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Rythmes scolaires : une information à trous et partis-pris

Pourquoi des professeurs des écoles manifestent-ils contre la réforme des rythmes scolaires ? Selon les journaux télévisés et les articles de presse, les raisons varient : ce serait à cause d'un "manque de concertation", ou parce que les "communes ne sont pas prêtes". Ne serait-ce pas plutôt pour ne pas perdre leur mercredi ? La question est rarement posée. A défaut d'avoir bien identifié les points de blocage, les éditorialistes, relayant le point de vue de certains politiques, ont trouvé le vrai coupable : le "corporatisme".

Derniers commentaires

Quand je vois les réactions des gens qui ne connaissent de l'école que ce qu'on leur en a dit à la télé, quand les fantasmes et les préjugés éclaboussent de leur haine tout ce qui ressemble de près ou de loin à un enseignant, quand ASI daigne écrire un seul article pour une question d'actualité aussi importante que l'éducation des enfants du primaire, je me dis qu'on aura beau prouver par A+B que cette réforme est une grave erreur, on n'a aucune chance de convaincre qui que ce soit.
La question ne relève plus du domaine de la logique, c'est viscéral et reptilien.
Et voilà que je lis ça dans Libé...
J-net,
merci d'avoir signalé ce lien.

Piketty dit un nombre d'erreurs et de stupidités incroyable dans cet article, où il démontre bine plus sa méconnaissance du système dont il parle que quoi que ce soit d'autre !

Comme c'est un "pote" d'Anne-Sophie Jacques, ça serait super de pouvoir entamer une vraie discussion avec lui sur le sujet.

C'est pas possible de laisser passer un truc pareil !
Alors justement, moi qui n'ai qu'un avis de néophyte éclairée, je me demandais, en lisant Piketty, s'il était vrai que, chez nos voisins européens on allait à l'école 5 jours sur 7. Je ne dis pas que cette constatation, si elle était vérifiée, ferait argument (un système éducatif n'est pas l'autre, une organisation de l'emploi du temps scolaire est aussi une construction sociale, "culturelle"). Cependant, tout comme le nombre de jours "travaillés" par année scolaire, ici et ailleurs, ce sont des données intéressantes...

Ensuite, je comprends votre désaccord avec le point de vue de Piketty (qui, pour le coup, parle comme un témoin, pas comme un spécialiste de quoi que ce soit), mais il soulève un lièvre qui me parle au plus haut point: ces tombereaux de femmes qui bossent à 80%pour garder leur enfant le mercredi...
J'iamerais avoir le temps de répondre point par point.

Oui, la France est le pays du grand déséquilibre : beaucoup d'heures par jour et peu de jours par semaine et peu de semaines dans l'année.
Oui, c'est un problème.

Mais il date et annonce des choses fausses ( pourquoi le mercredi / jeudi), etc...

Sur les femmes qui ne travaillent pas le mercredi pour garder leurs enfants, évidemment que c'est une réalité. Mais avoir recours à cette réalité comme si elle justifiait la réforme, c'est un peu fort de café.
Piketty pense-t-il qu'en mettant la fin de l'école à 15h45 les lundis, mardis, jeudis, vendredis et à midi le mercredi ça va améliorer ce point-là ?
Sérieux ?

S'organiser pour faire garder les enfants le mercredi, c'est compliqué.
Pour les faire garder tous les jours après 15h45 et le mercredi à partir de midi, ce n'est pas plus simple : pour répondre l'exemple de Piketty : vous croyez que dans une organisation de travail on va confier des responsabilités à une mère de famille qui dira qu'à 15h15 au plus tard elle doit être partie pour récupérer ses gosses ?
Ils sont où ces milliers d'employeurs qui réclament qu'on libère enfin les mères pour pouvoir les embaucher ?
elles sont où, ces places vides en crèche qui n'ont pas déjà incité les mères à n,e pas reprendre le travail à la naissance de l'enfant ?
Elle est où, l'égalité de la prise en charge des temps extra-scolaires sur le territoire national ?
y'a des communes où il y a tout et pas cher, d'autres où il n'y a rien, d'autre où c'est extrêmement cher ... c'est normal, ça ?

Car, screugeneugneu, on ne le répètera jamais assez :
- les communes n'ont aucune obligation de mettre en place un système de garde
- si le système est mis en place, il n'y a aucun obligation qu'il soit gratuit
- même s'il est en place et gratuit, les familles n'ont aucune obligation d'y mettre leurs enfants.
Donc, la prise en charge "nationale" de l'enfance pour son éducation cesse 45 minutes plus tôt chaque jour.


Venons-en à l'argument complètement foireux de Piketty : avant, il y avait les centres de loisirs nuls le mercredi.
Ah ?
Nuls partout ?
Nuls obligatoirement ?

J'ai vécu et travaillé dans 4 communes différentes, et j'ai vu des systèmes très différents pour les centres de loisirs, dont certains étaient merveilleux. j'ai vu aussi de la garderie basique.
Et alors, la réforme va changer quoi à cela ?
Rien, sauf que maintenant les gosses seront pris en charge un peu tous les jours par les animateurs.

trouver un animateur motivé pour le mercredi entier, prêt à faire du bon boulot du matin 7h30 au soir 19h00, c'est pas évident pour une commune, mais ça se fait. Surtout s'il y a des étudiants dans le secteur.
Mais trouver la même chose chaque jour de 15h45 à 16h30, puis le mercredi de 12h00 à 19h00, ça va être une autre paire de manches !
L'organisation actuelle est-elle bonne?
Celle de Peillon est-elle mieux?
Comment avoir un avis? Il faut faire et évaluer sur le long terme.
La seule critique valable est le manque d'évaluation de chaque réforme.

Quand les écoles maternelles seront un lieu d'échange humain (le cerveau des humains se construit par la stimulation entre humains) et non pas à lieu de dressage social qui cherche à anticiper sur la future discipline nécessaire aux apprentissages ultérieurs. Ce lieu où la seule parole adressée directement à un enfant précis au cours de la journée peut être: "non, pas le chapeau j'ai dit"... Peut-être que la grammaire ne sera plus un objet virtuel indigeste et posant un filtre opaque sur les lectures au lieu d'un éclairage lumineux. Et que la discipline intégrée à un âge propice, par ceux qui ne l'intègrent qu'à l'école et pour l'école, s'ancrera en responsabilisant l'élève. Je n'incrimine pas les professeur des écoles, c'est une question d'effectifs et d'organisation d'un établissement scolaire.

Les horaires?
À part les caler sur ceux des parents, qui sont trop variés pour, que pourrait-on suivre comme ligne évidente? Se caler sur les rythmes des enfants. N'est-ce pas ce qui est tenté? Tout en essayant de faire des week-ends complets, qui sont le temps des parents?
Normalement ce n'est pas du sommeil en retard qu'un enfant doit récupérer pendant les jours de repos. Ceux qui chouinent parce qu'on oblige les enfants à se lever le mercredi, hum... Se lever 2 jours à un horaire, 1 jour décalé grasse matinée, puis 2 jours l'horaire N°1, puis 2 jours décalés grasse matinée. Pour un ado, ok, pour un enfant, c'est du suicide scolaire, car ça prouve qu'il commence à veiller bien tard et à être en déficit permanent.
poisson : " L'organisation actuelle est-elle bonne?
Celle de Peillon est-elle mieux?
Comment avoir un avis? Il faut faire et évaluer sur le long terme.
La seule critique valable est le manque d'évaluation de chaque réforme. "


L'actuelle ? Laquelle ? Elle n'est pas "une", il y a déjà plusieurs organisations différentes dans le pays.
Celle de Peillon : encore faudrait-il que le décret fixe une organisation, et ce n'est pas le cas. Il va donc y avoir encore plus d'organisations différentes et une part encore plus grande d'inégalités ( car les communes ne sont pas à égalité pour la mise en oeuvre).

Et je pense qu'il y a une autre critique valable : le manque de préparation concertée et le manque d'ambition de chaque réforme.

Peillon va atteindre un seul objectif, mais c'est peut-être le seul qu'il cherche : la France, dans le classement de l'OCDE ne va plus avoir une place extrême ( journées longues, nombre de journées faible).
On va mieux rentrer dans les cases sur le papier.
Après, qu'est-ce qui est fait de ce temps, par qui, comment, dans quel but, apparemment c'est pas trop le problème.
Il y a plusieurs organisations? J'avais compris que la suppression du samedi avait été nationale et que toutes les écoles fonctionnaient quatre jours par semaine.

Moi je n'aime pas les horaires qui ne tombent pas pile. C'est déstructurant, 15h45 ... L'unité de temps est l'heure. Pour la baguette ou les timbres, on ne supporterait pas les chiffres pas ronds avec des petits centimes et on nous découpe le temps scolaire à la minute.

Le soir, beaucoup d'enfants ne quittent pas l'école avant 17h30/ 18h. Étude, garderie, voisine qui les garde: tant de solutions collectives ou solidaires, où est le problème? Ou bien le ramassage scolaire (avec le regroupement d'écoles) les prend en charge et vu la longueur des trajets parfois..

Par contre le mercredi le passage d'une structure à l'autre, sachant que l'une est obligatoire et l'autre non et que la communication entre structures et les inscriptions du matin rien qu'à la cantine sont compliquées. Je vous dis qu'on va trouver des mômes enfermés dans les écoles et qu'on s'en apercevra le soir quand les parents viendront les chercher au centre de loisirs.
poisson : " Il y a plusieurs organisations? J'avais compris que la suppression du samedi avait été nationale et que toutes les écoles fonctionnaient quatre jours par semaine. "

C''est normal que vous ayez compris cela poisson, parce que c'est ce qui est affirmé dans de nombreux médias. Alors que c'est faux.
Dans beaucoup de villes qui avaient déjà supprimé le samedi matin bien avant avant Darcos, et l'avaient déjà remplacé par le mercredi matin la semaine est restée étalée sur 9 demi-journées même après Darcos , avec des horaires aménagés.

poisson " Par contre le mercredi le passage d'une structure à l'autre, sachant que l'une est obligatoire et l'autre non ..."

Ce problème ne se posera pas le mercredi seulement, mais tous les jours à 15h45, puisque :
- avec le décret, les mairies peuvent proposer des activités péri-éducatives de 15h45 à 16h30,
mais :
- rien ne les oblige à le faire ( l'Association des Maires de France a obtenu cet aménagement)
- si elles le font, rien ne les oblige à ce que ce soit gratuit ( au même titre que l'étude ou la garderie, qui sont des services payants même lorsqu'ils sont municipaux)
- même si les activités existent et sont gratuites, elles ne sont pas obligatoires pour les familles !

Donc, à la fin des cours, il va falloir :
-reconduire des enfants à la grille de l'école, où ils seront normalement récupérés par les familles ( avec toutes les situations QUOTIDIENNES de retard des parents)
- dispatcher les élèves qui restent vers les différents groupes d'activités péri-éducatives
- informer les animateurs pour qu'ils sachent quels enfants,après l'activité, restent dans l'école pour l'étude ( 16h30 - 18h00) et éventuellement la garderie du soir ( jusqu'à 19h00 dans ma commune).
même passation d'information à faire pour les animateurs à 16h30, puis pour les mâitres qui font l'étude à 18h00.

Donc, entre 13h30 et 19h00, il y aura 4 appels, 4 pointages, 4 parcours possibles pour des enfants, qui vont trimballer leurs cartables d'une salle à l'autre, faire et défaire des rangs, changer d'interlocuteur 4 fois dans l'après-midi.
Un rythme de collégien dès 3 ans ...
Plus je vous lis, Bruanne, plus je me sens renforcée dans mon impression que le fond du problème n'est pas (que) le volume horaire et sa répartition mais les moyens qu'on y met. Je le dis d'autant plus tranquillement que, personnellement, j'aurais été pour un retour au samedi (pas de changement pour l'organisation du mercredi pour le périscolaire, mais le problème demeurait pour ces 45 minutes les autres jours de la semaine).

Une chose m'échappe: l'Etat a annoncé qu'il octroierait 50 € par enfant et par an, + 40 € dans les zones difficiles (ça doit correspondre à un ou plusieurs acronymes dont l'EN a le secret, je suppose). Ces sommes ne permettent pas, pour les communes les moins bien loties, de recruter des animateurs municipaux, on est d'accord. Mais avec des sommes de ce type, ne peut-on pas financer, pour part, des ateliers éducatifs... Certes, il faudrait, dans l'idéal, que la commune remette un peu de sous en plus, ou que l'on demande un complément aux parents -avec une rupture d'égalité à ce niveau- mais il me semble qu'organiser la prise en charge des enfants pour ces 45 mn n'est pas impossible. Cela demande aux maires/conseils municipaux de se farcir un sacré casse-tête, ok, de travailler en (vraie) concertation avec les enseignants et directeurs-trices, mais je ne vois pas où est l'impossibilité.
Pour autant que je sache, mais je suis peut-être mal informée, il existe de nombreuses associations dispensant des cours de gym-danse-arts plastiques-théâtre-initiations sportives-éveil à la science-ateliers de langue etc. qui emploient des personnes qualifiées dans leur discipline (et des charlots, sans doute, mais ça il y en a partout, même dans l'Educ nat, même chez les journalistes et les docteurs, donc bon !). Certaines de ces assos pratiquent des tarifs démentiels (je paie 350e l'année pour les cours de judo de ma chère descendance) d'autres très raisonnables (j'aurais payé 150e si mon horrible rejeton avait préféré faire de la danse), et je cite-là des tarifs parisiens, pas dans la fourchette basse, je présume.
Ne peut-on pas imaginer qu'une commune négocie avec X assos pour que des profs dans les disciplines que je citai ci-dessus viennent donner des cours aux petits enfants de nos écoles, pas forcément 4 fois 45 mn par semaine, mais disons 2 fois (que ce soit après la récré du midi ou après 15h45). Cela ne me semble pas dingue. Après, il est évident que les maires non-volontaires ne le feront pas, que les communes les plus enclavées/mal dotées ne pourront pas le faire... Mais je me méfie des apparences: on voit des choses formidables se faire dans des coins difficiles ou paumés, et une terrible inertie à d'autres endroits pourtant sans souci particulier... Certes, le décret ne résout pas les inégalités entre communes, mais je ne pense pas que ce soit son but (en dehors des déclarations politiciennes).

Bref, en tant que spectatrice, je vois les difficultés que ça pose, mais je pense que beaucoup sont solubles. Et surtout il y a une immense hétérogénéité des problèmes qui se posent. Exemple, à Paris, pas de problème de transports scolaires, de trajet cantine-école ou école-centre de loisir puisque -sauf erreur- toutes les écoles parisiennes font centre de loisir le mercredi. Mais je sais bien qu'en dehors d'un gros centre-ville, ces problèmes sont vraiment centraux et compliqués à résoudre. En revanche, à Paris, la moindre activité coute un bras, ce qui n'est sans doute pas le cas partout.

Reste le problème des locaux, pour lequel je n'ai pas de réponse. A Paris, pour en rester à ce que je connais un peu, le problème est réel: les enfants de pré-élem ne font plus la sieste dès la moyenne section faute de dortoirs. Mais comme je le disais ci-dessus, le problème ne se pose pas partout. Et je levais ce matin la tête vers les étages de cette maternelle parisienne: les classes, le préau, la bibliothèque, le bureau du directeur et la salle des profs (+réfectoire, buanderie, divers petits locaux de stockage) occupent le rez-de-chaussée et le premier étage. Il reste 2 étages au-dessus. Logement de fonction ? Inoccupé ? Du vide ? Je n'en sais strictement rien, mais il reste, clairement, une tapée de mètres carrés... mais on n'a pas de place pour un deuxième dortoir... Je ne peux que m'interroger.


Juste un mot à propos du lien entre mercredi libéré des élèves et freins aux carrières des femmes, je suis d'accord pour dire qu'on ne peut pas les mettre sur le dos des rythmes scolaires. Je constate cependant que ce mercredi (trop) souvent pris par les femmes salariées agit comme un facteur de reconduction de la domination masculine dans les entreprises. C'est anecdotique (à côté des incitations démentielles au congé parental féminin, par exemple) mais si des femmes -qui se sont mises à 80% non par désir personnel mais pour résoudre un incoluble problème de garde- pouvaient se saisir de cette occasion, ce ne serait pas un mal.
Mais bien sûr que le frein principal est la question des moyens, vous avez parfaitement raison J-net !

Il y a beaucoup de choses dans votre mail, je ne suis pas sûre de répondre à tout.

Ces sommes ne permettent pas, pour les communes les moins bien loties, de recruter des animateurs municipaux, on est d'accord.
Ah, ça ... c'est le moins qu'on puisse dire !
Si vous demandiez à une copine de garder votre enfant 45 minutes tous les jours et le mercredi après-midi, vous lui proposeriez 50 euros pour l'année ?
Cette somme doit couvrir à peine les frais de mise en place du système. Mais pas le système lui-même.
Dans une ville comme Créteil, il va falloir recruter 1500 personnes. Il faut payer ces personnes, mais il faut aussi que la DRH de la municipalité soit repensée, par exemple. Sortir 1500 feuilles de paye de plus en septembre qu'en août ... c'est pas anodin. Puis faut les recruter ces gens. idéalement il faudrait même les former, leur présenter leur mission et les locaux, faire en sorte qu'ils connaissent les personnels Education Nationale qu'ils vont côtoyer .

Mais avec des sommes de ce type, ne peut-on pas financer, pour part, des ateliers éducatifs...
Avec 50 euros, on peut par exemple acheter UN gros baril de KAPLA. A condition de rajouter 15 euros !
Ou encore 2 livres.
Ou 15 ramettes de papier (blanc A4, parce que pour du papier à dessin c'est plus cher !)
Mais si cet argent sert à acheter du matériel ... il n'y a plus un seul centime pour du personnel !

Cela demande aux maires/conseils municipaux de se farcir un sacré casse-tête, ok, de travailler en (vraie) concertation avec les enseignants et directeurs-trices, mais je ne vois pas où est l'impossibilité.


L'impossibilité, elle est dans le décret lui-même : il n'est pas prévu de concertation ni avec les enseignants ni avec les parents.
C'est très exactement pour ça qu'on ( enseignants qui y sont opposés) demande son retrait : les mairies font ce qu'elles veulent (peuvent). Aucun obligation de coopérer avec qui que ce soit. Aucune feuille de route. Aucun cadre.
Et elles doivent se prononcer dans les semaiens qui viennent, d'où un gros risque de bricolage géant.

( parenthèse sur ce que vous payez pour le judo : contrairement à ce que vous croyez, ce n'est pas cher !! Et vous vivez dans un lieu où votre enfant a le choix !)

Ne peut-on pas imaginer qu'une commune négocie avec X assos pour que des profs dans les disciplines que je citai ci-dessus viennent donner des cours aux petits enfants de nos écoles, pas forcément 4 fois 45 mn par semaine, mais disons 2 fois (que ce soit après la récré du midi ou après 15h45).
Un prof de gym / danse / musique/ anglais payé par qui ?
On y revient toujours !

Bref, en tant que spectatrice, je vois les difficultés que ça pose, mais je pense que beaucoup sont solubles.

Vous me permettrez d'en douter.
Exemples :
- quand l'école maternelle sera finie ( pour son quotat d'heures éducation nationale) : la maîtresse laisse les élèves à l'animateur. Et l'ATSEM ? Elle part ou elle reste ?
- La prof de danse qui fait danser 18 enfants de 5 ans dans une classe, quand il y en a un qui vomit, se tord la cheville ou fait pipi : elle est seule avec les 25 ou elle a la possibilité d'être aidée ?
- Et le jour où c'est la prof de danse qui est malade : ils vont avec qui les 25 enfants qui n'ont plus de prof.
- Et puis, ça lui plaît (c'est possible ?) de faire un cours de danse dans une salle de classe ? Du judo ? Des ateliers de découverte scientifique sans manipuler ( faut de l'eau, au minimum, puis pouvoir stocker du matériel !).
Un cours d'anglais, oui, on peut. Quoique, à 25, c'est juste.
Et je ne suis pas sûre que ça les change beaucoup, nos chers petits, d'être avec un professeur pour apprendre dans une classe. A prioiri, c'était pas ça le but.


On peut faire quoi comme activité péri-éducative avec 25 élèves (entre 6 et 12 ans) dans une salle de classe en 45 minutes ?
Sachant que jusqu'à la dernière minutes avant que ne commence la séance l'animateur ne peut pas être dans la salle en train d'installer un quelconque matériel ? Et qu'à peine la séance finie il faudra qu'il quitte immédiatement la salle qui reprend une autre fonction ?

Reste le problème des locaux, pour lequel je n'ai pas de réponse.
L'aménagement des locaux des écoles parisiennes, je connais, j'ai enseigné sur Paris : 30 minutes après le départ des élèves la classe devenait une classe de cours du soir pour adultes.
Si la mairie de votre arrondissement ne peut pas financer un dortoir depuis des années, vous imaginez une salle "d'activités péri-éducatives !" pour septembre !

Et il reste tant d'autres problèmes !
En résumé, changer les rythmes scolaires, ça ne se "décrète" pas, ça s'organise, et ça prend du temps parce que presque toute la société est touchée d'une manière ou d'une autre par une telle modification, et puis parce que ça se finance.

Vous savez, c'est assez simple : pour prendre en charge les enfants de France sur le temps scolaire entre 3 et 11 ans, il y a plus de 200.000 enseignants ( je cite de mémoire, mais ça doit se trouver). Et, derrière, toute l'administration qui gère ça.
Il en faut autant, au mois de septembre, pour les activités péri-scolaires. Et même plus car en maternelle un enseignant peut avoir 30 élèves mais pas un animateur.

Si vous pensez que de la bonne volonté suffit, j'admire votre optimisme.

Et il faut que ces gens travaillent en concertation avec les profs.
Quand ?
Quand on est en classe ? Quand ils sont en atelier ? Non, donc pas du lundi au vendredi.
Il reste le samedi ( ça sera mon 6ème jours de travail de la semaine, et le leur aussi ... on risque de ne pas être d'accord sans compensation financière !)
Ou le dimanche.
Bon sang, mais c'est bien sûr, on n'y avait pas pensé !

Nous, on ne comprend pas comment ça peut marcher et rien qu'aujourd'hui 6 grosses communes de mon département ont fait savoir qu'elles n'entreraient pas dans le dispositif en 2013, car elles ont chiffré le coût, les besoins, les compétences et elles disent " on ne pourra pas, on ne sait pas faire, ça va être dangereux".
Mais certaines pourront, c'est sûr.
Celles qui ont de l'argent et déjà des CLAE ( centres de loisirs associés aux écoles).
Je ne me sens pas armée pour vous répondre, je vous faisais plus part de questions que de réponses... Mais je vous lis avec intérêt.

Cela dit, si ma mairie d'arrondissement ne fait pas de deuxième dortoir dans l'école en question, je ne pense pas du tout que ce soit un problème de possibilité ou de moyens, mais un problème de volonté (combien d'adultes pensent encore que la sieste pour un enfant de 4 ans révolus, ça ne sert à grand chose...?), clairement, permettre à potentiellement 60 enfants de plus de bénéficier d'un vrai temps de repos entre 13h et 15h ne fait pas partie des priorités...

Votre dernière remarque sur les CLAE confirme mon impression: les communes bien dotées se démerderont pour faire un truc bien. [et tant pis pour les autres, ça, je suis bien d'accord que c'est n'importe quoi]

En revanche, là, je ne comprends plus: pas de concertation avec les enseignants ?
C'est pas l'idée du plan éducatif territorial ? Que les conseils municipaux bouchés à l'émeri fassent n'importe quoi dans leur coin ne m'étonnera pas des masses, mais, dans l'esprit du décret, n'est-on pas sensé penser le truc en concertation ? C'est ce qu'on a l'air de faire: ici ou ...

Quant à l'encadrement des enfants, et par qui, je vois très bien les problèmes que vous soulevez. Même si tous les animateurs municipaux du mercredi devaient être réaffectés aux temps libérés en journée, d'une part cela ne suffirait pas (tous les enfants ne vont pas au centre de loiz le mercredi, avec des taux très variables d'un endroit à l'autre) d'autre part ces personnels ne seraient pas ravis de cette réorganisation arbitraire de leur temps de travail (la révolte gronde, à Paris)... Pour les Atsem que je connais, je ne vois pas trop le pb: elles travaillent déjà le mercredi aprem, alors s'occuper des enfants le mercredi ou pendant les nouvelles 45 mn "non-scolaires" en journée, cela ne change pas énormément la donne, dans la mesure où elles sont sur place.

Ok, la réorganisation du temps scolaire ne se décrète pas sur un coup de tête... En même temps, c'est ce que la droite a fait en 2008, j'ai bien entendu quelques protestations, mais j'attends encore les journées nationales de grève sur ce sujet...
Je me sens totalement solidaire des enseignants quand ils parlent de leurs conditions de travail, des évaluations débiles (je vais bientôt recevoir celle de ma descendance et tous les ans, cela me désespère un peu plus à la fois pour ce que cela demande aux enseignants -dans l'école en question, les cahiers nous sont remis en main propre avec explications- et pour ce que cela fait peser sur les enfants), de la paperasse etc. Autant sur les rythmes scolaires, j'ai du mal à être d'accord avec toutes les préventions... Parce que j'ai été vraiment en rage quand cette neuvième demi-journée a été zappée, comme si de rien n'était ou presque, il y a 4 ans.
Mais il date et annonce des choses fausses ( pourquoi le mercredi / jeudi), etc...
Qu'est-ce qui est faux sur le mercredi/jeudi ?

Sur les femmes qui ne travaillent pas le mercredi pour garder leurs enfants, évidemment que c'est une réalité. Mais avoir recours à cette réalité comme si elle justifiait la réforme, c'est un peu fort de café.
Piketty pense-t-il qu'en mettant la fin de l'école à 15h45 les lundis, mardis, jeudis, vendredis et à midi le mercredi ça va améliorer ce point-là ?
Sérieux ?
Par quelque bout que vous preniez le problème, il restera toujours le même : le temps scolaire d'un enfant en bas âge est forcément inférieur à la durée du travail d'un salarié à plein temps (et encore plus si on compte les transports). Heureusement pour l'enfant ,d'ailleurs, et heureusement pour son instit'. Tout changement de la répartition du temps scolaire n'a que des effets à la marge sur ce problème, le temps retiré ou ajouté sera complété ou pas selon les possibilités disponibles par une solution de garde ou contraindra les adultes assument la charge de l'enfant à se libérer.

Elle est où, l'égalité de la prise en charge des temps extra-scolaires sur le territoire national ?
y'a des communes où il y a tout et pas cher, d'autres où il n'y a rien, d'autre où c'est extrêmement cher ... c'est normal, ça ?
Il n'y a jamais eu d'égalité de prise en charge. Il est discutable de placer l'enjeu sur ce terrain là. Ce qui est, et ce qui reste dû, c'est l'accès à l'éducation, et ça concerne le temps scolaire. Assumer les contraintes de garde n'est pas la mission de l'éducation nationale, et est-il vraiment opportun de lui demander d'accroitre son rôle dans ce domaine ?
Je vais préparer une réponse point par point au papier de Piketty, avec les sources et les liens, mais il me faut un peu de temps pour ça. Vous y trouverez les explications sur le lien supposé entre la journée libre et le catéchisme, idée très souvent répétée, mais fausse.

Sur le temps scolaire d'un enfant, inférieur au temps de travail d'un salarié, il y a deux façons de voir :

- un enfant s'instruit moins d'heures par semaine que ses parents ne travaillent, c'est vrai.
- mais un enfant passe obligatoirement plus de temps que ses parents sur son lieu de garde, puisqu'il doit y être quand ses parents travaillent + pendant leur temps de transport.

Là où nous sommes d'accord, c'est qu'effectivement, il il faut une solution de garde pour un certain nombre d'heures par semaine. La semaine scolaire d'un enfant est de 24 heures, celle de travail à temps plein d'un parent de 37 heures.
à quoi il faut ajouter le temps de transport : voilà comment se constitue l'écart.

Parmi ces heures d'écart, il y en a sur le temps de midi, et les cantines scolaires ont été inventées depuis longtemps, elles fonctionnent.
Mais il en reste.
Elles peuvent être groupées sur une journée sans classe, le mercredi, ou fractionnées sur chaque jour.
Désormais elles seront fractionnées.
J'affirme à nouveau que trouver une solution de garde "éducativement satisfaisante " pour 45 minutes ou 1h30 chaque jour en plein après-midi est plus compliqué que pour une journée entière le mercredi.


Sur l'inégalité : il y en a toujours eu, c'est vrai. On est tout à fait d'accord.
Je ne demande pas que l'éducation nationale assume les contraintes de garde, mais je trouve grave que la même éducation nationale lâche des gamins de 3 à 11 ans à 15h45, alors qu'on sait que très peu de familles sont en mesure de les prendre en charge correctement à cet horaire-là, sans penser le temps qui reste jusqu'au soir.
Or, c'est ce qui se produit.
Une réforme aurait pu consister à considérer que l'éducation nationale n'est peut-être pas faite que d'instruction : que le temps de garde des enfants sur des activités culturelles, sportives, récréatives pouvait aussi devenir une mission nationale, avec une égalité sur le territoire.
Mais non.
On reste sur : la Nation se charge d'instruire, et localement trouvez les solutions que vous pouvez pour le reste : comme si "le reste" n'avait pas d'impact sur les apprentissages !!
Pourquoi le statut d'animateur ne serait pas national ?
Pourquoi accepter une inégalité immense d'une ville à l'autre sur la prise en charge de l'enfance ?
Où est le projet d'un pays pour ses enfants ?

Je ne souhaite pas garder mes élèves jusqu'à 19h00.
Je ne veux pas qu'ils traînent dans la rue.
Mais, oui, ça me fait mal de voir que quand mes élèves étaient dans les 3 autres communes où j'ai travaillé ils étaient avec des marionnettistes professionnels, des sportifs professionnels, en petit groupe, et faisaient de belles choses, alors que ceux qui sont là où je travaille actuellement sont dans une cour en béton, avec un ballon s'il n'a pas plu, et jouent avec un animateur qui leur crie " Eh, vas-y, le bâtard, comment il a pécho la balle ! Tu sais c'est quoi, ça ?"

Ce qui se passe en dehors du temps scolaire dans la vie d'un enfant est largement aussi déterminant que son niveau d'étude pour la suite de sa vie. Ils doivent être confiés à des gens formés, conscients de leur rôle et disposant de moyens suffisants pour remplir correctement leur mission.
Oui sur le jeudi caté je suis curieux de consulter vos sources. N'hésitez pas à sourcer ça d'abord si vous en avez le temps.

Ensuite sur le reste du calcul, je trouve ça discutable : le temps de travail à temps complet est officiellement de 35h, pas 37, en réalité c'est très variable mais les données sont moyennement fiables. On aboutit comment au chiffre de 37 ?
Ensuite les adultes sont assez nombreux à faire également une pause le midi, pour déjeuner. Temps de pause souvent plus court que celui des enfants mais qui sur une semaine représente vite un temps significatif à ajouter au contingent d'heures d'indisponibilité pour la garde.
Je trouve également discutable de dire qu'assurer la garde à 15h45 est fondamentalement différent de l'assurer à 16h30. Peut-on vraiment affirmer que beaucoup de gens peuvent être présents facilement à 16h30 ? à part les profs de français et de math de collège qui ont plus souvent les cours du matin et du début d'après ? Ces cas paraissent peu généralisables.

Sur le reste, évidemment c'est pas neutre, mais à partir par là, le temps en famille aussi à un impact majeur sur les apprentissage. On fait quoi ensuite, on organise des visites domiciliaires par les instits pour vérifier si les jeunes enfants sont convenablement sollicités intellectuellement lors qu'ils sont chez eux ? On fait la liste à chacun des activités acceptables auxquelles ils ont le droit d'inscrire leur enfant sur son temps libre ?
- Jeudi caté : patience, je ressortirai mes bouquins ce week-end, pas possible avant.

- -5 ou 37 heures : totale erreur de ma part, ce n'est pas le résultat d'un calcul mais d'une coquille.

- 15h45 ou 16h30 : je vois beaucoup de familles réussir à faire en sorte qu'un des deux parents réussisse à être à la sortie de l'école, généralement en étant parti travailler beaucoup plus tôt le matin.
Mais j'entends votre argument et veux bien l'admettre.

- Votre dernier argument ne me paraît pas honnête. "famille", ce n'est pas un métier, il n'y a pas de diplôme, pas de formation et ce temps n'est pas organisé par la collectivité ni régi par une loi.
Ce qui n'est pas le cas du centre de loisir ou de "l'activité péri-éducative" dans le cadre d'un "projet éducatif territorial".
- sur le lien prétendu entre coupure du jeudi et catéchisme :

Je ne réussis pas à retrouver dans quel bouquin il en est question. Je ne sais même plus si c'est Lelièvre ou Prost (tous deux historiens de l'institution scolaire) qui avait consacré un chapitre à ça.

Si quelqu'un a une idée et peut accélérer mes recherches ... help !

En plus, c'est peut-être aucun des deux si mon souvenir est mauvais !
J'ai le souvenir que la semaine sans jeudi était calquée sur une autre organisation antérieure, mais laquelle ???
Il y a ceci et ceci mais pas très clair en fait:
http://blogs.mediapart.fr/edition/changer-les-rythmes-scolaires-lodeve/article/160311/l-ecole-contretemps

http://blogs.mediapart.fr/blog/claude-lelievre/110512/du-jeudi-au-mercredi-et-apres
Merci !

C'est pas très clair, en effet, (!!) mais l'information que je recherche est évoquée:

Contrairement à ce qu'on entend souvent, le jour sans classe du jeudi n'a pas été inventé en 1882 pour permettre l'enseignement du catéchisme quand on a décidé que l'école serait laïque. L'origine du jeudi est très ancienne. Elle remonte à l'Ancien Régime. En 1810, les frères des écoles chrétiennes ne font pas classe le jeudi après-midi. Le jeudi est totalement libéré en 1858 dans le primaire. Rien ne change sur ce point avant 1968.

Or, ceci est un compte-rendu d'une conférence d'Antoine Prost, c'est donc plutôt dans ses ouvrages que dans ceux de Lelièvre que je dois chercher.
Vraiment, cet article de Piketty me tue.
Il ment, il parle de ce qu'il ne connaît pas et commente un texte qu'il n'a manifestement pas lu ( pourtant, ça fait pas 3 pages), ça ne demande pas un boulot énorme !!)

Je propose donc à Daniel Schneidermann, très sérieusement, de lancer un nouveau format d'article :
la rédaction d'@si observe comment les média parlent de cette réforme,
et des @sinautes qui enseignent dans le primaire racontent comment ça se passe en vrai sur le terrain en envoyant
des témoignages à la rédaction.
Un suivi qui prend une réalité par deux bouts : le discours médiatique et les acteurs de terrain.

On est nombreux à enseigner je crois, et dans des endroits différents, il devrait rapidement y avoir
pas mal de témoignages différents.
Bonne idée Bruanne
Je viens de lire l'article de Piketty...
Juste lol...
Pas grand chose à dire si ce n'est que l'on voit qu'il est spécialisé dans l'économie et non la pédagogie...C'est pour cette raison qu'il faut laisser parler ces gens qui croient tout savoir alors qu'ils n'ont certainement pas ouvert un bouquin ou une revue qui parle de pédagogie...

Bref, merci Piketty!
Je suis prof des écoles et je ne suis pas pour le mercredi matin... Pourtant, je me moque totalement de la situation des profs et notamment de notre "seul luxe" qui est le temps...Surtout que nous faisons juste l'un des plus beau et plus important métier du monde...
Bref, les journées sont trop longues, il faut réduire le temps de travail des élèves et rajouter le samedi matin...Solution qui permet en plus de faire rentrer les parents dans l'école...Celle-ci étant devenu de plus en plus une prison...
Du lundi au samedi matin : les élèves travaillent 2 jours et disposent d'un jour de repos. Ensuite, il travaille 2 jours et demi et ont un jour et demi de repos... Il me semble que d'un point de vu mathématique, c'est mieux... Car avec le retour du mercredi, il n'y a pas de jour de repos dans la semaine...Ha si, deux (le week-end) alors qu'il est prouvé que les élèves oublient et ont beaucoup plus de mal à se remettre pour repartir à l'école le lundi...
Bref, je ne vois pas de corporatisme dans mes propos par contre vous verrez un certain nombre de mes collègues monter au créneau en lisant tout cela... : " oui mais les élèves de mater ne viennent pas le samedi matin..." Pas grave, on les met avec les grands et les enseignants sont réquisitionnés aussi en élémentaire... " ok, mais vous faites quoi des enfants de divorcés..." Bah pour une fois, on pourra voir les papas à la sortie des classes...

Bref,quelques réflexions en désordre... qui sont largement étayées dans certaines revues spécialisées dans la pédagogie...
Le mercredi : moi je bosse et (même pendant mes "vacances" )! Ce n'est pas une journée de repos! Quand est ce que notre travail de préparation sera enfin reconnu ! Si préparer ses cours et travailler dans un bureau ce n'est pas travailler, alors aucun gratte papier et aucun ministre ne travaille. Ne pas prendre en compte cette préparation c'est comme ne pas prendre en compte le travail d'architecte dans la construction d'une maison par exemple.

Du temps pour moi en semaine, je n'en ai pas. Pourquoi se battre pour conserver ce qu'on n'a pas ? Parce que quand je rentre chez moi je n'ai jamais terminé. Si je dois travailler le mercredi, est ce que je préparerai mes cours le week-end (ce que je fais déjà ) ? Il est reconnu officiellement qu'un professeur des écoles travaille 43 heures par semaine ( je fais plus) . Et c'est physique, intellectuel, nerveusement très difficile.

Je me rappelle ce que je pensais de l'enseignement avant de commencer. Alors je sais que les préjugés abondent : mélange de fantasmes et de propagande. Mais c'est réellement injuste et ça fait très mal. Je ressens vraiment du "racisme".
Pour tout le monde, enfant rime avec jeux, naïveté, innocence, bonheur, joie de vivre.. Donc un enseignant travaille dans un monde de bisounours. De quoi pourrait-il se plaindre ? Tout le monde aimerait être payé pour jouer toute la journée. En plus, jouer avec les êtres qu'on aime le plus au monde ! Un paradis.

Ce qu'on ne voit pas, c'est la gestion des problèmes et des besoins de chaque enfant, la préparation de la classe, les responsabilités, le stress, le bruit ! Être présent pour deux ou trois enfants c'est déjà difficile et beaucoup de parents n'y arrivent pas (ce n'est pas une critique, ils y a des raisons que je ne vais pas développer). Alors imaginer être présent pour 25 à 35 enfants ?

D'autre part la présence réelle d'un professeur des écoles en classe n'est pas de 6 heures. Déjà nous avons 20 minutes d'accueil par jour en dehors des heures de classe. En fait nous avons quotidiennement 6h20 minimum de présence avec les enfants et 7h20 deux fois par semaine avec l'aide personnalisée. Je dis minimum parce qu'on ne compte pas non plus le temps de garde des enfants quand les parents sont en retard (entre 5 et 30 minutes le plus souvent). Mais en dehors du travail avec les élèves, il faut préparer la classe le matin avant leur arrivée. J'arrive à l'école à 7h30. Je prépare aussi ma classe pour l'après-midi entre midi et deux. Ça me prend une heure et le soir quand j'ai aide personnalisée je reste jusqu'à 17h30 voire 18h30. Si on enlève une pose de 30 minutes pour manger (quand on ne fait pas de réunion en même temps) ça fait entre 9 et 10 heures de travail par jour. Il y a des jours, j'oublie de boire !

Personne ne compte aussi les conférences pédagogiques (9 1/2 journées par an) les conseils de maîtres, d'école, les réunions informelles, réunions avec le RASED, inter cycle, réunions d'information pour les parents d'élèves, etc... Et toutes ces réunions, on les prépare. Donc en classe ça fait 40 heures minimum par semaine. À cela il faut ajouter les courses, les visites pour préparer des sorties, la recherche de matériel de récupération ... qu'on fait avec notre voiture et notre essence, les préparations à la maison qu'on fait sur nos ordinateurs, nos imprimantes et notre encre, en utilisant la documentation qu'on stocke dans nos logements à nos frais (souvent une pièce dans la maison... demandez aux conjoints). Si l'éducation nationale devait payer cette essence, ce matériel informatique, ces m² de logement, combien ça coûterait ?

Préparer la classe c'est écrire tout ce qu'on fait, programmer des activités pour répondre à tous les objectifs prévus dans le Bulletin Officiel. C'est préparer le matériel nécessaire pour chaque activité. Quand on sait qu'en maternelle on change d'activité en moyenne toutes les 25 minutes (en Grande section) vous pouvez faire les comptes.

Alors pour en revenir à la réforme. Effectivement, l'aide personnalisée et la suppression du samedi matin a été une belle erreur. Mais avec la réforme de Monsieur Peillon on ne revient pas à ce qui existait. L'aide personnalisée va rester, les journées de travail vont être aussi longues que maintenant. Au lieu de passer 1/2 heure de plus par jour avec les enfants on va passer ce temps dans les transports et en "pause méridienne". Et ces 1/2 h on va les payer le mercredi matin !

Pour ne pas « lâcher » les élèves avant 16h30 les municipalités risquent d’allonger la pause méridienne pour qu’elle dure 2h, 2h30 voire 3 heures !
Pendant ces activités qui pourront avoir lieu dans les salles de classes, que feront les enseignants ?...ils auront le temps de réfléchir à leur situation de « nantis » ...! ?

L'Association des Maires de France vient de faire savoir que les activités périscolaires ne seront pas forcément gratuites et qu'elles ne seraient pas obligatoires, ni pour les parents, ni pour les élèves, ni pour les municipalités. Du coup, c'est la promesse présidentielle de l'accompagnement de chaque enfant jusqu'à 16h30 qui s'envole ! Où est l’intérêt de l’enfant pourtant vanté à coup de déclarations tonitruantes ?".
Bien consciente que nous sommes nombreux sur ce forum à revenir sur le fond de l'affaire, et non sur son traitement médiatique ... je continue dans ce "hors sujet".

Pendant que ça discute, ici ou ailleurs, le ministre a signé le décret, et il a été publié le samedi 26 janvier 2013.
Journal officiel du samedi 26 janvier 2013

Voilà, c'est fait.

Alors il va y avoir des grèves, et on va nous dire qu'au lieu de faire grève on devrait faire d'autres propositions.

Un texte qui a une telle influence sur l'organisation des familles, des mairies, des associations ne devrait pas pouvoir être un décret. il faut au minimum que ce soit une loi, qu'il y ait un débat.
Le maire de ma commune est un député-maire PS. Il va être pris dans tout un tas de contradictions :
- PS : logique de parti
- Député, il n'est même pas interpelé sur un projet aussi important
- Maire : il doit réorganiser toute la prise en charge de l'enfance dans la ville avant le 31 mars. Consultera-t-il les partenaires ? En aura-t-il la volonté ( PS) ? Les moyens ?
Un article de Science & Vie de septembre 2012 posait la question « Vaut-il mieux pour les enfants une semaine scolaire de 4 ou de 5 jours ».
« La réponse est clairement la semaine de 5 jours, avec classe le samedi matin ».

Une expérience citée dans l'article :
Le lundi matin, on donne à retenir une liste de 12 mots à des élèves de primaire pratiquant la semaine de 4 ou 5 jours (dont le samedi matin). Le taux de rappel chute de 30 % l'après-midi pour les élèves soumis à la semaine de 4 jours par rapport aux autres.

La raison ? Les enfants de la semaine de 4 jours changent leur habitude de sommeil le week-end, en se couchant et se levant plus tard. Le phénomène est beaucoup moins marqué avec la semaine de 5 jours avec classe le samedi matin. Eux ne se couchent plus tard que le samedi soir et ne font la grasse matinée que le dimanche matin. Ils ne se lèvent donc pas le lundi matin avec une espèce de décalage horaire.

Or la question des cours du samedi matin n'a même été posée. Cela n'a pas été un sujet de débat dans la réforme des rythmes scolaires.

Une conclusion personnelle de l'article est : il vaut mieux éviter que nos enfants se couchent tard et fassent la grasse matinée 2 jours d'affilé, quelque soit le type de semaine scolaire en vigueur.
Il serait bon d'informer les parents des effets néfastes des grasses matinées successives du week-end sur les performances des enfants le lundi et le mardi en semaine scolaire.

Une autre question à poser serait « Vaut-il mieux pour les enfants une année scolaire à X ou à Y semaines ? ». Le ministère de l'Éducation Nationale ne l'a pas formulée.
Est-ce que dans cette réforme on pourrait aussi parler de l’intérêt de l'enfant, comme autre chose que son rythme d'apprentissage ? Comme vous le dites très bien, les enseignants (comme on le serait tous) sont attachés à leur mercredi pour se reposer, faire d'autres activités, mais je n'entends jamais nulle part que l'enfant peut avoir ces besoins là.
j'entends et je lis que l'intérêt de l'enfant (mot utilisé dans l'édito du monde) est d'avoir un rythme d'apprentissage optimal en classe, il faut se conformer à ce que disent les fameux chronobiologistes... Mais jamais que l'enfant s'il va à l'école une demi-journée en plus pourra être plus fatigué et si la demi-journée est le samedi, verra moins ses parents. Si on veut vraiment penser aux enfants on pourrait arrêter de penser uniquement à leurs capacités d'apprentissage, mais à leur bien être de manière global. D'autant que la fatigue ne me parait pas idéale pour l'apprentissage.
Car rappelons-le, avec cette réforme, le temps de classe dans la journée sera peut-être réduit, mais pas le temps d'école (classe + cantine + gouter + étude ou centre de loisirs), certains parents, comme moi, continueront à aller chercher leurs enfants à 18h, mais par contre les enfants iront bien une demi-journée en plus à l'école...

Enfin, tout à fait d'accord avec les témoignages sur le parti pris et l'insulte faite aux instits/profs dans cet édito du monde, scandaleux d'être aussi peu objectif. Il y a des pages débats dans le journal, elles sont faites pour être utilisées !! Les rythmes scolaires comme les autres sujets peuvent faire l'objet d'un pour et d'un contre !
Bonjour à tous,

Je suis un instituteur syndiqué, mais pas dans LE syndicat qui parle à la télé.
D'abord cette hégémonie, au moins dans l'audience, me hérisse par ses aspects... Disons peu démocratiques. Le syndicat dont il est question voit ses adhérents fuir régulièrement, ce qui n'est pas le cas de tous.

Ensuite, nous ne sommes pas le syndicat des enfants. Pas plus que celui des parents, des hôteliers, des clubs de foot ou des cathéchumènes. Mais que l'on me permette de rappeler que si les conditions de travail dans l'école sont bonnes, tout le monde y travaillera mieux.

Par ailleurs, le rythme que regrettent les enseignants du primaire est celui qui comprenait le samedi matin, moment priviliégié dans une classe et occasion irremplaçable de rencontrer les parents. Nous n'avions pas un week-end dans l'année: revendication de fainéants ?
Ce samedi a été remplacé par une bouillie de concertations et réunions, qui ne sont pas aujourd'hui supprimées. Ceci nous fait travailler entre 52 et 90 demi-journées supplémentaires chaque année. Pour pas un rond de plus. Et cela me pose un problème, effectivement. Mon pouvoir d'achat baisse régulièrement depuis 10 ans au moins.

De plus, une part de notre horaire sera désormais soumise aux instructions des élus locaux, ce qui remet en cause l'indépendance du fonctionnaire d'Etat, première condition d'une administration impartiale. Si vous aimez le clientélisme, pas moi.

Enfin, cette usine à gaz a été imposée sans la moindre véritable concertation, pour entendre ensuite que les enseignants ne savent pas ce qu'ils veulent: c'est le ministre qui ne sait pas ce que nous voulons, et pour cause!

Je m'arrête là pour ne pas abuser de votre temps, mais il y aurait beaucoup à dire. Seulement ce "beaucoup" nécessite d'expliquer en détail certains fonctionnements de l'institution, et je ne pense pas que ce soit le lieu.
Alors oui, il y a de grosses critiques à formuler sur ce traitement médiatique, et si @si cherche un discours enseignant proche de la base, démocratique et cohérent, nous les invitons volontiers.
Bonjour à tous !
Juste ce petit message pour dire que même chez ASI, le même amalgame est fait, tout le monde dans le même panier ! Les "profs" par ci les "profs" par là ... alors que le sujet ne concerne que les professeurs des écoles (les anciens instits) car les enseignants du collèges et du lycée (les autres profs ...), celà fait longtemps qu' ils bossent le mercredi. Mais peut-on compararer des métiers qui sont très différents ? En effet, s'occuper de jeunes enfants en primaire, de collégiens ou de lycéens ce n'est pas le même boulot.
Demander aux "profs" de faire des efforts sans revalorisation salariale (car c'est là que le bas blaisse .... plus le jour de carence instauré par Sarkozy et maintenu par Hollande !) ce n'est plus possible sans grincement sévère. Pour info, un prof français débutant émarge à 1660 euros en France et 2500 en Allemagne à comparer avec les 2270 euros d'un prof certifié (français) au bout de 15 ans d'ancienneté ...
je préfère une réforme gaie des rythmes scolaires, qu'une réforme triste.
Hello à tous,
Mais qu'est-ce qu'elle a, la société française, avec les enfants ces derniers temps ? Grrrrrr !!!

Entre "le mariage et l'adoption pour tous", les rythmes scolaires, les dernières préconisations autour de la relation enfant/écran, la polémique de la maternelle à deux ans... et tout ça avec à chaque fois le même argument : L'intérêt supérieur de l'enfant

J'avoue, je fais - grave !!! - une overdose de la figure médiatique de "l'enfant" dont le pseudo intérêt justifie toutes les mises en avant médiatiques et tous les affrontements idéologiques.

Et c'est d'autant plus dingue que :
- avant l'âge de 10 ans, "l'enfant" médiatique est un être sacré (innocence, oiseaux qui gazouillent et p'tits chatons qui pètent) dont les droits doivent être défendus avec la plus extrême vigueur,
-et passé 10 ans, il devient "l'adolescent", ce monstre d'égoïsme, dangereux pour lui-même autant que pour la société qu'il convient de surveiller et punir avec la plus grande sévérité (y compris si cela signifie le juger comme un majeur et l'enfermer en prison pour les vingt prochaines années).
Lorsqu'il n'est pas médiatisé comme la "génération sacrifiée" (à prononcer avec un faux air de commisération désolée), futur chômeur accroc aux jeux vidéos et immature qui ne connaîtra pas la félicité de l'accession à la propriété et du droit à la retraite.

Je vous le dis, nous français sommes malades de nos enfants. Je sature.
Thomas Legrand est un grand éditorialiste, la preuve il a travaillé avec Alain Duhamel.
Disons le tout net:Le Monde, Legrand de France Inter, Libération ,comme la Pravda au bon vieux temps soviétique sont les relais consciencieux de la 2ème gauche libérale (je n'ose ajouter sociale...)actuellement au pouvoir

Le Monde et France Inter, de ce point de vue prétendent à l'excellence.Ainsi, les corporatismes, les rigidités les "conservatismes" sont toujours du même côté:du côté des salariés, de la cgt , de Fo par exemple. Ainsi, Courtois dans le Monde évoque l'accord historique signé par "3 des 5 gandres organisations syndicales" en oubliant allègrement que la cftc ou la cgc ne jouent pas tout à fait lans la même cour en matière de représentativité.Sur le problème des enseignants ces médias oublient un problème essentiel pour le citoyen (non enseignant dois je précisé ) que je suis:vu les inégalités de ressources des communes , Sevran par exemple aura droit à des animateurs payés au rabais et à Paris ou Neuilly des formateurs bien rémunérés et compétents. En dégageant du temps à la charge des collectivités locales, on ne fait qu'accroitre les effets pervers de la décentralisation.Nous allons tout droit vers un développement séparé où nos banlieux ou nos campagnes (j'ai le privilège d'être né dans le gers)qui manquent de moyen ne pourront offrir à leurs enfants que des prestations au rabais.
Alors France Inter (une des radios malgé tout la plus audible...)et Le Monde devrait faire un effort pour ne pas insulter notre intelligence de cul terreux ou de banlieusard. Sachant l'importance de la formation, nous sommes aussi très sensibles au sort réservé à nos enfants et , en ce qui me concerne, je remercie les enseignants parisiens d'avoir posé le problème. A titre accessoire, ce ne sont pas les enseignants qui , comme Arnaud délocalisent leur fortune dans des paradis fiscaux , mais ce sont bien eux qui, contre vents et marées sociabilisent nos petits pour des salaires, convenons en, très médiocre.Dans ce cadre,même s'ils sont attachés au mercredi, cela ne me choque pas !!Une "respiration" au milieu de la semaine n'est pas si inconvenante que cela, vu leurs conditions de travail, notamment dans nos banlieues...

Roger Bacon Sevran
Comme toujours y'a du pour et du contre de chaque côté, mais je trouve qu'il manque un contre-projet de la part des enseignants via leurs syndicats. Si le projet du ministre est pourri, pourquoi les enseignants n'en proposent-ils pas un qui serait meilleur ? Peut-être que ça existe, mais je ne l'ai vu nulle part pour le moment.
Le Monde dézingue les profs : "Disons-le tout net : ce corporatisme étriqué est lamentable. Les performances médiocres de l'école française, attestées par toutes les enquêtes internationales, devraient plutôt inciter tous ses acteurs à se mobiliser, avant tout, dans l'intérêt des enfants"

Miséricorde, c'est devenu ça, Le Monde ?
Qu'est-ce que c'est que cet édito stupide, moutonnier et méprisant. Quelle honte ! Avoir la bêtise de considérer que, parce qu'ils ne sont pas en face des élèves, les enseignants du primaire ne travaillent pas le mercredi. C'est de l'ignorance et de la bêtise crasse. Et je ne parle pas des réunions et formations imposées (au moins un mercredi par mois, mais souvent plus selon l'IEN). M. Rochat, avez-vous la légereté de penser qu'un enseignant, même en petite section de maternelle, vient le matin les mains dans les poches ? Croyez-vous qu'avez des enfants de 3, 4, 8 ou 10 ans on puisse venir en disant, prenez votre livre et on verra ce que l'on fera ? Vous auriez mieux fait de réfléchir (ou peut-être d'enquêter ?) avant de produire cet éditorial minable.
Je crois que la plus part des enseignants sont d'accord sur le fait qu'en France le rythme scolaire est inadapté. Cependant, cette réforme mené par PEILLON est mal accepté car contraire à ses objectifs. Les enfants resteront plus longtemps à l'école ( le mercredi matin), à faire des activités flous dont le niveau et l'intérêt dépendra beaucoup des finances de la commune. Dans certaines écoles les enfants auront peut être les moyens nécessaires de mettre en place des activités intéressantes, dans beaucoup d'autres se sera la marelle et le coloriage.
Et puis derrière cette réforme, on à le sentiment que l'école est assimilée à une garderie. L'essentiel étant que Papa et maman (ou maman et maman ou papa et papa...) soit délestés de leurs bambins pour aller faire leur 09h-20H chez leur employeur.
A n'en pas douter, les éditorialistes vont nous expliquer , matériellement, vont se dérouler ces "activités péri-éducatives" ... et ça va intéresser les maires qui s'arrachent les cheveux.

Ah, ça, pour dire que ça serait mieux, pour les enfants, de faire du sport ou de la musique ou du tissage ou du théâtre, ils sont nombreux ... mais ces activités devant se tenir sur place, j'ai hâte de voir à quoi ressemble une séance de danse entre les rangées de tables !
Surtout si dans la classe à côté se tient une répétition de fanfare (les classes sont toutes très bien isolées, et il y a une profusion d'instruments de musique, comme chacun sait), Quant à l'entraînement de judo sur ( sous ?) un pupitre, ça va payer !
Le tout en 45 minutes, appel, mise en place et rangement compris.
Sûr que ça va être beaucoup de calme et de détente.

C'est beau, sur le papier, une "activité péri-éducative", mais avec 25 enfants, dans une salle de classe,pendant 45 minutes et pour 50 euros par an et par enfant, il y a tout de même beaucoup de choses parfaitement irréalisables.

Surtout qu'à ce prix-là, ils vont être pris en charge par des gens très qualifiés et motivés.
Peillon aujourd'hui a défendu sa réforme. Pour lui, la sauvegarde du mercredi arrange certains adultes, au détriment de l'intérêt des enfants...
La bêtise à l'état pur...
Deux précisions :

- il n'y a plus, depuis Darcos, de cours le mercredi matin ou le samedi matin pour les élèves, mais les enseignants travaillent tout de même ces jours-là : formation continue et réunions de concertation. Avec la réforme Peillon il n'est pas clairement précisé QUAND aurait lieu ce travail-là, mais il ne reste que le mercredi après-midi, le samedi et le dimanche ...

- La réforme Peillon n'est pas un retour à la semaine d'avant Darcos du tout !
Avant Darcos les élèves avaient classe 2 mercredis ( ou samedis) matin sur 3, ce qui correspondait à une alternance de 2 semaines de 26 heures sur 9 demi-journées puis une semaine de 23 heures sur 8 demi-journées. Lorsque le mercredi ( ou samedi) matin était libéré pour les élèves, c'estait un temps de concertation ou de formation pour les enseignants.
Depuis Darcos la semaine est de 24 heures sur 8 demi-journées pour tous, et 2 heures supplémentaires pour les élèves du dispositif appelé "aide personnalisée".
Je ne suis pas à Paris mais à Lille. Mais j'entends les enseignants de l'école de mes enfants dire qu'ils sont déjà occupés la plupart des mercredis : réunion diverses et formations qui ne peuvent se faire que le mercredi puisque l'académie n'a plus les moyens de les remplacer en semaine. Du coup, ils se demandent bien où arriveront ces activités. Je n'ai pas analysé la question en profondeur, mais je me demande aussi si un problème n'est pas que, faute de remplaçants, certaines choses qui avaient lieu auparavant sur le temps scolaire ont lieu maintenant le mercredi, avec une fréquence beaucoup plus élevée qu'auparavant. Du coup, on peut comprendre que les enseignants aient l'impression qu'on leur en demande toujours plus sans réévaluer leurs salaires.
Je trouve un peu gros de les accuser de corporatisme : quelle profession accepterait sans broncher qu'on alourdisse sa charge sans contrepartie? Je trouve même scandaleux qu'on brandisse l'intérêt des enfants pour formuler une telle accusation : depuis quand le fait de faire un métier utile doit-il vous obliger à accepter n'importe quelles conditions de travail? Je pense qu'une majorité d'enseignants s'intéresse à l'intérêt des enfants mais a légitimement du mal à accepter qu'on définisse cet intérêt sans les consulter. Je trouve également étonnant qu'on ne cesse de parler du mercredi alors que les chronobiologistes s'accordent à dire que c'est la coupure du week end qui pose problème. Les enseignants reconnaissent d'ailleurs généralement que le samedi matin était un moment privilégié qui permettait notamment de rencontrer les parents indisponibles en semaine. Il est probable que rétablir le samedi ne les ferait pas sauter d'enthousiasme mais la mobilisation contre serait probablement moins massive car beaucoup reconnaîtraient que ce n'est pas une mauvaise chose d'un point de vue pédagogique. Reste à savoir pourquoi on se focalise ainsi sur le mercredi et pourquoi un ministre de l'éducation qui semblait assez bien comprendre le milieu enseignant cherche à faire passer en force et d'en haut ce qui aurait probablement pu se faire harmonieusement en prenant le temps de partir d'en bas?... Peut-être pourra-t-on réformer l'école le jour où on se décidera à faire confiance à ses principaux acteurs : enseignants, élèves et parents d'élèves.
Si j'ai bien suivi, la grève a été majoritairement suivie à Paris, dans des proportions incroyables. Au-delà des revendications, je me demande si la décorrélation depuis plus de 10 ans entre les dépenses contraintes, en hausse, et le salaire, en baisse (en euros constants), particulièrement forte à Paris en raison de la hausse démente des loyers, et du gel de facto du salaire des instituteurs, n'est pas l'une des raisons qui expliquent une plus forte mobilisation que dans d'autres zones. Une nouvelle réforme a minima (réformer le rythme scolaire sans changer le budget en conséquence, ni réfléchir à ce que doit être le "péri-scolaire", encore moins le financer) est une énième dévalorisation du métier qu'ils exercent, d'autant plus insupportable qu'ils se sentent en voie de déclassement. D'où une mobilisation plus forte à Paris, où le déclassement est plus rapide qu'ailleurs. Je ne crois pas que le mercredi matin soit la véritable pierre d'achoppement: c'est la dévalorisation financière, mais aussi sociale et symbolique (que démontrent les journaux), de leur métier qui le rend plus dur.
Apparemment, à Paris, la grogne vient aussi du fait qu'une des solutions envisagée à la mairie pour respecter la réforme sans trop mettre la main à la poche sur la garderie périscolaire du soir est d'allonger la pause méridienne (2H30 !!!), dans une logique purement comptable.
Il y a un autre point qui n'est pas abordé : les enseignants, je crois, sont fatigués d'être regardés comme de simples exécutants, ils aimeraient qu'on reconnaisse leur expertise.
On parle beaucoup de concertation, notamment au gouvernement. Qu'entend-on par là ? Des rencontres entre secrétariats nationaux des syndicats et équipes ministérielles, c'est bien. Mais dans les établissements, les structures de la concertation existent : conseil d'école, conseil d'administration dans le second degré. Des endroits où les enseignants, parmi d'autres, ont une voix légitime de droit puisqu'ils y sont élus par leurs pairs (au moins dans le second cas), élus parmi d'autres élus : des parents, des élèves, etc. La démocratie en direct si vous voulez. Or ces instances sont de plus en plus contournées : la réforme des rythmes scolaires se met en place sans que l'avis des conseils d'école ne soit obligatoire, dans le secondaire, une nouvelle instance, le conseil pédagogique, se voit attribuer de plus en plus de prérogatives à la place du conseil d'administration, or les seuls qui y siègent de droit sont le chef d'établissement, son adjoint et l'intendant, les profs y siègent souvent, mais nommés par l'encadrement (quant aux parents et aux élèves, ils n'ont plus voix au chapitre). Du reste, les décisions ne s'y prennent pas par le vote : factuellement, il n'a de fonction que consultative. Au niveau local, la concertation est peu à peu remplacée par le fait du prince.
Bref, on ne peut pas faire l'école qu'avec les profs, c'est sûr, tout le monde a son mot à dire, mais on peut essayer de la faire un petit peu avec eux quand même, non ? (Pour mémoire, quand François Hollande a présenté à la Sorbonne son grand projet pour l'éducation, parmi les 700 invités, il n'y avait pas un prof en exercice complet, pas un).
Les enseignants parisiens ont en effet un traitement à part. Mais ne vous trompez pas ça grogne partout. A la mesure de l'espoir qu'avait suscité le retour de la gauche.
Ce qui fâche la plupart des enseignants c'est surtout que cette loi cosmétique, et hypocrite et tous les mensonges par omission qui semblent cacher la volonté de ne surtout par agir sur tout le reste :
- les effectifs très chargées
- les moyens pour l'école
- le traitement inégalitaire entre les communes riches et les communes pauvres (moyens financiers et humains)
- Le rythme réel des enfants avec des journées de 10 à 12 heures en grande collectivité dès 3 ans, même malades, ou en souffrance.
- des conditions indécentes d'exercice pour certains , pas d'AVS dans les classes avec des handicaps très lourds.
- des demandes inadaptées à la réalité ou des injonctions de la hiérarchie toujours aussi autoritaire.
- les inquiétudes quant à ce fameux temps de 45 mn qui risque de devenir un temps de récréation
- les normes d'encadrement des acteurs du périscolaire qui risquent de changer et dénaturer leurs missions.
- les Médecins scolaires inexistants, les Rased ratissés, les psy scolaires débordés...
- la dureté de notre société et la vie imposée aux parents qui n'est pas tendre avec les élèves qui ne sont partout ailleurs jamais "prioritaires" : travail du samedi et du dimanche, transport, logement, salaires..
La liste n'est pas exhaustive !
Les enseignants comme sœur Anne, n'ont rien vu venir depuis la rentrée. Les conditions d'exercice sont parfois devenues intolérables.
Mais on veut nous faire croire que le retour à la semaine à 4 jours 1/2 réglerait tout ?
Il faut certainement agir sur les rythmes scolaires nous en sommes tous persuadés mais il faut parallèlement réfléchir à une organisation respectueuse de chacun des acteurs.
Une nouvelle fois on veut passer en force une énième réforme qui comme les autres sera balayée par un prochain gouvernement.
Ainsi va l'Education nationale.
C'est quand même assez drôle de lire les éditorialistes, cette engeance d'incultes surpayés à débiter des âneries et des opinions qu'on entend gratuitement au bar-tabac du coin, gloser sur la prétendue fainéantise et le corporatisme des profs...
Quand on voit des sorciers se livrer à leurs incantations, la seule question qui vaille est " qu'ont-ils donc à cacher de si grave ?"

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