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Maurras : "l'oubli" de l'historien Olivier Dard

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Je me permets un petit témoignage personnel. Il y a bien longtemps, dans une honorable maison de la rue Saint-Guillaume à Paris, j'ai bénéficié des leçons d'Olivier Dard, qui donnait des cours d'histoire 3 à 4 heures par semaine (si je me souviens bi(...)

Il faut dire qu'oublier l'inoubliable est une victoire de l'inconscient qui mérite d'être saluée

M'enfin, Daniel!

Vous savez bien que l'antisémitisme aujourd'hui, on ne le rencontre que dans ces banlieues pleines de b. ... d'arabes.

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Glisserions nous paisiblement vers un fascisme "soft" ? Quand on met en relation cet extrait de colloque paru chez "Hors série" ( http://www.hors-serie.net/Speciale/2018-02-03/Sur-le-fascisme-id284 ) , est-il légitime de se poser la question ? Je pense que oui.

Excellent article sur ce sujet sur le site LES CRISES d'Annie Lacroix-Riz qui montre la genèse  de cette histoire.


A déguster ....

Bonjour


Je réagis à votre chronique dans Libération ce matin sur le même sujet. Vous y utilisez largement la notion d' "amnésie nationale" pour décrire la situation et inclure l'épisode Maurras de ces derniers jours dans la longue liste des problèmes de mémoire en France. Je sais que c'est une expression qui revient régulièrement sous votre plume, mais elle me semble dangereuse ici. Car vous encourez le risque qu'on vous l'oppose symétriquement : en refusant la commémoration de Maurras (un point de vue que je partage!), n'encouragez vous pas l'amnésie nationale à son endroit ? 

Ce malentendu peut être facilement évité si on rappelle que le problème ici n'est pas tant celui d'une amnésie que celui de la fabrication d'une mémoire orientée, celle d'un Maurras light, édulcoré par "oubli" de son antisémitisme. Plus qu'un manque, c'est plutôt cet ajoût, cette réécriture qui posent problème au monde d'aujourd'hui : constatons par exemple qu'elle permet aux réactionnaires de la revue Limite de se réclamer de l'héritage d'une "certaine Action Française" (laquelle, jeune gens ? dites-nous tout. Celle qui était un peu antisémite, beaucoup antisémite, ou passionnément antisémite ? On veut savoir). 

Le mot d'"amnésie" permet de plaider au pire le mensonge par omission. Or là, nous avons bien un mensonge construit, idéologique et offensif qui prend forme. Un mensonge par détermination. Que cet historien oublieux en soit ou pas conscient, ce n'est pas mon problème, même si c'est la honte pour lui. Le problème n'est pas lui. Le problème est le mensonge. 

Bienveillante aussi cette chronique, envers M. Dard. Si je ne vous lisais pas quotidiennement depuis 10 ans, je serais méfiant, voire scandalisé. Vigilance s'il vous plaît M. Schneidermann !

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Un historien, qui rédige une notice pour des commémorations et qui "oublie". 


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A Olivier Dard je préfère Frédéric Dard

devra-t-on écrire "philosémite" dans la bio de D.S......?

Pour peut-être saisir quelque chose de l'ambiance actuelle, cf cette étrange émission de Finkielkraut où il conclut en demandant si un Maurras sans antisémitisme est possible : Maurras et ses héritiers .

Dans son introduction, il commence par faire une liste d'intellectuels, journalistes etc. disant que Maurras revient (cf notamment "Les années 30 sont de retour" ) et vu que cette liste ne doit pas lui plaire, ça sent l'émission voulant redonner un peu de crédibilité à cette sorte de nation ethnique que défendait Maurras, plus culturelle que biologique. Entre Zemmour, Buisson, les tendances à ethniciser une certaine idée de "République" (tradition laïque, Charlie institutionnalisé, roman national etc.), je crois qu'on n'en a pas fini avec la question de l'identité nationale et il ne m'étonne pas que les Barrès ou Maurras pointent leur nez.

Pour ma part, c'est moins les années 30 que tout ça m'évoque que la fin du XIXe, période de consolidation des idées nationales autour de l'Etat-nation, de cristallisation d'imaginaires sur une identite française hexagonale, et dont les problématiques ont des raisons de revenir aujourd'hui où l'Etat-nation est mis à mal par la mondialisation. Qu'est-ce que la France, qu'est-ce qu'être français aujourd'hui entre règne des multinationales, culture pop' mondiale, diasporas, attachements communautaires divers, néo-libéralisme chantre d'un Etat faible, Union Européenne etc. ?

Qu'est-ce que la France, qu'est-ce qu'être français aujourd'hui , questionnez-vous. Pour ma part, voici comment la question se présente biographiquement. Je suis né à Marseille en août 1940, d'un père d'origine sud-italienne (Amalfi) par ses deux parents (naturalisés français en 1897), et d'une mère au parcours assez compliqué que j'ai dû difficilement tenter de reconstituer: née allemande à Nuremberg, puis devenue française par réintégration, elle serait redevenue allemande comme ses parents (d'origine suisse alémanique l'un et bavaroise l'autre), si elle n'avait entre temps épousé "l'italo-français" dont je tiens (un peu plus que) le nom d'état-civil. Les deux morts en 1944, j'ai gardé avec enthousiasme de l'un, le culte ouvrier et dû assumer de l'autre le plus difficile héritage germain. Telle est la double raison de l'aléthènyme (plutôt que pseudonyme) que j'ai adopté sur @si. Étant données ces conditions, voici ce que je répondrais à votre double question: 

1) Il ne faut pas associer France et français autrement que "civilement". La France n'est pas en effet une nation particulière, mais autre chose et bien plus que cela: une idée -  dont l'universalité constitue le caractère singulier .

2) Il n'y a donc nulle autre identité française que celle résultant de l'assomption et du dépassement des spécificités prétendûment héritées nationalement. Processus historique au contraire que cet assomptionnel dépassement, soumis qu'il est aux aléas et résultant des combats que chacun a dû personnellement poursuivre ou renouveler.

3)Par conséquent, l'être français doit être par chacun inventé de nouveau chaque fois à l'épreuve de l'adversité héritée. Ce fut pour moi celle des années 1940-44. La pensée m'en apparaît encore aujourd'hui à devoir ultra-mondialement préciser.     

Oui, la France "pays des Droits de l'Homme" et autres définitions révolutionnaires héritées de l'ambition universelle des Lumières pourrait définir une identité civile, politique, fondée sur des valeurs assumées en conscience. Mais cette conception d'une nation politico-morale a été attaquée très tôt en Europe, au moins avec les Discours à nation allemande de Fichte. On l'a renvoyée à un intellectualisme ne voyant pas les réalités affectives soudant un peuple, un sentiment de faire corps, d'où au XIXe un "romantisme" biologique (la race comme espèce naturelle) ou culturel (l'ethnie et ses moeurs) avec toutes ces histoires de romans nationaux, de "droit des peuples" etc.


D'ailleurs, des pays comme les USA sont peut-être plus aptes à l'identité politique (cf leur attachement à la Constitution) dès lors qu'ils sont nés sans mémoire nationale, sans Histoire, conjonction de migrants, d'exilés, de déracinés. Derrière, ils se font des identités communautaires infra-étatiques, des racines quasi-explicitement imaginaires, hors-sol, et restent soudés par l'état civil. Il y avait aussi de ça dans le projet européen, les Etats-Unis d'Europe défaisant l'esprit de corps ethnique au profit d'un état civil. Devise de l'U.E. : "In varietate concordia", unis dans la diversité.


Mais je crois qu'on est dans une période où s'affronte le coeur et la raison, au point qu'on se met à faire de la raison une question de coeur : la France se met à traquer qui est vu comme étranger à une tradition de valeurs, les valeurs faites tradition (laïcité, droit des femmes etc.), faites affaire de moeurs, particularité française (symbole Charlie et autre). C'est la vieille dynamique du (prétendument) civilisé contre les barbares : nous la Civilisation, la Culture, la Raison, l'autre le primitif, le sauvage, l'instinctif. Idem avec les USA de Trump qui sortiront tout un discours sur ces "musulmans", ces "mexicains" etc. venus de leurs "shithole countries" qu'il faudrait bloquer aux frontières, officiellement sur le thème de la menace barbare, terroriste, criminelle, et implicitement dans la défense d'une "way of life" d'un peuple blanc, à la Confédérés.


On peut abstraitement se dire humaniste, universaliste, reste à voir si ça s'accompagne d'un sentiment, si on voit réellement l'universel dans le cas particulier de l'humain débarquant devant nous, voulant s'installer à côté, travailler ici, si on voit son semblable y compris chez le "sauvage" qui maraboute, mange du chien, porte un voile ou un turban, rêve de miracle à Lourdes, ne sait pas que Loi républicaine n'est pas Torah, craint le blasphème, n'a pas de culture de la Culture, a été d'une famille, d'une tribu mais jamais citoyen etc.


P.S. question "ritals" et fin XIXe, 1893, massacre des Italiens d'Aigues-Mortes , et d'après cet article : "Pendant les mois qui précèdent les faits tragiques, les appels des syndicats italiens et français destinés à rétablir les causes unitaires et sociales d’une solidarité n’ont aucun effet."

Autre opinion personnelle : la France de cette époque est pour moi pré-fasciste, pleine de nationalisme, populisme, anti-sémitisme, racisme, l'heure n'y est ni à l'universalisme des Lumières ni à l'internationalisme prolétarien. Je ne sais pas trop ce qu'elle est aujourd'hui.

Autre opinion personnelle : la France de cette époque est pour moi pré-fasciste, pleine de nationalisme, populisme, anti-sémitisme, racisme, l'heure n'y est ni à l'universalisme des Lumières ni à l'internationalisme prolétarien. Je ne sais pas trop ce qu'elle est aujourd'hui.


Le soulignant, je retiens la question qui m'apparaît constituer quelque chose comme une injonction dans ce préfixe que vous avez pris soin de détacher par un trait, dit grammaticalement d'union, de l'adjectif qu'il permet au contraire  de neutraliser pour peu que l'on essaie d'en interroger l'historicité. Vous en dépliez le sens, y incluant pour finir et le résumer ce terme de racisme par lequel, il y a déjà quelques décennies, Lacan désignait le rémanent danger de notre temps.

 

Votre préfixe avec son trait détachant nous précise ainsi la question qui nous attend. À savoir, antérieure à la question politique (léninienne) de Que faire?, encore récemment débattue par Gauchet et Badiou (qui s'en est fait piéger), la question Que penser? par laquelle Heidegger nous a invités à archi-renouveler la question du nazifascisme comme, en Italie, l'on a défini le phénomène dont la menace se représente aujourd'hui.


Cela précisé non sans faire juste usage du qualificatif d'"archi-fascisme" imputé à la pensée de Heidegger par Lacoue-Labarthe. Il y aurait en effet à en retenir ce que Lacoue-Labarthe a omis, à savoir que la pensée entière de Heidegger, il l'a expressément reconnu en son dernier temps, ("n'")est ("qu'")une pré-pensée, (qu')une préparation (Vorbereitung) à penser, notamment "ce qui donne le plus à penser dans notre temps qui donne à penser: que nous ne pensons pas encore" (Qu'appelle-t-on penser?). L'obstacle étant la politique précisément: cet affairement  empêchant d'apercevoir qu' archi- ne signifie que ce qui sobrement précède et non ce qui outrepasse ce dont il est la condition de juste compréhension.  





Absolument. Je vois aussi un renouveau du XIX, quand on écrivait les romans nationaux, pas qu'en France. Les nouvelles technologies ont permis de créer un fichier anthropométrique pour classer les terroristes ( à l'époque les anarchistes, socialistes libertaires). Le premier fichier S, en quelque sorte. 

Quant àla facilité avec laquelle le terme terroriste est utilisé, qu'on pardonne tout à Erdogan et Netanhyaou,  je vois des pouvoirs apeurés prompts à s'associer pour lutter contre tout type de révolte populaire. Et puis arriva 1914, le prétexxte d'une énième execution de tête emplumée par un anar. L'effroi fut tel qu'on envoya les paysans et les ouvriers européens s'entretuer . Les castes sont prêtes à tout pour se maintenir au pouvoir. Y copmpris le pire.

Comme l'article le suggère, le prétendu "antinazisme" de Maurras est totalement superficiel. Je le sais car il est l'un des inspirateurs intellectuels d'une partie de ma famille (on ne choisit pas). Il ne faut pas oublier qu'entre les deux guerres, il y a chez les français qui se vivent comme vainqueurs un sentiment de supériorité absolue par rapport aux allemands. De la même manière, le ressort populaire du mouvement nazi n'est pas pour susciter quelque admiration de la part de Maurras qui prône lui un retour aux valeurs de l'aristocratie (un antisémitisme "raffiné" dirait l'article).

Bref, c'est peu comme si sur la notice de Bruno Mégret on en faisait des caisses pour en faire un "antilepéniste de tous les instants". Or on ne se souvient pas que pendant l'occupation ce cher monsieur Maurras ait pris le maquis...

Maurras serait à l'origine de "laïcard", un terme qui plait tellement à certains psittacidés gauchisants.

On a les maîtres à penser qu'on mérite.

Les antisémites ne vont pas manquer de lecture et de raisons de célébrer en ces temps que l'on peut qualifier d'infâmes.

Après la réédition annotée de Mein Kampf, dont ils déchireront les notes inutiles à leurs yeux, après l'annonce de la publication des pamphlets antisémites de LF Céline, voilà qu'ils pourront commémorer Maurras même officieusement.

M'enfin, Daniel!

Vous savez bien que l'antisémitisme aujourd'hui, on ne le rencontre que dans ces banlieues pleines de b. ... d'arabes.

 C'est en effet vraiment étonnant ,  l'antisémitisme étant au coeur de la doctrine de Maurras. 

Il faut dire qu'oublier l'inoubliable est une victoire de l'inconscient qui mérite d'être saluée

Je me permets un petit témoignage personnel. Il y a bien longtemps, dans une honorable maison de la rue Saint-Guillaume à Paris, j'ai bénéficié des leçons d'Olivier Dard, qui donnait des cours d'histoire 3 à 4 heures par semaine (si je me souviens bien) à un groupe d'une vingtaine d'étudiants, dont moi.

J'en ai gardé un souvenir de vrai malaise, tant ce monsieur était fasciné par le fascisme et le pétainisme. Fasciné, et pas clairement critique, me disais-je alors, du haut de mes 18 ans. Pas franchement prêt à dire nettement les choses. Il n'a apparemment pas beaucoup changé.

Dan

Disons que c'est l'hypothèse la plus bienveillante.

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