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Sur une affiche en noir et blanc

Ah, sacré coup de cafard, ce matin. Et bouffée de nostalgie.

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Cumulard*Le Drian à deux [s]quéquettes[/s] casquettes. Surmené, il confie la Syrie à Loïg Chesnais-Girard (son premier vice-président breton) et fait bombarder les rebelles bretons !

* c'est un raccourci pour ses deux prénoms.
Bon. Taubira a démissionné. Logique: elle avait des idées, elle savait les défendre, elle était de gauche. Trois défauts pour le duo Valls-Hollande.

On a enfin un gouvernement de droite (d'ailleurs pourquoi ne pas avoir offert le job à Copé? D'après Didier, il est disponible).
Parce que l'avantage de la droite, c'est qu'elle ne déçoit pas. Elle vous promet le pire, et elle le fait.
Alors que la gauche...
La gauche française a le c!l entre deux chaises. Pour les élections, il faut qu'elle drague les prolos, bobos et écolos qui sont ses électeurs. Tous les fauchés, tous ceux qui ont du fric mais pas tant que ça, mais aussi tout ceux qui pense que l'argent est un moyen et pas une fin en soi, que les arbres ça ne sert pas qu'à faire du bois, que c'est bien que tout le monde puisse se faire soigner pas cher et ait droit à une retraite correcte, pas comme aux USA. Que les grosses inégalités, c'est mal. Bon.
Puis une fois l'élection passée, l'Etat a besoin de pognon pour fonctionner. Pour la sécu, les retraites, l'école, ses flics, ses ministres. Or les prolos, du fric ils n'en ont pas. Ou peu. De toute façon, ils le donnent leur fric. Quand ils payent leur pain, leurs nouilles, leur essence, ils paient les taxes. Payent de toute façon.
Ceux qui peuvent décider de ne pas payer, c'est les grands patrons/ actionnariats qui peuvent délocaliser à l'étranger, les grosses fortunes qui peuvent planquer leur pognon en Suisse ou aux Caïmans, etc. Et s'ils se barrent, l'Etat l'a doublement dans l'os. Plus d'impôts sur la fortune et les sociétés, mais aussi plus de travail donc plus de salaires. Et ils le savent, ceux qui pensent qu'on a jamais assez de pognon, ceux qui ont un magot et qui comptent bien se le garder, ceux qui pensent que si on est pauvre c'est qu'on l'a bien mérité. Alors ils chipotent. Ils négocient. Sont en position de force. Joue la comédie pour émouvoir Madelon (pas passer pour des salauds non plus). Justifient avec des arguments pseudo économiques. Et ça marche.

Ca marche encore mieux avec un gouvernement faible.

Quand les banques ont crashé aux US (à force de jouer à faire du fric avec du rien), les banquiers sont venus pleurer: "sauvez nous, pitié, sinon c'est la cata". Mais en face, y avait un type de gauche fort. Qui leur a dit: "ok: on vous aide. Ok, l'argent des citoyens va servir à vous renflouer. Mais voilà mes conditions. Non discutables. Ou c'est la taule/ la faillite/ on nationalise". En France, le gouvernement était faible. Quand les banques ont pleuré, le gouvernement n'a rien exigé. Enfin un peu, si, pour que le prolos ne croit pas que... Mais sinon il s'est tu.
Et ça continue. Le patronat réclame, le patronat obtient. On va pas envoyer les CRS au Medef. Il fait des promesses, oh oui! Mais comme disait J. Chirac, "les promesses n'engagent que ceux qui y croient". Dans les petites lignes des promesses, il y a toujours un truc qui dit :"mais si on tiens pas nos promesses, vous vous êtes quand même obligé de tenir les vôtres". Et ça marche! Pourquoi se priver?
Daniel, je regrette Mitterrand. Mitterrand était un Mazarin plus qu'un Richelieu, mais comme Mazarin, il obtenait des résultats. Il avait du cran, il avait de l'intelligence. Du cynisme oui, mais il en faut pour lutter contre des individus qui le sont.
Hollande singe Mitterrand, mais n'obtient rien. Il me fait parfois penser au Maréchal Pétain face à Hitler: "Monsieur le Chancelier, si je vous envoie des p'tits gars au FTO vous allez me rendre des prisonniers de guerre? -Mais bien sûr monsieur le Maréchal, j'y penserai...".
Triste temps que ceux où on vire des Taubira et où on garde des Valls...

PS: désolé pour la longueur, mais j'en ai gros sur la patate...
Ni en 81 ni en 88 je n'avais l'âge de voter.

En 81, je ne comprenais rien à ce que disaient les grands ( qui s'engueulaient beaucoup à propos de politique à la fin des repas de famille nombreuse).

Entre 81 et 88, ( années collège et lycée pour moi), j'allais de temps en temps voir ma grand-mère qui avait une " copine" ( = voisine de chambre dans la maison de retraite) qui me fascinait parce qu'elle avait été à l'école avec François Mitterrand, ce qui me donnait l'impression qu'elle avait sans doute été copine de crèche avec Napoléon et que Louis XIV devait être dans le coin, en pleine discussion avec Clovis...

Un jour, je demande à la copine de ma grand-mère si, quand il était petit, Miterrand avait déjà des façon d'être et de faire qui laissaient entrevoir la carrière politique qu'il a eue.
" Ah, ça oui, ça se voyait qu'il allait faire de la politique ... "
( illico je visualise le courageux de la classe qui fait cesser l'injustice du prof, qui organise une coopérative de goûter, qui monte l'association des gentils enfants qui aident les pauvres vieux à traverser en portant leurs paniers...),
pendant qu' elle continue " ... voleur, menteur, tricheur, il faisait faire les sales coups par moins intelligent que lui et ne se faisait jamais prendre ! "

En 88 je ne pouvais toujours pas voter.
C'est dire si j'ai jamais été enchantée ... ce qui a au moins le mérite de m'avoir prémunie de tout désenchantement.
Je ne sais pas si c'est mieux.
La démission de Taubira est un beau contrefeu médiatique pour cacher la poursuite de l'état d'urgence.
Christiane Taubira tellement détestée par la droite, a fait ses valises. Elle qui maniait la langue comme personne, la courageuse, la femme de gauche. au revoir. Je l'aime bien.
Deux ans plus tard, Mitterrand choisissait l'amarrage à l'Europe, plutôt que l'aventure du changement solitaire. On en est encore là.

Les gouvernements nationaux qui ont déterminés les compétences européennes en votant des traités par consensus ont externalisés les "mauvaises nouvelles" que les Etats traditionnellement devaient donner à leur électeurs. Facile, aujourd'hui, pour se faire une virginité politique: il suffit de taper sur l'UE.

Aus,si comment expliquer que les français s'étonnent constamment du fait que l'UE est à droite, en votant successivement des gouvernements de droite (ou de gauche virant vers la droite dans la panique, parce qu'ils n'arrivent pas à redresser leur économies, ou unir les citoyens pour un projet commun). Et si "la dérive droitière" économique de l'UE était dictée par les électeurs français depuis 20 ans? Le programme et les positions économiques de Hollande étaient connues bien avant son élection.

Aujourd'hui, la France s'apprête à élire un nouveau président de droite (cfr les sondages), tout en critiquant l'UE et l'Allemagne ses politiques de droite. Cherchez l'erreur.
Marrant comment, en ayant vécu les mêmes trucs, le désenchantement peut ne pas être le même.
Parce que moi, en 75, 76, 77, 78, 79, et 80, je bossais 45 heures par semaine, même avec une durée légale à 40 heures, tantôt à l'usine, tantôt, putain la promo, je me souviens, comme télé-travailleur, avec les premiers ordis et le téléphone. Je réservais des places d'avions pour les riches. 45 heures par semaine, je me rappelle, 9 heures par jour, avec, parce qu'on avait fait grève, 20 secondes de tempo entre deux appels.
Alors moi, forcément, 81 et après c'était du tout bon. Les reculades à Tonton, les enculades à Mauroy, les rigolades à Jack, tout était bon, comme dans le cochon: on vivait, nous les prolos, un peu mieux. Pas trop beaucoup mieux, non, mais quand même: quand tu donnes 9 heures par jour de ta vie, de ton corps, de ta cervelle à un patron, si tu peux lui en récupérer 2 ou 3, ben t'es content.
Alors, bien sûr, Daniel, je comprends bien: si t'es content mieux, tu vas me dire.
Mais tu sais, mon pote, la lutte des classes, quand c'est chiottes sur le palier et douches municipales que tu l'a vécue, ben 81 c'est bien. Et 82, 83, 84, 85... jusqu'à aujourd'hui, même, c'est bien.
Et c'est pour ça que la nostalgie m'envahit pas, mais que, par contre j'ai envie, et je continue de me bagarrer pour ça, ça qu'on s'est battu pour, et pas que dans des journaux de référence où il faisait bon se révolter/douillet.
Parce que ça, je veux, nous, vous, ils veulent que ça continue, les 35 heures, la pêche à la ligne de la fenêtre de l'usine, à Seguin, avec Pierrot, le changer le vie pour de vrai.
Alors bien sûr les promesses et tout, ça fait peine. Mais comme disait notre vieux pote Gébé: l'utopie faut en avoir beaucoup , parce que ça réduit à la cuisson.
Alors, si t'en as besoin d'un peu, pas de problème: il m'en reste un vieux fond, d'utopie.
A la sauce Marx. Pas Thierry, non, l'autre.
Groucho.
Il conviendrait de se demander pourquoi la génération qui avait 20 ans et quelques en 1981 a laissé filer ses rêves entre ses doigts. On a voté Mitterrand, revoté en 88, et comme le dit justement DS, on a fini, découragés, désabusés, par voter "aux marges" au premier tour et par mettre le "bon" (pour qui ?) bulletin au second (Enfin, de moins en moins). Que sont devenus les jeunes idéalistes pleins d'espoir qui dansaient sur les places des mairies le 10 mai 1981 ? Les plus malins, des notables, les autres, des blasés, des révoltés éteints ou des cyniques. Avec lesquels on pourrait lever plusieurs Podemos, mais d'une part, le ressort est cassé, et d'autre part, il est devenu impossible de lutter contre la puissance des propagandes médiatiques : il n'y a plus un seul grand média vraiment à gauche aujourd'hui, sauf dans l'imagination de la droite, qui ne se résout pas à ne plus avoir de véritable adversaire. On est passé de Mitterrand à Jospin, de Jospin à Royal, de Royal à Hollande, et maintenant Macron est le nouveau héraut de la "gauche raisonnable".
"Raisonnables". Voilà donc ce que sont devenus les utopistes roses d'hier, qui sourient aujourd'hui de leurs aspirations d'il y a 30 ans, tout en rêvant d'aller visiter Davos et en buvant les paroles des Calvi/Thréard/Barbier/Dessertine etc...nous assénant chaque soir leurs petites leçons de réalisme libéral. En 1981, Mitterrand et le PS, c'était la gauche ! Faut-il pleurer ou bien en rire aujourd'hui ?
En même temps, on a des excuses : la gauche de ces années-là, c'était aussi le PC de Marchais, et cette incroyable image, juste avant les législatives de 1978, du comité central au grand complet à la tribune, avec costards noirs et chapeaux, parfaite singerie d'une réunion de Brejnéviens sur la place Rouge. Un PC qui n'avait aucune envie de gouverner, juste, comme il disait, de servir "d'aiguillon", peinardement installé à bonne distance des responsabilités qu'il ne voulait pas prendre. Cette gauche-là était déjà en voie de décomposition, on ne peut pas s'étonner que le fruit ait continué à pourrir. Sauf qu'on a continué à croquer dedans, puisqu'il n'y avait rien de mieux à se mettre sous la dent. On s'est contenté d'être des consommateurs, à quoi bon chialer maintenant ?
Merci pour cette belle chronique. Je vois 2 petites lueurs pour se serrer les coudes.

Ch. Taubira pourrait fédérer à gauche dans les mois qui viennent (malgré ses atermoiements et son bilan pas fantastique), si elle apprend à être aussi bonne en action qu'en verbe et en charisme.

Et Renaud revient.
Contente de participer à votre bouffée de nostalgie, Daniel.
Encore une preuve que nous ne sommes plus ce que nous étions... Quel élan, quels espoirs...Enfin la Gauche au pouvoir!!!!!
Et nous voilà, aujourd'hui, déçus, écoeurés.
Dans ce pays, le chômage... Dans ce pays, chez moi, une fourgonnette rouge, rutilante, vante les avantages de la main d'œuvre polonaise et slovaque et ça marche. "ça arrange les patrons" m'a dit le gars.
Sûr que le sieur Macron est d'accord.
Mince alors(je suis polie), je n'avais pas voté pour Sarkozy en 2012...
[quote=Daniel Schneidermann]Ce gros tiers de siècle (...) nous aura appris que l'espoir utopique de "changer la vie" ne peut s'exercer que dans des cercles étroits, familiaux, amicaux, professionnels, dans son quartier, dans sa commune à la limite,

Siècle décidément surabondant en faux enseignements. Vous en retenez encore la leçon la pire: "l'espoir utopique" dont Orwell, découvreur de son horreur, nous permet de nous libérer. On ne saurait "changer la vie" en effet: ce qu'il faut, c'est changer de vie. Passer de la vie présente à la vie absente: de la fausse vie à la vraie autrement dit. Car "la vraie vie est absente" et ce dont il s'agit est de s'absenter en elle: ce que nulle (uto-)politique, mais seule la poésie devrait nous avoir appris. Aussi bien, ne serait-ce pas ce que pourrait venir de confirmer Taubira?
Déjà, à l'époque de cette photo, le virage était amorcé par Le Drian par rapport à ce qu'il proférait sur les estrades des assemblées révolutionnaires de mai 68, à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Rennes où je l'ai connu.
Allez, un shot de vitamine B pour tout le monde !

C'est vrai, l'hiver est là, Valls est là, l'état d'urgence est là, la droite complexée est au pouvoir et la décomplexée va sans doute y revenir (un bien ? au moins l'adversaire sera plus "clair")....

Où se réfugier ? Les bras de l'aimé(e), les conversations des enfants, les livres, les forêts, la musique et (aussi, c'est de plus en plus difficile) le silence...

Résolutions pour l'année :

Couper la radio, le rire gras de Cohen, la messe néolibérale quotidienne de Dominique Seux, la béatitude européiste de Bernard Guetta...

Se désabonner de Libé, qui croit toujours qu'on peut être de gauche et respecter gentiment les traités...

Se désintoxiquer des forums (y compris ceux d'ASI), où la frustration et l'inaptitude à dialoguer (à quelques notables exceptions près) sont de plus en plus palpables...

Allez, vivement le printemps
Étonnant. Pour ma génération cette conclusion amère est tellement le postulat de départ que ça semble dur d'en faire un désenchantement: il aurait fallu être enchanté un jour. Et ça semble pire pour les générations suivantes. Un jeune cousin me disait "bon déjà pour nous ce qui était clair, c'est quoi qu'il arrive on se ferait enc...er."

L'espoir fait peut être vivre, mais on peut manifestement vivre sans aussi.
[quote=DS]l'espoir utopique de "changer la vie" ne peut s'exercer que dans des cercles étroits, familiaux, amicaux, professionnels, dans son quartier, dans sa commune à la limite,

Comme en 1789...
Le dernier paragraphe résume tout - Bravo !
Certes, mais du désenchantement à la résignation, il n'y a pas loin. Et de la résignation à la soumission, il n'y a qu'un pas. Et de la soumission à la collaboration, une feuille de papier à cigarette.
Je viens de publier ce commentaire sur le billet précédent de Daniel Schneidermann mais je vais faire ce que je m'interdis de faire en général, copier ce post et le republier ailleurs car il me semble que nous vivons là un grand moment de notre République si mal en point.

"J'ai cherché un forum d'@SI où exprimer mon respect en venant d'être averti de la démission de Madame Taubira.
Il m'a semblé normal de le faire sur le forum du billet de Daniel Schneidermann.

Je ne sais les raisons exactes qui peuvent avoir conduit Madame Taubira à démissionner, je sais que j'entendais Jorge Semprun rappeler les mots d'Elias Canetti disant qu'une des vertus de l'écrivain est toujours d'être contre le pouvoir.
Madame Taubiras qui a mis la poésie en si haut lieu dans son combat pour défendre la justice (et le bonheur de certains concitoyens) ne pouvait s’accommoder plus longtemps d'un gouvernement qui enfreint tous les principes défendus jusque là par les grands défenseurs de la Liberté et de la Justice.

Mes hommages à Madame Taubira."
la phrase de Wolinski :" Nous nous sommes battus pour ne pas devenir ...ce que nous sommes devenus "

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