Reeva Steenkamp, santa subita
Brève Vidéo

Reeva Steenkamp, santa subita

C'est une intuition vertigineuse, que d'avoir recyclé la vidéo d'élimination d'une émission de télé-réalité de Reeva Steenkamp
, compagne d'Oscar Pistorius, en vidéo d'adieux au monde des vivants. Vertigineuse et involontairement perverse. Que montre à l'origine cette vidéo ? Au pied de son cocotier, un top model qui a participé à une émission de télé-réalité prend congé de ses concurrents du jeu, et des téléspectateurs, en insistant d'une voix langoureuse sur l'importance de "réussir sa sortie". Diffusée post-mortem, mise en ligne dans le monde entier, la vidéo se trouve transmutée en harangue d'outre-tombe. Ainsi les deux cérémonies d'adieux se superposent en un fondu enchaîné imaginaire et, oui, vertigineux: l'élimination de l'émission est une petite mort cruellement tendre, et la mort n'est rien d'autre, au fond, qu'une élimination un peu plus durable que les autres.

"Vous allez tant me manquer, je vous aime tellement": santa subita, la petite sainte est montée direct au paradis. C'est du pied d'un cocotier, qu'elle nous adresse ce dernier message, qu'elle n'a pas eu le temps de poster avant de mourir. Le paradis touristique jamaïcain, où elle va désormais goûter aux félicités éternelles de la danse avec les dauphins, se trouve ainsi définitivement estampillé paradis par le sacrifice final de la candidate. C'est pour lui, pour le peuple si aimable de la Jamaïque, qu'elle s'est offerte à la batte de cricket, ou aux balles, du champion amputé. Ainsi se fondent le spot touristique, la séquence confessionnal, et le testament de l'enfant innocente. Ainsi la pina colada, qui l'attend dans une noix de coco sitôt la prise terminée, devient-elle le signe de l'éternelle félicité.


Cette impression atroce de connaître cette histoire, ces mots, ces accents, ce visage que nous ne connaissons pas. Cette impression d'avoir les mêmes à la maison. De même que le porno mondialisé et gratuit s'impose aux adolescents comme représentation canonique de la sexualité, avec positions obligatoires dans l'ordre imposé, de même les adieux des people aux paradis balnéaires de la téléréalité se sont imposés à nous, sans que nous l'ayons choisi ni voulu, comme l'évidence de moments capitaux de nos existences.




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