L'émission est présentée par la rédaction, préparée par Adèle Bellot
et déco-réalisée par Axel de Velp et François Rose.
La vidéo dure 1 heure et 23 minutes.
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Making of, par Daniel Schneidermann
20 ans déjà ! Ne sachant trop comment célébrer ce redoutable anniversaire (on n'est pas très anniversaires) on a donc eu l'idée de consacrer notre série d'été à quelques ruptures, et quelques permanences, dans les sujets que nous observons de près et qui touchent, de près ou de loin, aux narrations médiatiques.
Alors que presque toutes nos émissions étaient déjà tournées, nous avons soudain réalisé que manquaient dans cette série les séquences les plus mémorables de notre existence télé. Sans trop réfléchir, j'ai jeté sur le papier le zapping des moments qui surnageaient. Et c'est seulement une fois cette liste établie, que nous avons réalisé qu'elle "faisait sens", comme on dit.
Tout au long de notre courte et longue vie, nous avons dû justifier notre existence, et défendre notre légitimité, sur deux fronts opposés.
D'abord, face aux professionnels de la profession, nos chers confrères journalistes, de bas en haut de la hiérarchie. Difficile d'en prendre la mesure aujourd'hui, où se sont multipliées les "émissions medias" sur toutes les antennes, mais c'est peu dire que tous, en 1995, ne nous ont pas accueillis avec le sourire. Comment donc ? Des journalistes qui prétendraient enquêter sur les medias ? Qui prétendraient nous interpeller sur nos choix rédactionnels ? Sur les sujets que nous passons à la trappe ? Dénoncer nos petits et grands bidouillages ? Mais de quel droit ?
Faire admettre notre légitimité ne fut pas facile. Ce fut même très difficile, à commencer par... notre chaîne elle-même, où nous comptions, au début, dans les couloirs, moins de chauds partisans que d'adversaires résolus. Les choses se compliquèrent encore quand le groupe France Télévisions avala notre chaîne natale La Cinquième, devenue France 5. Cette fois, nous étions rattrapés par la grande armada.
Certes, jamais notre émission ne fut censurée. Jamais même elle ne subit la moindre pression de la part des dirigeants successifs de la chaîne – mise à part une tentative, si stupide qu'elle aboutit à la confusion de ses initiateurs. Mais les grincements, les maugréements, les fâcheries, furent continuels. Néanmoins, la situation était intenable, et elle devint quasiment étouffante quand fut nommé président de France Télévisions un animateur-producteur, Patrick de Carolis, dont nous avions quelques années plus tôt dénoncé les images bidonnées. Deux ans plus tard, hop, on passait à la trappe.
Et s'il n'y avait eu que les professionnels. Mais, de l'autre côté, du côté de "la critique radicale des medias", le procès en légitimité fut tout aussi violent. L'axiome étant posé que "la critique des medias est impossible dans les medias", nous ne pouvions être que des traîtres, des complices du système, notre impertinence ne pouvait être que factice. En sourdine la première année, ce procès se déploya pleinement après la mémorable venue de Pierre Bourdieu sur notre plateau en janvier 1996. Finalement, la plupart des séquences sur lesquelles nous nous arrêtons dans cette émission ont à voir avec ces deux crises.
Ces deux procès symétriques étaient-ils totalement infondés ? Non. Ils ne le sont jamais. Sans doute, côté confrères, les premières années, avons-nous eu tendance à attribuer à des intentions malignes des dysfonctionnements médiatiques qui ne résultaient que des contraintes de fabrication, et donc à surestimer la responsabilité des individus, par rapport à celle du système. Que les individus qui se sont sentis injustement accusés nous pardonnent.
Quant au second reproche, il est à l'origine d'interrogations qui n'ont toujours pas cessé. Jusqu'à quel point la critique des medias est-elle dissociable d'une critique politique ? Cette déconstruction des narrations médiatiques peut-elle être autonome ? Jusqu'à quel point est-il légitime de critiquer aussi les "contrenarrations" médiatiques, c'est à dire, pour parler trivialement, de "tirer contre son camp" ? Pour résumer, était-il légitime de placer deux contradicteurs journalistes face à Bourdieu, alors que quelques années plus tard, nous recevions par exemple l'industriel-financier Jean-Marie Messier sans aucun contradicteur ? Ces remarques, nous ne pouvons que les entendre aujourd'hui, alors que, nouveau support nous y encourageant, nous n'hésitons plus à consacrer de longues émissions – passionnantes, j'espère– à un invité unique. Même si l'émission Bourdieu fut un formidable dévoilement de mécanismes télévisuels, quelle – autre– émission extraordinaire on aurait pu faire, en tête à tête avec lui ! Bref, tout a changé, mais pas les termes du débat. Heureusement.
Vous pouvez aussi utiliser le découpage en actes.
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Acte 1
Daniel Schneidermann, en invité de sa propre émission, revient sur les débuts d'@si : premiers pas en plateau, et premières séquences marquantes. Au menu : Nagui qui décrypte le décryptage, et le mini-pugilat autour du présentateur de Ushuaïa, Nicolas Hulot.
Acte 2
DS revient sur l'"affaire Bourdieu" (face à Jean-Marie Cavada et Guillaume Durand sur le plateau d'ASI en 1996) et ses suites, dont la (fameuse ?) séquence de Jean-Marie Messier et son sandwich. Il commente ensuite le premier cas d'ingérence de France 5 dans les affaires d'ASI : l'affaire Alègre-Baudis.
Acte 3
Retour ensuite sur la réception de Françoise Laborde en 2005. En cause : le reportage de France 2 sur le célèbre "racaille" lâché par Nicolas Sarkozy à Argenteuil. Egalement commenté par DS : la colère d'Alain Duhamel après la diffusion par ASI de propos "off".
Acte 4
Un épisode semble avoir scellé le sort d'ASI : la dénonciation du bidonnage d'une séquence de Des Racines et Des Ailes, de Patrick de Carolis. Et enfin, DS explique pourquoi Vladminir Poutine se trouvait à côté de Carolis, justement, sur le premier site d'@si.
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