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Commentaires

Pas de ronchons à Médialens

On n'ausculte jamais assez les enthousiasmes unanimes.

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Toujours, et par nature, un projet tel que celui du Louvre de Lens (mais plus prosaïquement : le projet d'une nouvelle route, une nouvelle usine, n'importe quoi...!) canalise de l'argent public et peut donc être décrit comme un "gouffre" qui aurait pu être utilisé autrement... ailleurs... mieux... toujours et par nature. Quoi qu'on bâtisse, il se trouve toujours des groupes pour déplorer, d'autres pour se réjouir. Toujours... Une nouvelle crèche ? Génial ! On manque de place d'accueil... oui mais, les riverains dont les fenêtres donnent sur la cour ou le jardinet des enfants vont pétitionner ! Une crèche, ouin mais pas devant chez moi ! 40 mômes de 0 à 3 ans ! Ca va pas non ?.... Toujours...

ALors les 10 réserves plus ou moins tordues de ce site obscur sont dans l'ordre des choses. Mais une certaine réalité doit se trouver quelque part au milieu, au beau milieu entre ces mauvais coucheurs et les tenants d'un panégyrique béat.

Le cas a été vaguement abordé sur Inter ce matin, mais il faut tout de même y revenir. Il y a 15 ans, Bilbao, en Pays Basque espagnol, était un ancienne ville industrielle frappée de chômage massif et de désertification totale... Le Guggenheim a choisi cette ville pour y implanter une "antenne"... On parle de 4500 emplois induits, mais il faut aussi parler des infrastructures routières nouvelles, de la rénovation de tout le centre ville, de l'activité qui a permis à la population de revenir (ou de rester) avec tous les effets commerciaux que ce là implique. Cette vielle et belle grande cité était-elle, comme Paris, au beau milieu d'un carrefour européen ? Non... les transport se sont bien évidemment adapté puisque cette offre nouvelle poussait à un nouveau "marché" . Bilbao est totalement transformée, magnifiée, renforcée, et toute la région environnante en bénéficie. Ca a dû en emmerder plus d'un, 10 ans de travaux de partout, beaucoup d'investissements... (dans une zone sinistrée, vous vous rendez compte ma bonne Dame ! Au lieu de consacrer tout cet argent aux pauvres ! Je ne sais pas moi !). mais au final, interrogez les habitants... Je souhaite à Lens le même destin, et peut-être les obscurs musées environnants, de Lille ou d'ailleurs, en bénéficieront-ils indirectement. Allez savoir.
Sur le Louvre Lens, je signale aussi ce bel article sur le terrain, et une interview complémentaire de Jean Pierre Garnier, qui montrent les logiques socio-économiques à l'œuvre, sur le modèle Bilbao. L'aéroport Notre Dame des Landes entre également dans cette logique, où il s'agit pour la compétitivité des territoires de mettre en place des infrastructures (culturelles, de transport, etc.) destinées non à la majorité de la population, mais à sa frange supérieure, forcément plus "compétitive".

Un extrait:
"Le projet d’antenne du Louvre à Lens s’insère parfaitement dans la thématique de la ville compétitive, qui est aujourd’hui l’obsession des municipalités. Pour remporter cette compétition, les villes cherchent à renforcer leur attractivité. Qui s’agit-il d’attirer ? Toujours les mêmes : les « investisseurs », d’une part, et la « matière grise », de l’autre. Autrement dit : les banquiers, les patrons de firme, les managers, les promoteurs, les cadres, les ingénieurs, les techniciens de rang supérieur... Il s’agit de dérouler le tapis rouge ou vert — développement urbain durable oblige – devant les exploiteurs et la petite bourgeoisie intellectuelle, grosse consommatrice d’ « évènements culturels »."
Les critiques de la Tribune de l'Art paraissent excellentes et fondées, et c'est bien dommage qu'on ne les entende pas plus.

Il y a juste une dimension que, je pense, ils ne prennent pas en compte, c'est celle de l'aménagement du territoire à l'échelle européenne. J'imagine que l'exportation de la "marque" Louvre dans le Nord-Pas-de-Calais a autant, sinon plus pour vocation d'attirer les voisins de Belgique, des Pays-Bas et d'Allemagne, à deux pas de Lens, que les habitants de la région - ce qui peut signifier des retombées économiques pour le coin. ça s'inscrit dans la logique de Beaubourg à Metz. Est-ce que l'Europe participe beaucoup au projet Louvre-Lens ? Ce serait logique.

De la même façon, j'imagine que Notre-Dame-des-Landes est un peu un mantra lancé par Ayrault face à ce recentrage à l'Est, les régions excentrées craignant pour leurs abattis.

Reste à savoir si ces paris vont s'avérer payants, et ne pas juste aboutir à des paquebots sans vie avec des budgets de fonctionnement énormes.
Quelques soient les bonnes ou mauvaises raisons qui ont amené cette création, ce musée existe et il n’est pas obligatoirement condamnable qu’une radio du service public orchestre son inauguration.

Rappeler, comme cela fut fait, le passé minier de la région ponctué d’accidents mortels, dont la catastrophe de 1974 (qui marque aussi la fermeture définitive des mines de charbon) est-ce du pathos déplacé ?

Le symbole n’est pas tout-à-fait étranger à l’Art (et il ne s’agit pas ici que d’évoquer l’école symboliste). Et là, est-ce le symbole trop évident – le Louvre chez les ch’tis, l’Art aux pays des corons – qui fait tiquer le chroniqueur ?
Maintenant à Lens, il y a les Corot.
Une fois n'est pas coutume, je vais être sévère avec vous Daniel : Hier matin j'ai entendu Thomas Legrand vous critiquer sur France Inter (il vous accusait d'utiliser trop de poncifs... et je ne sais quoi d'autre)
j'ai d'ailleurs eu envie de vous en informer et je me suis dit, laissons cela, on verra bien demain matin... et je vois aujourd'hui votre réponse ... malheureusement devrais-je dire : une guéguerre entre journalistes... avons-nous besoin de cela ?
ces conflits microscopiques, microcosmiques... je vous croyais complètement délivré de ce syndrôme... je suis loin du compte et ça ne me réjouit pas.
Je boycotte le 7/9 de FI avec la triplette Cohen/Legrand/Clark. C'est pour moi un geste d'hygiène élémentaire du matin, que j'associe à la douche ou le brossage de dents...
Mais des ronchons chez asi, non? Que radios et autres médias s'enferrent dans le cucu gnangnan n'oblige pas à jeter le bébé avec l'eau du bain. Les dix arguments qui feraient du Louvre Lens un mauvais projet (Tribune de l'art) ne sont pas follement convaincants, plutôt snobs et jacobins. La crise, la crise, la crise: en son nom, un président n'a plus le droit de se marrer, un musée ne peut plus se décentraliser, bref, on arrête de vivre et on cultive le seul ressentiment?
D'un côté, c'est sympa d'avoir un son de cloche divergent de cette touchante unanimité. On se doutait bien que ce choeur laudatif était un peu préfabriqué. L'idée d'ouvrir sur la catastrophe de Lens me laissait un peu perplexe: quel rapport, autre que de contraste? Ou bien, faut-il se réjouir du fait que les mineurs, n'ayant plus de mine pour y passer leur vie et leur mort, ont désormais le temps (et l'envie?) de fréquenter les musées de luxe entre deux visites à Pôle Emploi? La magnifique continuité "droite/gauche" soulignée avec gourmandise, en rappelait une autre, moins réjouissante. Et toujours, l'art ramené à sa rentabilité économique...

D'un autre côté, pour avoir "feuilleté" rapidement les articles de La Tribune de l'Art, il me semble qu'ils défendent beaucoup leur "clocher" parisien, non?
et pinailleur...
je trouve ce vite dit bien ronchon, Daniel.
Allez une fois n'est pas coutume un petit lien ; ou le cynisme raconte tout cru la vérité et c'est moi ou c'est passé a peu prés inaperçu ? :

http://frappermonnaie.wordpress.com/2012/12/03/la-stupefiante-franchise-de-marc-fiorentino/
[quote=Marc Fiorentino économiste]C’est-à-dire qu’il y a une crise, pendant trois ans, on fait les bons élèves, et puis trois ans après il y a une nouvelle bulle qui se prépare, et puis c’est là qu’on gagne de l’argent.
Pendant la phase où on joue les bons élèves et on fait de l’éthique, la finance ne gagne plus beaucoup d’argent. Comme elle ne gagne plus d’argent, elle licencie. Elle fait pas de profit et donc au bout de trois ans, elle a compris que c’était pas la bonne voie. « Greed is good » (La cupidité est bonne.) restera toujours la règle, c’est-à-dire que ce qu’on peut faire c’est, de temps en temps, briser la finance, comme on est en train de le faire parce qu’elle est allée trop loin et petit à petit la finance reprend ses droits. Puis il faut la briser à nouveau parce qu’elle est allée trop loin. En fait la finance c’est un peu comme l’industrie de l’armement. L’industrie de l’armement, il faut que de temps en temps il y ait une guerre. La finance, s’il n’y a pas de bulle, il n’y a pas de finance. C’est-à-dire que l’industrie de l’armement se nourrit de la guerre, l’industrie de la finance se nourrit des bulles.

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