Le public italien plebiscite un "ovni" de la RAI
L’émission tranche radicalement avec ce que l’on peut voir d’habitude en Italie. "Vieni via con me" est un ovni télévisuel. Il s’agit d’une série de quatre émissions de 2h 30, dont trois ont déjà été diffusées sur la chaine publique RAI 3. Ovni par sa forme : de longs monologues, des invités qui lisent des listes, pas de "show". Le fond tranche aussi, avec des critiques acerbes envers le pouvoir. Résultat : une audience historique pour la chaîne, avec des pics à 10 millions de téléspectateurs.
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Derniers commentaires
T'chô.
Sinon, pour les non-italophone comme moi il y a ce petit extrait, pour le plaisir des yeux (sauf que c'est pas très bien filmé) et pour ceux qui aime paolo conte qui aurait pris du speed.
Sinon, pour les semi-italophone comme je souhaite le devenir il y a cet extrait, sur le principe de pourquoi partir, pourquoi rester. Je comprends pas tout alors me demandez pas (il y aurait un-e volontaire pour traduire ?... :-) svp), mais c'est un bon exemple de la maitrise du tragicomique et puis c'est émotionnant (presque autant que l'émission de J.-L. D. millionnaire cocaïnomane qui demande à des mères désœuvrées de raconter le calvaire que c'est de se faire battre par ses enfants, tout en portant une affreuse perruque et des lunettes noire horrible)
Allez, cadeau... C'est essentiellement un jeu sur les oppositions Nord (Fazio)/Sud (Saviano, napolitain). Moyen bof, à mon avis.
Fazio: je m'en vais, parce que je sens que, dans un instant, ils seront tous anti-berlusconiens
Saviano:je reste ici pour voir ce qui arrive ensuite...
F: je m'en vais parce qu'il est possible qu'ensuite il ne se passe vraiment rien...
S: je reste ici parce que je veux découvrir pourquoi Antonio Iovine riait quand on l'a arrêté...
F: je m'en vais parce que je veux être dans un lieu où on appelle "prostituées" des prostituées, et où les escort ne sont qu'un vieux modèle de Ford [les journaux italiens ont tous employé le terme anglais "escort" pour définir les femmes payées par Berlusconi pour ses menus plaisirs]
S: je m'en vais parce que les gens de droite disent que je suis de gauche et que les gens de gauche disent que je suis de droite
F: je m'en vais parce que j'en ai marre d'entendre parler des embouteillages entre barberino di mugello et roncobilaccio [Toscane, secteur en travaux]
S: je reste ici parce qu'un jour je veux aller de Salerno à Reggio Calabria sur l'autoroute avec une escort (la voiture) [le chantier de l'autoroute Salerno-Reggio Calabria, dans le Sud de l'Italie, est un chantier interminable, notamment en raison des infiltrations de la'Ndrangheta sur les appels d'offre]
F: je m'en vais parce que c'est désormais clair: Cassano [joueur de foot] s'en va
S: je reste ici parce que cette année Naples ira en Champions League
F: je m'en vais parce que d'après quelques indiscrétions, Pupo et Emmanuel Philibert de Savoie pourraient écrire une autre chanson [allusion au dernier festival de la chanson de Sanremo, auquel a participé l'héritier du trône]
S: je reste ici par ce que ceux qui ont détruit ce pays devraient s'en aller...
F: je reste ici, parce que c'est ici que sont tous mes amis, comme ceux qui sont venus ce soir
S: je reste ici, parce que ce pays a perdu une ville, l'Aquila
F: je reste ici jusqu'à ce qu'on puisse se promener dans le centre reconstruit de l'Aquila
S: je m'en vais parce qu'on m'a expliqué ce qu'est un gouvernement d'armistice, mais que je n'ai pas compris [armistice dans la lutte aux mafias]
F: je m'en vais parce qu'il s'en est fallu de peu, mais vraiment de très peu, pour qu'ils ne chantent à nouveau Giovinezza [hymne fasciste, qui a failli être au programme du prochain festival de Sanremo, pour célébrer les 150 ans de l'unité italienne... oui, oui... idée finalement abandonnée]
S: Je reste ici parce que Masi m'a appelé et m'a dit que nous devions en faire encore quatre [émissions]
F: Je reste ici parce que Masi m'a appelé et m'a dit que nous devions en faire encore huit
S: Je reste ici parce que je ne m'échappe pas
F: je m'en vais parce que je ne veux plus rien entendre au sujet du crime d'Avetrana [fait divers sordide et ultra-médiatisé par la télé et presse. @si avait évoqué l'affaire en vite dit]
S: je reste ici parce qu'il faut parler d'autre chose
F: je reste ci parce que peut-être qu'un poste d'entraîneur va se libérer à l'Inter
S: je reste ici parce que j'aime la constitution italienne [souvent remise en cause par la droite]
F: je m'en vais parce que bientôt il va pleuvoir et qu'il faut quitter la scène.
Pas déçue pour un sous et je me découvre meilleure en italien que je pensais mais je découvre plein de truc (notamment sur l'hymne fasciste, la vache!).
Je sais pas, elle me touche cette liste.
Merci donc à Laure et a Hurluberlu.
Si vous voulez sous-titrer d'autre extraits, je suis preneuse (tiens, le féminin n'existe pas dans mon correcteur d'orthographe.Grrrr) Je n'en ai pas trouvé ailleurs pour l'instant).
la capitalisme arme de destruction des démocraties fondées sur la loi et les règles .
il faudrait en dire autant des institutions européennes au main d'une belle mafia !!
http://libcom.org/news/today-we-are-lions-student-protests-italy-26112010
http://libcom.org/library/stop-country-take-back-future-italian-students-protest-education-reform
http://www.youreporter.it/video_Corteo_degli_studenti_a_Roma_1
http://www.presstv.ir/detail/152859.html
Hier, environ 100.000 personnes ont manifesté à Rome ! http://www.youtube.com/watch?v=O91O9Pe3q2c
Les étudiants et les profs se mobilisent contre une nouvelle réforme dégueulasse de l'éducation. Des dizaines d'universités sont occupées. Les syndicats se sont joints à eux pour protester contre le gouvernement en général.
L'Italie, l'Irlande, le Portugal (grève générale le 24 novembre : 3 millions de citoyens mobilisés ! http://libcom.org/news/portugal-shut-down-general-strike-24112010 ), l'Angleterre, la Grèce, la France... Il y a même eu de grosses manifs en Autriche, et cela commence en Allemagne http://libcom.org/news/berlin-austerity-protest-26112010
Un petit billet sur le silence relatif des médias de masse sur ce mouvement populaire européen s'impose, non ? à part dans ces pays directement touchés, beaucoup de ces infos ne semblent avoir été postées, en anglais et en français, que sur des sites anarchistes, ou presque...
Et ça marche. Un beau souffle d'espoir....
Je ne vais pas reprendre tout ce qu'a dit Mouflette (qui le dit très très bien), mais... si on essayait, oui ? est-ce que ce serait possible ?
merci Laure.
"La démocratie est en danger". "Nous ne sommes plus en démocratie". J'entends ces avertissements, ces cris, de plus en plus souvent. En Italie, cela fait ENFIN la Une des journaux. En France, une minorité le crie, la majorité l'ignore, ou relativise, ou l'admet mais n'ose pas encore le crier, se contente parfois de le sous-entendre - comme peut-être ici, à @si - au mieux, on le crie un jour, et le lendemain on oublie, on passe à autre chose, ou on le prend pour une évidence admise par tous, alors que cela reste tabou ou simplement ignoré par la majorité des citoyens. Les gens restent surpris. Quand Serge Portelli l'a dit, le public a eu le souffle coupé, puis l'a applaudi en héros. Mon ami, lui, était blasé, presque amusé que tant de gens ne découvraient cette évidence que maintenant. Si on le criait partout, peut-être que le peuple se réveillerait vraiment, peut-être que cela entraînerait des débats à grande échelle.
Cela me fait penser au cri de Mendès-France, lancé en février 1934 : "La République est en danger". Il faut le crier ! C'est notre devoir de citoyen, bon sang !
Quand j'étais en Master 1, il y avait une Italienne dans ma classe, une jeune prof diplômée de 26 ans, qui souhaitait devenir prof et tenter sa chance en France. Elle avait tout simplement fui l'Italie, et, avec humour et résignation, elle me racontait ce qu'était devenu son pays, notamment l'éducation. Elle me racontait comment les jeunes profs diplômés devaient postuler dans les établissements scolaires, en croisant les doigts... Comment elle avait galéré, ne trouvant pas de poste, nulle part... Comment la majorité de la population trouvait ça normal. Elle a fini par abandonner en Italie, et par abandonner ensuite en France, tout simplement parce qu'il n'y a pas assez de postes au CAPES d'italien, et que l'anglais était trop dur pour elle. Elle a fini par rentrer en Italie. Je ne sais pas ce qu'elle est devenue. Vous savez, quand on vous raconte de telles horreurs, elles sont difficiles à croire : on écoute, on comprend, on enregistre, mais on garde toujours une pointe d'incrédulité devant l'impensable, on préfère ne pas y croire, pour ne pas avoir à s'insurger. Parce quand on s'insurge, on vous traite souvent d'extrémiste, d'hystérique, on vous accuse de dramatiser les choses, en gros, d'être déraisonnable. Quand c'est un magistrat qui le dit, là, on ferme sa gueule, et on fait mine de l'ignorer.
Ce qu'il ne faut pourtant surtout pas ignorer, c'est que l'impensable menace aujourd'hui la France, il existe, il pourrit en ce moment notre pays, la "belle France", notre fière République "terre des Droits de l'Homme".
J'ai envoyé à @si le discours de Serge Portelli, magistrat vice-président du TGI de Paris, qu'il a prononcé à Lyon, mercredi dernier. Je me permets de le citer ici :
[...] "c'est un discours de peur que j'ai, que j'ai, parce que toute cette révolte citoyenne à laquelle nous participons risque finalement d'être dénaturée, de partir vers une violence que nous ne pourrons pas contrôler. Et c'est peut-être, même sûrement le but de l'opération, parce qu'à force de clamer la guerre, à force de faire des opérations coups de poings, à force de faire du Droit de l'ennemi, à force de parler de bataille ou de guerre, on l'aura, on l'aura ! Et nous n'y pourrons rien ! Ce sera trop tard ! Car nous entrons dans une sorte d'État policier (je dis une sorte ; c'est vraiment quasiment une précaution de langage) ; mais je pense qu'il faut mesurer ce que ça signifie : pour moi, nous ne sommes plus en démocratie. [...] ce que nous avons vu place Bellecour, c'est le sort ordinaire qui est réservé aux étrangers chaque jour [...] c'est ce que les Procureurs de la République font systématiquement en fermant les yeux à la demande des Préfets. La réalité, c'est ça."
[...] "Et depuis le temps qu'on vous dit, qu'on nous dit que ce droit des étrangers, ce sort fait aux étrangers, c'est celui qui nous arrivera demain [applaudissements] eh bien, aujourd'hui, hier, à Lyon, c'est ce qui est arrivé, tout simplement. C'est simplement la continuité d'une politique qui commence toujours, toujours par s'attaquer aux plus pauvres, aux plus défavorisés, ceux qu'on peut stigmatiser facilement, et qu'on applique ensuite aux “bons Français”, vous savez, ceux de Monsieur Besson."
[...] "c'est dans l'appareil d'État lui-même que le cancer arrive. Nous avons un Président de la République qui a été longtemps ministre de l'Intérieur. Nous avons un secrétaire général de l'Élysée, qui a été nommé par Pasqua en 1994 directeur de la Police Nationale. Nous avons des Préfets, aujourd'hui, dans de plus en plus de départements, qui sont d'anciens policiers ! Comment voulez-vous que nous n'entrions pas dans cet État policier alors que ce sont les policiers eux-mêmes qui commencent à peupler, et avec une volonté délibéré du pouvoir, tous les rouages de l'administration, et qui amènent avec eux leur savoir-faire ? Parce que quand on nomme un ancien directeur du RAID Préfet de la Seine-Saint-Denis, évidemment, il y aura des [drones ?], évidemment il y aura des opérations coups de poing, évidemment il y aura des companies de CRS, évidemment on ne traitera aucun des vrais problèmes."
[...] "À nous de nous révolter. À nous de résister. À nous d'en prendre conscience dans un premier temps, de savoir où nous sommes, et vers quoi nous allons. Et à nous de mettre en place l'ensemble de ces mesures de résistance dont on vient de parler, mais ayons conscience aussi des limites : parce que nous allons déposer une plainte : auprès de qui ? Nous allons être reçus par le commissaire du quartier, la plainte sera en suite examinée par le Procureur de la République, quand on vient de nous dire que ce n'était pas une autorité judiciaire indépendante : ça c'est une des plus belles claques que la France ait reçue depuis très longtemps, au niveau du Droit européen ! Et vous pensez vraiment que cette plainte ira très loin ? On peut saisir aussi la CNDS, la Commission Nationale de Déontologie de la Sécurité, une institution fantastique ! Tellement belle qu'elle va disparaître !"
[...] "ces comportements policiers sont dénoncés depuis des années, non seulement par la CNDS, mais par de multiples autorités européennes, internationales ! Lisez le dernier rapport d'Amnesty International de 2009, bon sang ! Tout ce que vous avez dit, tout y est ! Et je peux vous prédire que le rapport 2010, et le rapport 2011 seront à l'identique, car, chaque année, Amnesty International est presque obligée de faire du copié-collé par rapport aux années précédentes. Donc tout cela s'aggrave, tout le monde le sait, en France, à l'étranger"
[...] "la vraie réponse est une réponse politique, évidemment. [...] le vrai débat, c'est le débat politique."
J'ajoute qu'il faut relier État policier et attaques de la finance contre le peuple. Le peuple a toujours été un problème. Il gêne le pouvoir anti-démocratique. Aujourd'hui, le pouvoir cupide s'offre au peuple entouré d'un papier cadeau démocratique, et s'appuie sur le confort offert par la société de consommation et le capitalisme. Le peuple a tendance à s'endormir, béat, content. Jusqu'à ce qu'il s'aperçoive que tout n'est que façade masquant d'horribles vérités, quand le capitalisme révèle toute sa folie.
Tout ça, vous le savez bien, oui ou non ? Agissez-vous donc politiquement comme nous l'exhorte ce magistrat ? Si votre seul argument pour ne pas agir politiquement est : nous n'y pouvons rien, cela a d'ailleurs toujours été le cas ! Mais que faites-vous donc de l'urgence que pose la destruction de l'écosystème ? Niez-vous les catastrophes économiques et écologiques à venir ? Si oui, prouvez-le ! Prouvez-le qu'il n'y a rien à craindre ! Sinon, il faut appliquer le principe de précaution !
N'est-ce pas criminel de ne pas agir politiquement, quand on en a toutes les capacités ? Je me pose simplement cette question, quand je mesure l'ampleur des dégâts, et de ce qui nous risque bel et bien de nous tomber dessus.