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Le "massacre" de chrétiens à Maaloula, enjeu de communication pour Damas

Maaloula, haut lieu de la chrétienté au Moyen-Orient, pris par les rebelles au régime, est devenu un enjeu de communication du régime de Damas. Y a-t-il eu un massacre de chrétiens ne voulant pas se convertir à l'Islam dans cette ville? Les versions divergent entre Le Figaro, qui parle de trois morts et Libé, qui émet de forts doutes.

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Et Sabra et Chatila en septembre 82 ? On a oublié ?
http://www.youtube.com/watch?v=O9tivcQdkUg&feature=youtu.be
Quel genre de questions se posera-t-on sur le drame syrien dans 30 ans ? Ce sera certainement aussi difficile de savoir la vérité que pour Sabra ou Chatila ;o(
Savoir qui avait vraiment perpétré le massacre d'Houla en 2012 et comment cela avait été instrumenté par la presse occidentale n'avait pas vraiment intéressé @asi...
Les enjeux ne sont ni pour le pouvoir à Damas ni pour les rebelles. Ces enjeux, c'est nous.

Dans cette bataille de l'image et de la propagande qui se joue, c'est nous, les sociétés civiles des pays occidentaux, qui subissons le plus de poudre aux yeux.

Je vais vous raconter une histoire. Peut-être est-elle vraie, peut-être est-elle fausse. Mais je pense qu'à quelques détails prêt, elle est vraie.
Elle est longue, et je m'en excuse, mais je suis obligée de raconter beaucoup de tenants et d'aboutissants.

Il était une fois le tsar Vladimir, autocrate froid et autoritaire, brutal et infatué de lui-même. Il était inféodé, comme tous les princes de ce temps-là, petits ou grands, au Roi Obama, empereur du monde.

Et l'idée de devenir mâle dominant à la place du mâle dominant occupait toutes les pensées du prince Vladimir..
Il gouvernait un immense pays qui dans un temps pas si lointain avait été une énorme menace pour l'empire. Un pays trop vaste, trop déséquilibré. Les habitants avaient été obligés trop longtemps de courber l'échine, et fuyaient par milliers. Le pays était soumis à d'énormes soubresauts économiques et politiques. Mais à la fois oligarque et tsar, il soumettait le pays à des réformes drastiques financées par la rente pétrolière et gazière et par une ouverture à la fois libérale et autocratique qui enrichissait toute une classe et au final avait plus ou moins stabilisé le pays.

Pétrole et gaz étaient l'origine, le fondement et la raison d'être de son pouvoir, mais aussi ses limites.
Le pays où il était né, l'URSS, et dont la Russie était le chef incontesté, avait éclaté, trop lourd, trop inégal, trop divers sans être métissé. Et lui rêvait, pour menacer l'empereur Barack, de le reconstituer. Et surtout de conserver l'emprise sur le Caucase, gigantesque réserve de pétrole et de gaz jalousement protégée par des dictateurs sanguinaires qui refusaient de plier car ils étaient tentés par tous ces dollars américains qu'on leur proposait. Malheureusement pour eux, les pipes-lines étaient bloqués de toutes parts et et ne pouvaient se poursuivre jusqu'à la mer où de bons tankers pétroliers occidentaux les récupéreraient.

Car l'empire américain était bien gêné aux entournures pour récupérer tous ces bons hydrocarbures qui approvisionnaient les bagnoles de son peuple qu'il tenait par l'hyperconsumérisme et la manipulation. En occident, l'Histoire avait produit une forme de démocratie très bâtarde, mais réelle, car les droits des personnes étaient la plupart du temps respectés, à l'exception notable de leurs droits économiques. Le parti de l'argent dominait et pourrissait tout. Mais les peuples étaient bien obligés de l'accepter.

Mais au sud du glacis russe, au Moyen Orient, se trouvaient l'Iran et son verrou, la Syrie. Ce serait un peu trop long de vous expliquer les enjeux de cette région, mais je l'ai déjà expliqué ici, juste avant le début des menaces de frappe. Sachez que, zone tampon entre les ressources du Golfe et celles du Caucase, cette région était tenue par les « ennemis de l'occident », en fait les ennemis de l'accès à ses ressources. Qu'un vent de liberté avait soufflé, et que les démocrates s'étaient retrouvés dans une guerre civile où ils étaient noyés sous des intérêts et des enjeux géostratégiques qui les dépassaient. Et que lorsqu'on est confronté à de telles horreurs, que l’État se délite et devient le pire ennemi de son peuple, tout, et surtout le pire, peut arriver.

Ici nous allons faire une digression, et expliquer qu'il y a une gradation dans l'autoritarisme. Pour être plus explicite, et pour simplifier, je vais en compter quatre, du plus libre au plus autoritaire.

Démocratie : respect des droits civils et humains, liberté de la presse, liberté économique. Et souvent contrôle politique par les élites économiques. USA, pays ouest-européens, Corée du Sud, Japon, plusieurs pays d'Amérique du Sud, Afrique du Sud, Canada, Nouvelle Zélande.....

Autoritarisme : peu de droits civils, emprisonnement des opposants trop visibles sous divers prétextes, y compris religieux ou économiques. Le parlement et la presse, très affaiblis, peuvent avoir un certain pouvoir, tout relatif. Liberté économique, mais contrôle étroit des oligarques par la répression. Russie, Vénézuela et Indonésie (à la frontière entre démocratie et autoritarisme), Sénégal, Algérie...

Dictature : aucun droit civil et humain, emprisonnement et torture systématique des opposants de toutes natures, exécutions sans jugement. Souvent sous des apparences de droit et avec un parlement quelquefois, mais totalement factices. Pas de liberté de la presse. Contrôle étroit et systématique de l'économie, souvent au profit exclusif de la famille du dictateur ou de la caste autour de lui, ou par exemple en Iran en faveur de la lubie des religieux. Iran, Syrie, Ouzbékistan, Corée du Nord, Zimbabwe,

Totalitarisme : Aucun droit civil et humain. Contrôle total par un parti composé de fous dangereux.
Pas de distinction entre innocents et coupables d'opposition. Pas de presse, mais uniquement de la propagande. Mise en coupe totale de l'économie au profit de la volonté de puissance du dictateur (Allemagne à l'époque du nazisme, URSS à l'époque de Staline).

Évidemment, chaque pays peut osciller de l'un à l'autre, soit en transition démocratique, soit en recul de son degré de démocratie et d'accès aux droits fondamentaux. Rien n'est gagné jamais. Et la gradation est très fine, et il est parfois difficile, y compris évidemement, par ceux qui habitent dans ces pays, de comprendre dans quel type de régime ils vivent.

Dans les pays occidentaux où les dominés au cours de l'histoire ont réussi à arracher des droits civils et humains la bataille est toujours vive entre les tenants de l'autoritarisme, les conservateurs, et ceux qui veulent davantage de démocratie et de libertés publiques.
L'héritage du marxisme et de la chute du communisme brouillent les cartes.

Surtout, le contrôle de la population se fait à travers le « Soft Power », le contrôle des électeurs et des citoyens par une propagande visible pour quiconque prend la peine de s'y intéresser, mais qui pour la plupart des gens fait force de loi. Les élites économiques et politiques, alliées, contrôlent une bonne partie de la presse. Le « Soft Power », qui est à l'usage de l'empire américain, lui sert aussi à imposer ses vues au reste du monde, par la menace militaire et diplomatique. Et avec comme instruments l'espionnage, avec ses puissants services NSA et CIA, particulièrement bien outillés et capables de tous les mauvais coups possibles.

Donc revenons à notre tsar. Pour contrer le roi Obama, il protège un lanceur d'alerte, Snowden, qui, si il avait fait à Poutine le dixième de ce qu'il a fait à Obama, aurait été très rapidement fusillé, dans les règles, et donc éliminé avec toute la publicité requise.
Obama réclame Snowden, et Poutine ricane, en lui jetant à la face qu'il n'est pas plus démocratique que lui, Snowden le prouve à travers ses révélations. Obama en a marre, il décide de faire une entorse au Soft Power. Il va bluffer et menacer la Syrie, se saisissant de l'attaque aux armes chimiques à Damas. Peut importe ce qui s'y est passé réellement, c'est la guerre civile, et tout peut arriver, même si je suis persuadée que c'est le régime qui a frappé, ce n'est pas le plus important.

Ce qui est encore puissant dans l'empire américain en déclin, c'est la force militaire, et Obama la met à profit en menaçant de frapper en Syrie, alors qu'il ne peut pas, comme je l'ai expliqué dans le blog Mediapart. D'ailleurs, s'il l'avait pu, vus les intérêts économiques qu'a l'empire dans cette région, il l'aurait fait depuis longtemps.

Ce bluff improbable ne va durer que le temps qu'Obama fasse pression, c'est-à-dire qu'il fasse comprendre très clairement à Poutine au G8 qu'il est le patron. Divine surprise : en France, cela permet de camoufler la réforme des retraites au grand public qui ne réagit pas. Quelle aimable coïncidence.
Poutine va jusqu'au NYT pour continuer à expliquer que c'est les Américains les méchants et qu'ils ne sont pas démocratiques.
Flop. Officiellement, c'est justement l'opposition du Parlement anglais, des pays occidentaux pas trop militaristes, et de l'opinion publique américaine, qui aurait dissuadé de frapper.
Il est très facile de convaincre un bluffeur de ne pas faire ce qu'il disait vouloir faire. Et de toutes façons, on n'est plus au temps du Hard Power post 11 septembre.

Voilà comment fonctionne le Soft Power d'Obama. Nous allons voir ce qu'il va advenir de Snowden, parce qu'il est une pièce déterminante à l'intérieur du dispositif du Soft power. A la fois lanceur d'alerte qui a mis l'opinion occidentale devant ses responsabilités, et enjeu d'une bataille de puissants à l'intérieur de la lutte d'influence mondiale à la sauce Soft Power..
C'est bien que Libération s'interroge sur la fiabilité des sources des journalistes dans ce conflit.
Il est simplement dommage que cette prudence ne s'exerce que lorsque ces sources ne vont pas dans le sens de la propagande relayée par Libération.
Par ailleurs, comme le laisse entendre Loran ci-dessus, il semble bien que la rédaction d'ASI a - elle aussi - choisi son camp. Est-ce bien raisonnable?
Maaloula est un enjeu de communication pour le régime et.... peut-être aussi pour les "rebelles" non?
On ne peut que saluer ces manifestations de la vitalité de ce passé immémorial, à la veille des journées du patrimoine. Les guerres de religion ont quand même une autre gueule que les guerres pour le pétrole, ou - le pire- les guerres pour la bouffe.

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