Bettencourt / Fuites : la juge Prévost-Desprez relaxée
A l'origine de cette affaire, il y a un article du Monde en date du 1er septembre 2010 qui évoquait l'audition d'une femme de chambre de Liliane Bettencourt et annonçait une perquisition en cours chez la milliardaire.
A l'époque, l'avocat de la milliardaire, Me Georges Kiejman, avait porté plainte contre Prévost-Desprez, en charge d'un supplément d'information dans le cadre de l'affaire Bettencourt (qui faisait déjà l'objet d'une enquête préliminaire pour "abus de faiblesse" menée par le procureur Courroye). Pourquoi Prévost-Desprez ? Parce qu'elle instruisait cette partie de l'enquête et qu'elle avait co-écrit un livre, Une juge à abattre, avec l'un des auteurs de l'article du Monde, Jacques Follorou.
Après avoir épluché les factures détaillées du téléphone personnel de Prévost-Desprez, il s'avère que la juge parlait beaucoup à la presse. Dans son jugement, que se sont procurés Le Monde et Mediapart, le tribunal constate qu'elle "avait des contacts très nombreux et réguliers avec de nombreux journalistes" dont "Libération, Le Monde, Paris-Match, L’Express, Mediapart, Le Parisien, Elle, Marianne, l’AFP, TF1, le Nouvel Observateur". "Ces contacts se présentaient sous forme de SMS ou de conversations parfois très longues, aux heures ouvrables, mais également en soirée". Des échanges qui "ne pouvaient uniquement porter sur des questions de procédure ou de rôles d’audience comme l’affirme Isabelle Prévost-Desprez", constatent les juges. Des soupçons de fuite donc. Sauf que le tribunal reconnaît que "le contenu de l’ensemble de ces SMS demeure inconnu à ce jour". Conclusion ? "Il ne peut donc en être déduit qu’ils concernent le contenu des procès-verbaux en cause".
Quant à la fuite sur la tenue d'une perquisition chez Bettencourt, elle n'est pas attribuée à Prévost-Desprez, comme l'explique Mediapart. D'autres personnes auraient pu éventer l'info, notamment l'infirmier de Liliane Bettencourt, qui a aussitôt appelé l’avocat de Bettencourt Pascal Wilhelm et la communicante Marion Bougeard. Le tribunal n'a d'ailleurs pas écarté l'hypothèse développée par la défense de Prévost-Desprez : "Me Kiejman avait tout intérêt à ce que l’information soit diffusée pour ensuite l’utiliser pour obtenir un dessaisissement de la 15e chambre du tribunal correctionnel de Nanterre, ce qui est finalement advenu, écrivent les juges. Isabelle Prévost-Desprez n’avait aucun intérêt à cette date à ce que les informations soient diffusées". Le parquet de Bordeaux n'a pas encore indiqué s'il comptait faire appel de la relaxe de Prévost-Desprez.
Un épisode supplémentaire à rajouter dans cette "saga Bettencourt"
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