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Shera Kerienski, la "grande soeur de Youtube", qui a fait un "blackface" sans le savoir

Elle se surnomme la "grande soeur de Youtube". Avec ses 1,4 million d'abonnés, ses tutoriels maquillage et ses conseils beauté pour les ados, Shera Kerienski est devenue à 24 ans l'une des youtubeuses françaises les plus influentes. Une youtubeuse beauté qui se distingue également par ses coups de gueule contre "les placements de produits abusifs" et sa dénonciation du harcèlement de rue

Derniers commentaires

Je ne connaissais pas cette jeune femme, j'ai donc vu la vidéo.
Le vieux que je suis et qui a connu les années 80 mais aussi le "touche pas mon pote" peut vous l'affirmer: rien à voir avec les conneries racistes des années 80, les spectacles de Michel Leeb (même époque) ou les spectacles de "minstrels". Il n'y a pas de volonté dans la vidéo de dénigrer tel ou tel ethnie, pas de langage caricatural, etc.
Ce à quoi me fait le plus penser cette vidéo c'est au contraire aux initiatives de certains journalistes blancs anti-apartheid qui dans les années 70-80 s'étaient maquillés pour se faire passer pour noirs et ressentir directement le racisme.

Quand aux propos balancés dans sa jeunesse, on a tous été cons, l'important c'est de ne pas le rester. Je pense que ses actes le démontrent. Et j'espère qu'ils continueront à le démontrer. On ne peut pas en dire autant de tous.
Vous savez qu'en cherchant un petit peu on peut trouver des trucs intéressants sur YouTube ?
--
j'étais plutôt d'accord avec les conclusions de M. Korkos a l'époque de cette autre blackface-polémique :
https://www.arretsurimages.net/breves/2013-11-27/Le-blackface-d-une-journaliste-de-Elle-id16472
J'aimerais un jour une enquête sur la réalité des chiffres des abonnés Youtube.
1,4 millions d'abonnés cela représentes 100% des filles de 13 à 16 ans ou 50% de 12 à 20 ans.

Peut être que c'est moi qui ne comprend pas l'ampleur du phénomène mais j'ai un doute.
On en est donc à considérer comme du blackface une vidéo où une personne blanche se maquille en noir pour protester contre un truc, et clairement sans intention de nuire. Dans l'autre sens, "c'est pas pareil". Et Shera Kerienski c'est Michel Leeb.


J'appelle au double standard et je reprends des frites avec mes moules.
Bonjour Jean-Marc,

L'intention de nuire est indifférente au cas présent, comme dans tous les préjudices satellites du racisme je crois. Il s'agit d'étudier les conditions de possibilité et les effets de certaines pratiques. Je comprends sans peine le hérissement de la communauté noire en matière de blackface, même sans l'éclairage de son origine apparemment attribuée au théâtre, et sans être noire moi-même. Ainsi, si des Noirs décident de dire à cette pratique NON - comme ils ont dit NON au mot n****, et bien moi, je choisis de le respecter.

Je tiens à signaler qu'elle va se démaquiller après, et se débarrasser ainsi d'une apparence vectrice de discriminations que les personnes noires ne peuvent pas choisir de retirer. Elle se déguise en Noir. Elle parle de "déguisement" d'ailleurs si je ne m'abuse. Elle pervertit en attribut objectivé ce qu'une identité raciale a d'indélébile et d'intime. En regardant le résultat, je me suis surprise à penser qu'elle était canon en Noire. On pourrait donc prendre leur peau aux Noirs, mais pas tout ce qu'elle implique de galères et de persécutions. cf. Lybie, cf. Rachel Dolezal.

Au demeurant, il s'agit d'une vidéo youtube et au cas présent, Shera use bien d'une blackface à des fins de divertissement. On lui soupçonne en outre des intérêts mercantiles avec le lancement d'une ligne de fonds de teint pour peaux noires auquel elle a participé avec une enseigne de laquelle elle est partenaire. Suivant cette théorie, le buzz et le tollé sont anticipés, l'intention de nuire caractérisée.

Il est bien entendu inutile de songer à interdire la blackface. En revanche, elle informe assez bien sur le degré d'indigence émotionnelle et cérébrale de ceux qui l'utilisent, avec ou sans intention de nuire.

Cdlt,
Exil.
Je suis d'accord avec l'essentiel de ce que vous avez dit, et j'ai voté pour votre message.

Sur ce passage :


En revanche, elle informe assez bien sur le degré d'indigence émotionnelle et cérébrale de ceux qui l'utilisent, avec ou sans intention de nuire.


je crois sincèrement qu'on peut être simplement ignorant de la pratique du "blackface"[&] . Il y a quelques heures, c'était mon cas. Le message de Shera Kerienski était clairement anti-raciste et on s'en rend compte au fait que, confrontée à la façon dont son message aurait pu être perçu, elle a préféré effacer son message là où un raciste embusqué monterait sur ses grands chevaux et en ferait une question d'égo (démontrant quelles sont ses priorités entre choisir entre lutter contre le racisme et défendre son petit honneur baffoué, ).

&: sans que cette ignorance ne soit qualifiable d'indigence ; pourquoi serait-il obligatoire de connaître la culture politique des Etats-Unis ? Je préfère m'informer, par ordre alphabétique donc sans indication de préférence, sur la culture algérienne, chinoise, française, japonaise ou sud-américaine.


L'idée de comparer les maquillages pour blancs et pour noirs semblait bonne. Suffirait-il possible de faire un minidocu d'une minute ou deux sur l'Histoire du blackface, et d'essayer d'expliquer qu'une séance de make-up comparatifs pour dénoncer le blancho-centrisme commercial relève d'une autre démarche ; et ensuite de faire la vidéo maquillage ?
Parce que bon, je vois le coté raciste des spectacles de Minstrels qui s'expriment au delà du simple grimage, il saute à la figure ; je vois la dimension anti-raciste du message de Shera Kerienski, malheureusement pollué par une mauvaise coïncidence historique.

Peut-être est-ce impossible de concilier tout cela. C'est dommage parce que le message porté est le bon.
Bonjour Caton,

Sur l'indigence, elle se mesure dans l'instant et n'a pas forcément vocation à perdurer. Comme quand on fait quelque chose de stupide et qu'on se dit : "ah oui, qu'est-ce que j'ai été con".

Vous dites que SKerienski n'est pas une raciste embusquée. Je suis d'accord avec vous : elle n'est pas raciste. Je ne suis pas d'accord avec vous : il n'existe rien de tel qu'un "raciste embusqué". Car encore une fois, en matière de racisme, l'intention est un indifférent. Que ce soit intention de nuire, intention de se dérober, intention de [...].

Je pense que vous n'êtes pas d'accord avec moi, parce qu'avant tout, ce que je considère, c'est que la blackface n'est pas répréhensible par convention mais en soi. Ainsi, il ne peut s'agir d'une coïncidence malheureuse. On peut bien ignorer le contexte historique de la blackface, en revanche, on n'a plus d'excuses dès lors qu'on n'ignore pas que (i) les Noirs sont des êtres humains, et (ii) les Noirs sont victimes de racisme du fait de leur couleur de peau.

Je comprends ce que ma position a de problématique. D'abord, j'ai dit que je respectais le refus par "les Noirs" de laisser cette pratique perdurer (convention). Mais je crois qu'en vérité leur refus n'a pour effet que de politiser la question. J'aurais donc dû dire "je choisis de les soutenir", plutôt que de le respecter. Je vais essayer de m'expliquer et je vous remercie de me donner l'occasion d'éclaircir mon intuition. J'anticipe que vous allez trouver cela capillotracté mais j'aimerais insister autant que je le peux : je pense, à titre personnel mais vigoureusement, que cela est pertinent, certainement perfectible, mais important et que cela mérite une attention bienveillante.

D'abord, avec la blackface, on s'offre bien au regard de l'autre comme Noir, de manière à la fois adéquate (ce n'est qu'une carnation qui est reproductible, preuve en est que SKerienski est crédible en Noire) et inadéquate (elle n'est évidemment pas Noire). C'est donc créer un effet grotesque à partir d'un trait ethnique. Deuxièmement, la peau noire est un stigmate associé en partie à une condition d'oppression. Ce n'est pas un indifférent. C'est un stigmate qui n'en finit pas de produire des inégalités. Or, fondamentalement, la blackface retire toute signification et toute gravité légitime à ce stigmate : voilà qu'on le neutralise magiquement ! De manière donc performative, on dit malgré soi : "le racisme n'est pas une affaire de couleur de peau", ce que c'est pourtant. Et si le racisme n'est pas une affaire de couleur de peau, c'est donc qu'on en responsabilise ses victimes.

La blackface est donc fondamentalement divertissante et raciste, peu importe l'intention. Voilà pourquoi je qualifie de raciste non pas la youtubeuse mais sa vidéo. J'étudie ses conditions de possibilité : elle a ignoré (i) ou (ii) ; et j'étudie ses effets : elle a heurté des Noirs. Sur son intention antiraciste, je peux y croire. Je dis "je peux" car ça n'importe pas encore une fois. Il faut cesser de croire que nous maîtrisons tout de nos gestes et de nos paroles, nous sommes les produits d'un temps et d'un espace. Alors, on pourra s'améliorer et comprendre autrui.

Il existe d'autres types d'arguments pour condamner la vidéo de SKerienski de type : appropriation des luttes, marketing du bad buzz, etc. mais je vais m'arrêter là car en effet, cela ne mérite pas notre énergie. Il s'agit de symptômes de racisme (jamais incarné, toujours structurel) et non pas de sa cause, laquelle intéresse directement nos représentations, (i) et (ii), qu'on peut vocaliser et défendre sans peine, mais qu'il est temps d'intégrer définitivement.

Cdlt,
Exil.
On s'en fout. Le seul but est de faire la chasse au raciste afin de gagner des points dans la compétition morale. Si tu démontres avec un maximum de sophisme et de justifications pseudo sociologiques à la con qu'une personne antiraciste est raciste, tu lui es donc supérieur dans l'antiracisme, et ça vaut un max de points.
On en est à commenter des tuto maquillage. @si va de mal en pis

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