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Commentaires

Qu'avez-vous vu dans la Kapisa ?

Derniers commentaires

Bonsoir,

bravo pour vos articles : j'aime beaucoup ce que vous faites.

À propos des images de guerre, dont la valeur me semble, en effet, assez fuligineuse, je tente de retrouver une campagne publicitaire, diffusée il doit y avoir un an ou deux, d'Amnisty International ou Reporters Sans Frontières, je ne sais plus très bien, qui présentait des images similaires d'opérations militaires montées de deux façons différentes : le premier montage montrait des soldats découvrant un massacre de civils, le second, ces mêmes soldats le perpétrant, à grands renforts, évidemment, de suggestion, d'ellipse...
d'enthymème, quoi.
Quelqu'un pourrait-il m'indiquer où je pourrais retrouver ce film ?

J'ai une autre question sur le même thème : je recherche un lien pour un sketch de Groland retraçant l'invention des reportages sur les bombardements, genre Kosovo ou Iraq, id est ces écrans aussi éloquent que les images d'échographie où l'on devine le sourire de bébé - je me demande d'ailleurs si ce ne sont pas les mêmes. D'après Groland, le concepteur de ces images est un retraité grolandais qui filme avec une caméra pourrie des allumettes prenant feu, dans le noir. Il conclut en reconnaissant aux Américains l'initiative d'avoir rajouté les lignes vertes autour. C'est très amusant.

Au revoir.
Il y a du génie dans vos pages, Judith.

Parallèle avec une autre guerre, celle du Viet Nam: les citoyens américains ont commencé à protester contre cette guerre quand des images ont été diffusées à la télévision. Dans leur salon, les gentilles familles américaines vivaient la guerre, comme s'ils y étaient. Voilà de l'information, un reportage qui change la face du monde. Il a aidé à endre la guerre impopulaire, à faire comprendre aux citoyens qu'ils envoyaient leurs fils à la mort pour une guerre dont ils ne saisissaient pas vraiment les enjeux.

Le JT en France a un pouvoir hypnotique, il est vrai : vous l'avez vu, puisqu'on vous l'a dit. Je vois d'ici les gens se scandaliser : tu as vu à la télé, la guerre ?

Plus juste serait la formule: tu as entendu la guerre à la télé ? expression fort pardoxale.

Nulle image de sang et de coups de feu. la guerre, c'est du jeu vidéo, on annonce du spectaculaire au nom de l'audimat, mais on ne montre ni les blessés, ni les morts, ni le chaos. Vous avez raison Judith, ils filment des gars à l'entraînement, et ça pourrait se passer n'importe où. Par conséquent, le reportage nous aura au moins montré une chose : toutes les guerres se ressemblent.
Merci Judith pour votre décryptage et toutes les interrogations qu'il suscite.

J'avais vu ces images et je m'étais interrogé sur ce qu'elles représentaient, nonobstant le commentaire dramatique qui les accompagne.
Cela m'a fait penser aux reportages de la 1ère guerre du Golfe où l'on voyait une image sombre zébrée par les réacteurs des bombardiers américains
(nous disait-on) tandis qu'un journaliste de CNN expliquait d'une voix emphatique tout ce qu'on ne voyait pas...

J'ai en tête le petit bouquin de Baudrillard dont le titre est, à lui seul, tout un programme : "La guerre du Golfe n'a pas eu lieu".

De la même manière, est-ce que la guerre d'Afghanistan a lieu ?

- il n'y a pas d'images montrant un quelconque engagement et en cela je suis d'accord avec la remarque ci-dessus :
[quote=Yannick G]"A cette époque, les morts américains étaient visibles, pas comme lors de la guerre du Golf I et II, la leçon avait été retenu par les militaires et surtout les politiques qui les envoyaient là-bas... Circulez (en blindée, avec nos troupes), y'a rien à voir et surtout à montrer"

Il y a des trucs qui circulent sur Youtube où l'on voit un détachement de soldats français épaulant des afghans et des américains. Un bidasse explique qu'ils ont repéré des chefs talibans et qu'ils sont à leur poursuite. Des balles sifflent, on entend des départs de canon, mais d'ennemis point...

- Quelle est la signification de ces combats qui se déroulent au loin ? Que représentent-ils aux yeux de nos concitoyens ?

- Quelle est la valeur du sacrifices des jeunes qui sont tombés là-bas ? Quel sens leurs familles peuvent-elles donner à ces morts ? Comment pourront-elles faire leur deuil tant tout cela est absurde, aussi absurde qu'un accident de voiture un samedi soir. Oui, voilà, ces jeunes pourraient s'être tués en sortant de boite de nuit, un soir d'août 2008. Les statistiques n'auraient guère varié.

Peut-être que les noms de ces types orneront le marbre d'un quelconque monument mais, dans vingt ans, qui se souviendra d'eux ?

La guerre d'Afghanistan a-t-elle lieu ? La question se pose aussi quand on sait dans quel enlisement se termine toujours ce genre d'opération.

Bien à vous.
Si l'intérêt du reportage est discutable, si le point de vue - forcément partisan - heureusement partisan ? - est aussi à prendre en compte, je ne comprend pas pourquoi vous êtes si dure avec ce reportage.

L'attitude des soldats, leur réactions face à leur première escarmouche pour certains, la triste banalité d'un vrai combat qui fait de vrais morts - pas comme dans les films à sensation, est une information très utile.

Sans doute cette information là n'est pas celle qui est mise en avant. Oui le présentateur du JT commet la faute de traiter ce sujet comme le record du 100m en direct. Mais ne pas différencier le reportage du commentaire du JT, de la présentation de l'information par rapport à ce qu'elle est réellement, n'est-ce pas trop réducteur ?

Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur

j'ai lu là, quelqu'un qui a dit "Judith je vous aime"...
eh ben, moi aussi...
le "reportage" de france 2 m' a rappelé mon ancien boulot
Le 22 septembre(je crois) nos députés votent pour ou contre l'envoie de renforts en Afghanistan.

Ceux qui on vu ce reportage et ces soldats si sympathiques et courageux et qui ont besoin de soutien de toute la nation, voterons oui, c'était le but recherché.

Ps
beau travail de décryptage, comme toujours.
Merci pour ce difficile exercice de remise en conscience Mme JB.

Il y a longtemps que je "zape" ce type d'émission qui ne m'apportait aucune véritable information, sans comprendre le sens profond de mon "zapping".

Le problème, vous l'avez bien démontré, ce n'est pas le travail du reporter ou du caméraman, c'est le propos qui en est fait par d'autres et le but général auquel il tend.

Nous ne savons rien de la destruction réelle de cette nation et de son peuple (comme de l'IRAK et d'autres).

De temps en temps nous apprenons que malgré la guerre, ils sont passés de 50% à 92% du trafic d'opium au monde... mais qui récolte, qui livre et comment ?

Ce sont les chefs de tribus qui forment le parlement et le gouvernement : aucune vraie démocratie (mais plus personne n'en parle).
La terre leur appartient à ces "chefs" et des millions d'AFGHANS vivent dans des relations de servage.
Les "chefs" seraient aussi les "MOLLAHS", et les officiers militaires ou policiers sont proposés par eux, tant qu'à faire ?

Retirons-nous immédiatement de là bas, et dépensons les cent millions d'€ et plus que coûte cette guerre à la France, pour les retraités ou les hôpitaux ou l'école, ou notre industrie... Il y a de quoi faire comme reportages !

PS : à côté de chez moi, sans risque de guerre, il y a des retraités qui fouillent les poubelles tous les soirs après 40 années de bons et loyaux services.
Je n'ai pas du tout ressenti comme vous ce reportage. Il m'a fait au contraire prendre conscience qu'une liaison entre deux postes français ne peut se faire sans être attaquée par les talibans, et que nos postes sont quasiment assiègés. On est loin de la rhétorique officielle sur l'action de nos troupes . On voyait d'ailleurs bien dans ce reportage que nos soldats ne se déplacent plus en véhicules conventionnels, jeeps ou camions militaires, mais uniquement en véhicules blindés. L'analyse de ces images est très révélatrice de la situation réeelle de nos troupes. Quand aux sarcasmes sur la roquette non explosée, ils sont indécents:la caméra a montré son impact sur le véhicule.Si elle avait fonctionné, (et si c'était une "charge creuse")pratiquement tous les occupants étaient morts.
Superbe , OLIVIER de 08H43 le 5 !

Quel constat ,

"2008 n'est en comparable à 1959 ,
2008 c'est comme si 1959 n'avait pas existé ."
Point Barre .
C'est triste,
C'est ... surtout ,grave !
Ce commentaire peut paraître à côté du sujet mais comme il vient illustrer le chapitre "On nous raconte des histoires" je me permets de le poster chez Judith, sachant que le sujet a déjà été abordé et le sera encore, très certainement.

Il s'agit donc de la chronique "Stoytelling" de Christian Salmon (auteur d'un essai récent du même nom) dans Le Monde. Le texte intégral est ici.

A votre/notre attention, je voulais souligner/surligner l'extrait suivant :

... [" Dans un article du New York Times publié quelques jours avant l'élection présidentielle de 2004, Ron Suskind, qui fut, de 1993 à 2000, éditorialiste au Wall Street Journal et auteur de plusieurs enquêtes sur la communication de la Maison Blanche depuis 2000, révéla les termes d'une conversation qu'il avait eue, au cours de l'été 2002, avec Rove : "Il m'a dit que les gens comme moi faisaient partie de ces types "appartenant à ce que nous appelons la communauté réalité" the reality-based community : "Vous croyez que les solutions émergent de votre judicieuse analyse de la réalité observable." J'ai acquiescé et murmuré quelque chose sur les principes des Lumières et l'empirisme. Il me coupa : "Ce n'est plus de cette manière que le monde marche réellement. Nous sommes un empire, maintenant, poursuivit-il, et lorsque nous agissons, nous créons notre propre réalité. Et pendant que vous étudiez cette réalité, judicieusement, comme vous le souhaitez, nous agissons à nouveau et nous créons d'autres réalités nouvelles, que vous pouvez étudier également, et c'est ainsi que les choses se passent. Nous sommes les acteurs de l'histoire (...). Et vous, vous tous, il ne vous reste qu'à étudier ce que nous faisons.""

Le stade ultime de la communication politique n'est plus celui de la persuasion, de la propagande ou de la publicité mais celui de la simulation. Tous les événements que la machine politique s'efforce de susciter sont désormais des événements simulés au sens où ils sont d'avance inscrits dans le déchiffrement et le décryptage. Ils fonctionnent comme un ensemble de signes voués à leur seule propagation."]...


Et là, moi, j'ai vraiment peur.
Judith est revenue, et elle est en grande forme. Ça fait plaisir !
Parce que votre post exprime exactement ma position, je ne regarde pas ce type de reportages.

C'est pourquoi je n'ai rien vu à bord de la Kapisa, je n'ai pas la vertu des femmes de militaires qui regardent émues ces images.

Je suis contre cette guerre, depuis le début, je veux dire, contre depuis les Américains, contre depuis que les Français les ont rejoints.

Je pense que quelques vols de crickets ravageurs pour endiguer la culture du pavot seraient mille fois plus efficaces que toute la gesticulation actuelle.

Mais il faut croire que le trafic de drogue ne rémunère pas que les talibans, puisque cette décision-là n'est pas prise.

http://anthropia.blogg.org
cette page de jargon "pédagogique" inspirée par la haine et la volonté d'humilier ne parvient pas à masquer la vacuité de pensée de son auteure.Claudie Saint-Patrice

Je ne sais qui vous êtes, le Matthias Second du précédent post n'a pas eu cette attitude "puérile" qui est la vôtre (vous utilisez son abonnement en tout cas), et je ne vais même pas faire une recherche google pour savoir si vous êtes affilié à ce dernier.

Visiblement, pour votre part vous n'assumez pas la critique, Matthias Second lui au contraire a fournit un élément d'information permettant de comprendre un événement, vous, vous critiquez un jargon pédagogique en lui substituant bêtement un jargon journalistique, vous parlez de "haine" et de "volonté d'humiliation", ce que vous êtes incapable de démontrer, mais qui transparaît explicitement dans votre propre post à l'égard de Judith.

Sa conception de l'information est peut-être "étroite" et "ancienne" (?), cela ne constitue toujours pas un argument recevable pour défendre votre propre conception, soit-disant implicitement plus large et moderne, ce qui ne lui octroie aucune valeur pour autant.

yG
Je ne sais pas encore si les journaliste sont complices ou naïfs,
laissez moi réfléchir, "tu me sortiras un sujet pour ce soir... oui chef de redaction"
complice , c'est décidé, complice.
Merci Judith, je l'avais vu, je me suis dit que l'on ne voyais rien.
Aprés coup, c'est normal, il n'y avait rien à voir? cqfd.
Dans mes bras, Judiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiith !
Parce que moi l'autre jour au marché d'Aligre, j'ai acheté de la roquette.

J'aime mieux la salade, en tout cas.
Bravo Judith, j'ai ressenti ma même chose devant mon écran, hurlant "mais qu'est ce que c'est que cette arnaque ? Ils ne voient rien autour de la (nouvelle) table d'@si ?", réveillant mon père qui s'était endormi après le gigot, bref.

Je me permets de reposter ici, un message initialement laissé pour l'émission elle-même. Je l'ai écrit bien une semaine après et, je l'avoue, j'aurais aimé savoir ce qu'en pense les @sinautes. Paravance, merci à tous.




1959, c'était ben mieux


Ainsi donc, les images de 2008 seraient identiques à celles de 1959 .? Non, trois fois non.

Ce qui saute au yeux au visionnage des extraits de "5 colonnes...", c'est la volonté des commentaires et des journaliste de l'époque de souligner la bêtise et la tartufferie des "événements" d'Algérie. Pas de manière directe, bien sûr. Mais par une forme de résistance, "sémantique" dirons-nous.

En 2008, à la télé, on pas pas de censeur au banc de montage pour veiller à la bonne image de la France, on est la France.

Deux exemples.

Le courrier aux soldats. En 2008, le courrier et les colis, c'est "le moral des troupes", comme l'indique un militaire. Point. En 1959, il y a ce commentaire plein d'emphase sur la maman si loin de son fils, qui souffre de cette séparation, et lui, le fils, dans la pénombre de la tente. Toute l'absurdité de la guerre résumé en 10 secondes.

L'interview des gradés. En 2008, le militaire récite son catéchisme à un journaliste le petit doigt sur la couture. Point. En 1959, le journaliste fait mine de se prendre au jeu du discours civilisateur-patriotique de l'impayable Bigeard et le félicite de sa victoire prochaine sur les felagas. Le ton est tellement faussement enjoué que de nos jours, même un Bernard Kouchner ou un Jack Lang auraient tiqué. Mais à l'époque, l'enthousiasme du journalisme cloue un peu le bec de Bigeard qui appuie sur la pédale de frein et explique en gros que c'est Paris qui décide, hein. Magnifique moment de dégonflage d'une politique baudruche.

Alors, non, 2008 n'est en rien comparable à 1959. 2008, c'est comme si 1959 n'avaient pas existé.

En 2008, quand un journaliste parle de la politique de la Françe à l'étranger, il dit "nous". "Nos" Soldats, "notre" mission, "on" est en Afghanistan, etc. Sur le plateau d'@si, le journaliste de France 3 ne s'offusque pas que certaine images ne peuvent être montrées à l'écran car "l'Occident" ne l'accepterait pas.
Intéressante redéfinition du métier de journaliste en 2008 : représentant de l'Occident qui parle de la France et de ses armées à la première personne du pluriel. L'explication de cette différence entre 5 colonne à la Une et la télé d'aujourd'hui est peut-être à trouver ici.
Pour une fois ce n'est pas une chronique d'utilité publique : Les non abonnés pourraient croire qu’on dénonce sur ce site des propagandes à tout bout de champ.

Jugement très sévère du Professeur ...

On ne voit pas grand chose, mais suffisamment pour être un peu informé : l'âge et la couleur des soldats (pas la même chose que les américains en Irak), leur façon de parler, leur entrainement/expérience (n'ont pas l'air très poussés). Et puis si les français tirent ça a bien l'air d'une guerre. Les gens peuvent voir combien on tire de balles par seconde dans une vrai guerre, comment les soldats ont peur de s'exposer ...

Que le JT survende et remplace l'événement par l'immédiat, c'est bien dit mais c'est pas nouveau et pas spécifique à ce reportage.

Quand le soldat, peut-être pas très malin, raconte qu'il voit les talibans 'en vrai', on peut y voir la contradiction ‘comique’. Ce qui est frappant c'est de voir des gars pas très futés qui vont jusqu'en Afghanistan se faire tirer dessus, et tirer sur d'autres qu'ils ne voient pas du tout à part une petite silhouette au loin après des semaines de voyage. Bon, c’est pas nouveau non plus …
Concernant votre appel au peuple au sujet d'une confusion des genres entre l'info et "autre chose", je me permets de reglisser ceci :

Par mollows / Réponse à "Comme en 14", 9h15 de DS du 27/08/2008 :
"Je ne sais pas si cela a déjà été relevé ici, mais un correspondant de France2 utilisait (par deux fois) le terme "infestées" pour désigner la présence des talibans dans les montagnes afghanes, lors d'un des premiers JT de 20H de la couvrant l'évènement que l'on sait."
J'ai de tres beaux souvenirs de la voix de Judith (sur la 5 bien sur )
Et c'est vrai que son travail est de "l'orfévrerie " si, sincèrement .Aussi
je me demande pourquoi France -Culture ne fait pas appel à elle
pour parler ...dans le poste .Croyez-moi sur cette chaine (qui est tout en sons !)
je suis persuadé qu'ellle ferait un tabac.D'autant que le travail sur son français écrit et
parlé est digne d'éloges .Ils honorent notre langue. Ce qui ne veut pas dire
que le boulot donné à @si ne soit pas à la hauteur des enjeux(à savoir le décriptage )
mais il me semble qu' à la radio on pourrait avoir un plus .Et par les temps actuels
ça serait parfait ;...croyez pas ?
Qu'elle merveille :l'écrit et le son - non coincés entre deux pubs- !!!
CITATION : "bref, on ne voit pratiquement rien de la guerre : et c’est précisément le signe que nous y sommes engagés. "
parce que, quand on n'y est pas engagé, on voit tout ;-)

tiens, tiens, maintenant que j'y pense, je me demande si france télévisions ne fournit pas à l'armée ses images de propagande pour les journées d'appel à la défense, celles qui incitent des tout petits à s'engager

Ces images, à la limite, dans strip-tease, je veux bien, mais aux infos

est-ce que vous insinueriez que le 20h n'informe pas ?
je plaisante,
merci judith
Merci Judith, excellent démontage de cette info qui n'en est plus.

J'avoue que j'aurais tendance à classer le reportage signalé par pilde dans la même catégorie, tant la caméra ne nous montre rien d'autre que les soldats, leurs tirs ; il ne me semble pas voir de poussière générée par les tirs adverses, on entend juste un bruit de missile (?, euh, les dégâts dans le village ?) et les soldats laissent un peu trop dépasser leurs têtes ou membres, et font montre de beaucoup d'imprudence, non ? Et ce sergent-chef, qui n'oublie jamais un face-caméra... Il me semble même avoir vu quelques sourires traîner par ci, par là...
En même temps, je suis loin d'être un spécialiste de "la chose guerrière filmée de la télévision qui nous informe sans qu'on le sache et qu'on le demande non plus", hein...

Et cette voix insupportable, ce ton pénible : on l'apprend en école de journalisme, ou quoi ?
Le coup du : "ils sont bien tranquilles, pour des paysans, non ?", c'est quand même un peu trop gros. Rappelons qu'ils sont censés avoir subi un feu nourri, des tirs de grenades, et s'être pris un "missile" sur le coin de la tête...
Et ils attendent gentiment les soldats sur la place du village ? Au lieu d'être sur les toits, armés et à les attendre, pour une vraie embuscade ?

C'est malin, le doute est partout, maintenant.

Et Judith, je m'associe au message de Mon Nombril (ça fait drôle d'écrire ça...) :

Du très bon JB, faudrait juste pas revenir seulement dans 3 mois.
Du très bon JB, faudrait juste pas revenir seulement dans 3 mois.
D'un côté, ces journalistes de fr 2 qui "se font peur", pour qu'on ait bien peur...sans qu'on sache vraiment pourquoi !?!? Résultat : tout le monde rigole (ou presque), c'est pathétique. De l'autre, ces deux journalistes de Paris-Match qui nous exhibent les "trophées" de guerre des talibans ! Et cette fois, c'est trop, vraiment trop et l'on se demande à quoi ça sert, à part faire vendre. Je ne demande pas à qui, ça tout le monde l'a bien compris. Le choc des images, le poids de la connerie !

Et Morin, le ministre de la Défense qui refusait ce matin de parler de "guerre" !!!
Exceptionnel et nécessaire décryptage.

Je me rappelle avoir été par hasard devant ce reportage lors de sa diffusion, et avoir ressenti une certaine gène en cherchant à entendre cette roquette qu'on nous avait dit avoir percuté le camion, alors que rien dans le mouvement du camion, ni dans les bruits environnants, n'appuyait les mots du journaliste...

Merci.
Belle démonstration en effet, qui sans nous dire qu'il ne se passe pas ce qu'on nous dit sur le terrain, nous montre qu'en tout cas les journalistes ne nous en montre rien. Effectiviement ils auront certainement l'idée qu'ils auront fait leur travail. Hélas ce reportage convoque surtout un nous qui n'a jamais plus peur que quand il ne peut voir la menace. Le fantasme du spectateur y a une place d'honnneur...
J'avais vu la même chose que vous , et je m'étais même dit que les journalistes s'étaient bien fait rouler .
Encore! Encore !

Je veux encore des démonstrations de grammaire médiatique.

Est-ce que c'est ce mécanisme qui fait que le reportage de Match sur les Talibans est subversif ? On voit ce qui va bientôt être appelé "l'ennemi" sans plus de réflexion. La journaliste joue son rôle d'intermédiaire entre nous et les combattants Afghan, le tout après s'être posé un paquet de questions (faut-il rendre la montre en personne, à qui...) sur ses pratiques journalistiques.

Mais quid alors des images verdâtres de bombardement ?
Bonne rentrée, chère Judith, et encore merci pour vos incomparables et instructifs papiers (pour lesquels je vote à chaque fois), mais...
"je me suis faite engueuler"...
Vraiment?
(Désolée, je sors...)
Excellente analyse. Je fais passer l'article à des amis. A montrer dans les écoles de journalisme, il me semble.
J'ai d'abord lu la chronique sans visionner les extraits du JT puis je les ai regardés une première fois sans son, pour vérifier si JB était de mauvaise foi. Après avoir constaté qu'on ne voyait effectivement rien, j'ai revu le tout avec le son et... j'ai trouvé ça marrant. Premièrement parce que c'est de la radio à la télé. Deuxièmement parce que l'histoire qui nous est racontée c'est une stupéfiante épopée alors que la seule preuve visuelle qui enfin apparaît c'est un impact petit comme ceux qu'on se ferait en cognant la portière de sa bagnole contre une borne. Si je ne m'abuse, Pr Bernard, c'est de l'héroï-comique. Je ne connaissais pas le mot "présentification" mais j'aurais utilisé "hypotypose" qui est une description plus que fournie qui permet au récepteur de se représenter la scène comme s'il y était. Il me semble d'après ce que vous dîtes que le terme "présentification" est un outil de narration alors que l'hypotypose, pour la description. Ai-je bien compris ?

Le pire dans cette histoire c'est que je suis sûre que les journalistes sont de bonne foi et sont convaincus que leur overdose d'adrénaline leur vaudra une distinction pour grand reporter (qui s'intéresse au contenu informatif, franchement !).

A décharge pour les journalistes de F2, je peux dire que les images qui nous parviennent environ une fois par semaine d'Irak ont toutes cette même projection, depuis l'enlèvement de F. Aubenas et que si des journalistes non chaperonnés par les EU et le RU se font prendre en otage là-bas, la réprobation s'élève "ils n'avaient pas à aller faire leur métier sans escorte, ils ont été imprudents, qu'on les laisse crever".
Merci pour cette chronique.

Vous tenez la forme.

J’aurais aimé entendre le bruit d’impact de la roquette non explosée contre le blindage du véhicule, voir l’engin faire une embardée et l’image de la caméra vaciller, bref des images plus suggestives encore et encore.

Mais le budget « reportage Embedded » de l’A2 n’est pas celui de CNN.

J’écris ça en pensant moi aussi au métier très dangereux des reporters de guerre dont plus d’un y a laissé la vie, bien sur.
Pour de l'action, il fallait regarder la Une après le film Braquage à l'italienne. Ca tirait, ça criait et ça courait. Journaliste compris. Courre journaliste si tu veux ramener ton reportage. En gros. ;)
Judith, je vous aime.
...l'archétype des guerres modernes, des bourbiers contemporains, que le journalisme de guerre a pris son essor (Non, je n'oublie pas 1936 et la guerre d'Espagne, Kappa et compagnie) et connu aussi son chant du cygne.

Bien qu'en +/- dix ans de conflit, des millions de photo aient été prises, deux, trois restent fixées dans nos mémoires, d'abord, celle de la petite fille courant sur la route, nue, la peau brûlé par le napalm, celle d'un prisonnier abattu à bout portant du pistolet d'un gradé allié des forces américaines... Celles-ci et d'autres plus anodines mais répétées ont eu un impact réel sur la guerre et sa perception (compréhension ?), car elles entraient tous les soirs par le biais du journal télévisé dans les foyers américains, ce qui a constitué un autre front.

A cette époque, les morts américains étaient visibles, pas comme lors de la guerre du Golf I et II, la leçon avait été retenu par les militaires et surtout les politiques qui les envoyaient là-bas... Circulez (en blindée, avec nos troupes), y'a rien à voir et surtout à montrer.

Tout ça pour dire que la guerre, celles des images, des vraies, celles qui tâchent nos rétines, n'a plus lieu, elle est avant tout un fantasme de journaliste, s'inscrire dans la lignée de leurs illustres aînés. Ne reste plus que les non-images, pour lesquelles, vous le notez justement Judith, on peut mourir aussi, mais encore plus inutilement cette fois.

Alors, oui, il faut prendre le risque d'y être et de ne rien pouvoir montrer pour espérer montrer, c'est cette potentialité qui fait prendre le départ à de nombreux journalistes de guerre, mais sont-ils conscient que le Vietnam est passé par-là et que leurs images n'atteindront pas sans de multiples filtres nos consciences ?

Finalement, ils nous montreront la guerre, mieux que tout, dans toute son horreur, lorsqu'ils l'écriront, avec des mots ou des images de cinéma.
A ce sujet, sort actuellement le dernier roman de Denis Johnson, un écrivain américain de premier rang. Pour "Arbre de fumé", ce roman sur la guerre du Vietnam, il a reçu le National Book Award en... 2007. (certes, les romans américains sur le Vietnam ont débuté très tôt, par exemple Dog Soldiers, de Robert Stone, 1974; Sympathy for the devil de Kent Anderson, 1987 ; Les deux morts de John Speidel de Joe Hadelman, 1995, comme les films d'ailleurs, et ils continuent, comme quoi la fiction, elle n'a pas fini de Montrer).

A voir, enfin, plutôt à lire.

yG
Finalement je n'étais pas le seul à m'étonner de pas voir ce trou de roquette non explosée même a posteriori, ou entendre - pour le coup - des sifflements de balles ou des tires aux loin - ordinairement présent dans n'importe plan de guerre.
je trouve que c'est un bon reportage qui montre bien que la guerre ce n'est pas toujours un débarquement sur une plage ou un bombardement nucléaire.
on voit des soldats émus, pressés de rentrer, et content d'être vivants.
le soldats qu'on voit tirer m'a bien fait sourire : il ne risquait pas de faire mouche avec son arme sur une piste aussi irrégulière : on aurait dit un gamin qui joue au cow-boys et aux indiens, ce que la guerre est de temps en temps : des post-ados qui se tirent dessus.

il ne faudrait pas non plus courir après des images toujours plus fortes, du sang, des charniers, des familles jetées sur la route; si ces images n'existent pas, ne les fantasmons pas.

ce reportage ne montre qu'un angle de la guerre. L'épisode n'était pas en soi dramatique pour nous spectateurs et bien qu'il paraisse insignifiant dans l'instant présent, il subira rapidement une maturation dans l'esprit de ceux qui l'ont vécu comme le journaliste: après tout, avoir subi une fusillade avec roquettes en plat de résistance, ce n'est pas neutre comme dirait un comptable que je connais.
Passionnant.
Cette petite réflexion sur le déni du média à faire médiation en recherchant l'immédiateté est effectivement édifiante. Je crois que ça va me tourner en boucle...
Bravo encore Judith

Une petite remarque.
Le fait d'avoir assimilé les talibans à un requin baleine doit-il être pris au second degré ?
En effet, le requin baleine n'a de requin que son nom, mais est le plus inoffensif des animaux malgré sa grande taille…
Trés intéressant sujet, j'avais vu ce passage je m'étais bien rendu compte de l'absence d'image, mais ça m'avait pas choqué plus que ça, mais ça m'avait quand même un peu étonné : tiens on voit rien, oui mais bon le journaliste il va risquer de s'en prendre une entre les deux yeux ...

ravi de vous retrouver sur asi Judith

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