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"Prolifération" de moustiques tigre : le "spécialiste" était vendeur de répulsifs

Une flopée de titres anxiogènes sur la prolifération du moustique tigre sont parus dans la presse française depuis plus d'un mois. Derrière nombre de ces articles : la campagne efficace d'un site internet, "Vigilance moustiques"... qui est en réalité la vitrine d'une marque d'anti-moustiques. Plusieurs médias alertent pourtant, depuis 2015, sur ce mélange des genres.

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C'est ce qui me dérange le plus profondément (mais vraiment profondément) dans cette histoire. "Comme toujours, on est sans doute allés un peu vite". Oui, "comme toujours". Et on hausse les épaules, on promet que la fois suivante on fera attention, c(...)

Vous avez fait une erreur de lien pour l'ANSES semble-t-il :  quand vous dites "le site "Signalement-moustique" de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES)" ça renvoie sur moustique-tigre.info, un site de particuliers avec pubs.


Le site d(...)

Encore un exemple quand on confond journalisme et précipitation (publier avant les autres le scoop). Ce n'est pas d'aujourd'hui. L'arrivée fictive de Nungesser et Coli dans "la Presse"en 1927 en est un exemple 

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Cette tricherie a été remarquée dès le début. En 2013 je me souviens avoir écrit pour la Dépêche du midi un article sur le sujet où j’expliquais clairement l’origine de la carte et l’interêt pour son fabricant.. Manouka se base uniquement sur la distribution de ses répulsifs et pas sur la présence du moustique pour passer les départements en rouge. Que 6 ans plus tard, la même rédaction se fait avoir ça m’attriste. Il suffirait de blacklister cette source et ce serait réglé..


https://www.ladepeche.fr/amp/article/2013/07/10/1668387-moustique-tigre-alerte-maximum-en-haute-garonne.html

Bingo pour ce Monsieur, qui a fait sa pub gratuitement, et qui ne sera même pas poursuivi au titre des "fake news"...

Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur

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Encore un exemple quand on confond journalisme et précipitation (publier avant les autres le scoop). Ce n'est pas d'aujourd'hui. L'arrivée fictive de Nungesser et Coli dans "la Presse"en 1927 en est un exemple 

C'est ce qui me dérange le plus profondément (mais vraiment profondément) dans cette histoire. "Comme toujours, on est sans doute allés un peu vite". Oui, "comme toujours". Et on hausse les épaules, on promet que la fois suivante on fera attention, comme toujours.


Ou alors, plus explicitement, comme chez Astrid Mezmorian et Audrey Gordon, on trouve que c'est un peu dommage mais c'est comme ça, c'est le fun du stress épique du journalisme.


Zoom arrière donc : On est en face d'un système, le journalisme de l'immédiateté, qui produit de l'erreur de façon systémique et (individuellement) consciente. L'erreur qu'on commet "comme toujours". Et qui ne remet jamais en cause nos modes de production de la (mé)connaissance.


Zoom arrière : On est en face d'un système, l'addiction à l'immédiateté, qui anéantit toute précaution et toute pensée au profit du frisson de la réaction immédiate et du gavage aux factoïds à flux tendu. L'ère du fast-tout. De la gratification immédiate, du "high energy" trumpesque, des communications instantanées en 130 caractères et de la tête dans le guidon. Système collectif duquel le "journalisme", qui mérite bien des guillemets, est enfermé bon gré mal gré.


Zoom arrière : On est en face d'un système qui est conscient de ses dysfonctions et des causes de ses dysfonctions, et qui produit de l'autocritique anecdotique comme des étincelles isolées dans une machinerie emballée. Un "comme toujours" et ça repart, un "jamais plus" et on continue. Parce que nous avons développé non plus un déni mais une indifférence à l'auto-critique. Celle qui nous rend spectateurs passifs de nos actions collectives - aberrations informationnelles, écologiques, économiques, humanitaires, sociétales, dont nous sommes bien contents d'être le rouage quand nous avons la chance de l'être.


Parce que cette conscience est individualisée, fragmentée en responsabilités infinitésimales. Il n'y a pas de réalisation commune de ce "comme toujours, plus jamais", ce sont des réalisations ponctuelles, asynchrones, aussitôt éteintes par la marche du quotidien. Comme la mode individualisante de la psychanalyse transforme les douleurs socioculturelles en problèmes personnels, comme les post-dictatures transforment les crimes étatiques en histoires familiales, comme le néolibéralisme fait de ses broyés des échecs intimes et désarticulés, ces prises de conscience sont maintenues anecdotiques au lieu d'être problématisées comme enjeux politiques, globaux, sociétaux. Ils fonctionnent de la même manière que les secrets de Polichinelle : maintenus dans le non-dit comme connaissance commune mais non partagée. "chacun" sait, mais "tous" l'ignorent, ce qui permet à la fiction de perdurer.


Cette isolation des consciences d'un problème permet de le nier comme tel. "C'est un problème pour moi, ce n'est pas important". "C'est un problème instantané (de l'instant, de chaque instant), donc ce n'est pas un défaut de structure". Et tant mieux, parce que sinon il faudrait penser, repenser, et transformer. Or tout se tient, tout fait système, et si on commence à repenser ceci, qui sait jusqu'où les dominos devraient tomber. Certainement bien trop loin pour le confort et les aspirations du gilet jaune ordinaire.


Donc on en reste au haussement d'épaule. "Comme toujours, on a répété notre erreur habituelle". Parce que. Et à la suivante. 


Ce qui me dérange le plus profondément dans cette histoire, c'est qu'elle illustre, par cet aveu de conscience routinière et confortablement impuissante de ses causes et effet, l'inertie inexcusable qui fait, à travers domaines et échelles, la torture et destruction de tant de vies sur cette planète. Par le mécanisme qui la sous-tend, cette histoire est emblématique de notre responsabilité, de notre indifférence et de notre stupidité.


Nous ne faisons même plus semblant de ne pas savoir. Mais nous faisons encore semblant de ne pas savoir "tous", de ne pas savoir "ensemble", et ça nous suffit.                 

(Je suis un peu énervé.)

Merci.

Énervez vous plus souvent !

Nous au Québec c'est la maladie de Lyme suite à sa piqûre voir  :  https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/729526/lyme-quebec-tique-maladie-moustique 

Vous avez fait une erreur de lien pour l'ANSES semble-t-il :  quand vous dites "le site "Signalement-moustique" de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES)" ça renvoie sur moustique-tigre.info, un site de particuliers avec pubs.


Le site de l'ANSES semble être plutôt : signalement-moustique.anses.fr .

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