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Une journaliste poursuivie pour avoir filmé l'automutilation d'un adolescent

Filmer un jeune qui se mutile, est-ce se rendre complice de violences ? Une journaliste de TAC Presse est poursuivie en justice pour avoir filmé pour "Zone Interdite" (M6) un mineur pratiquant la "suspension", une forme de mutilation particulièrement spectaculaire.

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Si les journalistes pouvaient privilégiés l'enquête politico-financière plutôt que ces sujets sociétaux d'un intérêt franchement mineur, c'est de la crapoterie et du voyeurisme facile alors que la corruption politique et le viol des souverainetés populaires par les trusts capitalistes mondiaux continuent de mettre à bas la démocratie.

http://frenchcarcan.com/
Les journalistes filment bien la mutilation de la France en direct depuis 40 ans, les accusent-on pour autant de non-assistance à peuple en danger ou mieux de haute trahison ?
http://frenchcarcan.com/
En préambule, je reconnais le droit à chacun, majeur (ben oui, c'est une norme, qui est ce qu'elle est, qui reconnaît sa pleine responsabilité à l'adulte, c'est comme ça), de disposer de lui-même, de faire ce qu'il veut de son corps, de sa tête, tant qu'il ne nuit pas aux autres.
D'autre part, je n'ai pas regardé le reportage.
Cela dit :


Robert Capa, Catherine Leroy, Larry Burrows, Dorothea Lange, Salgado, etc. : journalistes, photographes,

Le but ? Témoigner.

Les moyens ? Souvent au péril de leur vie, au cœur des conflits.

Corollaire ? Ils ont pu vivre aussi de leur art, de leur habileté.

Isabelle Cottenceau et compagnie : journalistes pour Zone Interdite, émission racoleuse, prétendant faire la lumière sur des faits de société, pas tellement éloignée du Droit de Savoir, diffusée sur une chaîne commerciale, M6, dont le fait de gloire restera à jamais l'arrivée de Loana dans le PAF (et vice-versa).

Le but ? Faire un maximum d'audience, pour attirer le maximum d'annonceurs. M6 a piqué 70% de la pub qui est partie du service public, il me semble. De l'information ? Rions.

Les moyens ? Tiens, si on allait filmer des ados se bourrant la gueurle, au besoin en les incitant, quitte à payer/inventer des témoins (quoi, comment, mais jamais, enfin, non...) puis monter tout ça pour en faire un sujet bien prutassier, qui réjouira le besoin hélas irrépressible de certains de contenter leur voyeurisme, pour d'autres de se faire peur/rassurer à bon compte. Oh puis non, encore mieux, y'en a même qui se suspendent à des crochets, viens, vite prends ta caméra, on fonce...

Très important, le montage, ne pas oublier. Repasser, dix, vingt fois les rushes, choisir l'angle, la "bonne" prise, la lumière, découper tout ça, mettre de la musique, puis un commentaire genre "Romain, 16 ans, passe ses nuits à... malgré nos avertissements, il fait... Bien entendu, nous ne pouvons cautionner ceci, etc." avec la voix qu'il faut, surtout, bien moralisatrice (césure, diction, intonation, etc.) et en totale contradiction avec ce qu'ils montrent.
Et puis, préparer une belle bande-annonce, hein, pour appâter le chaland, prendre de son temps de cerveau disponible (oui, ces chaînes ont le même credo).

Corollaire ? En étant suffisamment inconscient pour se prêter à ce genre de "reportage", sans réfléchir aux conséquences (un ado, merdre !), et prêter le flanc, ouvrir une brèche, alors que l'Inculte cherche déjà à museler toute source d'information, bravo, bien joué.

Que tout ça existe ? Qui l'ignore encore ? A-t-on besoin de ces émissions pour le savoir ?
Et si oui, après tout, on en apprendra autant lors d'une émission plateau, avec des spécialistes des cérémonies initiatiques, des psychiatres, des sociologues, et on n'a pas besoin d'images d'ados (des ados, bordrel !) pour étayer les propos. Et même en interrogeant l'ado, tout simplement.

Ah oui, mais là, c'est du Arte, et ça fait 5% de parts de marché ! CQFD.
J'avoue ne pas bien comprendre de quoi cette journaliste est responsable : un journaliste, c'est là pour rapporter des faits, témoigner de réalités avec une certaine distance. quelle que soit cette réalité. même si, en tant que spectateurs, cette réalité nous met mal à l'aise, et même presque, surtout si elle nous met mal à l'aise. un journaliste, c'est là pour tendre un miroir à la société. si la société n'aime pas son reflet, est-ce de la faute du journaliste ? je ne suis pas super friande de ce type d'émissions, mais enfin, ces pratiques existent, c'est pas M6 qui les a inventées quand même ! sous prétexte que c'est borderline et choquant, il faudrait surtout éviter de montrer au lieu de se poser les bonnes questions, à savoir que montrer, comment et pourquoi ?!

pour travailler avec des journalistes (je suis photographe), je peux dire que ce n'est pas une position toujours facile, c'est peut-être aussi pour ça que tout le monde ne l'est pas.
d'après les commentaires que j'ai lus, certains d'entre vous, à la place de la journaliste, auraient tout fait pour dissuader l'adolescent. c'est louable, mais ça ne relève pas du rôle et de la responsabilité d'un journaliste. ça c'est le rôle de l'entourage, des amis, de la famille. il ne faut pas tout confondre.
d'autre part, s'il est avéré que cette pratique est risquée, comparer ça à assister à une noyade ou un suicide est vraiment exagéré. c'est comme dire que le journaliste de Capa qui accompagnait l'Arche de Zoé était responsable de leurs actions. désolée, mais non.

bien sûr, il y a des limites, des cas de conscience, n'allez pas croire qu'on ne se pose jamais de questions sur ce qu'on peut et doit montrer et rapporter, sur la place et la distance qu'on a, ou sur les potentiels effets pervers de notre présence quelque part. par exemple, des photographes de guerre qui côtoyaient des talibans en Afghanistan ou des insurgés en Irak se demandaient dans quelle mesure ces rebelles ne faisaient pas des actions juste pour eux, pour qu'ils puissent ramener des images spectaculaires. la question qui peut se poser est donc "si la caméra/appareil photo n'avait pas été là, l'auraient-ils fait ?". autre question : "dans ces cas là, doit-on quand même filmer/photographier ?"
ce sont des vraies questions auxquelles on n'a pas toujours la réponse et qu'il faut bien trancher au cas par cas. on fait alors ce qu'on pense être le plus juste, le plus objectif... je n'ai jamais été confrontée à cette question, mais je sais qu'elle pourrait surgir...

moi aussi, ça me choque quand je vois certaines photos de presse très violentes, je me dis "si j'avais été à sa place, j'aurais lâché mon appareil et j'aurais essayé d'aider ces personnes." sauf que peut-être pas. parce que mon métier, ce n'est pas secouriste ou médecin, mon job c'est de témoigner. le jour où je ne serais plus à l'aise avec cette position, j'en changerais. je ne dis pas qu'on doit faire n'importe quoi au nom de l'info ou ne jamais rien faire, juste qu'on a besoin de journalistes, de vrais témoins, pas moins qu'on a besoin de médecins, et que reprocher au premier de ne pas être le deuxième serait parfaitement injuste. et puis, personne ne voit les coulisses, ce qui est hors-champ, ce qui se passe avant ou après une image ou une scène filmée.

dans le cas qui nous occupe, il y a eu un vrai choix de ce qu'ils ont montré et le commentaire le dit clairement. De plus, ils ne montrent pas vraiment ça sous un jour encourageant et positif, donc je ne suis pas d'accord sur la supposée inconscience de cette journaliste. ça dépend évidemment aussi de l'intention : si cette vidéo avait été encouragée et faite par le tatoueur/pierceur pour sa pub ou par les potes du gamin pour la mettre sur youtube, on pourrait légitimement se poser des questions.
d'après ce qui est dit là, ça me parait juste une manière de demander des dommages et intérêts à bon compte et de se déresponsabiliser, en faisant de cette journaliste un bouc-émissaire. enfin quoi, faut assumer ses actes un peu !! si l'ado ne voulait pas être filmé, il pouvait le dire, si finalement il ne voulait plus faire la suspension, il pouvait le dire aussi ! faut arrêter de prendre un garçon de 17 ans pour un gosse de 5 ans. il a beau être mineur, il n'a pas non plus 12 ans. est-ce qu'on s'imagine sérieusement qu'il n'aurait pas fait cette suspension s'il avait eu 18 ans pile poil ?
l'avocat demande "pouvait-il résister à la pression d'une caméra de tv ?" la bonne blague. bientôt on ne montrera plus rien sous prétexte que les gens ne peuvent pas résister à cette "pression" même s'ils ont accepté de se faire filmer, en connaissance de cause ? faudra aussi tout aseptiser, flouter tout le monde parce que personne n'assume plus rien ?? c'est ça le miroir qu'on va tendre à la société ? c'est sûr, ça va faire plaisir à tous ceux qui jouent les vierges effarouchées, mais pas sûr que le journalisme y gagne !

évidemment, je ne connais pas tout de cette affaire. peut-être les débats montreront-ils qu'il y a eu incitation active, et dans ce cas et ce cas seulement, oui ça poserait un problème de déontologie. fallait-il aller jusqu'au procès au risque de remettre en cause certains pans du travail même de journaliste ? ça me semble moins certain.
Ce n'est pas parce que l'on est journaliste qu'on est exempt du principe qui fait loi : " Non assistance à personne en danger". Il est évident dans ce reportage que cet adolescent se met en danger, d'ailleurs "il ne tiendra qu'une minute", et personne ne réagit? une minute de torture? aucune seconde de torture dans ce monde qui l'accepte de la Chine en passant par Guatanemo ne peut l'accepter, et encore moins en France, ou en Europe... merci de tempérer vos ardeurs à soutenir une journaliste qui ne s'est pas élevé contre ce genre de pratique...
N'oublions pas, d'abord que nous vivons dans une societe qui a torture son Dieu jusqu'a la mort, et qui a passe les deux derniers millenaires a festoyer du sang et de la chair de cet homme-Dieu dans une orgie cannibale ininterrompue.

Depuis deux milles ans, dans nos societes occidentales, nous nous sommes laisses persuades que la seule voie reelle de salut passe par la souffrance et la douleur, principalement la douleur physique et le genre de pratique montree dans ce reportage est malheureusement le reflet le plus reel de ce que notre societe est aujourd'hui devenue.


Mais, tout d'abord, en ce qui concerne l'affaire de ce reportage : La journaliste, a mon humble avis, a ete totalement irresponsable et ce a deux niveaux :

Le fait de filmer un mineur mettant sa vie sans danger sans intervenir est la premiere : ce point a deja ete expose par plusieurs @sinautes un peu plus haut, et avec beaucoup plus de brio que je ne pourrais le faire : je rejoins les vues de Mona et Yannick G.

Une second degre d'irresponsabilite de la part de cette journaliste est qu'avec cette "erreur", elle cree un precedent en se faisant mettre en examen, et elle est responsable de cette porte qui s'ouvre et qui va permettre dorenavant aux parquets de s'autosaisir pour envoyer des journalistes en correctionnelle, avec des arguments qui seront a chaque fois un peu moins clairs que dans ce cas precis : on sait bien comment cela se passe des que le premier pas est franchi ...

Par contre, ce qui m'etonne un peu c'est que tout le reportage est a propos des pratiques a risque des adolescents : N'ayant pas vu ce reportage, j'imagine que certaines autres pratiques ont elles-aussi ete filmees : pratiques mettant en danger des mineurs : Pourquoi seulement cette sequence fait-elle les frais d'une mise en examen ?

J'espere me tromper, mais il est possible que cette mise en examen soit motivee par la possibilite de recevoir des dommages et interets, et pas forcement pour le bien etre de l'adolescent en question.

Je pense que peut-etre que cette sequence a pu choquer car une grande partie de gens qui ont vu ce reportage n'ont peut-etre jamais vu ce genre de pratiques auparavant, et que cette "nouveaute" a cree un facteur de choc plus grand que d'autres.

Mais quelque chose m'etonne un peu juste en lisant cet article : il est mentionne ue le jeune en question travail dans un salon de tatouage : le tatouage n'est pas non plus sans risque : y aurait-il dans ce reportage des scenes de mineurs se faisant tatouer ? le danger n'est pas moins grand que celui de la suspension.

Et pratiquement tous les salons de tatouages, aujourd'hui, offrent des piercings : Beaucoup de piercings presentent de plus grand dangers qu'une suspension controlee qui ne dure que quelques minutes. et beaucoup de mineurs vont se faire faire des piercings, parfois meme des piercings vraiment extremes : Il se trouve que le mileu dans lequel j'evolue est plutot creatif, et et plusieurs fois des gens travaillant dans des salons de tatouages m'ont mentionne le fait que des gamin(e)s venaient parfaois des l'age de 13 ou 14 ans pour se faire faire des piercings de type Christina, Fourchette, Isabella, Prince Albert, Guiche ... avec l'accord de leurs parents !! ( si vous ne connaissez pas ces termes, je ne vous conseille pas de gougeuler au bureau : ce sont des piercings des parties geniates ) : et il faut a peu pres 6 mois pour une guerison de ces piercings ! * les periodes de guerison pour des piercings des seins et du nombril sont aussi de 4 a 6 mois *

Pour l'histoire les deux ou trois personnes qui m'ont parle de cela m'ont assure avoir toujours refuse, meme si les parents etaient la, mais m'ont dit avoir recus de tres jeunes adolescent venant les voir pour demander d'enlever ce genre de piercings ou poser des questions par rapport a un piercing peut-etre mal fait : certains acceptent donc de faire ce genre de travail.

Je pense que les parents qui autorisent leurs enfants a avoir des tatouages et des piercings sont totalement irresponsables, et alors que je suis pour une liberte totale des pratiques et experiences de toutes sortes, meme celle dangereuses pour l'individu qui les pratique ( je ne suis plus d'accord lorsque cela met en danger une ou plusieurs autres personnes adultes non consententes ou des mineurs consentants ou non ), mais seulement lorsque cette personne est a priori capable d'avoir un minimum de jugement, et a defaut d' autres criteres, la majorite est celui que nous nous devons de respecter.

Et autant je denonce les parents acceptant les piercings et tatouages de leurs enfants, au meme titre, je denonce les pratiques d' excision et de circoncision : les "excuses" culturelles ou religieuses n'ayant pour ma part aucune valeur justifiable. ( je ne vais pas developper ici )

Sur le fond : Comme je l'ai indique en introduction, je suis persuade que nous avons ete conditionnes depuis des generations a ne voir notre salut que dans la douleur et la souffrance ( Ce qui est bien pratique : car cela donne un peu moins de travail a ceux qui nous dirigent, puisque nous nous faisons souffrir nous-meme de maniere bien plus efficace que ne pourrait le faire n'importe quel type de gouvernement ), mais comme dans le meme temps, on nous a egalement anesthesie grace a cette societe de consommation, grace aux medias qui veulent nous faire croire que nous vivons dans un monde merveilleux ( qu'il y a bien des atrocites, mais elles sont toujours ailleurs, chez les voisins et il faut faire attention qu'elle ne viennent pas chez nous ), nous en sommes arrives a ce stade incroyable de la socite ou nous sommes obliges de creer notre propre souffrance, de l'inventer lorsqu'elle n'existe pas, d'ou ces pratiques retournees contre nos corps.

Cette problematique du coprs, de notre acceptation ou non de cette enveloppe corporelle a ete en fait dans nos societes etudiee et exprimee par de nombreux artistes depuis les annees 70 : Marina Abramovic, Carole Schneemann, Rebecca Horn, et surtout le mouvement extreme de l'Actionnisme Viennois avec des artistes comme Hermann Nitsch, ( et ou cette "extremite" a fini dans certains cas par mettre en danger le vie d'autres personnes et sutortout d'enfants : un des membres originaux Otto Muehl, un ancien de la Wehrmacht et fut emprisonne dans les annees 90 pour pedophilie ), ou Franko B et Orlan qui a ete assez mediatisee en France aupres du grand public il y a quelques annees.


Les adolescents, a la recherches de sensations fortes, ne les trouvant plus dans nos societes, tous rituels initatiques de passage a l'age adulte ayant disparus ( > voir le message ci-dessus de Damien (dit le Farfadet) < ), ces experimentations artistiques on ete peu a peu reprises par les plus jeunes generations, mais sans en voir, ni encore moins comprendre la profondeur des concepts ennonces par les plus brilliants d'entre eux, et sans non plus voir les consequences desastreuses possibles donnees par les plus dangereux de ces artistes.
Depuis quelques années que je réfléchis à ça, je me suis laissé dire qu'après tout, les pratiques de scarification et autres formes d'automutilation rituelle nécessitaient quelques distinctions de principe de sorte qu'on ne mélange pas tout.




1) Il existe des "états limites", comportements pathologiques qui peuvent prendre la forme d'auto-mutilation. Par exemple dans le cas des borderlines. Seulement les borderlines ne pratiquent pas cela comme un rituel au sens anthropologique du terme. Ce n'est pas un cérémonial accompagné, c'est purement et simplement un acte solitaire dont les raisons peuvent être diverses.



2) L'automutilation n'est pas nécessairement un appel à l'aide. On distingue en psychologie le suicide de la tentative de suicide suivant un principe de motivation. Le suicide a pour but de faire mourir. Un suicide raté, c'est la survie du suicidant. Une tentative de suicide vise à un échec. Une tentative de suicide ratée, c'est la mort du suicidant. C'est cela que l'on a tendance à appeler, pas toujours à juste titre, d'ailleurs, un appel à l'aide. Or, l'auto-mutilation n'est pas nécessairement une réponse à un mal-être, et quand bien même elle l'est, elle n'est pas nécessairement un appel à l'aide, qu'on se le dise. L'auto-mutilation n'est pas une pratique de mise en danger de la vie, c'est habituellement (mais donc soyez prudent, ce n'est pas nécessairement pour autant) l'expression d'une souffrance intérieure.



3) Les pratiques de scarification et autres formes d'auto-mutilation peuvent avoir d'autres origines, ce n'est pas nécessairement un comportement morbide. Pour prendre un exemple relativement célèbre : les auto-mutilations traditionnelles japonaises relatives au Hagakure. Un yakuza qui se coupe un doigt, un samurai qui s'ouvre le ventre, il s'agit là de preuves d'honneur qui prenaient sens dans leur culture (mais attention, je ne dis pas pour autant qu'il faut se mutiler, je dis que cela peut prendre sens).

C'est d'ailleurs un sujet d'autant plus délicat que dans de nombreuses cultures étudiées par les anthropologues, on a observé ce genre de rituels, menés en solitaire ou à plusieurs, ayant chaque fois un sens pour le groupe. Et ce tout spécialement dans les rites de passage de l'adolescent (un rite de passage est un rite qui symbolise le changement de statut d'un individu au sein d'un groupe). On peut y voir diverses formes de symboliques, donc il faut rester prudent quant à la signification de telles pratiques. Tout du moins, il faut savoir garder à l'esprit le fait que l'automutilation peut revêtir un autre sens que celui de l'ado désespéré qui exprime sa souffrance. Et ce qui est important, dans un sens traditionnel, c'est qu'il fait nécessairement référence à un groupe culturel. La notion de "culturel" ne doit pas être prise à la légère : la culture est un tout et on ne peut en transformer une partie sans en transformer l'intégralité. Ces pratiques prennent donc un sens pour l'entourage de celui qui va vouloir faire l'expérience d'une auto-mutilation.



4) La scarification, le tatouage, le piercing, ce genre de pratiques sont aussi devenus des modes et des pratiques commerciales. On peut aussi faire ce genre de choses sans que cela ait véritablement un sens. Cela se pratique comme une mode. Il fut un temps où je portais des jeans et plus maintenant. On peut donc arborer fièrement un piercing à la langue simplement pour se donner un genre et tenter de paraître comme ayant un type de personnalité précis, etc. pour reprendre un concept d'Erving Goffman, disons que ce faisant je joue sur mon apparence et donc sur ma face, sur le rôle que l'on a tendance à m'attribuer socialement.



5) Quelque part, dans la pratique rituelle, il peut aussi y avoir une recherche de soi. Le fait qu'un groupe culturel le pratique ne signifie pas nécessairement qu'il s'agit là d'une recherche de soi, c'est plutôt une manière de fixer une identité, une revendication sur le corps. Chez les yakuzas, le tatouage sur le corps est un signe de reconnaissance, de même que dans la mafia russe. Cela existe aussi dans les gangs aux Etats-Unis et ce sont certes des exemples de groupes marginaux mais je suis sûr que l'on peut trouver d'autres exemples. Il me semble donc qu'une autre distinction mérite d'être posée : la différence entre l'affirmation d'une identité et la recherche de cette identité.

L'affirmation de l'identité, théoriquement, semble s'opposer à une recherche. Si vous affirmez, alors vous ne cherchez plus. Si l'on peut, dans une recherche, refuser certaines choses, on n'en affirme pas d'autres à la place pour autant. D'où la symbolique de la marque du corps : c'est pour la vie, c'est ainsi, moi qui suis mon corps, je marque ce corps de mon esprit, je le rends clairement reconnaissable et unique (même si en rapport avec des valeurs communes). De ce fait j'affirme certaines valeurs, certaines croyances, certaines certitudes sur l'existence, le monde, et surtout sur moi-même. Je me rends reconnaissable "à l'identique" (c'est donc une identification) à certaines valeurs, à un certain sens de l'existence tel qu'il est partagé par d'autres personnes que moi-même.

Il me semble qu'au contraire, la recherche d'une identité ne se rattache pas nécessairement à un groupe, dans le sens où la revendication se rattache à un groupe décidé. Dans le cas d'une recherche de soi, je crois qu'il y a avant tout une dimension de mise à l'épreuve, qui consiste plus à se mesurer au rituel en soi plutôt qu'aux valeurs que comporte ce rituel. Ce qui ne signifie pas pour autant qu'on recherche la douleur, ou l'expression d'une douleur, ou la fuite d'une douleur, comme on le soupçonne le plus souvent dans les circonstances d'une pathologie. Quelque part, la recherche signifie qu'on ne se trouve pas, ne se reconnaît pas, n'accepte pas les valeurs propres aux groupes qui nous sont familiers. Cette recherche ne naît que parce que l'individu n'est pas encadré par des valeurs qu'il comprend et admet.

Il s'agit ici beaucoup plus d'une curiosité, pas nécessairement malsaine par ailleurs, et qui ne recherche pas véritablement la culture en soi-même, mais sans doute plus l'innée, l'irréductible propre au corps dans sa dimension la plus essentielle : la sensation. Comment vais-je réagir à cela? On peut considérer qu'un tel comportement revient à se mesurer empiriquement simplement parce qu'on ne parvient pas à le faire spirituellement. Ce type de comportement est habituellement nommé "ordalie" (mais le sens est différent de celui de la chanson de Roland ^^). Encore qu'ici aussi il faut nuancer car après tout dans l'ordalie il y a quelque chose qui relève du défi, ce qui est en soi plus qu'une simple curiosité. Et je soupçonne que dans certains cas (peut-être moindres que pour une suspension) la curiosité incite sans le défi lui-même.




A la lumière de ces éléments, on peut tenter de comprendre la décision du tribunal comme le problème suivant : s'il s'agit d'une ordalie, doit-on considérer que la présence d'une caméra de télévision l'ait provoquée? Qu'en quelque sorte, ce qui aurait pu être une recherche intérieure deviendrait en fait un simple exercice très "m'as-tu-vu" menant à un comportement dangereux pas nécessairement autant pesé pour sa dangerosité que cela n'aurait été fait sans la présence de la caméra en tant que témoin extérieur au cercle même de ladite pratique. L'effet pervers que cela pourrait avoir ne tient pas tant dans la présence de quelqu'un d'autre, mais surtout dans la présence :



- D'un regard étranger, qui est susceptible de juger avec plus de sévérité et/ou d'admiration que quelqu'un qui connaît bien ces rituels et qui sera forcément plus "blasé". En quelque sorte, un regard qui viendrait asseoir un statut de marginalité, et donc d'identité (comme je l'évoquais brièvement un peu plus haut)

- D'une caméra, en tant qu'outil d'enregistrement, symbole de postérité

- D'une caméra, en tant que symbole de reconnaissance aussi, d'importance sur le plan social

- D'un(e) journaliste qui pourrait éventuellement inciter à l'évènement par des paroles d'encouragement, simplement pour sauver le sujet lui-même, c'est-à-dire l'opportunité de filmer un rituel privé, dans un cercle assez fermé.

(mais attention, ces éléments sont finalement hétérogènes : le premier relève de l'affirmation d'appartenance à un groupe, le deuxième est un symbole sans doute plus inconscient qui ajoute au caractère "solennel" de "l'évènement", le troisième tient purement et simplement des valeurs de la société de consommation, le dernier par contre relève véritablement d'une attitude fondamentalement consciente d'un des protagonistes)



Aussi légalement il est possible de s'interroger sur la responsabilité d'une telle position de témoin. Supposons qu'il y ait eu un accident, qui aurait été jugé responsable?




Bien entendu, tout cela relève malgré tout de suppositions. On peut avoir des avis différents sur ce que voulait effectivement ce jeune homme. Et au fond, je sens que ça va être tout le problème, je ne suis pas sûr que l'on mesure bien à quel point cela va poser la question des motivations d'un tel rituel, ce qui en soi est très subjectif... Et au final, je soupçonne que cela ait plus pour effet de stigmatiser l'image de tels rituels.

Peut-être qu'au fond, l'erreur fondamentale serait d'essayer de rendre public des rituels privés comme relevant d'une certaine dangerosité. A partir de ce moment précis, on ne sait plus très bien si l'enjeu relève de l'information, du traitement d'un problème de société, ou du sensationnalisme soft® (oui c'est un concept à moi que j'ai décrit dans je ne sais plus quel post sur un autre sujet), c'est-à-dire un sensationnalisme qui pèse ses mots et n'insiste pas tant sur les armes stylistiques tout en vendant du cul, du sang et du glauque. Cela dit, ce que j'écris là pose un vrai problème, et on pourrait y voir une sorte de dualisme manichéen avec des sujets nobles et des sujets inconvenants. Ce n'est pas exactement l'idée, mais peut-être au fond faudrait-il afficher des intentions un peu plus claires pour éviter ce genre de problèmes (enfin je dis ça mais je n'ai pas vu le reportage, donc ce ne sont que de simples suppositions et il serait prudent de les prendre comme telles).
Ce sont les parents qui auraient du être mis en examen pour non assistance à personne en danger. Trop facile pour le père de jouer la jeunr vierge effarouchée alors qu'il est coresponsable de l'échec de l'éducation de son fils.
Si la télé avait existé à l'époque de Ravaillac, on aurait retransmis en direct son écartellement
La question n'est pas de savoir si oui ou on les pratiques montrées dans le reportage télé sont choquantes / racoleuses, dignes du Droit de Savoir ou de C'est mon choix, mais de savoir ce que risque un journaliste filmant des scènes où un être humain met sa vie en danger.

En d'autres termes, engage-t-on sa responsabilité lorsqu'on filme des images montrant une auto mutilation ?
Si oui, quid des reportages montrant des adolescents s'adonnant au binge drinking, dont on nous a tant parlé ces temps derniers (cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/Binge_drinking) ?
Quid encore des caméras filmant des émeutes ? A quand le journaliste en prison pour avoir "encouragé" l'incendie de voitures ?

Le journaliste, responsable de la réalité, en particulier lorsqu'elle est laide, vile, répugnante.
Et voilà comment en un tour de main on contribue à faire de notre monde un univers aseptisé où on ne peut plus rien dire, montrer, critiquer. Quant à débattre, vous plaisantez...
Il y a toujours des gens qui suivent les scandales en meuglant comme des moutons. Ça a été le cas pour le Tibet, ça a été le cas pour l'affaire de la vierge mariée... et c'est toujours le cas ici.

Un reportage n'en montre pas toujours les coulisses: on ne sait pas s'il y a eu incitation ou pas. Les jeunes ne sont pas que des victimes manipulables à souhait. S'il a décidé d'exercer ses penchants masochiste; il en est le premier responsable. On peut également critiquer le milieu qui l'a encouragé ou lui a permit de s'enfoncer des crochets dans la peau façon Dimmu Borgir.
Cependant, la question de responsabilité de la journaliste ne peut être abordé sans connaître l'en-dehors du reportage. C'est le tribunal qui s'en chargera.

Maintenant, on peut discuter du fait de filmer ça ou pas. Pour ma part, ce n'est pas de la justice qu'il en ressort mais de la moralité.
Et, en l'occurence, il n'encourage pas ses pratiques dans le reportage. Ils montrent leur adepte comme des gens mal à l'aise qui cherche à se mettre en valeur par le biais de la souffrance. Le tatoueur a l'air d'un boucher, il est présenté comme "un gourou" qui attire des jeunes proies entre ses serres ("moyenne d'âge: 18 ans"). Le champ lexical nous dépeint une secte: une confrérie où il faut "gagner sa place", se "soumettre" au groupe. La mère est faible et naïve, elle devrait frémir, elle devrait s'inquiéter... mais non, elle cautionne. La voix-off dénonce son comportement: "toujours pas de quoi faire frémir la maman".
Ce reportage n'encourage pas ces pratiques. Je ne vois pas au nom de quel sacro-saint principe on l'interdirait.

Alors oui, c'est facile de s'offusquer façon "alice au pays des merveilles" et d'aller pleurnicher en disant que la recherche de lucrativité fait de ce reportage quelque chose d'indécent. C'est quoi l'indécence ? L'indécence c'est d'encourager, pas de montrer. L'encouragement n'est pas inhérent aux médias. Qu'on arrête un peu de recracher ce genre de pseudo-préjugé saucé à l'angélisme !
Dans notre monde, on se scandalise même plus; on se contente d'être esclave de la bien-pensance. Et, selon le hochet qu'on agite, les gens râleront, s'offusqueront ou pleurnicherons.

Ce n'est pas au dos qu'ils sont crochetés mais dans leur esprit. Ça fait bien plus mal de voir ça que de voir le reportage...
Il y a toujours difficulté et ambiguité à faire de la critique sur des sujets aussi raccoleurs, car, bien que ça n'en soit pas le but, c'est l'occasion pour le lecteur de découvrir des faits divers qu'il avait la chance d'ignorer.

Mais à moins de vouloir vivre dans sa tour d'ivoire, on ne peut éternellement se boucher les yeux sur ce qui nous entoure ... et fait les délices d'un certain nombre.

Alors, décryptage ou décryptage prétexte?
Tout est dans l'intention.
Pour ma part, je fais confiance -non aveugle- à ASI.

Le vrai sujet était "Filmer un jeune qui se mutile, est-ce se rendre complice de violences ?
Et si on parlait de ça?
Le tribunal va devoir tenter d'établir en quoi la journaliste a pu contribuer au passage à l'acte.

-Le sujet "mutilation" mérite d'être traité en tant que phénomène de société. La censure à priori serait scandaleuse!
-Mais un léger "coup de pouce" de sa part suffira à faire tomber le journaliste dans l'accusation de participation à des actes de torture, et ce n'est plus alors du ressort de la correctionnelle... mais des assises.

C'est vrai que la limite est ténue...
Petite précision : il ne peut s'agir d'une automutilation car on ne peut se suspendre tout seul et il ne s'agit pas d'une altération définitive de la peau (ou alors on considère que les piercings sont des mutilations...).
C'est quand même marrant que des gens se prétendent journalistes en voulant faire de l'audimat sur la misère humaine... allez hop direction Guantanamo la journaleuse tu auras l'occasion de faire un reportage sur ton propre cas

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Je pense que Daniel Schneiderman finira par remplacer Morandini sur TF1 en présentant une émission bien racoleuse et "gore" à souhait... Nous sommes loin de l'@si que nous aimions sur la 5 !

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Cette histoire de suspension est une ressucée d'une scène assez impressionnante mais parfaitement identique dans son déroulement du film "the cell" (voir http://www.imdb.com/title/tt0209958/ ) avec Jennifer Lopez (du temps ou elle faisait des choses intéressantes!).

Le "méchant" du film kidnappe des femmes, les noie, blanchit leur cadavre, effectue enfin la dite suspension au-dessus du corps et après tout ce bazar, réussit finalement à atteindre l'orgasme (c'est tout de meme assez laborieux!).

Le film est quand meme 'achtement plus flippant que le petit documentaire de M6, je trouve ...
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Laurent
Euh, si je ne m'abuse, il me semble que c'est une pratique millénaire des fakirs bengali d'un côté et des indiens d'Amérique de la tribu Mandan de l'autre, ces derniers lors de leur cérémonie d'initiation nommée Okipa.
C'est aussi une pratique courante dans le noyau dur du SM.
Oui, je crois bien, cette pratique me rappelle des lectures sur ce que certains amérindiens (les Indiens des plaines si je me souviens bien) pratiquaient sous le nom de "danse du soleil". Sauf que pour ce rituel, on plantait des crochets dans la poitrine et pas dans le dos, mais c'était le même principe.
Personnellement ça me rend malade rien que d'y penser, je n'ai pas eu le courage de regarder la vidéo de ce jeune homme.

Mais je soutiens @si, il s'agit bien d'un débat sur la déontologie journalistique donc je ne vois pas ce qu'on a à leur reprocher là-dessus.
Il faut vraiment qu'un tel sujet nous intéresse?? C'est du decryptage médiatique ça??? ou bien la petite vie du monde journalistique parisien?? Sujet nul!! même pas lu le texte qui va avec! on est gaté en ce moment ici! Si vous voulez fermé le site Ds, comme à votre habitude, partez avec la caisse, n'attendez pas qu'il n'y ait plus d'abonnés!
ah ! Ces journalistes toujours à la recherche du sensationnel, et @si ne fait pas exception à la règle, puisqu'on peut visionner ces atrocités.
le nom de famille de benjamin c'est "Temps". il a voulu simplement suspendre son vol.......
Autant j'adore voir des films d'horreur, voire même gore, autant je suis une petite nature dès lors que les vidéos sont sans trucages... et je n'ai donc pas osé appuyer sur play pour admirer l'audacieuse suspension de ce jeune homme. Je préfère le suspense des fictions à la suspension des fils.

Merci néanmoins de m'avoir appris que le dos d'un être humain offrait des points de suspension... quoique maintenant que j'y réfléchis, j'ai vu quelques films où des humains se retrouvaient suspendus à des crocs de boucher (Massacre à la tronçonneuse et le nanardissime Cyborg)

Ce message vous était offert par le CDJDMFESDF@ [Comité de Défense du Jeu De Mot Foireux et de la Sodomisation de Diptères dans les Forums d'@si].
en attendant le prochain titre " les journalistes de France 3 poursuivis pour n'avoir pas prévenu M Borloo du danger des déchets nucléaires"

enfin les journalistes comprendront peut-être quel est leur rôle dans le régime actuel.
Message 1/5max du 25/02/09.

J'espère qu'ils ne vont pas suspendre également le jugement.

yG

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