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world press photo 2013, ou la souffrance assombrie désaturée

Une photo primée assombrie, semblable à un tableau, et voici que resurgit la polémique sur les limites de la "retouche acceptable" au-delà de laquelle l'image, pervertie, suscite l'émotion au lieu de la réflexion. Examen des griefs.

Derniers commentaires

Un bon coiffeur peut faire des miracles !
DESCHAIN : Le maquillage peut faire des miracles, certes, mais observez bien la forme des yeux (les paupières) et la mâchoire (la bajoue) à droite sur la photo : seul le crayon magique de Photoshop peut réussir de tels exploits !
Elle ne vous plait pas Mme Hidalgo ?
Et vous, Monsieur KORKOS, vous êtes bô comment ?
La photo atroce de la tête d'enfant à Gaza rappelle celle d'Omaira Sanchez (eruption du Nevado del Ruiz, Colombie, 1985) qui finit par mourir, elle, enterrée jusqu'au cou, sous le regard des cameras. Vautours! Pire que le "vrai" vautour qui attendait la mort de l'enfant au Soudan.
Pourquoi associer Gaza avec une imagerie catholique qui n' a rien à voir avec la culture locale ? comme si on voulait écrire un nouvel Evangile.tout cela sent l' idéologie religieuse ce n' est pas une approche laïque et équilibrée.
Cher Alain,
comme il n'existe pas de forum sur les "vite dit", je laisse un commentaire sur ce forum-ci concernant le vite dit "Votre photo, avec ou sans blanchiment ?"
Vous avez signalé que "d'aucun continuent de gentiment modifier l'aspect des photos de reportage pour faire joli, pour sacrifier à une mode" (celle du sans blanchiment).
Sachez qu'il existe une autre mode, bien pire, qui perdure elle aussi, et ce depuis des décennies, celle qui consiste à prendre des photos en couleur....
Sans parler d'Avedon qui a sacrifié lui-même un grande partie de ses photos sur l'hotel de LA mode.

J'avoue que je ne comprends pas les récurrences sur ces faux débats, l'aspect souvent moralisateur de votre part et votre réticence sur les outils numériques comme photoshop, "outil de bidouilles" qui ne sont finalement qu'un prolongement du développement comme on le connaissait au temps de l'argentique.

En tout cas, grâce à ce vite dit sur le sans blanchiment, cela m'aura permis de savoir que ce style de photo avait un nom et trouve ses sources dans l'argentique. J'aime votre savoir encyclopédique qui est le plus intéressant et m'apporte chaque jour davantage.
Alain, ne vous méprenez pas sur mon rappel des photographes étrangers dans l'école humaniste. Je tenais simplement à rappeler que plusieurs photographes de cette école n'était pas d'origine française, ce qu'on a tendance a oublier à ne parler que de Doisneau, par exemple (qui plus est s'est fortement remis en cause pour la DATAR et n'a nullement fait du "Doisneau").
Ce n'est nullement raciste. Bien au contraire. La formulation était maladroite, j'en conviens.
Mais de toute façon je préfère très nettement le travail de photographes comme Robert Franck, Walker Evans, Atget, Sophie Ristelhueber, presque tous les travaux de la DATAR, de la Mission Transmanche (dont Jean-Louis Garnel pour les 2), Raymond Depardon, Jean-Luc Mylaine, John Davies,etc.
La liste serait trop longue et nous sommes très loin de la photographie de reportage sauf avec Depardon qui l'a dépassée et l'a pensé... Nous sommes très loin de la photographie de reportage telle celle dont il question et pratiquée par les photographes d'agences comme AP, REUTERS, ou l'AFP.
C'est un autre débat.
Mais ces photographies ont-elles encore un impact ?, disent-elles quelque chose ?, leur genre est-il encore d'actualité (genre dépassée, diffusion de plus en plus restreinte...n'est-ce pas d'ailleurs pour cela que le Worldpress louche du côté de la "peinture" pour se "revaloriser...?
Bref des interrogations qui n'ont rien à voir avec photoshop, lightroom, etc, qui ne sont que des outils. Qui apportent de merveilleuses possibilités (je les pratique au quotidien), mais doivent rester des outils au service d'une pensée...
Je m'arrêterais ici.
Bonne soirée.
Certes on peut critiquer cette image, on peut aussi critiquer le principe d'un prix attribué à ce genre d'image. Mais dénoncer l'esthétisme de cette photo primée, au profit de la photo brute, vraie, comme on les faisait autrefois, est totalement idéaliste et réactionnaire. Et cette manie de tout recouper a posteriori, de chercher à dénoncer par des rapprochements, des comparaisons virtuoses censées être imparables, ça m'exaspère. Décidément Descartes continue de faire des ravages dans l'esprit critique de certains français.

Un peu par provocation, j'affirme que l'image primée contient davantage de vérité que la photo publiée dans le journal suédois, qui était trompeuse avec sa saturation trop forte, ses contrastes incontrôlés qui suppriment la profondeur de l'espace. La réalité n'est pas si saturée, mais hélas depuis les années 90 on a éduqué notre oeil à ces images trop dures, sans nuances.

Apparemment, nombreux sont les gens troublés de voir deux versions d'une même image. Le mythe de la vérité de la photo est rompu. Alors on se rassure dans une démarche critique inquisitoriale. On refuse la question primordiale : comment ces images sont-elles fabriquées ? C'est sans doute trop matérialiste, absolument dégoûtant de parler de la cuisine des images.

La forme informe sur l'oeil du photographe autant que sur la réalité de l'événement. Paul Hansen développe sont point de vue en post-production et il a bien raison de le faire. D'ailleurs il a obtenu le prix ! Ok je provoque.

J'aimerais en savoir plus sur sa méthode, sa démarche, sa sincérité. J'aime me laisser subjuguer par la réalité interprétée par l'oeil du photographe, puis éventuellement décider si j'adhère ou non à sa démarche, en approfondissant ma connaissance de son travail. Je ne connais pas encore suffisamment le travail de Paul Hansen pour conclure. En ce qui concerne Alain Korkos, malgré la virtuosité de ses analyses, je n'adhère pas à sa démarche.
Je suis étonnée de voir que ce qui, moi, m'a le plus dérangée dans cette photo n'est pas soulevé ici ( ou alors je ne l'ai pas vu) : le personnage dont le visage exprime beaucoup de colère me semble fixer l'objectif du regard.

J'interprète cela comme une colère contre le photographe, et non contre la mort des enfants (l'un n'empêche pas l'autre) : ce personnage semble signifier qu'il réprouve la présence du photographe, il me semble l'entendre dire " Foutez-nous la paix, avec vos photos, dégagez, laissez-nous passer !"

Je me trompe peut-être, mais si c'est le cas, j'imagine la fureur qui doit animer les pensées de cet homme en découvrant que cette photo "volée" ( même si légalement elle ne l'est pas) reçoit un prix et va beaucoup circuler.

Si dans ma famille nous avions été frappé par un tel deuil, je ne sais pas comment je supporterais que notre souffrance devienne un objet de communication.
Sur la remarque de Susan Sontag qui dit que la tendance esthétisante (ET le support) tient à distance l'émotion. Être informé sur l'horreur est considéré comme positif, mais ce n'est pourtant pas très efficace pour la circonscrire l'horreur. Au contraire peut-être, et justement parce que le beau annulerait la répulsion qu'inspire l'horreur. Le beau nous immuniserait, nous rendrait indifférent à l'insoutenable ou même nous le rendrait attractif.

Tout imprégné qu'on est des intentions markéting des supports actuels des images choc, on est vite persuadé que l'effet tueur d'émotion de ces belles images est un effet malsain, pervers, néfaste.

Mais on pourrait faire ce procès directement aux peintres dont on croit voir les peintures surgir dans les photographies. Ce sont eux les premiers tueurs d'émotion par l'esthétique, et ils n'avaient pas de mauvaises intentions markéting, ni besoin de sidérer le public pour mieux s'emparer de leurs cerveaux disponibles. Ils ont rendu belle la cruauté.

En fait c'est peut-être juste une fonction de l'image, de tenir à distance l'émotion. Il faut bien ce petit coup de pouce parfois pour supporter l'existence.
C'est notre culpabilité, celle des épargnés, qui nous fait nous sentir gêné. Quand on feuillète les magazines, on se sent trop à l'abri d'où le malaise, mais faut pas croire on aura peut-être notre part. On a le droit de regarder des belles images qui tiennent l'émotion à distance. Pas tant que ça quand même, car franchement je détourne les yeux à chaque fois de la couverture de l'huma (bon c'est personnel, globalement l'image est vue et a l'effet qu'on sait).
Té ! Voici un lien trouvé dans un commentaire sur le blogue de Gunthert que je trouve assez intéressant :
https://plus.google.com/100073645661563176484/posts/NDsBhHKYnbk

On peut y voir le travail avant/après de dramatisation des photos (dont le thème était déjà grave) par assombrissement et désaturation principalement.
Regardez Le Caravage derrière.

Il y a aussi les recommandations de limites au développement photo de quelques agences de presse.

Ils ne disent rien du prosélytisme.
Suggestion: la prochaine fois qu'il y aura ce genre d'émission, et si Alain Korkos ne peut VRAIMENT pas y participer, il pourrait écrire son billet AVANT, histoire de nous permettre de mieux comprendre le débat et peut être d'éviter aux invités de dire des choses manifestement erronées (saturées/insaturées, voire mono et poly/insaturées).

Bon, ça empêchera personne de prétendre comme une évidence (???) que la petite Vietnamienne n'a pas été brûlée au napalm. Impossible de tout prévoir. Fallait être là, point.
La nuit portant conseil, il me semble que l'étrangeté de cette photographie ne tient pas tellement à des traitements numériques ( photoshop ou consorts ) mais aux choix lors de la prise de vue:

- Le grand angle irréaliste, le photographe abuse un peu sur la focale,
- L'éclairage qui découpe des plans de façon inhabituelle, en faisant alterner les plans sombres et clairs. La lumière tombe dans la rue comme dans un puits ...
- La netteté: L'image est étrangement nette sur tous les premiers plans ... où est le point ? Je ne sais pas comment on fait ça ...
[quote=TCHD]L'image est étrangement nette sur tous les premiers plans

De mes très vieux et très sommaires souvenirs de photographie (époque où, même amateur basique, on réglait à la main), ce serait pas tout simplement le grand angle qui augmente la profondeur de champ? Et j'ai toujours pas compris les critiques qui s'adressent au fait d'avoir choisi le grand angle pour cette photo. Je veux bien croire que, avec les miracles du zoom c'est devenu inhabituel. Mais pas interdit, que je sache? Moi, c'est plutôt les zooms extrêmes qui me posent un problème... moral, du genre voir de trèèèèès près sans être vu tellement on est loin en réalité.
Là, le photographe était près, tellement visible (j'imagine) que les personnages ont collaboré, consciemment ou pas, à la photo. Que sait on des circonstances?
Merci pour vos réponses pertinentes. J'en retiens que le photographe n'est pas responsable de sa photo. Les respnsables sont Le hasard, Allah ou les habitudes ... Enfin, c'est l'essentiel, Photoshop ( © Adobe ) est hors de cause ;-)
Édit: mal placé, c'était une réponse collective.
[quote=TCHD]J'en retiens que le photographe n'est pas responsable de sa photo

C'est un résumé un peu trop résumé ... :).
Accrochez-vous et prenez des notes: les lois du hasard sont les lois premières du réel. Le hasard a une grande importance en toute chose.... et en particulier en photographie. Un des raisons, par exemple, qui font douter de l'authenticité de la célèbre photo-du-soldat-répubicain-espagnol-touché-par-une-balle, dont on a parlé des milliers de fois un peu partout et en particulier ici, c'est que la probabilité qu"avait le photographe de faire cette photo à ce moment-là était voisine de zéro. Probabilité, loi des grands nombres, hasard.
Nous n'aimons pas le hasard. Le hasard est impopulaire (en fait, c'est un incompris qui mérite mieux). Invoquer le hasard est suspect. Evoquez le hasard et vous serez immédiatement suspect et l'objet de moqueries. Nous préférons les "véritables raisons". Nous avons besoin de véritables raisons. Quand le besoin est trop fort, nous les fabriquons. Certains en font un métier et gagnent leur vie en fabriquant de véritables raisons.
TCHD : Tentative de réponses aux questions posées.

- Le grand angle irréaliste, le photographe abuse un peu sur la focale,
L'action se déroule dans une rue étroite, c'est logique que le photographe ait utilisé un grand angle.

- L'éclairage qui découpe des plans de façon inhabituelle, en faisant alterner les plans sombres et clairs. La lumière tombe dans la rue comme dans un puits ...
Le photographe n'est pas responsable de l'ensoleillement, ni du lieu (rue étroite).

- La netteté: L'image est étrangement nette sur tous les premiers plans ... où est le point ? Je ne sais pas comment on fait ça ...
C'est une histoire de profondeur de champ.
Elle augmente quand la focale diminue ; le grand angle, genre 28 mm ou 24 mm(je donne ici une mesure de type "objectif pour l'argentique") sont parfaits en ces circonstances.
Elle augmente avec la fermeture du diaphragme.
Avec un 28 mm : diaphragme à 22, en faisant la mise au point à 1 mètre, on sera net entre 50 centimètres et 10 mètres.
Avec un 24 mm : diaphragme à 22, en faisant la mise au point à 1 mètre, on est net entre 80 cm et l'infini !

Pour calculer la profondeur de champ, voir cette page très pratique.
Waouh, je me suis éblouie moi-même, je croyais ne rien connaître à la photo, je vois que d'avoir simplement utilisé un appareil ancien et semi-basique au temps de ma lointaine adolescence m'a donné des connaissances que beaucoup n'ont plus aujourd'hui.
En désaccord avec vous sur tous les points !
- le choix lors de la prise de vue. Non! Quand on fait une photo de ce genre, on a rarement le temps de faire des choix. Manifestement, le photographe se trouve devant une foule de gens qui avancent vers lui à bonne vitesse. Le fait qu'il ait fait cette photo "au bon moment" tient pour une bonne part au hasard (en gras et souligné, car c'est un mot que je n'ai pas lu souvent lu dans les commentaires). Il y a dans toute photo de ce genre (photo d'un événement pris sur le vif) une grande part de hasard et de chance. Par exemple, sa chance ( inouïe, dans le cas présent) c'est que les personnages sont disposés les uns par rapport aux autres de façon pratiquement parfaite, alors que généralement, lorsqu'on fait une photo de groupe "non posée" (nous avons tous fait cette expérience, lorsque nous avons voulu faire la photo de notre groupe du Club des Joyeux Randonneurs de l'Estaque), les personnages se trouvant au premier plan masquent toujours plus ou moins ceux qui sont derrière.
Il est difficile de dire si le photographe suivait la foule en reculant (dans ce cas, il avait un certain choix du moment de la prise de vue, puisqu'il conservait à peu près le même cadrage pendant un certain temps) ou s'il attendait, arrêté, le cortège. En tous cas, n'oublions pas de signaler
(cela n'a pas été dit) que les appareils modernes permettent de faire des photos en rafale (plusieurs par seconde),. La perle rare que nous décortiquons depuis plusieurs jours a peut-être été choisie parmi des dizaines d'autres.
- le grand angle. C'est un choix tout à fait banal. N'importe quel photographe aurait fait ce choix dans ce cas-là.
- l'éclairage. s'il y a une chose que le photographe n'a pas peut pu choisir, c'est bien l'éclairage. Il a certes pu penser que le décor (la ruelle) était de nature à produire un éclairage "intéressant", masi avouez qu'il ne faut n'est pas nécessaire d'être chef-opérateur chez Metro Goldwin Mayer pour le savoir .Cet éclairage est d'ailleurs plus complexe que si la lumière tombait dasns un puits. Un exemple (parmi d'autres), le personnage tout à fait à gauche est éclairé par une source supplémentaire venant de sa droite.
- la netteté : je ne trouve pas que l'image soit particulièrement nette. De tout manière, les images qui ont été publiées sur internet sont réduites par rapport à l'original (largeur de l'ordre de 800 ou 900 pixels (grand maximum, j'ai la flemme de vérifier). On ne peut vraiment juger de la netteté d'une photo que si on la regarde non réduite. Or, la plupart des appareils d'aujourd'hui produisent des images beaucoup plus grandes. Le moindre appareil d'amateur fait des photos de 10 millions de pixels, avec une largeur supérieure à 3000 pixels. La photo originale de notre reporter (que nous ne verrons jamais) avait peut-être 16 ou 20 millions de pixels, voire plus.
Je constate que j'ai rédigé mon message (adressé à TCHD) en même temps qu'Alain Korkos (sans l'avoir lu), et nous disons à peu près la même chose.
Concernant la netteté en fonction de la distance focale, ce que vous dites, Alain, est (bien sûr...) tout à fait exact.
C'est d'autant plus vrai que beaucoup de photographes (même les professionnels) utilisent des capteurs dont la taille est inférieure au format 24x36 de l'argentique, ce qui accroit encore la profondeur de champ à angle de prise de vue égal.
[quote=Julot Iglézias]on a rarement le temps de faire des choix

Il a peut-être, tout simplement contourné le cortège pour se porter à sa rencontre. Dans ce cas-là, il a eu tout le temps de réfléchir à ses choix. Et même, s'il connaissait la rue, de "choisir" l'éclairage en repérant le moment où le cortège serait au bon endroit.
Tout à fait d'accord... puisque c'est à peu près ce que je dis moi-même mon message ... :)
Ah ! L'image et disponible en 5000 x 3333 pic-sel. Y'a quand même des trucs bizarres dans certains cheveux. Traces de détourage ? À vos loupes !

Ici.
[quote=TCHD]Ah ! L'image et disponible en 5000 x 3333 pic-sel.

Ouaouh ! Merci d'avoir trouvé cette photo.
J'avais donc tort de penser que nous ne la verrions jamais. Je me couvre la tête de cendres.
Mais je me console en sortant ma calculette : 5000 x 3333 = 16 665 000. Je suis dans la fourchette ... :)
La photo en taille réelle laisse apparaitre un flou de l'arrière plan, qui n'était pas visible dans la photo réduite. : encore un bon point pour Julot.
Mais,plus intéressant : l'image laisse apparaître à présent des signes nets de retouche (trop nets, pourrait-on même dire ...).
Voilà pour un premier commentaire à chaud ...
Traces de retouches locales au pinceau sous Lightroom pour atténuer le bruit sans doute important rien de plus.
Certes, mais ces retouches contribuent à jeter la suspicion sur la photo.
Un exemple ici où l'on voit que le contour du visage du perso a été affiné (au point que le crépi du mur à l'arrière plan a disparu), ce qui est à la fois maladroit et inutile (qui serait aller regarder ce personnage secondaire?).
La suspicion certainement pas mais oui c'est parfois fait un peu à l'arrache (sur l'exemple que vous donnez, on distingue le travail pour l'anti bruit puis une once d'outil "clarté" qui remodèle un peu (trop?) ) . A mon avis le raw devait être très bruité ceci expliquant cela. Hansen est meilleur photographe que développeur numérique, pas de quoi en faire un plat.
L'image globale reste très belle et réussie.
Mérite t-elle le WP? A mon avis oui. Et évidemment cette image qui fait débat plutôt que celle qui a eu droit à moult parutions auparavant (justifiées, car de toutes les photos qui ont circulé autour du deuil de cette famille, celle d'Hansen est la meilleure tant pour la compo que pour l'expression des visages)
Pourquoi celle ci pour le WP?
Parce qu'en la traitant de cette manière Hansen l'extrait du simple reportage ponctuel d'info sur un évènement donné. Il en fait une icone. Peu importe qu'il s'agit du conflit israelo-palestinien, de Gaza etc. Cette photo par son traitement plus froid, plus sombre (sans manipulation, rien n'est retiré, modifié, il s'agit juste d'un traitement, donc rien qui aille à l'encontre du règlement), cette photo disas je devient emblematique des drames humains que génèrent nos guerres, la mort d'enfants innocents de nos haines d'adultes, la douleur des familles, leur colère, leur abattement. Tout est là sous jacent ici. C'est une excellente photo qui sait nous parler au delà du factuel, il y a une volonté d'universalité. Il ne s'agit pas de mettre en avant uniquement l'émotion, cela fait appel en revanche à l'ensemble de nos facultés perceptives, intellect, moral et spirituel y compris. C'est bien pour cela que c'est une image primée. Et que le prix va de soi.
Globalement d'accord avec vous. Concentré sur la critique, je n'ai peut-être pas assez souligné que c'est une très belle photo.
Rien que pour faire bisquer ceux qui n'aiment pas les chiffres et la technique, voici les données Exif de la photo.

On voit entre autres que l'appareil utilisé est un Canon EOS 5D (22 millions de pixels, une merveille de technologie, pratiquement aussi cher que les lunette d'Audrey Pulvar).

Format 24 × 36 (légèrement inférieur en fait, puisque la focale utlisée -16mmm - est inférieure - 18,9 mm - à son équivalent 24 × 36.
L'objectif est un zoom grand angulaire 16-35 mm dont le photographe a utilisé la focale la plus courte (16 mmm), donc le plus grand angle possible.
La photo a été légèrement recadrée (5000 × 3333 pixels sur les 5760 × 3840 d'origine).
Il manque l'heure et l'orientation de la ruelle pour savoir d'où venait la lumière naturelle.
1. L'heure figure dans le fichier.
2. Avec les ombres on voit d'où vient la lumière du soleil.

La vue est donc prise vers le NNW mais on s'en fout...

Tout ça pour dire la lassitude devant toutes ces discussions.
Les enfant sont bien morts, non?
Juste un boitier très courant même pas pro (amateur expert comme on dit pour ce boitier). Le 5DmkIII est un bon boitier mais pas le sommet de la gamme.
Le 16x35 est le meilleur (et classique) grand angle de sa catégorie, Canon Série L.
Un matos finalement très courant et assez basique.
Les Exifs nous apprennent juste que les conditions de lumière étaient difficiles les écarts entre la ruelle sombre et les éclats de lumière étant important. La sensibilité utilisée, 400 isos montrent un choix classique là encore. Hansen est en mode semi automatique et autofocus, les conditions ne permettaient pas de bosser en Manuel qui aurait permis d'avoir moins de bruit. Vraisemblablement il était à bout de bras et a mitraillé la scène.
Quant à Toshop (CS5) ça ne veut pas dire que l'image a été traitée dessus mais elle peut avoir été réenregistrée en revanche avec CS.
Faudra que je me mette au courant des nouvelles technologies ... :o)
Dans ma jeunesse, un zoom 16 x 35, ça n'existait pas, par exemple. On ne descendait pratiquement jamais en-dessous du 28 mm , en focale fixe. Les professionnels répugnaient à utiliser les zooms, qui étaient réputés médiocres.
Et vous me dites qu'un zoom 16x35 ouvert à f:2,8 , c'est devenu banal ! Je prends un coup de vieux.

L'indication Photoshop, effectivement, ne signifie pas que la photo a été "travaillée".

Ce que j'ignore (et vous allez peut-être pouvoir me renseigner, puisque vous semblez bien connaître le code Exif ...) c'est si l'indication "jpeg" indique que la photo a été enregistrée en jpeg dès la prise de vue. Ou bien a-t-elle a pu être prise en Raw, l'indication jpeg se substituant (?) à Raw lors de le passage de Raw en Jpeg ?

Que les @sinautes qui ne s'intéressent pas à la technique m'excusent... Ils auront compris que, mine de rien, j'essaie d'obtenir une formation on line gratuite.
Même sur un Raw sorti de boitier (CR2 pour Canon) la mention jpeg (compression) peut apparaitre dans les Exifs ("Compression Jpeg Ancien style" remarqué sur mes raws, ce qui ne veut pas dire qu'il y a compression, entendons nous bien). Mais ici c'est surtout que la photo a été réenregistrée en jpeg sous CS5. M'étonnerait qu'Hansen se soit risqué sur ce genre de scène à shooter en jpeg direct, l'obligation de "reprendre" la photo pour équilibrer les lumières allait de soi et c'est plus difficile en jpeg direct, on a plus de lattitude avec le format brut.
Les 17x40 et 16x35 série L de Canon sont effectivement des optiques de bases. Le 24x105 également.
Les focales fixes sont meilleures cela reste vrai, mais les tarifs vont avec la qualité. Et les pros ne sont pas les plus riches des photographes. Les zooms 17x40 et 16x35 restent d'excellente facture (le 17x40 étant même très accessible en tarif, moins de 1000 euros mais ouverture a F4 minimum contrairement au 16x35 effectivement à 2.8), un peu de sensibilité au flare pour le 16x35 mais ça reste raisonnable, et un pare soleil fait l'affaire. Ces zooms sont des bons à tout faire et un zoom a l'énorme avantage de ne pas (trop) avoir a être remplacé toutes les 5 mn ce qui en reportage est un atout et qui plus est en zone de bousculade et de poussière.
Je vous remercie très sincèrement pour ces renseignements.
Comme d'habitude - du peu que j'en ai lu du moins - une excellente analyse avec un petit égratignage au passage de Télérama, qui fait du sensationalisme dans son titrage et son analyse et n'entre en fait pas dans l'analyse fine - c'est hélas devenue une habitude chez Télérama qui mérite de moins en moins mon respect et par conséquent mon attention.
Mais revenons à nos moutons.
Non M. Korkos. Il n'y a pas que des photographes amateurs qui photographient la Tante Jeanine (sous-entendu une photograpgie du dimanche ni faite ni à faire) et de l'autre côté des photographes pros qui font de la bonne image, bien esthéthique, réussie...
Non, ce qui distingue un amateur d'un pro c'est que au-delà du savoir-faire (parfois très bon chez un "amateur" - n'oubliez pas le sens réel de ce mot - et du pro - souvent aussi pas très bon), l'un n'en vit pas et l'autre cherche à en vivre.
Et c'est aussi un des principaux problèmes de ces professions (des professions, oui, car quoi de commun entre un photorepoter pou AP ou autre, un photographe de studio, de mode...).
Aujourd'hui - je suis auteur/photographe et essaie d'en vivre - bien qu'ayant été finaliste de concours, publié - nous savons combien les journeaux et beaucoup d'autres supports s'alimentent dans des banques d'images ou la photographie est vendue au kg et le plys souvent réalisée par des amateurs.
Ce qui prouve bien que ces phitos répondent aux critères de ces supports. Et ne sont pas que des photos de la tante Jeanine.
CQFD
A bientôt de vous relire.

Quant à la photographie primée, sans cette retouche, je la perçois comme "quelconque et retouchée ce ne devient qu'une belle peinture.
Mais ce type de photo est-elle vraiment là pour donner à penser ? C'est du photoreportage fait pour une agence de presse. Le genre n'est-il pas surfait ? Surtout sur ce mode archi-classique... Il y aurait long à écrire. Déjà en son temps la fameuse "école humaniste" était naïve et un peu putassière (touche pas à mes photographes français...d'adoption pour certains...).
Bref.
Gaza laboratoire photographique ? Beurk ! Si seulement ces photos retouchées ou pas faisaient advenir la paix ..... Comme ces photos prises au Vietnam relayées par un journal amerlocain fort connu dont j'ai oublié le nom momentanément (argh) qui avaient révolté le peuple américain (Monsieur AK en avait causé dans une chronique ... je crois, la flemme de chercher)

retouché, gross fôt d'ortograf.
cette photo a été choisie par des professionnels de la profession, le choix semble plus sur la forme que sur le fond, un peu comme s'il fallait récompenser le meilleur bidouillage ?
une photo qui témoignerait de la situation à Gaza et de la mort d'enfants innocents n'aurait pas besoin d'être photoshopée, non ?
mais sans doute qu'elle n'aurait pas de prix... trop violent, trop cru, qu'ils diraient, un peu trop comme dans la vraie vie quoi !!

à propos de la Palestine, une autre photo qui a fait le buzz sur le net ces derniers jours : La photo instagram qui dérange : un enfant palestinien ciblé par un sniper israélien
attention : photo non identifiée mais qui semble pourtant être l'oeuvre d'un soldat esthète puisqu'il instagrame la mise à mort d'un enfant !!! soldat israëlien, assassin potentiel mais amoureux de belles zimages : nouveau genre de clair-obscur !!!
si la photo est bonne....


Si la photo est bonne,
Juste en deuxième colonne,
Y a le voyou du jour,
Qui a une petite gueule d´amour,
Dans la rubrique du vice,
Y a l´assassin de service,
Qui n´a pas du tout l´air méchant,
Qui a plutôt l´œil intéressant,
Coupable ou non coupable,
S´il doit se mettre à table,
Que j´aimerais qu´il vienne,
Pour se mettre à la mienne,

Si la photo est bonne,
Il est bien de sa personne,
N´a pas plus l´air d´un assassin,
Que le fils de mon voisin,
Ce gibier de potence,
Pas sorti de l´enfance,
Va faire sa dernière prière,
Pour avoir trop aimé sa mère,
Bref, on va prendre un malheureux,
Qui avait le cœur trop généreux,

Moi qui suis femme de président,
J´en ai pas moins de cœur pour autant,
De voir tomber des têtes,
A la fin, ça m´embête,
Et mon mari, le président,
Qui m´aime bien, qui m´aime tant,
Quand j´ai le cœur qui flanche,
Tripote la balance,

Si la photo est bonne,
Qu´on m´amène ce jeune homme,
Ce fils de rien, ce tout et pire,
Cette crapule au doux sourire,
Ce grand gars au cœur tendre,
Qu´on n´a pas su comprendre,
Je sens que je vais le conduire,
Sur le chemin du repentir,
Pour l´avenir de la France,
Contre la délinquance,
C´est bon, je fais le premier geste,
Que la justice fasse le reste,
Surtout qu´il soit fidèle,
Surtout, je vous rappelle,
A l´image de son portrait,
Qu´ils se ressemblent trait pour trait,
C´est mon ultime condition,
Pour lui accorder mon pardon,

Qu´on m´amène ce jeune homme,
Si la photo est bonne,
Si la photo est bonne,
Si la photo est bonne...
[quote=Alain Korkos]" les couleurs [...] sont terreuses, virent vers le grisâtre, on est presque devant un traitement "avant blanchiment" qui délave les couleurs (cette technique mériterait une chronique à elle seule tant elle envahit les images)...

Bien vu. L'ultra-chicTélérama est en train de devenir le porte-drapeau de cette tendance. Beaucoup de ses couvertures et de ses reportages utilisent des photgraphies commandées à des photographes de renom, qui popularisent ces images "terreuses". Parfois, on peut carrément dire 'pisseuses".
Les personnages de la "Mise au tombeau" du Caravage sont bruns, ceux de la copie de Rubens sont blonds.
Logique, les premiers sont Italiens, les seconds sont Flamands.
On notera aussi que dans la toile de Michelangelo Merisi, une femme implore le ciel, bras levés, alors que dans celui de Peter Paul, celle qui lui correspond se recueille. L'exubérance des Méridionaux s'oppose à la retenue des Nordiques.
Oui, c'est très bien observé, merci.
Je pourrais d'ailleurs écrire des pages et des pages sur un comparatif entre ces deux oeuvres, mais je me limiterai à ces deux remarques.
Le chroniqueur officiel de ce site, affecté à la peinturlure, pourrait prendre ombrage d'un plus ample développement.
Ça c'est envoyé !
Allez, un grand coup de « lavage de cerveau pour esprits sales »
Parfois j'ai l'impression que ces polémiques naissent du plaisir de se gargariser de mots techniques.
Parce qu'avant les images de presse passaient chez le photograveur qui ne faisait pas non plus que de la recherche de fidélité à l'original.
Sans compter le développement photographique lui-même qui ne donnait pas que des couleurs fidèles. De la correction des défauts à l'esthétisation abusive il n'y a qu'un pas, franchi dès avant photobidule.
Ah, oui, là, j'ai tout compris...
Merci M'sieur Korkos ;o))...
[quote=A.Korkos]Elles sont terreuses, virent vers le grisâtre, on est presque devant un traitement "avant blanchiment" qui délave les couleurs (cette technique mériterait une chronique à elle seule tant elle envahit les images à notre insu, mais ceci est une autre histoire).

Cette histoire mériterait grandement d'être contée!
A voté !
Merci.

Ah ! Ah ! Le coup de l'épaule ! Ça risque de beuzer !

J'ai juste un bémol à apporter concernant la soi-disant non performance de Photoshop (CS) en matière de « traitement de l'image
photographique ». CS est fait pour ça ! Le moteur de traitement de Photoshop CS et Photoshop Lightroom est le même (Camera Raw).
Bien évidemment que les photographes pros utilisent Lightroom ou Aperture, il leur est dédié.
Il ne leur est d'aucun intérêt d'utiliser Photoshop CS qui a d'autres capacités qu'ils n'utiliseront pas (montage photo, dessin, etc.)
et coûte beaucoup plus cher.
A propos de la série de photos probablement la plus insupportable, celle (1905) dite du supplice chinois des cent morceaux: Voici un commentaire de Bataille, pour en finir peut-être avec le voyeurisme: " Le jeune et séduisant chinois livré au travail du bourreau, je l'aimais d'un amour où l'instinct sadique n'avait pas de part: il me communiquait sa douleur ou plutôt l'excès de sa douleur et c'était ce que justement je cherchais, non pour en jouir, mais pour ruiner en moi ce qui s'oppose à la ruine." Photo disponible sur l'autre fil, prévoir un rendez-vous chez le psy.
(Commentaire mis sur l’article de la dernière émission, où l’absence d’AK est relevée)

Sur la retouche. Sur la surdramatisation qu’elle produit.

On peut y voir deux défauts :

- L’auteur ne croit pas assez à la force de son image en elle-même, il la surligne.

- L’auteur ne croit pas assez à la sensibilité de son public, il en rajoute.

Ça ressemble à l’abus de ponctuation expressive (les , ! …) chez certains écrivains. L’émotion dans un texte doit venir de la force des mots eux-mêmes et de leur agencement (c’est au moins mon point de vue), pas de ces prothèses. J’ai tardivement compris ça en lisant Jean Rouaud, qui peut parler de l’indicible comme la mort de son père, la montée des gaz mortels à Ypres ou l’exécution de cinq cent petits gitans dans le revier d’un camp d’extermination, sans jamais recourir à ce que j’appelle le ketchup de l’écriture : un truc pour relever une viande sans goût.

………………………………………………..

//il est vrai que le plus important n'est pas le sort des enfants de Gaza mais la pleine page de droite de l'hebdomadaire louée à une marque d'automobiles ou de montres, la batterie de spots publicitaires après le JT//

Merci de relever le fond mercantile de l’affaire. Et je ne mets pas le mot « fond » par hasard. Si les VIP qui prennent et surtout vendent, promeuvent et s’émeuvent de ces photos agissaient pour que leurs modèles ne souffrent plus, ça se saurait.
Avec quel appareil regardez-vous cette photo ?
Un Mac ? un Toshiba , un portnawak ?
Changez l'inclinaison de l'écran.
Voyez-vous la même chose ?
L'autre regard

Si tu te heurtes aux murs de chair
Si tes mots sombrent avant de naître
Que ton sang agrippe tes os
Que ton œil perd sentier

Éveille en toi l'autre regard!

Celui qui transgresse le monde
Et distance le temps singulier

Dans le goulot des jours
Quand s'engouffre la pénombre
Ameute l'autre regard!

Sa lueur te cherchait.

Andrée Chedid
Chouette, monsieur Korkos s'empare du sujet @si de la semaine. Certainement en revanche de n'avoir pas participé à l'émission!

Bien, je n'apporterai rien d'important à ce fil, mais cependant je tiens à dire une chose: devant ces photos de douleur, je ne ressens rien.

Je ne sais pas si je suis le seul, mais je crois bien n'avoir jamais rien ressenti devant de telles photographies. Elles ne m'atteignent pas. Ca ne vous fait pas ça, à vous?


Matthieu S (le monstre insensible, le vilain)

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