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Santé : Obama pactise avec son ennemi d'hier

Dans sa lutte pour imposer sa réforme du système de santé américain, Barack Obama bénéficie d'un soutien inattendu : cachée notamment derrière le mythique couple de publicité "Harry and Louise", l'industrie pharmaceutique pèse de tout son poids pour aider le président à instaurer une couverture maladie universelle. Nous vous en parlions dans la première partie de cette enquête.

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Donc, finalement, il n'y aura pas d'option publique. Le Sénat a adopté un projet de loi définitif qui l'exclue. La réforme doit encore passer en commission mixte paritaire puis le projet sera adopté courant janvier.
"Suissifier" le système des assurances: je me sens capable d'en parler puisque je vis en Suisse, pays du médicament. Tout le monde paie la même cotisation de base, élevée, 250 euros en moyenne pas mois et par personne, pour les soins pris en compte par le "catalogue de base". Les riches paient toutes sortes de suppléments à cette cotisation pour: chambre individuelle en cas d'hospitalisation, soins naturels. Les personnes qui ne peuvent payer leur cotisation de base ont droit à une aide de l'Etat, suivant le revenu, mais doivent tout de même s'acquitter d'une participation fixée par l'administration. Ensuite, l'assuré a avantage à être en bonne santé et éviter de recourir aux prestations de son assurance: il y a tout d'abord une franchise - plus on la choisit importante plus le montant de la cotisation baisse - et une participation de 10% les frais médicaux et pharmaceutiques. Les assurances se font de la concurrence entre elles et financent des campagnes de pub coûteuses, sur le dos des assurés. Elles donnent aussi de l'argent quand le système est remis en cause, pour faire campagne contre le referendum au sujet d'une caisse unique gérée par l'Etat qui s'est fait balayer, par exemple. Comme toujours: ce sont ceux qui crient le plus fort qui l'emportent! Les compagnies d' assurances se plaignent tout le temps que les patients "consomment" trop de soins de santé et augmentent les cotisations ou alors pinaillent sur les remboursements ou ne remboursent pas du tout s'il s'agit de soins dits naturels, parce qu'elles sont persuadées que cela "ne soigne pas". On reproche aux vieux d'être de gros consommateurs de soins de santé. Conclusion: dans ce système mieux vaut avoir une santé de fer, ne jamais aller chez le médecin et choisir une grosse franchise! Mais quand on a de l'argent, on est content du système, j'imagine.
Vous avez un système mutualiste ou ce sont exclusivement des assurances privées à but lucratif ?
Je suis franco-suisse, j'ai été un temps assurée (assurance de base obligatoire telle que définie par la loi sur l'assurance-maladie LAMal) en Suisse, je peux donc répondre à la place de l'internaute ci-dessus : le système est exclusivement en mains d'assurances privées à but lucratif. La Confédération et les cantons ne font que veiller au respect des termes de la LAMal et au versement d'aides à la souscription. Mais pour les assurés dépassant les plafonds fixés, le coût de l'assurance maladie, pour une famille entière, et sans même être en situation de maladie, est vraiment très lourd.

C'est la création d'un système mutualiste qui a été massivement rejetée en 2007 (j'ai pris part au vote par correspondance, et je me souviens que les arguments des opposants - qui étaient aussi ceux du Conseil Fédéral ! - étaient principalement financiers : selon eux, le système actuel fait jouer la concurrence et favorise l'assuré...). La Suisse est un pays ultra-libéral, et le fait que son système de santé inspire les USA n'est pas vraiment surprenant, surtout en tant que solution de repli de la part d'une administration Obama en difficulté...
Compris. Merci de ces précisions.

Ce qui m'étonne, c'est que il me semble que les Suisses ont de puissantes organisations consuméristes et un mouvement en cours d'interprofessionalisation des syndicats de travailleurs, une vie communautaire riche. Dans le cadre capitaliste, il est tout à fait possible de monter des mutuelles sans que les cantons ou l'autorité confédérale puisse s'y opposer.

Qu'est-ce qui coince ? La culture politique ?
La votation 2007 susmentionnée visait à instaurer une assurance solidaire. Ce qui signifie que certains auraient vu leur cotisation augmenter pour financer celle des plus démunis. Au cours de la campagne, des sites Internet permettaient de "calculer" ce que serait sa cotisation si l'assurance unique était acceptée, alors que les modalités du calcule n'étaient pas vraiment connues. S'en est suivi une bataille de chiffres. Les moyens des partis soutenant la réforme étant inférieure à ceux qui s'y opposaient, les second ont gagné. Au fait, leur campagne visait principalemet la classe moyenne dont le vote était déterminant. Les opposants arguaient que cette part de la population serait celle qui paierait le plus lourd tribu. Je pense que beaucoup ont voté par peur de voir leur cotisation augmenter. En résumé, sur le principe on est d'accord pour la solidarité, mais quand il s'agit de mettre la main à la poche. A part ça, évidemment, il y avait les mêmes arguments anti-bureaucratiques que l'on retrouve dans la première pub de Harry et Louise.
Oserais-je formuler une remarque (de bon sens?) car l'on sent
comme une petite pointe de déception dans ce titre, Obama recule,
quelle honte.
Donc ma remarque:
pactiser veut dire "faire la paix"
on ne peut faire la paix qu'avec ses ennemis.
Ce qui est sur, c'est l'attente quasi messianique qu'avaient
certains d'Obama, et qui forcément déçus, ne lui font plus
confiance.
Oubliant complètement à quoi ils ont échappé et ce qu'ils risquent:
Palin présidente en 2012...(Dieu protège l'Amérique...puisque Palin croit en Dieu).
Dites, il n'y aurait pas une erreur ? :
"le bon degré d'entente qui existe désormais (ou qui l'a préparé ?) entre les démocrates"
->
"le bon degré d'entente qui existe désormais (ou qu'il a préparé ?) entre les démocrates"

Sinon, je ne comprends pas le sens de la parenthèse...
Bonjour Dan,

Votre éclairage est très intéressant sur les pratiques politiques pour mener à bien une réforme.

J'ai le sentiment que B. Obama veut absolument que tout Amércain dispose d'une couverture maladie (c'est son objectif). Après, il se heurte aux modalités pratiques pour faire passer cette réforme et recherche des appuis (ce que décrit votre article) même s'il faut pactiser avec le "diable".
Ainsi, ne faut-il pas voir l' "alliance" probable avec le lobbying pharmaceutique comme un premier temps de la réforme ? Ensuite, une fois tous les Américains assurés, B. Obama ne pourrait-il pas remettre le couvert et amender sa loi en intégrant les points laissés temporairement de côté que vous évoquez dans votre article (prix du médicament, import du Canada, ...) et cette fois, sans le lobby pharmaceutique ?

Merci de votre éclairage.
Extrait de l'article :

[quote=@si]En juin, PhRma a annoncé que ses membres allaient consentir de très grosses baisses des prix sur les médicaments prescrits aux 43 millions de bénéficiaires de Medicare : 80 milliards de dollars sur dix ans. Un geste de bonne volonté ? Pas vraiment, puisqu'en échange, affirme Time, la Maison blanche a renoncé à exiger que l'Etat puisse désormais négocier lui-même le prix de ces médicaments. Ce qui aurait fait perdre beaucoup plus aux industriels.


Je ne vois pas ce qu'il y a de choquant la-dedans.

Cela s'appelle une négociation.
Et celle-ci est diablement serrée.

Thèse: Obama fixe des objectifs élevés sur un sujet absolument crucial
Antithèse: Obama ne peut pas se permettre un deuxième échec apres celui d'Hilary en 1994 qui a remis le parti républicain au pouvoir pendant ses 6 dernières années du mandat de Clinton puis les huit annees de Bush
Synthèse : mieux vaut un compromis pas négligeable qui a de meilleures chances de passer

Ceci posé, je ne suis pas étonné que le procède choque ici

On est en plein dans la tension entre éthique de conviction et éthique de responsabilité décrite par le sociologue Max Weber en 1919

[quote=Max Weber, le savant et le philosophe, 1919]
Il est indispensable que nous nous rendions clairement compte du fait suivant: toute activité orientée selon l'éthique peut être subordonnée à deux maximes totalement différentes et irréductiblement opposées. Elle peut s'orienter selon l'éthique de la responsabilité ou selon l'éthique de la conviction. Cela ne veut pas dire que l'éthique de conviction est identique à l'absence de responsabilité et l'éthique de responsabilité à l'absence de conviction. Il n'en est évidemment pas question. Toutefois il y a une opposition abyssale' entre l'attitude de celui qui agit selon les maximes de l'éthique de conviction - dans un langage religieux nous dirions : « Le chrétien fait son devoir et en ce qui concerne le résultat de l'action il s'en remet à Dieu» - et l'attitude de celui qui agit selon l'éthique de responsabilité qui dit: « Nous devons répondre des conséquences prévisibles de nos actes. » Vous perdrez votre temps à exposer, de la façon la plus persuasive possible, à un syndicaliste convaincu de la vérité de l'éthique de conviction que son action n'aura d'autre effet que celui d'accroître les chances de la réaction, de retarder l'ascension de sa classe et de l'asservir davantage, il ne vous croira pas. Lorsque les conséquences d'un acte fait par pure conviction sont fâcheuses, le partisan de cette éthique n'attribuera pas la responsabilité à l'agent, mais au monde, à la sottise des hommes ou encore à la volonté de Dieu qui a créé les hommes ainsi. Au contraire le partisan de l'éthique de responsabilité comptera justement avec les défaillances communes de l'homme (car, comme le disait fort justement Fichte ( 1 , on n'a pas le droit de présupposer la bonté et la perfection de l'homme) et il estimera ne pas pouvoir se décharger sur les autres des conséquences de sa propre action pour autant qu'il aura pu les prévoir.
bravo pour ce bel article qui démèle un problème passablement complexe.On voit bien que les lobbies ne sont pas unis,contrairement à ce que veulent nous faire croire certains médias, mais que certains vont tirer parti de la réforme (si elle est adoptée) et d'autres non.Votre article montre bien aussi que toute réforme et tout progrès peut aussi être source de profits financiers.Mais après tout , c'est aussi le cas des vacances .De toute façon ,il semble ,politiquement , qu'il est indispensable qu'Obama réussisse , sinon il ne pourra plus rien faire .
Très intéressant article pour comprendre les différents eujeux du bras de fer en cours.

Mais rien ne prouve que quand Obama s'assoira à la table, il lâchera tout cela. C'est quand même un pari pour les cies pharmaceutiques.

Financer d'abord de la propagande pour quelqu'un pour négocier avec lui après, ce n'est pas gagnant à tous les coups. Je trouve même cela assez risqué.
"Pas vraiment, puisqu'en échange, affirme Time, la Maison blanche a renoncé à exiger que l'Etat puisse désormais négocier lui-même le prix de ces médicaments. Ce qui aurait fait perdre beaucoup plus aux industriels. "

Beaucoup plus mais combien? Vous avez des chriffres?

Sinon, bonne nouvelle aujourd'hui: il semblerait que les démocrates puissent renoncer à rechercher un compromis avec les républicains:
Democrats Seem Set to Go It Alone on a Health Bill

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