24
Commentaires

Treize ans après un accident du travail, l'ex-maire d'Amiens condamné

Hector est mort. Treize ans après, Gilles est condamné. Ce matin, une poignée de médias nationaux annonçaient la condamnation de Gilles de Robien, ancien ministre de Chirac et ex-maire d’Amiens, pour homicide involontaire. Au cœur de l’affaire : la mort d’Hector Loubota, âgé de 19 ans et d’origine congolaise, qui travaillait en contrat d’insertion sur un chantier qui n’avait pas été sécurisé. Jamais entendu parler ? Normal. L’histoire n’a intéressé aucun média hormis le magazine alternatif picard Fakir qui n’a jamais cessé de se battre contre l'enlisement de l'affaire. Un combat dont il ne transparait rien dans les articles parus ce matin.

Derniers commentaires

COMBIEN D'ARTICLES DANS LE COURRIER PICARD?
[quote=Patrick Heckel]ça manque de glamour les pauvres !
Je comprends bien que c'est de l'ironie, mais du coup ça contourne la question principale: parler des pauvres, de leurs vies, de leurs morts, ce serait faire voler en éclat le mythe du bonheur pour tous, la fameuse redistribution en pyramide des coupes de champagne, où il faut très largement arroser le haut pour que le bas soit lui aussi très largement pourvu. Quiconque l'a essayée pour de vrai sait que, dans une telle configuration, si les coupes du haut sont toujours remplies et même débordent, celles du bas peinent à attraper quelques gouttes voire rien du tout, tandis que le reste coule à flot.... par terre. Belle allégorie d'une société ou pillage et gaspillage sont de rigueur.
Merci Anne Sophie pour cet article bien documenté. Merci aussi pour la finesse et la sensibilité qui s'en dégage.
Merci madame Jacques de relayer cette info, combat de Fakir depuis longtemps !
Mais qui parle aujourd’hui des ouvriers, lâchement abandonnés par la gauche actuelle ?
Fakir bien sûr avec notamment sa chronique sur l’histoire des luttes sociales et Mermet sur France-inter aujourd’hui disparu mais qui renait, comme vous, sur le net.
D’ailleurs les conditions de travail des travailleurs n’intéressent pas beaucoup de monde ça manque de glamour les pauvres ! et pourtant elles sont toujours au cœur des souffrances (physiques et mentales) dans l’entreprise et on leur en demande toujours plus : actuellement c’est travailler plus pour gagner moins (voir « Violences en cuisine: la sale affaire Robuchon » http://www.huffingtonpost.fr/franck-pinayrabaroust/violences-en-cuisine-la-sale-affaire-robuchon_b_6644412.html , les affaires Lerclerc « Sept ans après : le procès du Leclerc de Montbéliard » http://franche-comte.france3.fr/2013/11/14/sept-ans-apres-le-proces-du-leclerc-de-montbeliard-357233.html, la récente affaire Tefal : http://www.humanite.fr/social-eco/dans-lhumanite-ce-mercredi-tefal-mis-hors-jeu-l-in-555118, Carrefour : « Le personnel n’en peut plus » : http://www.liberation.fr/economie/2015/03/13/carrefour-le-personnel-n-en-peut-plus_1219914)
« Aujourd’hui, on assiste à une déconstruction [du code du travail]. Ce n’est pas une démolition, c’est un effritement » : Pierre Joxe http://www.mediapart.fr/journal/france/191214/pierre-joxe-je-suis-eberlue-par-cette-politique-qui-va-contre-notre-histoire) ;
Ah ! s’il pouvait disparaitre ce code, monsieur Bayrou serait aux anges, alors que ce code est fait du sang de la sueur et des luttes des travailleurs depuis 150 ans. Mais on peut régler immédiatement le problème en appliquant le code noir de 1784 ; peu d’adaptation à faire : remplacer maitre par employeur et nègres et esclaves par salariés et le tour est joué ! Et il n’a que peu de pages. Alors on sera vraiment compétitif !
Les luttes passées des travailleurs ont rarement la une des fictions télévisuelles ou des reportages. Qui connait le fameux « Tableau de l’état physique et moral des ouvriers employés dans les manufactures de coton, de laine et de soie » du docteur Villermé (1840) ou encore « Des maladies du travail » du docteur Bernardino Ramazzini (1700).
Ou mieux encore le livre publié aux Éditions La Découverte, en 1986, Collections Cahiers libres : « Tableaux de l’état physique et moral des salariés en France », reprise adaptée aux années 1980 du fameux rapport Villermé et fait par un collectif d’inspecteurs et contrôleurs du travail et parmi eux une personne bien connue aujourd’hui : Anne Hidalgo !
Mais on préfère crier Haro sur ces emmerdeurs d’inspecteurs (https://www.facebook.com/De.Thomas.Guillaume/timeline?ref=page_internal)
La parole des travailleurs est ignorée ou déformée ou moquée. Rarement relatée. Rarement défendue ; Où sont les Leroux à l’assemblée nationale pour crier :
« La seule question que l'on puisse faire, c'est de demander si l'État a le devoir et le droit de veiller sur la santé des travailleurs et d'empêcher que l'on porte atteinte en leur personne à la dignité humaine. Je réponds à cela que l'État a assurément ce droit, et que même les lois, en général, n'ont pas d'autre but que de veiller sur la conservation de la vie des hommes et d'empêcher que l'on porte atteinte à leur dignité d'hommes. »
http://www2.assemblee-nationale.fr/decouvrir-l-assemblee/histoire/grands-moments-d-eloquence/pierre-leroux-limiter-la-duree-journaliere-de-travail-30-aout-1848
Ou les Agricol Perdiguier :
« On ne veut pas que dix heures de travail, qui met la journée à douze heures en y comprenant le temps de manger, soit assez longue pour le travailleur ; on ne veut pas que le salaire de l'ouvrier soit relevé, on pense que cela nuirait à notre commerce et nous mettrait dans l'impossibilité de soutenir la concurrence avec les étrangers. Ainsi, maintenons, excitons la concurrence !
Les fabricants anglais disent à leurs ouvriers : les Français livrent la marchandise à plus bas prix que nous, ils vendent et nous ne vendons pas ; il faut donc vous résoudre à voir baisser votre salaire, faute de quoi, plus de travail, et partant, plus de pain ; et l'ouvrier cède.
Les fabricants français disent à leurs ouvriers : Les ouvriers anglais viennent de consentir à une baisse de salaire ; il faut vous résoudre à travailler à meilleur marché qu'eux si vous voulez que nous puissions vendre. Consentez, ou sinon plus d'ouvrage ; et l'ouvrier consent.
Les mêmes arguments sont tour à tour employés en Angleterre et en France. On met en concurrence les ouvriers de ces deux nations sur tout, et on les ruine, et on les tue les uns par les autres. »
http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/7eo.asp#P316_43266
Rien n’a changé en 150 ans ! Mêmes arguments ! Ah ! la compétitivité.
Harcèlement moral, suicides, future disparitions des CHSCT, benchmark, ranking, logique comptable même dans la fonction publique (voir « La logique comptable fait son lit à l’hôpital » : http://www.liberation.fr/societe/2015/03/08/la-logique-comptable-fait-son-lit-a-l-hopital_1216903). Aujourd’hui le gouvernement par les nombres a remplacé le gouvernement par les lois (voir A. Supiot : « Du gouvernement par les lois à la gouvernance par les nombres », cours au collège de France).
Même à @si on ne peut pas dire que vous aborder souvent ce sujet :
Pourtant il y aurait des émissions intéressantes à faire :
- Le code du travail est-t-il trop gros, trop compliqué ? ;
- Faut-il plafonner les revenus comme le préconisent Gaël Giraud et Cécile Renouard (voir le facteur 12, Edition Carnets nord) ;
- Fallait-il réformer l’inspection du travail comme l’ont fait sapin et Rebsamen (voir « Fonctionnaires au bord du burn-out » : http://www.estrepublicain.fr/actualite/2015/02/12/fonctionnaires-au-bord-du-burn-out ou « Dans le Nord, les inspecteurs du travail ne décolèrent pas » : http://www.mediapart.fr/journal/france/120215/dans-le-nord-les-inspecteurs-du-travail-ne-decolerent-pas);
- La reconnaissance du travail bien fait, la bienveillance sont-elles bonnes pour l’entreprise (voir Ch. Dejours, « Suicide et travail : que faire ? », Ed. PUF) ;
- Entreprises de luxe : qu’en est-il des conditions de travail des salariés ? Toutes les heures supplémentaires sont-elles payées, les durées du travail ne sont-elles pas excessives,…. ? (voir ci-dessus « Violences en cuisine: la sale affaire Robuchon ». Voir aussi à ce sujet Parmi les perdants du meilleur des mondes de Günter Wallraff). Rarement lorsque qu’on parle de ces entreprises, on évoque ce qui se passe derrière, comment est traité le personnel.

cordialement
P. Heckel
Merci pour cet article. Bravo à François Ruffin pour sa ténacité. Il y a de moins en moins de kiosques et il devient difficile de trouver des journaux comme Fakir si on n'est pas abonné.

Hommage à Hector Loubota.
J'avais lu le livre "Hector est mort" étant aussi un abonné du journal Fakir.
Le livre met très bien en lumière le fonctionnement de la justice locale , on se connait tous entre juges et politiques, c'est un peu le même monde donc on laisse trainer le dossier pour ne facher personne et ne pas nuire à sa carrière... On devine aussi le cynisme de De Robien et son administration, pas besoin de dépenser des sous pour sécuriser le chantier et faire tout bien dans les règles, car se sont des pauvres qui y bossent.
Merci à Fakir pour avoir aider cette famille! Content aussi que De Robien à été reconnu responsable (même si 10000€ c'est de la petite monnaie pour lui...)
Merci pour l'article.
Plus d'infos dans l'émission de la semaine?
Merci Anne-Sophie.
Traitement sur France info ( et France inter ?), en toute neutralité :
- le journaliste parle d'une "peine très lourde, donc" pour de Robien
- interview de l'avocat de de Robien
- interview d'une responsable de l'association des maires de France, condamnés pour un oui pour un non.

Autant dire que ceux qui n'avaient jamais entendu parler de l'affaire s'en sont fait une idée bien biaisée !...
Bravo Anne Sophie pour ce papier. Bravo pour avoir salué la longue lutte de Fakir.
Chapeau à la famille d'Hector qui voit ici l'aboutissement d'un long combat, et chapeau à Fakir, le meilleur canard que je connaisse. Seulement 3 euros pour cette richesse et cette qualité c'est presque de la concurrence déloyale.
Bon travail en effet. De la famille d'Hector, de Fakir, d'Anne Sophie.
Ce "fait divers" est riche d'enseignements à tous les niveaux, la dilution des responsabilités, la négligence de la vie humaine du moment que c'est celle des pauvres, l'entre soi des notables de divers domaines, politique, justice, presse, le courage et la persévérance de certains, encore trop rares mais on dirait que ça monte... Un des boulots des journalistes sans guillemets, c'est ça, de mettre la lumière sur les oubliés.

Ce que je préfère, c'est la plaque apposée. Il va falloir bien la surveiller et la défendre si besoin.
Fakir, mon journal papier préféré avec le diplo et siné mensuel... Les seuls que j'achète en réalité...

Merci à @si de relayer leur action (et il n'y a pas que celle là !).
Comme c'est injuste de condamner Monsieur Le vicomte Gilles-Marie-Ghislain-Louis Gauteron de Robien lui qui est depuis 2007 ambassadeur « chargé de promouvoir la cohésion sociale » et délégué du Gouvernement français au conseil d'administration du Bureau international du Travail (BIT), qu'il préside du 15 juin 2012 au 21 juin 2013.
74 ans au printemps prochain quand même, lui au moins il n'est pas comme ces fainéants de chômeurs il travaillera jusqu'au bout.
Bravo a Fakir pour son travail. Faîtes comme moi! Abonnez vous.
...et demain devant l'hécatombe des victimes de l'amiante, par milliers, quelques articles de ci de là, on ne savait pas...
...480 morts de la rue ! silence
http://mortsdelarue.org/
...Accident du travail : 2 morts par jour en France, 5 000 dans le monde...
http://onvaulxmieuxqueca.ouvaton.org/spip.php?article2544
Alors un "Hector" de plus ou de moins !! merci au journal FAKIR pour sa lutte opiniatre et victorieuse, au moins un mort qui sort de l'ombre !

DÉCOUVRIR NOS FORMULES D'ABONNEMENT SANS ENGAGEMENT

(Conditions générales d'utilisation et de vente)
Pourquoi s'abonner ?
  • Accès illimité à tous nos articles, chroniques et émissions
  • Téléchargement des émissions en MP3 ou MP4
  • Partage d'un contenu à ses proches gratuitement chaque semaine
  • Vote pour choisir les contenus en accès gratuit chaque jeudi
  • Sans engagement
Offre spéciale
3 mois pour 3 € puis 5 € par mois

ou 50 € par an (avec 3 mois offerts la première année)

Sans engagement
Devenir
Asinaute

5 € / mois
ou 50 € / an

Je m'abonne
Asinaute
Généreux

10 € / mois
ou 100 € / an

Je m'abonne
Asinaute
en galère

2 € / mois
ou 22 € / an

Je m'abonne
Abonnement
« cadeau »


50 € / an

J'offre ASI

Professionnels et collectivités, retrouvez vos offres dédiées ici

Abonnez-vous

En vous abonnant, vous contribuez à une information sur les médias indépendante et sans pub.