J'arrive avec quelques heures de retard après les éclairages apportés par DS, que je remercie au passage. Mais je trouve néanmoins intéressant de relever un détail qui pour moi n'est pas si anodin qu'il y parait: J'entends sur mon JR France-Cult du lundi matin ce titre: "Le journal Le Monde va-t-il préserver son indépendance?". Après quoi, on nous a déballé le grand jeu en mode bashing contre ce Kretinsky inconnu au bataillon en prononçant son patronyme de telle sorte que seul un sourd aurait échappé à l'analogie phonétique avec une certaine tare cérébrale dont on affuble volontiers ceux qu'on aime pas. 

Ainsi, en deux coups de cuillère à pot, le décor était planté et les opinions, préfabriquées: un méchant milliardaire venu d'un de ces brumeux pays résiduels de ce qu'on appelait, jadis, le bloc de l'Est, s'en va-t-en guerre sabre au clair dans notre beau, gentil et pacifique pays avec l'intention malveillante de priver notre "Quotidien de référence" de son indépendance. "Ah bon ?" Me suis-je entendue me dire à moi-même. "Je savais pas que Le Monde était indépendant", continue-je de me chuchoter. 

Pour ne rien gâcher, j'écoute toute la matinale France-Cult dédiée au sujet de l'indépendance du Monde menacée par le broyeur Kretinsky, dans l'espoir la question encroûtée sur le fond de la marmite émerge à la surface. Mais non. A nul n'est venu à l'esprit l'idée de poser la question de l'indépendance des média, de quoi on cause, indépendance de quoi, de qui, dans quelles conditions, pour quelles conséquences. Alors ok, j'apprends aujourd'hui que le problème que nos médias du service public n'osaient pas ou ne savaient pas identifier lundi, ne serait finalement qu'une odeur de gaz. Pas d'explosion, pas de blessés à l'arrivée, le gaz, parfois, ce n'est rien de pus que le souvenir d'une odeur. 

Mais, puisque je n'en mange pas, du gaz, je suis restée sur ma faim et dévorée par la curiosité de savoir si oui ou non, le quotidien de référence était indépendant avant l'entrée au capital Kretinskyet si oui, indépendant de quoi, de qui et pour quels dommages zé zavantages, au profit comme au détriment de qui? J'adorerais que DS me fasse la grâce d'une matinaute sur cette question que je persiste à considérer importantissime: "Indépendance des médias, de quoi parlons-nous?", pourrait en être le titre,.  Et pourquoi pas y consacrer une des émissions du vendredi avec des interlocuteurs qui n'auraient pas d'intérêts privés dans le capital du Monde ou d'autres "grands" médias de "référence", hein? Espérant que ma requête ne s'évapore pas tel un gaz raréfié.. Bien respectueusement vôtre.