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Uberisation : comment éviter qu'elle tue la protection sociale

Si la montée en puissance des plateformes collaboratives et lucratives bouleverse des pans entiers de professions traditionnelles – hôtellerie, taxis, librairies… – tout en privant les Etats de recettes sonnantes et trébuchantes, un autre aspect de cette uberisation de l’économie ne manque pas d’inquiéter : la menace sur notre protection sociale. Une menace qui n’a rien de fatidique pour peu que les pouvoirs publics commencent à s’y intéresser. Dernier volet de notre série d'articles sur l'uberisation.

Derniers commentaires

Ca me rappelle l'examen d'anglais de 2eme annee (ou 1ere me rappelle plus) en fac de droit (il y'a un peu plus de 10 ans), le truc de certification de langue machin truc europeen...

La partie ecrite, comprehension oral etc... portait sur une emission sur le teletravail qui vantait grace aux nouvelles technologies les avantages des nouvelles formes de travail et la fantastique revolution que ca allait entrainer pour le travailleur lui-meme et le secteur du service. (le machin se concentrait sur le fait que le travailleur pourrait s'organiser comme il l'entendait >meilleure productivité, meilleure reconnaissance de ses competences, etc.... genre gagnant-gagnant pour tous...)

La derniere partie de l'examen oral de quelques minutes, consistait en un jeu de role devant examinateur, l'un devait jouer le role du patron qui se posait des questions face a ce changement de culture d'entreprise, l'autre, employé devait vanter les merites de ce changement.
Madame Anne-Sophie, un grand merci pour cet article.
Même si il nous est proposé en plein mois d'août, peu propice à l'agitation des neurones sinistrophiles.

En ces temps de frénésie sur la protection des droits de propriété intellectuelle, je crois que quelques forumeurs devraient prendre des copyrights. En particulier ceux qui annoncent la fin d'un monde et l'émergence d'un autre. Ils se reconnaîtront.

Il leur faut faire vite, parce que je crois qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil.

Rien de vraiment nouveau : Uber ne fait que proposer le même service autrement. D'après Schumpeter, à lire et relire sans cesse, il s'agirait d'une innovation de procédé (je résume).
Nous sommes donc, une fois de plus devant ce qu’il a désigné par le terme de destruction créatrice.

Ce qui serait détruit ce serait une forme obsolète d’activité. Ce qui serait créé, ce serait une nouvelle façon de satisfaire le même besoin.

Mais tout le reste est inchangé. Point de révolution ni de monde nouveau.

Pas sûr qu’il y ait véritable création, mais il a destruction.

Cette destruction est pointée avec pertinence par la chronique de madame Anne-Sophie, grâces lui soient rendues. Cette destruction, c’est celle des droits sociaux, légitimes ou non, justifiés ou pas de ceux qui gagnent leur vie dans les secteurs traditionnels, en l’occurrence les chauffeurs de taxi.

Notre super génie de Macron national s’en est bien aperçu puisqu’il veut déréglementer les professions réglementées. Je reste persuadé qu’il aurait dû, pour son bien et pour le nôtre, rester à lécher les bottes des mânes de Ricoeur plutôt que de se mêler de tout ça.

Je n’ai pas de tendresse, pas du tout, pour les chauffeurs de taxi. Les quelques ceux que j’ai fréquenté à Grenoble ou à Paris sont des petits égoïstes limite facho .Mais ils vivent de leur métier.

C’est quoi, un chauffeur de taxi…
Il y ceux qui ont acquis, fort cher,une licence qui leur donne le droit de chauffer un taxi. La licence, on appelle ça une barrière à l’entrée. Pourquoi une barrière à l’entrée, ce n’est pas dit dans la chanson. Ou il faut remonter à l’époque des cochers de fiacres.
Il y a ceux qui sont « salariés » d’une compagnie de taxis (style G7) ou d’un patron qui a une licence pour plusieurs véhicules.
Ceux-là sont face à Uber comme les salariés des charbonnages, puis ceux le la sidérurgie, puis ceux des industries mécaniques l’ont été dans les années 60, puis 70, puis 80. Ceux-là se retrouvent tous nus et sans recours. Les voilà sommés de crever la faim au nom du progrès.

Ce que la chronique relève avec beaucoup de pertinence, (faut-il s’en étonner ?), c’est que ces innovations de procédé constituent un instrument très efficace pour la casse des droits sociaux. Uber n’est jamais qu’un capitaliste comme les autres, les rapports de forces ne sont pas bouleversés par son entreprise.
Nous pourrions être devant une scène d’un acte d’une pièce à rebondissements qu’un obscur auteur de théâtre de boulevard du XIXème siècle a appelé la lutte des classes.

Bon, c’est pas tout j’ai mes patates à m’occuper.
C'est vers l'économie de la contribution qu'on se dirige. https://www.youtube.com/watch?v=V2ImorPAxqA

Le capitalisme consummériste vit ses derniers instants. Il faut mettre en place un revenu minimum garantit, un partage du travail controlé, une politique éducative en relation avec le numérique, un nouveau droit du travail, un système politique déprofessionnalisé, un monde de la recherche où professionnels et amateurs sont associés.
Voici la Piven Stategy, utilisé par la droite americaine d'abord, puis les autres , pour detruire la protection social (la strategie etait au depart pour amener plus de protection , mais la lecture de la droite americaine , y a vu autre chose) :


Bush a monter les depenses publique, et baisser les taxes , tout en faisant la guerre: resultat un dette enorme, et pas assez de revenue fiscaux , du coup on peu dire que il faut couper les depenses socials ; de cette maniere on justifie le demontage des protections , par un manque de viabilité .

Autre exemple en France : Si la part des taxes sur l'essence , les cigarettes, l'alcool etc qui doivent etre normalement verser a la Secu etaient vraiment payé a la secu, il n'y aurait lus de trou de la secu


https://en.wikipedia.org/wiki/Cloward%E2%80%93Piven_strategy
Qu'il faille créer des solutions nouvelles, tout le monde en est d'accord. Mais le rapport Collin et Colin de 2013 qui proposait de taxer l'utilisation des données personnelles montre qu'il y a du chemin a faire. Alors que les grands acteurs du net echappent massivement a l'impôt, il est vain de croire qu'ils vont accepter de se voir taxer sur une autre base fiscale. On mesure l'énorme chantier a mettre en place face aux résistances des corporations et a l'impuissance d'une classe politique dépassée par les enjeux du numerique.
Petit extrait de "Socialisme et liberté", 1898, J. Jaurès :

"Si l’homme, tel que le socialisme le veut, ne relève pas d’un individu supra-humain, il ne relève pas davantage des autres individus humains. Aucun homme n’est l’instrument de Dieu, aucun homme n’est l’instrument d’un autre homme. Il n’y a pas de maître au-dessus de l’humanité ; il n’y a pas de maître dans l’humanité. Ni roi, ni capitaliste. Les hommes ne veulent plus travailler et souffrir pour une dynastie. Ils ne veulent plus travailler et souffrir pour une classe. Mais pour qu’aucun individu ne soit à la merci d’une force extérieure, pour que chaque homme soit autonome pleinement, il faut assurer à tous, les moyens de liberté et d’action. Il faut donner à tous le plus de science possible et le plus de pensée, afin qu’affranchis des superstitions héréditaires et des passivités traditionnelles, ils marchent fièrement sous le soleil. Il faut donner à tous une égale part de droit politique, de puissance politique, afin que dans la Cité aucun homme ne soit l’ombre d’un autre homme, afin que la volonté de chacun concoure à la direction de l’ensemble et que, dans les mouvements les plus vastes des sociétés, l’individu humain retrouve sa liberté. Enfin, il faut assurer à tous un droit de propriété sur les moyens de travail, afin qu’aucun homme ne dépende pour sa vie même d’un autre homme, afin que nul ne soit obligé d’aliéner, aux mains de ceux qui détiennent les forces productives, ou une parcelle de son effort ou une parcelle de sa liberté.

L’éducation universelle, le suffrage universel, la propriété universelle, voilà, si je puis dire, le vrai postulat de l’individu humain. Le socialisme est l’individualisme logique et complet."
À une époque où le travail diminue dans les faits même si on nous y contraint pour des raisons qui ont tout à voir avec la conservation d'un système qui ne vit que de production et de consommation de n'importe quoi, l'important c'est que ça tourne et enrichisse quelques uns, je trouve assez étrange cette manière d'aborder le problème. Car le problème, dans un monde où le mythe de la croissance commence à carrément exhiber sa nature de mythe et de danger pour la planète entière, c'est de repenser tout le système et non de tenter de recoudre des petits bouts par-ci par-là. C'est probablement d'envisager l'organisation d'un monde où le travail sous sa forme actuelle de contrainte, d'ennui, d'engloutissement du temps de cerveau disponible sera totalement revu et où la redistribution des richesses aura lieu à un niveau global. Utopie, certes non. Il suffit d'aller dans une librairie pour voir toutes les "autorités" qui se penchent sur le sujet. On peut même, parfois, les voir participer à quelque débat médiatique. En outre, il y a quarante ans, à Sciences Pô, on nous enseignait déjà qu'il fallait organiser un monde d'où le travail aurait pratiquement disparu. Et quarante ans après, on augmente sans vergogne le temps de travail alors que, ô surprise! ô incroyable!, le chômage augmente et continuera d'augmenter tant son utilité pour le règne des grandes entreprises et la manipulation de la main d'oeuvre potentielle est incontestable. Donc, je le répète, j'ai du mal à m'intéresser à ces solutions "révolutionnaires" qui partent du status quo pour tenter de recoudre ci et là. En outre, blablabla car et autres ne participent pas obligatoirement de l'uberisation, plus probablement de la pauvreté croissante et de transports publics insuffisants et chers. Alors, cherchons les solutions dans une transformation du système qui évite d'avoir à recourir à une forme de solidarité payante et facilement récupérable par les exploiteurs de tout poil. Un beau système de service publics avec démocratisation réelle au plan local, par exemple dans un monde où la croissance équivale avec l'épanouissement et non avec l'obésité physico-mentale.
Qu'une entreprise classique décide de se mettre hors la loi en contournant ses obligations fiscales et sociales, on la punit.

Qu'une entreprise "uberisée" le fasse, on nous explique que c'est "nouveau", que ça implique de repenser le système, que le statut salarial ça fait "tellement XiXème", etc. Et pendant ce temps, le patron se gave, à l'ancienne.

Bien content de lire que c'est le retour du travail payé à la tâche, mais consterné que certains semblent prêts à s'en accommoder, moyennement quelques aménagements cosmétiques, et se fassent les valets du bon vieux capitalisme, au pris de la mise à bas de 150 de luttes.

Marx disait que la force du capitalisme est de se réinventer sans cesse, il faudrait que ca rentre une bonne fois pour toutes dans le crâne de ceux qui découvrent des "mutations" partout, en permanence, et se disent, oh, ben après tout, y a du bon...
ll me semble que ce problème a émergé déjà avec l'introduction du statut d'autoentrepreneur, le problème ne vient pas que de ces plateformes, mais d'employeurs qui ne veulent plus payer de cotisations sociales! l faudrait avant tout plus de contrôle pour détecter les 'faux indépendants', qui ont une relation de subordination avec leur employeur mas ne bénéficient pas de la protection sociale d'un salarié.
Moi qui suis, en alternance, étudiante ou précaire, je suis revenue de Blablacar : j'avais commencé à utiliser ce service par manque d'argent, les tarifs de la SNCF devenant vraiment trop prohibitifs (surtout avec ce système de périodes blanches, plus chères évidemment aux moments où ce serait le plus pratique de partir). Mais au bout d'une dizaine d'essais, j'ai totalement arrêté : amabilité des conducteurs toujours constante, mais sur tous mes voyages en tant que passagère j'en ai passé au moins la moitié agrippée à mon siège : les conducteurs (toujours des hommes en l'occurrence) conduisaient comme des malades, soit fatigués parce qu'ils me prenaient après déjà 600km d'effectués soit à une vitesse excessivement excessive, soit les deux. Une fois nous nous sommes faits arrêter par les filcs, flashés à 160 sur l'autoroute, une autre roulait en permanence à 150, sur autoroute aussi, ce qui nous a valu d'éviter de justesse un accident qui aurait pu nous être mortel à cause d'un ralentissement.
A ma grande honte je n'ai pas laissé de commentaire incendiaire sur la conduite de ces personnes car je n'ai pas osé et que les autres passagers avaient l'air de trouver ça normal. Je me dis que tout le monde doit en faire autant et que donc les appréciations laissées sous les profils ne sont pas du tout fiables.

Bref, le covoiturage maintenant c'est seulement avec des gens que je connais : je préfère finalement payer moitié plus cher et ne pas risquer ma vie parce que des pilotes à la manque trouvent ça trop ringard de respecter les limitations de vitesse.

Quant à AirBnB, très peu pour moi : je préfère le Couchsurfing, moins mercantile !
Les outils existent. Anne-Sophie je vous invite à connecter "Uberisation" et "Salaire à vie". Retournez voir vos supers articles sur le réseau salariat et Bernard Friot.
Ils m'ont ouvert les yeux sur la nécessité de généraliser le système de cotisation sociale à l'ensemble des activités économiques.
Cette vidéo résume efficacement le concept :http://www.reseau-salariat.info/6a2aa40dce09799c0cadcbffcef31985?lang=fr

Le statut politique de producteur est une réponse radicale au modèle uber, qui satisferait à la fois le désir d'émancipation du travailleur en rompant les liens de subordinations au capital et une nécessaire protection sociale. Et il n'y a rien à faire, tout existe déjà, il suffit de dégeler les taux de cotisations et de créer une nouvelle caisse de redistribution.

J'en parle en tant qu'indépendant passé par le salariat, l'auto entrepreneuriat, et maintenant gérant d'une société (je vous avez fait suivre ça il y a quelques temps : http://blogs.mediapart.fr/blog/arrad/171014/reponse-m-macron-dun-ex-salarie-ex-chomeur-aujourdhui-son-compte).

Et je ne vois aucune autre alternative que la mise en place d'un pot commun permettant de garantir des revenus stables quelque soit le niveau d'activité. Pot commun piloté par les conventions collectives et des instances locales démocratiquement élues. ça aussi ça existe !

Contrairement aux dires des libertariens, un tel système serait le plus grand pourvoyeur de créativité : je le vois au quotidien, ce qui empêche les entrepreneurs d'innover c'est le manque de temps. Parce qu'on passe toute notre énergie à trouver des contrats et une bonne partie du temps de travail sur des projets purement alimentaires sans intérêt.

Bref, la situation peut sembler obscure, mais je trouve qu'avec la grille de lecture du réseau salariat, elle devient claire ! Libérons nous de la subordination de l'emploi par le salariat généralisé !
Un changement de paradigme de l'ampleur que l'on vit ne peut absolument pas se penser comme cela :

point par point, phenomene apres phenomene, adecdote apres anecdote, rustine apres rustine .

Il faut repenser tout , tout le systeme economique, toute la structure etc .


Et a ce moment la tout devient super simple , et on voit les gros problemes et absurdité, qui ne datent pas d'hier, mais qui sont simplement mis en evidence par la nouvelle economie .

Et tout cela arrivera par le force des choses, un monde est en train de mourir, un autre en train de naitre, et on est dans ce drole de moment de transition, ou les deux s'affrontent, l'un a la force des institutions, l'autre affaiblit tellement les institutions qu'ils les rend ridicule

On peu ajouté sur le systeme actuel :

Les failles que les puissants ont amenagé dans le systeme profite de un aux mafia qui n'ont jamais ete aussi puissante, et aux corporations (on commence a plus trop faire la difference avec les mafia) mais beaucoup plus ennuyeux pour les puissant : aussi maintenant a pratiquement tout le monde .
La democratisation de l'evasion fiscal, rend les choses compliqué pour les riches.

Il est a parié qu'ils vont essayer de pousser un systeme qui rendra les choses plus compliqué et plsu chere mais pas impossible , de cette maniere les quidam crachent au bassinet, et les puissants ne payent plus rien .

Je pense que tout le monde a vu l'arnaque, et qu'il va devenir de plus en plus difficile de manipuler les apparences

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