Effondrement : "il y a une volonté d'abrutir la population"

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Démocraties à bout de souffle ? 3e émission de notre série d'été

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L'émission
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  • Avec
    Loïc Blondiaux et Sandra Laugier et Isabelle Attard
  • Presentation
    Daniel Schneidermann et Juliette Gramaglia
  • Préparation
    Adèle Bellot et Juliette Gramaglia et Gaspar Romain et Laurène Bureau
  • Réalisation
    Antoine Streiff et Sébastien Bourgine
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Un gouvernement élu par le peuple, tirant sa légitimité de son élection par le peuple, pour rechercher l'intérêt général, relié au peuple par des corps intermédiaires puissants, que ce soient les syndicats ou les médias. Ce modèle de la démocratie idéale s'effrite de partout. Des Etats-Unis à l'Italie, en passant par la France, de plus en plus de dirigeants par exemple cherchent leur légitimité dans un rapport direct avec le peuple, par-dessus la tête de ces fameux corps intermédiaires. Et simultanément apparaissent de nouvelles formes de démocratie. Assiste-t-on à l'effondrement ou à la régénération de notre démocratie ? Questions que nous posons à Isabelle Attard, ancienne députée du Calvados ; Loïc Blondiaux, politologue ; et Sandra Laugier, co-autrice d' "Antidémocratie" (2007, La Découverte)

"Idiocracy" et populisme

On démarre avec Idiocracy, de Mike Judge (2007). Peut-on relier ce film, qui présente un président stupide, à l'élection de Donald Trump ? Loïc Blondiaux tend à freiner la comparaison : "Le discours dominant sur l'arrivée de Trump porte la responsabilité de ce phénomène sur les classes populaires, leur vote, renouant avec un vieux stéréotype". "Il y a une responsabilité systémique", ajoute Isabelle Attard, par la "dépolitisation" des citoyens. Pour Blondiaux, on assiste à un "abaissement du seuil de tolérance à la remise en cause des institutions". Pour Attard, c'est Emmanuel Macron qui est plus inquiétant, dans sa condescendance à l'égard de la presse et des citoyens.

La baisse du QI, encore très discutée dans ses causes et conséquences, peut-elle conduire à l'effondrement démocratique ? "Reconnaître ce qui est juste ou injuste, ce n'est pas du domaine de l'intelligence", réfute Blondiaux. "Il y a une volonté d'abrutir la population pour n'avoir aucune conscience citoyenne de groupe", attaque Isabelle Attard.

En Italie, le président italien refuse de valider le premier gouvernement proposé par Matteo Salvini et Luigi Di Maio ; le ministre de l'économie est jugé trop anti-européen. "Aujourd'hui, ceux qui influencent le plus les décisions politiques en Europe, ce sont des pouvoirs non élus", rappelle Loïc Blondiaux. Pour Isabelle Attard, "aucun gouvernement n'a à se faire dicter sa loi par Bruxelles".

"La démocratie n'est pas que le pouvoir du peuple"

On se concentre sur l'affaiblissement des corps intermédiaires, par exemple les syndicats. Les cortèges de tête sont-ils une solution face à la perte de vitesse des syndicats ? "Personnellement, je ne crois plus aux manifestations pour faire changer les choses", avoue Attard. Mais le cortège de tête est "l'expression d'une révolte".

Autre phénomène : les institutions indépendantes, non élues. Par exemple le Défenseur des droits, Jacques Toubon, entré en conflit avec les députés LREM sur la loi asile et immigration.  Pour Loïc Blondiaux, "c'est la tension constitutive de l'idéal démocratique". "La démocratie n'est pas seulement le pouvoir du peuple", abonde Sandra Laugier.

La solution dans les micro-actions citoyennes ?

La solution est-elle dans les micro-expérimentations ? Le documentaire Démocraties de Datagueule propose des exemples d'expériences démocratiques citoyennes. Côté consommateurs, il existe depuis quelques années la marque "C'est qui le patron ?", qui propose de rémunérer les producteurs au juste prix. Une initiative qui ne convainc pas Isabelle Attard. "S'il y a un appauvrissement des institutions démocratiques, il y a une extension du domaine de la démocratie", conclut Loïc Blondiaux, qui y voit une "bonne nouvelle".

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