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Commentaires

Nos vies numériques - 5

Dans sa dernière chronique parue dans Libération, Luc Le Vaillant fait le récit amer et drôle des ravages causés par le numérique dans les métiers de la presse écrite, et bientôt, promet-il, dans ceux de l'Education : "bienvenue dans le monde merveilleux de la destruction numérique de valeurs. Valeurs que cette nouvelle société recréera certainement... Oui, mais lesquelles ?", s'inquiète-t-il. Peut-être que l'une de ces valeurs consiste dans une certaine réappropration du temps, et du libre-arbitre, dans l'expérience culturelle ; qui, si elle passe massivement par les écrans, ne nous enferme plus dans la dictature de la lucarne...

Derniers commentaires

Je ne connaissais que My name is Hamilton Bohannon.
Bon. En v’là un deuxième.
Bonjour,

j'ai aussi cette perception de libération par rapport à la lucarne.
La possibilité de voir des conférences (Chouart, Guillemin, Lepage, Lordon (merci à ASI pour ces 4 là), Michel Collon) à la maison permet de réaliser que c'est principalement un outil de propagande, de divertissement mais peu d'information.
Mais Judith, que fais-tu de nos heures perdues,
Accrochés aux cordons d'écrans ombilicaux,
A cliquer, à cliquer, en singuliers échos,
Cigales jours et nuits dans nos vies suspendues ?

Tweets, sites, blogs, fora, études survendues,
Bavardages divers au milieu des logos,
Nous traînons dans les boues chaudes des marigots
Le sable de nos ans, et leurs bougies fondues,

Poursuivant la pépite, à défaut de l'étoile !
Car, prêtresse du web, vestale de la toile,
N'oublie jamais dans l'or de tes précieux papiers

Que le Dieu Internet, machiavélique maître,
S'ingénie, pour le prix de sa gloire, à nous mettre
Des ailes dans le dos, et des chaînes aux pieds.
Ah, mais j'oubliais: en 2011 il ne clignotait plus du gif mais il pratiquait l'art délicat de la maujuscule:
"Mais TOUS LES RACISTES NE SONT PAS DES FANATIQUES. Si l'on veut pacifier le monde, il me semble important de garder son sens du DISCERNEMENT et éviter de diaboliser tout le monde : la plupart des racistes, des antisémites, des phallocrates, des homophobes, etc. le sont modérément et peuvent encore changer d'avis, si on prend le temps de parler, d'argumenter, de démontrer (au lieu d'agresser et d'insulter)." (typographie garantie d'origine - source)
Un artiste, vous dis-je, un artiste. Sur la forme. Par contre le fond de l'air effraie un peu, mais bon. En même temps force m'est de reconnaître que je suis modérément anti-chouard.
Chouard... Etienne Chouard... c'était pas ce noniste qui, en 2005, avait une page perso façon 90's, avec des gifs animés, et des couleurs qui piquent les yeux?... Ah, voilà, c'est bien ça... Mais les gifs ne bougent plus maintenant. Il a du perdre du code en route. Dommage. Je me souviens que l'arc-en-ciel clignotant nous faisait bien rire. Ah! Chouard!... Merci Judith d'avoir fait remonter ainsi de si bons souvenirs. Et merci Mr Patella d'avoir mentionné ici un certain nombre de chouardises récentes: le bougre pique encore les yeux, mais là, c'est limite supportable.
A voté.

Merci pour cette "Danse contre Powerpoint", boulversante.
Judith, (pardon pour le changement de pseudo, je suis DanetteOchoc) merci d'avoir attiré mon attention sur la critique de Michéa par Lordon.
Lordon critique le concept de Common decency, accuse son caractère vague, et pointe avec raison les faiblesses intellectuelles et les problèmes politiques qui en découlent.

Je ne peux cependant souscrire entièrement à l'argument : l'incertitude quant au contenu du concept en disqualifierait les usages politiques, sinon l'existence même. Lordon réagit ici en posivitiste : toute échange ne pourrait reposer que sur une définition exacte, précise, des notions discutées. Il rejoue là un débat mille fois rebattu, entre les positivistes et les autres.
D'un côté Moritz Schlick, de l'autre Canguilem, d'un côté Wittgenstein de l'autre Kant, la comédie se rejoue à l'infini.
Cela me fait penser à un passage du Traité du zen et de l'entretien des motocyclettes, fable consacrée à la "qualité" comme élément premier du monde, par opposition à la "quantité" (morale/raison ; discontinuité/continuité etc.). Il y reconnaît que la qualité est indéfinissable, qu'il est impossible d'en donner une définition précise. Pourtant chacun sait qu'elle existe, chacun la reconnaît.

Un professeur corrigeant une copie pourra inventer tous les barèmes du monde, il peinera toujours, in fine, à expliquer pourquoi, entre deux copies remplissant les critères requis, une est meilleure que l'autre. L'impression, l'intuition, la sensibilité, quelque chose nous échappe, mais discrimine le bon du meilleur, le juste du moins juste. Bien sûr c'est conceptuellement faible. Certains, comme Rutherford, argueraient que "qualitative is nothing but poor qualitative". J'ajouterais simplement que le monde ne peut se découper en tranches et nous partageons tous des intuitions morales. D'où viennent elles ? de quoi sont-elles le produit ? Faut-il dire qu'elles n'existent pas parce qu'il est impossible de les mesurer, qu'elles sont ineffables ?

Si j'admire le caractère opératoire de la démarche positiviste je suis chaque fois attristée de voir qu'il en résulte un monde où seul le rapport utilitaire (=quantifiable) a sa place. Je suis certaine que Lordon n'assumerait pas l'héritage que je lui prête. Un raisonnement conséquentialiste l'impose pourtant. Enfin je crois.
pardon pour le changement de pseudo, je suis DanetteOchoc

Avez-vous essayé DanetteO'choc, DanetteOchok, DannèteOchoc, etc... ? Ce serait mieux que "D.", non ?

P'tain, qu'est-ce qu'ils feraient si j'étais pas là ?!
"J'ajouterais simplement que le monde ne peut se découper en tranches et nous partageons tous des intuitions morales. D'où viennent elles ? de quoi sont-elles le produit ? Faut-il dire qu'elles n'existent pas parce qu'il est impossible de les mesurer, qu'elles sont ineffables ?"

Non, DanetteOchoc, cela n'a rien à voir avec la distinction entre qualitatif et quantitatif, mais avec l'être et le non être.
Lordon, comme moi, s'oppose tout simplement à l'assertion que vous reprenez à votre compte selon laquelle il existerait une Common Decency.

Rien ne permet pour l'heure de l'attester et certainement pas l'expérience.
Or, c'est à ceux qui en soutiennent l'existence qu'incombe le devoir d'en démontrer l'existence.
En attendant, il est plus raisonnable de se passer de cette notion que de la postuler.

yG
Yannick, comment peut-on déployer autant d'intelligence dans un but aussi futile ? L'objet " morale" est, dans les mains du rationaliste que vous êtes ( et que je respecte infiniment plus que ses ennemis) comme une savonnette dans un bain chaud: " zip ! zip!".
Teuteuteu Albert-Yves, on peut parfaitement condamner toute morale d'inspiration métaphysique (comme l'est la Common Decency parachutée, bien plus qu'expérimentée), tout en soutenant le recours à l'éthique dans la gestion des affaires humaines. Le tout, c'est de ne pas fonder le pari sur lequel repose toute morale sur autre chose que notre volonté, le fait que l'on veuille (par nature ou par culture, peu importe) qu'il y ait de tels jugements moraux.

yG
Nieu-nieu-nieu, Yannick. Réduire la morale à la gestion n'est pas digne de vous. Depuis que je vous lis, je pense que vous êtes un spinoziste, ce qui pour moi est le contraire d'un reproche. Savez-vous que Spinoza est à la fois le plus rationaliste des philosophes, et le premier à avoir diagnostiqué la folie de la raison pure ?
Lordon réagit ici en posivitiste : toute échange ne pourrait reposer que sur une définition exacte, précise, des notions discutées.

Il me semble que la critique que formule Lordon (ci dessous) n'est pas accessoire ou secondaire.

Mais, tout ceci mis à part, qu’est-ce que la common decency? On en cherche en vain une définition tant soit peu consistante. Bien sûr tout est fait pour donner le sentiment d’être immédiatement de plain-pied avec une notion qui semble parler d’évidence – manière de disposer au préaccord dont on sait qu’il est peu questionneur. Or questionner, il le faut bien. Car sinon voilà à quoi on a à faire: « la common decency est le sentiment intuitif des choses qui ne doivent pas se faire2. » Mais quelle est cette intuition des « choses qui ne se font pas», d’où sort-elle, et qui l’éprouve? Visiblement, elle n’est pas, ou plus, la chose du monde la mieux partagée, Michéa d’ailleurs ne le déplore-t-il pas à longueur de pages? Mais comment un « penchant naturel au bien3 » peut-il se laisser effacer par l’histoire – puisqu’il est naturel? Comment la «morale commune » cesse-t-elle d’être commune? Commune à qui au fait? (Lordon dans son article : Impasse Michéa)

Vous avez l'air de suggérer que cette question qui sépare les deux philosophes relève du chipotage. Il me semble à moi qu'elle est centrale.
Critiquer le capitalisme parce qu'on le trouve immoral, c'est insuffisant. Vous oubliez de vous demander pourquoi nous semblons partager quelques principes moraux. Et puis les intuitions morales dont vous parlez semblent ne pas peser lourd face au TINA. Ce qui tendrait à relativiser le coté universel de cette morale partagée.
Tout d'abord, chèr(e) DanetteOchoc, merci pour ce message très érudit.
Je vais essayer de faire quelques objections dans les limites de mes connaissances.

Je ne peux cependant souscrire entièrement à l'argument : l'incertitude quant au contenu du concept en disqualifierait les usages politiques, sinon l'existence même. Lordon réagit ici en posivitiste : toute échange ne pourrait reposer que sur une définition exacte, précise, des notions discutées. Il rejoue là un débat mille fois rebattu, entre les positivistes et les autres.

Il me semble que la critique qui a été faite aux positivistes ne réside pas dans le fait d'exiger une rigueur dans les raisonnements scientifiques, mais plutôt dans la volonté d'étendre la science à la totalité du réel (ce qui exclut toute possibilité métaphysique). Pour le débat Lordon-Michéa (qui est un débat de philosophie politique), il ne me semble pas que quiconque ait eu la volonté d'introduire des éléments métaphysiques, donc il s'agit là d'un débat purement scientifique (pour les positivistes mais aussi pour les autres). Dans un débat scientifique, chaque concept doit être clairement défini et je crois que les philosophes et sociologues ont montré qu'il fallait que le philosophe prenne du recul et essaie de se libérer de l'influence des croyances communes en précisant le lien entre le concept créé et lesdites croyances (cf Qu'est ce que les lumières? de Kant). Donc il ne me semble pas qu'on puisse taxer Lordon de positiviste, dans un domaine où toute métaphysique me semble être exclue, de façon indiscutable (philosophie politique).

Je ne comprends pas que vous puissiez dire "toute échange ne pourrait reposer que sur une définition exacte, précise, des notions discutées", car en philosophie, l'unité fonctionnelle est le concept (du moins selon Deleuze) défini par "C'est un moyen de juger, c'est-à-dire un universel, une forme de classe sous laquelle on peut subsumer un singulier" (Kant). Un concept qui n'est pas clairement défini ne permet donc pas de l'utiliser sans malentendu, et n'a donc (à mon avis) aucune valeur (scientifique).

Un professeur corrigeant une copie pourra inventer tous les barèmes du monde, il peinera toujours, in fine, à expliquer pourquoi, entre deux copies remplissant les critères requis, une est meilleure que l'autre.

Sur cette phrase, je peux vous suivre plus volontiers. Devant une création artistique (et/ou philosophique), une fois que les erreurs basiques (grammaire, orthographe, clichés, méthodologie) ont été écartées, il est difficile d'effectuer une comparaison entre deux créations qui ne sont pas comparables. Toutefois, dans Impasse Michéa, Lordon montre que Michéa (via Orwell) commet des erreurs basiques avec le concept de common decency car non seulement il n'est pas défini de façon rigoureuse, mais en plus (et c'est en lien), il fait appel à un cliché qui est celui de l'idéalisation des petites gens.

J'espère que vous me donnerez votre avis car je suis moins érudit que vous et je suis conscient de pouvoir faire des erreurs dans le domaine philosophique que je connais assez peu...
Quelques éléments de réflexion dans cette conférence de Jean Hugues Barthélémy intitulée Quel nouvel humanisme aujourd'hui?

(Ne pas rater l'intervention désopilante d'un philosophe péruvien (ainsi que la réponse de JHB qui semble s'être mordu les joues jusqu'au sang pour ne pas éclater de rire) à 57:45)
Dieudonné, Soral, Chouard, les extraterrestres, les néo-conservateurs américains déguisés en antifas français... On n'arrête pas le progrès sur les forums d'@si. Vive internet. Vive l'autodidaxie conquérante. Et les théoriciens virtuels de l'inframonde.
Heureusement qu'il y a la vraie vie, au moins on y traite pas Taubira de gueunon. Ah si ?
Tout va bien.
Merci de m'avoir fait découvrir Guillemin. Un vrai passioné d'histoire qui prend parti!
Le numérique n'est que la capacité d'accélérer la ventilation des signes, des textes, et l'autre texte, ou livre permettant cela (celui de la technique elle même) évolue par ailleurs beaucoup moins vite qu'on le dit souvent.
Relire Mallarmé peut-être (entre autres).
http://iiscn.wordpress.com/about/
Merci d'avoir écrit ce texte bouleversant,
Ca nous a remonté quelque peu le moral.
Mais on voulait une ode à Thierry Meyssant
Ou alors quelque amitié à Alain Soral.

Ce qui me semble fascinant chez certains intellectuels de gauche* (notamment à tendance populiste), c'est le hiatus qui existe entre le degré d'exigence et d'intolérance à la médiocrité qu'ils ont du s'auto-infliger pour devenir des intellectuels d'une part, et la tolérance molle envers la médiocrité qu'ils dispensent à longueur de prestation démagogique d'autre part. En dehors des papiers de Judith Bernard qui malheureusement deviennent chaque jour plus caricaturaux, on pourrait se pencher de nouveau sur la fin de carrière de Pierre Bourdieu, et en particulier sur cette pantalonnade qui prit place dans une salle du Val-Fourré et dont nous devons l'immortalisation à Pierre Carles.

Petit pot pourri concernant le nouvel ami de Judith:

"Thierry Meyssan dit là des choses que je trouve intéressantes et qu'on ne lit pourtant presque jamais."

"J'ai moi-même rencontré Thierry Meyssan (cet été) et nous avons parlé quelques heures.
Je confirme que c'est un homme charmant, calme et cultivé, rigoureux dans ses analyses, très convaincant sur une série de sujets qu'il connaît parfaitement."


"quand même on peut pas nier que Soral est un patriote et qu'il est tout sauf d'extrême-droite" (article Ruffin)

"Fakir : Vas-y, Kamel, raconte-lui ta rencontre avec Alain Soral.
Kamel : L'an dernier, tu sais, Soral est venu à Marseille. Comme il attire vachement de jeunes dans les quartiers,
comme mon petit frère était sous son charme, je suis allé l'écouter. Y avait plein de mecs avec des djellabas, des
barbes, les filles avec le voile, et là Soral leur dit en gros : « Si vous êtes dans la merde, c'est à cause d'un banquier
sioniste à New-York. » Moi j'ai pris la parole, après, et je lui ai demandé pourquoi il indique « sioniste » ? pourquoi il
dit pas un « capitaliste », un « oligarque » ? Et là, il m'a répondu qu'il fallait appeler un chat un chat.
Étienne Chouard : C'est pas raciste. Il ne dit pas « Juif », il dit « sioniste ».
Fakir : Est-ce qu'il a précisé, dans son exposé, qu'il ne fallait surtout surtout surtout pas confondre « juif » et «
sioniste » ?
Kamel : Non, il n'a rien précisé.
Fakir : Mais Étienne, comment tu penses que c'est reçu, dans la salle ? Tu penses qu'ils donnent dans la nuance,
les mecs ? Moi, pendant que je faisais mon bouquin Quartier nord, à Amiens, y a plein de gars qui me prenaient pour
un juif à cause de mon gros pif, et c'était pas amical crois-moi.
Étienne Chouard se tait, frappé" (Article Ruffin)

son profil inclassable, indomptable, et vaguement incorrect.
Il me semble que sa méthodologie de """"travail"""" n'est pas en reste par rapport à son profil, en ce qui concerne l'incorrection!!!!

*Il va sans dire que le terme d'intellectuel ne se réfère pas à Chouard.
J'aime beaucoup cette série, combien d'épisodes va-t-elle comporter à terme ?
Il y a un plan ou c'est open ?
Je ne suis pas d'accord avec le fait de séparer les conférences d'Henri Guillemin, des moments de communion ou des spectacles.

Pour ce qui est de la communion, moi qui ai déjà était dans un stade de foot ou de rugby, je m'interroge sur la différence du "niveau" de communion ressenti avec quelques dizaines de milliers de spectateurs par rapport à celle ressentie face à ce vieux monsieur qui parle dans mon ordi un langage qui me touche bien plus. Si communier c'est se sentir proche, faut il pour autant était proche dans l'espace, et dans le temps en l’occurrence.

Pour ce qui est du spectacle, il me semble que les conférences de Guillemin sont pensées pour être plus que des conférences. Le ton, le discours, la conclusion... Je pense que Guillemin ne se contentait pas de lire un discours, mais cherchait aussi à l'habiter et à faire partager une émotion. Je ne vois donc pas la différence que l'on pourrait faire avec un spectacle.
Merci Judith, beau texte, intéressant.
Cependant, deux "critiques" de fond :
- dans le "on", on perçoit plutôt le "je". Il me semble que vous décrivez votre expérience personnelle du numérique, pas un "on" généralisant. Par exemple, quand vous dîtes "Pour tout ce qui est artistique l’écran numérique est une source d’information – pas tellement de consommation", vous passez sous silence les séries, visionnées ("consommées") massivement derrière un écran d'ordi, et qui sont, du moins pour certaines, de véritables "créations" dramatiques (je ne sais pas si on peut parler d'"Art"). Plus généralement encore, le cinéma est aujourd'hui "consommé" massivement via des plateformes de streaming, ce qui met en question la diffusion de cet Art (pour le coup) et sa perception (combien de personnes ne vont plus au "cinéma" et se contentent de cette image cradée ?).
- vous ne répondez pas trop à la question de Luc le Vaillant. Moi ce qui me frappe aujourd'hui, c'est que le "filtre" numérique est individualiste (MON réseau social) et qu'il met en jeu la question du "vivre ensemble", l'existence d'une culture partagée. A la machine à café, on ne parle plus, je crois, de la l'émission de télé vue la veille, mais plutôt de la dernière série téléchargée (mais que l'interlocuteur n'a vu ou ne verra pas forcément, il fera son choix dans la multitude des propositions "personnalisées" qu'il aura sous la main). L'Art "vivant", la rencontre, le rendez-vous autour d'une "scène" sont effectivement des réponses effectives à ce risque de perte du lien. Mais on ne vit pas tous à Paris (je visionne et j'écoute des concerts sur Arte Live Web...) et il me semble qu'une grande part des "pratiques culturelles" sont aujourd'hui réalisées seul, devant son ordi.
J'ai ouvert toutes les portes... personne. Même celles des placards... rien. J'ai cherché dans les moindres recoin de ma pourtant petite maison. Absolument personne... c'est pas possible ! Et pourtant, j'en suis sûr, et j'en ai enfin la preuve puisque je viens de le lire, là, ici, dans ce texte, point par point et preuve à l'appui : Judith habite chez moi. M'en doutais. M'en suis pourtant pas aperçu. Bizarre.
L'art consiste à être pleinement présent. Pas à tweeter tout en actualisant son profil facebook pendant qu'on recoit des SMS, la tv en arrière plan. Le numérique est bien que lorsqu'il est bien utilisé et à bon escient. Twitter et Facebook, ce n'est pas du journalisme, c'est leur plus grand ennemi. l'actualité n'a jamais été que tel ou tel personne a fait telle sortie sur Twitter.

Prendre le temps de vivre. Voila ce que le numérique mal utilisé nous empêche de faire. Parce que si l'on prendre le temps de vivre, on prend le temps de penser. Et de se demander si tout cela fait sens. Et de constater que notre société consommatrice n'a pas de sens. A part celui de nous exploiter tous pour le profit de quelques uns.
Deux thèses, hélas, habitent mon intellect. Celle du numérique comme aventure, au sens du déracinement. Les racines seraient le mal, la Technique apatride le remède libérateur. Et celle de la Technique comme infiniment plus vieille qu'on ne le croit, comme éradication de tout avenir.

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