous assumons nos actes.

Le premier Serge Faubert, un journaliste, dont on a déjà largement commenté le départ s'est empressé de créer son propre média, il n'a pas jugé nécessaire de contester son licenciement devant les instances prud'hommales. Le second, Thomas Bornot, un directeur de la production, a créé sa société de production depuis. Les motifs circonstanciés et précis de son licenciement que nous ne développerons pas ici, sont clairement détaillés dans sa notification. Et contrairement aux allégations que nous pouvons lire, la convocation à l'entretien préalable a bien été envoyée à M. Bornot. 

Le turnover et le limogeage des salariés à Blast est donc un pur fantasme. 

Par ailleurs et pour compléter ces explications, Monsieur Maxime Hector, community manager, a demandé une rupture conventionnelle en février 2022 et a rejoint Serge Faubert dans son nouveau média, où officiait aussi une ancienne stagiaire de Blast à qui nous avons proposé un CDD à la demande de Serge Faubert et avec qui nous n'avons pas souhaité poursuivre l'aventure. Toutes ces personnes liées professionnellement témoignent donc contre Blast. Ce lien professionnel entre tous nos détracteurs, votre journaliste omet de le rappeler. Il est pourtant essentiel si l'on veut comprendre un des motifs de ce que vous écrivez. La plupart de nos détracteurs se connaissent et ont des liens professionnels et amicaux, pour bon nombre antérieurs à Blast

Blast se professionnalise, nous devons être à la hauteur des attentes de nos abonnés et de nos sociétaires, cette évolution peut en chagriner certains et nous le regrettons. 

Au-delà des "révélations" sur les deux salariés licenciés, les accusations d'ASI reposent sur deux autres cas. 

Une monteuse qui décide de faire une pétition contre le licenciement de Serge Faubert et qui n'assume pas sa prise de position. Là aussi, les libertés prises avec la réalité et le refus de prendre en considération des éléments aussi factuels qu'incontestables sont sidérantes. 

De quoi s'agit-il ? Comme ses confrères et consœurs, Lucie Delois qui bénéficie du statut d'intermittente vient dans nos locaux le temps de remplir une mission : préparer et donc monter des vidéos. Lors de l'épisode Faubert, avec qui elle a collaboré plusieurs fois pour finaliser les vidéos qu'il réalisait à Blast, elle rédige une pétition demandant sa réintégration. 

Avant cette date, il n'y a eu aucun incident avec cette monteuse - sur ses conditions de travail, d'exercice de ses tâches ou à propos de son bien-être quand elle était à Blast. Le sujet n'existe pas. Pas plus qu'il n'y en aura après l'épisode du départ de Serge Faubert. L'affaire se concentre sur le moment où Denis Robert la croise, quelques jours après la publication de la pétition. Il tient à peu de choses, le temps pour Denis Robert de s'étonner de ses propos qui mettent gravement en cause la direction, et d'ajouter qu'il aurait apprécié qu'elle l'appelle et réponde à son message pour donner sa version du licenciement, avant de faire une pétition. Leurs rapports avaient toujours été toujours été fluides jusqu'à là. Quelques mots sans violence ni agressivité. Mais, sous l'émotion d'un moment qu'elle a mal vécu, peut-être consciente de son manque de transparence et de loyauté, la monteuse se met soudainement à pleurer. Affecté par sa réaction Denis Robert reviendra ensuite vers elle pour lui parler et la rassurer.  

C'est sur cet épisode qui n'a jamais été nié qu'ASI s'appuie pour inventer une chasse dont la jeune femme aurait été victime et qui n'a jamais existé. À Blast, la monteuse en question n'a fait l'objet d'aucune mesure d'éloignement ou de sanction, de quelque nature que ce soit. Elle a continué à venir dans nos locaux pendant plusieurs semaines après cet épisode, avant de nous annoncer se mettre en congés maternité à l'approche de l'heureux évènement qu'elle attendait. Par conséquent, si elle a cessé sa collaboration avec Blast c'est quand elle l'a décidé.

Ici une précision s'impose. Lorsque vous mentionnez la pétition initiée par Lucie Delois vous rappelez que 11 personnes l'ont signée (sans dire que la plupart ne sont pas salariés de Blast ni journalistes), vous soulignez qu'elle est reprise par le journal le Monde comme pour entériner votre réalité, sans en dire plus. Plus loin vous mentionnez la pétition en soutien de la direction en précisant "composée majoritairement par des non-permanents" (ce qui est de plus faux et vous ne dites pas non plus que ses signataires sont tous ou presque journalistes). Vous avez un sens de la précision à géométrie variable. Votre partialité est ici flagrante et montre une fois de plus que votre récit est orienté en tous points. 

Une seconde monteuse est également citée anonymement et reconnaissable à propos d'une embauche qui aurait été promise. Longtemps avant cet épisode la direction a interrogé le directeur de la production sur la pertinence d'une embauche d'un monteur·se en CDI afin de fluidifier et sécuriser les mécanismes de production à Blast. Le directeur de production s'y opposait formellement, tout comme il s'opposait à la venue de tout monteur ne venant pas de son réseau. Il justifiait son refus en indiquant ne pas vouloir créer de routine et favoriser ainsi la multiplication des expériences et la créativité. Il ajoutait que les monteurs et monteuses compétents n'étaient pas disponibles pour un CDI. Dont acte. Blast s'est longtemps plié à ce choix jusqu'au jour où le directeur de production a multiplié les stratagèmes pour faire embaucher la monteuse en question, une de ses amies en CDI. Votre journaliste mentionne le fait qu'un CDI lui a été proposé. Le directeur de la production a effectivement proposé et promis un CDI à cette monteuse sans en informer la direction. Donc lorsque vous écrivez "un CDI lui avait été promis" c'est factuellement faux. Ou alors il faut préciser "par le directeur de la production sans l'aval de la direction". Lorsque vous dites "en processus de naturalisation" vous laissez entendre que la direction, avisée de sa situation administrative, se serait montrée indifférente à cette situation. Encore une fois, faux. Sa situation administrative n'a été évoquée que très tardivement. Des salariés se sont mobilisés pour poster une annonce (sans l'aval de la direction) tentant ainsi un peu plus de forcer la décision de la direction. Malgré cette situation ubuesque, Denis Robert s'est effectivement montré sensible à cette situation et a interrogé l'ensemble de la direction sur la possibilité de proposer un CDI à cette monteuse. Mais vous omettez de préciser que cette monteuse avait mentionné avoir l'opportunité d'une proposition de CDI par un autre employeur qui pouvait agir plus rapidement. Prenant acte de cette opportunité, la direction de Blast n'a pas donné suite. 

Vous balayez par ailleurs un autre argument, celui de la compétence et de l'évaluation professionnelle de cette monteuse. Les retours la concernant (et on aurait préféré ne pas en arriver à les mentionner ici) étaient défavorables. Ces retours et la réorganisation du service par la nouvelle chargée de production ont clos l'épisode. Aussi le motif final que vous instrumentalisez – une signature de la pétition favorable à la réintégration de Serge Faubert – est totalement fallacieux.  

Concernant les conditions d'exercice des "journalistes terrorisés" à Blast, on nage là encore en plein délire. Le travail de la rédaction est coordonné et animé par une direction et une rédaction en chef. C'est ce qui fait la cohérence et la qualité reconnue de nos contenus. Aucun journaliste ne peut s'estimer libéré de l'obligation de faire valider sa production, aussi expérimenté soit-il. Tout ce que nous publions et diffusons engage tous ceux qui participent à la vie de Blast. C'est une évidence qu'il semble nécessaire de rappeler vu la façon dont le départ de Serge Faubert est monté par vous en épingle.

Vous écrivez qu'il y a eu une "vraie fracture" au moment du départ de Serge Faubert. 

C'est certainement la seule vérité de ces deux articles. Denis Robert a tenté jusqu'aux derniers moments d'éviter le licenciement de Serge Faubert. Il avait rendez-vous avec l'intéressé pour une ultime négociation générée par le représentant des salariés au CSE. Serge Faubert a décliné le jour même, en envoyant un SMS. La vidéo de promotion qu'il avait prévu de lancer en attaquant Blast et en hurlant à la censure était déjà prête. Dans cette histoire sur laquelle nous nous sommes peu exprimés, Denis Robert et Blast se sont fait berner par un vieux briscard impatient de créer sa chaîne. Il n'a jamais été censuré, contrairement à ce qu'il continue à raconter partout. Il y avait une discussion sur une vidéo mal montée qui, sous prétexte de donner une information sur un militant de LFI, introduisait le sujet avec un commentaire à charge qui aurait pu être diffusé sur CNews et qu'Arrêt sur images n'aurait jamais autorisé. Il en a pris ombrage et a écrit un mail accusateur à l'équipe de Blast. Il n'a jamais voulu s'excuser, sachant pertinemment qu'il nous était impossible de ne pas réagir. Nous n'avions pas imaginé un licenciement. Il aurait pu conserver sa chronique, mais il n'était pas et n'avait jamais été un chef de service, centré qu'il était sur son seul travail. Nous l'avons expliqué à votre journaliste lui indiquant que nous pourrions lui envoyer des éléments concernant nos échanges. Elle était encore une fois trop pressée. Une partie de l'équipe (très minoritaire) a pris fait et cause pour Serge Faubert, puis peu à peu les choses sont rentrées dans l'ordre. Nous lui avons même, malgré les messages colériques de l'intéressé, adressé nos encouragements. 

Pourquoi balayez-vous l'argument de la scission par un seul commentaire celui d'un communiqué syndical qui dit "on l'accusait de créer de la scission, pouvoir qu'il n'a pas". Ce simple commentaire a valeur de vérité ? Plus loin vous rappelez le courrier adressé par Faubert aux journalistes en mentionnant sa "volonté de créer une SDJ" Pourquoi ne rappelez-vous pas qu'il accusait sa direction en copie de ce courrier de "censure politique" ? Vous vous contentez d'acter la censure sans l'interroger. Et surtout vous êtes-vous intéressés aux sujets auxquels Serge Faubert lui-même s'était opposé et avait demandé la déprogrammation ? Ainsi Le peuple a ses raisons sur Charles de Gaulle a été déprogrammé deux fois. Et des modifications ont été apportées, sans que personne n'évoque une "censure". 

Vous êtes-vous intéressés à la manière dont Serge Faubert a humilié une journaliste de Blast publiquement en remettant en cause ses compétences en la comparant à une autre journaliste jugée "plus professionnelle", justifiant ainsi un écart de salaire et conduisant la première à quitter la réunion en larmes. La vérité, c'est que Faubert n'était plus à l'aise à Blast et que sa conception du métier n'était plus compatible avec celle de la majorité des journalistes et pigistes réguliers de notre média. 

Ces évidences rappelées, nous affirmons fermement qu'aucun journaliste n'a été censuré en plus de deux ans d'existence. Nous mettons au défi ASI et qui que ce soit de documenter sérieusement le contraire. Laisser entendre, en parlant de "journalistes terrorisés", que ceux qui exercent chez nous sont empêchés dans leur expression est lunaire et diffamatoire.

Quand votre journaliste évoque les liens entre l'éditeur Florent Massot et Blast, on peine à voir ce qui pose problème : oui Florent Massot est un ami, il est un des fondateurs de Blast – quand nous nous lançons dans une telle aventure nous nous tournons aussi vers des amis, en qui nous avons confiance et prêts à nous aider. Florent est membre du conseil d'administration en tant que représentant des Éditions Massot, élu du collège des partenaires. Nous faisons des coéditions de livres ensemble. Et il arrive parfois que notre ami éditeur intervienne dans une émission ou un sujet qui le concerne quand cela nous semble pertinent. Il n'y a aucun mystère dans tout cela, aucun conflit d'intérêts, aucune cachoterie, aucun délit. Une convention réglementée validée par le conseil d'administration de Blast encadre ces coéditions. De plus, si vous vous étiez un minimum intéressé à la question, vous auriez su que les éditions Massot étaient en grandes difficultés et au bord de la faillite. Et quand vous dites que Florent est l'éditeur de Denis Robert pour mieux chercher un conflit d'intérêt, vous omettez de rappeler que si Florent a édité deux essais de Denis, ce dernier a un éditeur qui en a édité une douzaine qui est Bernard Barrault. Évoquer un conflit d'intérêt entre nous à l'heure où Vincent Bolloré cannibalise tout l'univers de l'édition en dit long sur votre aveuglement. 

Revenons maintenant à la SCIC, avec laquelle Blast a opté pour un modèle plus collectif que la plupart des médias indépendants et que les entreprises dans leur majorité. Elle permet effectivement de donner une place plus importante aux salariés, ainsi qu'aux sociétaires. D'abord, et contrairement à la plupart des autres médias et entreprises, et surtout contrairement à vos assertions, les salariés et les sociétaires ont accès à des informations lors des conseils d'administration ayant lieu maintenant tous les trimestres. Nous y discutons des choix de Blast, de notre situation économique, des projets et axes de développements, des moyens mis en œuvre pour rendre l'entreprise pérenne. Les représentants des différents collèges peuvent interroger la direction, et demander des informations, c'est un espace de transparence et de dialogue et en aucun cas une "caisse d'enregistrement des décisions de Denis" comme vous l'écrivez. Vos remarques à propos du CA sont incongrues. Ce CA n'a pas à se prononcer ni même à être informé sur les licenciements ou autres "mesures de gestion" comme il convient de les nommer même si le terme n'est pas joli. Ce n'est pas un organe de direction. Et encore heureux en matière d'indépendance qu'il ne se prononce pas sur les choix de rédaction. Il est par contre compétent sur la stratégie, le mode d'organisation, le contrôle de l'action de la direction générale et l'information des sociétaires sur les comptes et l'activité. Ce qui a toujours été fait. A noter que le sujet des Marioles, dont on peut dire qu'il s'agit de stratégie, a été traité en conseil d'administration contrairement à ce qui est dit. Des extraits de PV de CA en témoignent. 

Dans votre second article, vous en êtes visiblement réduit à faire les fonds de tiroir puisque vous ressortez cette antienne rabâchée sur les réseaux sociaux qui voudrait que Blast soit financé par un milliardaire qui dicterait ses volontés à la rédaction. C'est idiot et injurieux. Comme vous devez le savoir à ASI, car vous aussi avez écrit sur ce sujet dans le passé, tout cela a été inventé et monté en épingle par un ancien correspondant de la DGSE qui nous a enregistrés à notre insu, a truqué ses bandes pour les diffuser sur Facebook et contre qui Blast a déposé plainte en diffamation. Son procès est programmé le 14 novembre prochain au Tribunal judiciaire de Paris. Une procédure est également en cours pour interruption de correspondances privées avec la volonté de nuire. Nous n'avons pas touché un centime de ce milliardaire. Et les 20 000 euros dont vous laissez planer un doute sur le fait que nous les aurions néanmoins touchés sont restés bloqués sur le compte de KissKissBankBank, qui nous avait aidé pour le crowfunding. Pourquoi ne pas l'avoir mentionné puisque nous vous l'avions précisé ? Il n'était pas compliqué non plus de vérifier auprès de KKBB. Volonté de salir encore et toujours.

Autre invraisemblance de votre enquête : elle concerne l'abattement fiscal de 30 % appliqué par erreur aux journalistes. Nous avons clairement indiqué à la journaliste d'ASI qu'il s'agissait d'une erreur qui a été corrigée dès que nous en avons eu connaissance. Toutes les régularisations ont été faites auprès des organismes collecteurs. Les attestations ont été envoyées aux salariés concernés, y compris à M. Faubert, pour qu'il puisse bénéficier d'une retraite bien méritée. Nous avons régularisé la part patronale et la part salariale des cotisations depuis la date d'embauche des salariés concernés. Mais il est normal que les salariés qui ont bénéficié à tort de l'abattement de leurs cotisations salariales remboursent aux organismes collecteurs les cotisations impayées. D'ailleurs, les salariés qui ont souhaité consulter "leur conseil" ont pu le faire, et la réponse était la même : c'est au salarié de payer la part salariale des cotisations. Et ils ont tous accepté les échéanciers que nous leur avons proposés pour étaler les paiements. 

Il existe comme dans toute entreprise, surtout avec un développement comme la nôtre, des problèmes de communication et d'organisation et des tensions au sein des équipes, nous en avons conscience et nous essayons d'y remédier, avec nos moyens, en préservant nos équipes. Nous avons fait un audit en mars 2022 et avons identifié des dysfonctionnements. Suite à cela nous avons proposé une nouvelle organisation nous permettant de garder tous nos salariés, des propositions ont été faites sans baisse de salaire, cette nouvelle organisation a été présentée en mai 2022 et confirmée en septembre dernier. 

Certains salariés n'ont pas adhéré à ce projet malgré les propositions faites et cela a généré de l'incompréhension, voire un mal-être. Le directeur de production qui ne souhaitait plus assumer ses tâches (il l'a dit publiquement) s'est donc vu proposer un avenant à son contrat de travail pour s'occuper des réalisations et cela sans perte de salaire. Il a refusé cet avenant qu'il avait dans un premier temps accepté et s'est mis en arrêt maladie. 

Dès septembre nous avons contacté la médecine du travail pour organiser les visites pour tous nos salariés, ces visites ont eu lieu entre septembre et novembre 2022.  

Fin 2022, nous avons reçu une alerte RPS (Risques psychosociaux) de la part de la médecine du travail. Nous avons immédiatement réagi et avons réclamé une intervention. Nous avons ainsi organisé deux ateliers avec nos salariés, ces ateliers étaient animés par un psychologue. À l'issue de ce travail, le psychologue de la médecine du travail nous a proposé d'animer une médiation pour les personnes qui en éprouveraient le besoin. Nous avons envoyé plusieurs mails de relance à nos salariés pour connaitre le nombre de personnes souhaitant participer à cette médiation. À ce jour nous n'avons reçu qu'une seule réponse. Nous mettrons tout en place pour que cette médiation ait lieu et nous réitèrerons notre demande auprès des salariés de Blast pour que ce travail soit fait.

Quand elle a échangé au téléphone avec le responsable des enquêtes à Blast, Alizée Vincent a cru voir une menace dans un rappel de bon sens. Notre collaborateur l'invitait à la mesure et à la responsabilité. "Face à ces accusations, nous prendrons nos responsabilités, nous l'avons toujours fait, mais il va falloir aussi que vous preniez vos responsabilités, et qu'Arrêt sur images prenne vraiment les siennes." Voilà ce qu'il lui a été dit.

Sous couvert de journalisme – et le confort de témoignages anonymes –, on ne peut pas s'autoriser n'importe quoi. Surtout quand ce n'importe quoi consiste à se livrer à une entreprise de destruction d'une rédaction qui se bat au quotidien dans un paysage toujours plus consanguin et sclérosé. Vous vous en prenez aussi à une entreprise coopérative qui est en passe de réussir son pari. C'est cela que vous tentez de tuer et non une prétendue fabrique à souffrances. Pour nous, le préjudice est énorme. Et nous vous demandons la publication de ce droit de réponse et le retrait de ces deux articles.

Merci. La direction de Blast 

Droit de réponse de Florent Massot

C'est avec le plus grand étonnement que j'ai pris connaissance de l'article de Madame Alizée Vincent intitulé "Blast, un passif d'affaires étouffées" avec en sous-titre la mention "Succession de crises internes et paradoxes éditoriaux", publié le 20 juin dernier.

Cet article est le deuxième volet d'une "enquête" sur le média indépendant Blast. 

Or cet article comporte plusieurs allégations et insinuations parfaitement infondées à mon endroit, que je ne peux laisser sans réponse. 

À titre préliminaire, je m'étonne – dans le cadre d'une prétendue enquête – de ne pas avoir été sollicité pour répondre auxdites allégations. 

Plus précisément votre article me présente notamment comme m'ingérant dans la rédaction de Blast, votre journaliste n'hésitant pas à me qualifier de "ver dans le fruit"… Je réfute totalement ce point. Pour arriver à cette conclusion, votre "enquête" se base sur les deux éléments suivants : 

1. Le fait que je sois dans le conseil d'administration de Blast et que je publie Denis Robert depuis 2019. 

Pour mémoire j'ai été élu au conseil d'administration de Blast, à titre personnel et cette élection s'inscrit dans le cadre de relations professionnelles de longue date. 

Je suis en relation depuis plusieurs années avec Françoise Holzer, Katell Gouello, Mathias Enthoven et Denis Robert depuis l'époque où ils travaillaient pour le Média

Nous nous sommes toujours vus dans un cadre professionnel les uns et les autres autour de projets qui nous passionnent (par exemple la création du CNNR, le Conseil national de la nouvelle résistance avec Katell Gouello et Denis Robert, plusieurs coéditions etc.) et autour de combats militants aux cours desquels nous avons noué des liens assez forts. 

Je connais Denis Robert depuis une quinzaine d'année pour avoir publié, au moment de l'affaire Clearstream, un roman inspiré de son histoire et j'ai publié ensuite deux livres de Denis en 2019 et 2020. J'ai un grand respect pour son travail et sa ténacité.

Je suis membre fondateur de Blast car j'ai suivi la création dès le départ de ce nouveau média dans la suite logique du Média avec Françoise Holzer, Katell Gouello, Mathias Enthoven et Denis Robert.

Il a fallu organiser la structure et les différentes assemblées se sont créée pour être conformes à la légalité de cet organe de presse. Le conseil d'administration comporte des représentants de plusieurs domaines et on m'a proposé de me présenter comme représentant des fournisseurs partenaires. C'est dans ce cadre et à ce titre que j'ai été élu le jour des votes.

Il est évident que toutes les décisions notamment éditoriales s'agissant de Blast sont prises par sa direction, à laquelle je ne participe pas. 

Il se trouve que la ligne éditoriale de Blast est en totale cohérence avec notre maison d'édition tant au plan politique, que sociétale et écologique. 

2. Le fait que Blast publie des articles sur les livres édités par ma maison d'édition sans la mention de ma présence au conseil d'administration.

Et votre article de citer deux exemples : 

- Celui de la tribune intitulée "sauver les éditions Massot" – renommée par votre rédaction "tribune entre amis "– que j'ai rédigée l'été dernier et qui appelait à sauver ma maison d'éditions alors en grande difficulté. Cette tribune a été écrite et publiée par Mediapart puis reprise par un certain nombre de médias dont Blast. Elle n'a pas été écrite directement pour Blast, d'où l'absence de mention. 

- Une interview de 52 minutes de moi par Denis Robert dans une vidéo dont le sujet était la résistance des médias et des maisons d'éditions face à Bolloré, au cours de laquelle j'aurais été d'abord présenté comme l'éditeur de Virginie Despentes puis de Pablo Sévigne, puis tardivement comme l'éditeur de Denis Robert. Or cette précision est arrivée dès la troisième minute de l'interview ! 

Je conteste donc exercer la moindre ingérence éditoriale au sein de Blast et je déplore ce type d'articles alors que nous avons besoin – nous éditeurs indépendants – de médias qui relayent nos livres, car très rarement traités dans des médias dits mainstream appartenant à des oligarques, dont nous dénonçons dans nos livres les méfaits. 

C'est d'ailleurs avec beaucoup de tristesse qu'à la lecture de votre article, je constate à quel point nous sommes désunis et isolés face à ces grands groupes de presse et d'éditions qui mettent pourtant en péril notre démocratie et la liberté d'expression.


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