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L'enfance est rouge comme un ballon

Prenez une affiche vendant un truc plus ou moins culturel, n'importe lequel. Salon du Livre, annonce de spectacles, publicité pour France Culture… Collez-y un personnage affublé d'un ou plusieurs ballons et vous voilà devenu assassin de la poésie, fossoyeur de rêves. Démonstration.

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En 1957, Stanley Donen parait déjà Audry Hedburn d'un bouquet de ballons pour Funny Face (Drôle de frimousse), dans le Paris icônique des studios hollywoodiens : aux antipodes de la poésie d'Albert Lamorisse, mais non moins kitschement réjouissant !
Merci pour cette jolie mélancolie.
Et comme le "green washing", y aurait-il un "red balloon washing" ? : dernière campagne de Total...
Merci mille fois pour ce bel article !
Replonger dans mon enfance, et l'enrichir par tout ce qui m'avait échappé alors, m'a été est extrêmement rafraîchissant.
Disons-le carrément, c'est ce genre de travail qui me redonne espoir en l'humanité. Sans exagération. Un petit miracle qui me suffit pour respirer un peu en cette période plus que troublée.
Bravo, et merci encore.
Merci encore; j'ai le livre, édité par L'école des loisirs, mais je n'avais jamais vu le film, quel régal! Participant hier à un stage ou nous étions invités à travailler à la manière de Nicolas de Staël et entre autres à faire des collages, je me suis rendu compte que je travaillais plutôt à la manière de Miro. Et alors qu'à aucun moment je n'avais pensé au film, devinez ce qui trônait en majesté dans mon collage, et je n'en ai pris conscience qu'à la fin? Un ballon rouge!

Hommage aussi à mon instituteur de l'école primaire, Monsieur Dépinay, qui dans un tout petit village avait projeté un soir dans l'unique salle de classe( tous les élèves étant ensemble du CP au certificat), pour ses élèves et les habitants Crin blanc.
Bravo et merci. Ces publicitaires sont vraiment des fossoyeurs de poésie.

Moi en vous lisant j'ai pensé à "Jour de fête", version colorisée par Tati en 1964. Il n'avait colorisé que les éléments de fête : guirlandes, ballons et drapeaux.

Je ne connaissais pas le ballon rouge, la lecture saccade (on doit être trop nombreux, par votre faute, à le visionner en même temps ;-)), je le télécharge.
Quand mon fils avait 4 ans, on est allés à Amboise chez sa grand-mère où quelqu'un de la famille lui a offert (à mon fils, pas à sa grand-mère) un de ces ballons à l'hélium en forme de coeur, avec des héros de la télé dessinés dessus.
Il l'adorait tant qu'il le traînait partout dans les promenades.
Et au moment où on était sur les hauteurs d'Amboise, le ballon s'est décroché de son poignet et a pris son essor vers le ciel.
On l'a vu partir en plusieurs paliers au niveau des nuages, puis il s'est perdu dans les nuées, et mon fils a commencé à pleurer.
Il sanglotait, sanglotait, lui qui ne pleurait que très peu.

Jusqu'au moment où je lui ai expliqué que le ballon était allé rejoindre le père noël, et qu'il récupérerait le tout à Noël.
Par chance, c'est ce qui s'est passé, le matin de noël, le ballon était parmi les cadeaux.

Je n'ai passé que trois jours à écumer les boutiques du centre de Paris pour retrouver exactement le même.

Il a voulu le porter, et à cent mètres de l'immeuble, il l'a lâché.
Pfffouuuu ! C'est dur, le métier de parent...
J'ai regardé le film, super joli....
Merci ! Il me semble qu'il faudrait ajouter à cette liste le film d'Elia Suleiman Intervention Divinepage wiki du film qui date de 2002 où un ballon rouge tient également un rôle.
Merci Alain pour ce petit bijou qui ensoleille mon dimanche.
Un grand merci de rappeler ce film. J'avais 6 ou 7 ans et j'en garde le souvenir, tout comme j'ai des souvenirs, très précis mais très ponctuels, des inondations de 55, à croire que ce film me parlait à moi gamin parisien. Tous les jeudis après midi ma mère nous emmenais au cinéma, j'en du en voir des films que j'ai totalement oubliés mais je me rappelle du Ballon Rouge, quand je réfléchis c'est probablement mon premier contact avec quelque chose de poétique - à 6 ans je ne savais pas ce que c'était la poésie mais je devais le ressentir - ce film avait quelque chose de magique; je n'étais pas de Belleville mais du XVème, le Veld'hiv existait encore, il y avait un souffleur de verre rue Saint Charles et une boutique où deux dames plus toutes jeunes repassaient le linge et je me souviens encore de l'odeur, je me souviens aussi des entrepôts Touflins, du quai de Javel et des usines Citroën, des bruits et de la vie qui allait avec; ça va faire vieux c… mais c'était mieux que le Front de Seine.

A coté de çà ils font peine à voir les "créatifs" marchands de vent, avec leurs ballons; je suis d'accord avec vous, ils assassinent la poésie; ça ne les empêchent pas de croire en vendre.

Maintenant je vais voir la vidéo, voir si j'ai vraiment vieilli ou si il me reste quelque chose de gamin..
Un photo* prise un jour de l'Aid à Kaboul. Cette année c'est aujourd'hui.
[large]Aid Mabrouk ![/large]
*extraite du blog de Didier M;
La supériorité des ballons rouges sur les avions, c’est qu’ils ne vont nulle part.

Grappes de Chanaan dont la pointe est tournée vers le ciel, ils voyagent lestés du marchand qui les égrène dans de petites mains. Chaque enfant qui tient un ballon rouge est un enfant perdu. Il est perdu pour la vie réelle, pour les tartines et pour un avenir administratif. Il ne suit plus sa mère, il suit son ballon. Il ignore les gifles et regarde ses pieds avec dédain. Il sait désormais que les plus beaux fruits ne sont pas ceux que l’on met dans du coton hydrophile comme de grands malades, ni ceux qui, par-dessus les murs, tentent les maraudeurs et dégoûtent les renards.

Ce sont ceux qui n’ont pas de patrie, ceux qui n’ont pas de saisons ni de jardiniers, ceux qui se gonflent sans soleils et sans sucs, ceux dont la tige n’a pas de racine terrestre, mais telle la corde lancée par le fakir, part de l’inconnu pour monter vers l’infini.

Ballons rouges, pommes sans poids, fruits légers, que vous êtes lourds. Lourds comme tout ce qui n’a pas de chair. Seul l’esprit comble et sustente votre contour parfait. Aucune erreur n’est permise à l’exquise enveloppe qui vous sépare de l’univers. Elle est tendue selon la courbe qui s’établit autour des pensées mûres, exacte, vigilante et d’un grain sans défaut.

Terres sans tares, lunes sans cratères, saturnes sans anneaux, les ballons gravitent selon leurs lois, en marge du système solaire.

Traînant l’enfance satellite, ils errent, choisissent, égarent, inspirent et s’en vont. Peut-être sont-ils la ronde maison de l’elfe et de la fée, la prison des âmes, le pollen de Brocéliande, l’asile des songes perdus, les messagers de l’au-delà.

On pourrait croire parfois qu’ils nous échappent. Mais se sont eux qui s’ennuient et qui nous laissent tomber. Jamais les ballons rouges ne restent longtemps parmi les humains. Notre densité entrave leur vol. Les uns montent, sans ailes, comme l’amour ; les autres meurent. La mort d’un ballon rouge ressemble à la naissance d’un coquelicot.

Germaine BEAUMONT
Si je devais…
C'est ma tournée.

Ballon de rouge pour tout le monde !
https://www.youtube.com/watch?v=xb2MD2sBFH4

Je sens que vous n'en avez pas eu assez.

C'est peut-être larmoyant, mais moi je marche.

Pour Truffaut et ses films sur les enfants voici, à la fin de l'Argent de poche, le beau discours d'adieu de leur instituteur :

“Un enfant malheureux, un enfant martyr se sent toujours coupable et c’est cela qui est abominable.
Parmi toutes les injustices qui existent dans le monde, celles qui frappent les enfants sont les plus injustes, les plus ignobles, les plus odieuses. Le monde n’est pas juste et il ne le sera jamais. Mais il faut lutter pour qu’il y ait davantage de justice. Il le faut, on doit le faire. Les choses bougent, mais pas assez vite. Elles s’améliorent, mais pas assez vite... Les adultes, lorsqu’ils le veulent vraiment. peuvent améliorer leur sort. Mais, dans toutes ces luttes, les enfants sont oubliés, il n’existe aucun parti politique qui s’occupe réellement des enfants, des enfants comme Julien ou des enfants comme vous. Et il y a une raison à cela, c’est que les enfants ne sont pas des électeurs. Si on donnait le droit de vote aux enfants, vous pourriez réclamer davantage de crèches, davantage d’assistantes sociales, davantage de n’importe quoi, et vous l’obtiendrez, car les députés voudraient avoir vos voix. Par exemple, vous pourriez obtenir le droit d’arriver une heure plus tard en hiver, au lieu de venir en courant dans la nuit.
Je voulais vous dire aussi, c’est parce que je garde un mauvais souvenir de ma jeunesse et que je n’aime pas la façon dont on s’occupe des enfants, que j’ai choisi, moi, de faire, le métier que je fais : être instituteur. La vie n’est pas facile, elle est dure, et il est important que vous appreniez à vous endurcir pour pouvoir l’affronter.
Attention, je ne dis pas à vous durcir, mais à vous endurcir.
Par une sorte de balance bizarre, ceux qui ont eu une jeunesse difficile sont souvent mieux armés pour affronter la vie adulte que ceux qui ont été protégés, ou très aimés. C’est une sorte de loi de compensation. La vie est dure, mais elle est belle puisqu’on y tient tellement; il suffit qu’on soit obligé de rester au lit à cause d’une grippe ou d’une jambe cassée pour s’apercevoir qu’on a envie d’être dehors, de se balader, pour s’apercevoir qu’on aime vraiment beaucoup la vie... »
Merci pour cette belle chronique ." Le ballon rouge " est un film qui a marqué mon enfance ,le côté à la fois poétique et mélancolique. Je crois aussi que le film est entièrement muet , tout est dans la mise en scène. Je me permets de signaler le film du réalisateur taïwanais Hou Hsiao Hsien " le voyage du ballon rouge" avec Juliette Binoche ,Hippolyte Girardot ( merci internet) .Le film a été tourné à Paris , et c'est un hommage au film d' Albert Lamorisse.
Merci, maitre K. pour ce bel article.

Signalons que François Truffaut , qui a tourné plusieurs films dont les personnage sont des enfants, détestait ce film.
Je ne voudrais pas plomber l'ambiance, mais je cite quelques extraits de son bouquin Les Films de ma vie. (Flammarion. 1975)

"Tout, dans Le Balon Rouge est convenu, fabriqué, truqué..."

"On connait le mot de Cocteau, [...] cruel mais juste : « Tous les enfants sont des poètes, sauf Minou Douet » . Le Ballon Bouge apparait donc comme un film de Miou Drouet à l'usage de Marie-Chantal"

PS : Pour ne faire qu'un voyage, je signale qu'Il n'aimait pas non plus Crin Blanc :
"L'ntervention des « méchants », dans Crin Blanc comme dans Le Ballon Rouge, est d'un mauvais goût achevé".
https://www.youtube.com/watch?v=wp0K7Vsc8Xo

OK, je sors...
Et sinon en plus du tube de Nena, on peut s'écouter un petit Small Faces.
il y a aussi le gentil et gloubi goulba fred pellerin, Québécois (qui des fois chante avec la grande Céline Dion) :
(à partir de 1:14)
https://www.youtube.com/watch?v=K8cdYqoE2Yo

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Ballon rouge...ballon rouge...encore un film à consonance marxiste.
Je possède le livre, édité en son temps par l'Ecole des Loisirs, bienfaitrice de l'humanité.

(Ainsir que Crin Blanc et Bim, le petit âne)

Alors, le reste peut bien s'envoler.

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