Une trentaine de personnes alignées devant un grand rideau bleu clair, debout, hier dimanche : c'est le gouvernement algérien. Devant eux, un homme assis, immobile, dans un fauteuil, le regard vague, les mains croisées, c'est le président Bouteflika qui assiste au premier conseil des ministres algériens de l'année 2013.

Il était temps, alors que des rumeurs évoquaient une nouvelle aggravation de la santé présidentielle, ce fameux conseil des ministres ayant été reporté à plusieurs reprises. Double soulagement pour le pouvoir algérien: le projet de loi de finances 2014 devait être adopté au plus tard le 30 septembre, sinon la vacance du pouvoir serait devenue manifeste.

La télévision nationale a diffusé une séquence de cette séance photo : la caméra balaie l'assistance, on entend le cliquetis des appareils photos. On voit Bouteflika qui tente de se lever. Mais la séquence est coupée brutalement avant qu'il ne soit complètement redressé. On dit qu'il n'a pas réussi. Du coup, cette coupe maladroite vient ruiner l'opération de communication.

"Pour sauver les apparences" écrit à la Une El Watan, mais "l’objectif semble raté" estime le quotidien : "Les images de la Télévision nationale ne rassurent pas pour autant sur l’état de santé de Abdelaziz Bouteflika. La photo de famille prise avec tout le staff gouvernemental montre un homme très affaibli, le regard perdu. Sa tentative de se mettre debout en s’appuyant sur sa chaise a été un exercice difficile. D’ailleurs, la scène a été censurée, privant du coup le téléspectateur de l’image qui montre le Président debout."

A l'opposé, le quotidien officiel El Moudjahid salue les "7 projets de textes législatifs et 5 projets de décrets présidentiels approuvés". On retrouve la photo de groupe, plus une autre avec Bouteflika face à ses ministres, mais aucune ne permet de voir le président de près.

Le Jour d'Algérie passe la photo, ajoute un gros plan de Bouteflika et parle d'une "salve de rumeurs".

Le Quotidien d'Oran souligne la mauvaise santé du président, et remarque la présence totalement inhabituelle selon lui, d'un général en grand uniforme. "L’image d’Abdelaziz Bouteflika incapable de se tenir debout est aux premiers abords une véritable attestation médicale. On sait maintenant que le chef de l’Etat a entre autres un sérieux problème de motricité avec ses jambes. Le handicap sérieux au demeurant ne l’a pas empêché de démontrer sa présence effective aux commandes agrémentée par un des artifices du protocole qui dévoile à ses côtés un général de corps d’armée, additionnellement vice-ministre de la Défense en belle tenue militaire d’apparat. Une proximité dont le montage semble affirmer qu’entre l’armée et le Président tout va dans le meilleur des mondes. De mémoire en effet, aucun officier supérieur en uniforme ne s’est assis d’une manière formelle à la table gouvernementale et encore moins se faire intégrer dans une photo officielle." Ce serait donc "l'autre message" évoqué dans le titre de la Une.