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La petite Ruby Bridges et ses quatre marshals

Hier 14 novembre, on célébrait à la Nouvelle-Orléans le 54e anniversaire du jour où Ruby Bridges put entrer dans une école ouverte à tous, Noirs et Blancs mélangés.

Derniers commentaires

et pour Jazzy Mona
https://www.youtube.com/watch?v=D2TUlUwa3_o
Merci Mona! Nouvelle Orléans,Sydney Béchet,encore,encore!

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La remarque de Mona m'incite à réagir. La petite fille marche vers une école dont ses parents considèrent qu'elle lui convient ou qu'elle lui offrira un bel avenir ou ... Bref! La petite ne fait pas son propre choix mais ses parents le font à sa place et c'est nouveau pour eux. La ségrégation est abolie depuis 1956 mais c'est seulement en 1965 que les lois contre le vote des noirs sont abolies et que les mariages mixtes deviennent possibles. Ils auraient pu choisir une école "pour noirs" et il y en avait d'excellentes mais ils ont préféré une autre voie. Qui peut se permettre de choisir à leur place?

J'ai enseigné pendant 20 ans dans le quartier Amiens nord. Il ne manquait pas de "belles âmes" pour soutenir que ces enfants devaient avoir une éducation "pour eux",plutôt tournée vers le concret vu que leurs parents étaient manoeuvres,et vers les "cultures d'origine" mais qu'il fallait éviter d'être "intellos",choisir des musiques "qu'ils comprennent" avec du djembé de préférence à Mozart!

Pour les mêmes raisons les centres socio culturels du Pigeonnier et d'Etouvie considérant les populations de leurs quartiers ont supprimé le piano,le yoga,l'escrime (c'était avant Laura Flessel! ) au profit du foot et du culturisme.

Personne ne doit être surpris après un tel traitement de voir les enfants jouer et même surjouer "l'arabe" ou "le noir" tel que les belles âmes ont décrété qu'il devait être.
Petit troll.
Merci pour le vite dit au sujet de Lucien Clergue.
Mais il mérite plus qu'un vite dit, n'est-ce pas ?
Lui et ses modèles.
Pardon de jouer les rabat-joie ras-des-paquerettes, mais il me semble qu'on peut dire que cette peinturede Norman Rockwell est maladroite, presque indigne de lui, peintre ultra-réaliste surdoué qu'il est *.

Les photographies des trois gamines (avec les planches sous les pieds sensées aider à reproduire les positions de pieds dans la marche...) qui ont servi de modèles nous aident à comprendre (merci Alain; je me demande où vous allez dénicher ces documents) pourquoi la posture de Ruby est si étrange (au point qu'on a du mal à distinguer sa jambe gauche de sa jambe droite).

Et je ne parle pas du bizarre moonwalk synchronisé des quatre marshalls.

Je crois qu'on peut dire qu'il est plus à l'aise dans les compositions statiques que dans la représentation du mouvement.

(Un exemple de ce qu'il peut produire au meilleur de sa forme (à mon humble avis) : Homecoming marine )

* Je pense qu'il est inutile que je vous donne cette adresse.
Une dizaine d'années avant ces événements j'ai eu un professeur NOIR! C'était Joseph Zobel au lycée de Fontainebleau. Pour ceux qui ne le connaissent pas il doit y avoir une page wikipedia...Il nous a fait notamment à nous autres latinistes une leçon dont je me souviens encore: pourquoi écrit-on CLEF et non clé.
Quelque temps après le censeur passait dans les classes pour dire que l'orthographe était simplifiée et que désormais on pouvait écrire clé.Quelle horreur! Je résiste...
A peu près à l'époque de ces événements on commençait à avoir quelques élèves noirs dans mon lycée.Je me souviens que notre prof d'anglais a fait traduire à l'un d'eux "quand je mens je rougis"...Mais ensuite il a fait remarquer que l'idée de "blush" n'était pas la même que celle de "rouge"...
A cette époque toujours le président du sénat était Mr Gaston Monnerville.
Quand aux parents des enfants "blancs" quelles étaient leurs motivations et que sont-ils devenus?
Prière d’un petit enfant nègre

Seigneur, je suis très fatigué
Je suis né fatigué.
Et j’ai beaucoup marché depuis le chant du coq
Et le morne est bien haut qui mène à leur école.
Seigneur, je ne veux plus aller à leur école,
Faites, je vous en prie, que je n’y aille plus !
Je veux suivre mon père dans les ravines fraîches
Quand la nuit flotte encore dans le mystère des bois
Où glissent les esprits que l’aube vient chasser.
Je veux aller pieds nus par les rouges sentiers
Que cuisent les flammes de midi,
Je veux dormir ma sieste au pied des lourds manguiers,
Je veux me réveiller
Lorsque là-bas mugit la sirène des blancs
Et que l’Usine
Sur l’océan des cannes
Comme un bateau ancrée
Vomit dans la campagne son équipage nègre...
Seigneur, je ne veux plus aller à leur école,
Faites, je vous en prie, que je n’y aille plus.
Ils racontent qu’il faut qu’un petit nègre y aille
Pour qu’il devienne pareil
Aux messieurs de la ville
Aux messieurs comme il faut.
Mais moi je ne veux pas
Devenir comme ils disent,
Un monsieur de la ville,
Un monsieur comme il faut.
Je préfère flâner le long des sucreries
Où sont les sacs repus
Que gonfle un sucre brun autant que ma peau brune.
Je préfère, vers l’heure où la lune amoureuse
Parle bas à l’oreille des cocotiers penchés,
Écouter ce que dit dans la nuit.
La voix cassée d’un vieux qui raconte en fumant
Les histoires de Zamba et de compère Lapin,
Et bien d’autres choses encore
Qui ne sont pas dans les livres.
Les nègres, vous le savez, n’ont que trop travaillé.
Pourquoi faut-il, de plus, apprendre dans des livres
Qui nous parlent de choses qui ne sont pas d’ici ?
Et puis elle est vraiment trop triste, leur école,
Triste comme
Ces messieurs de la ville,
Ces messieurs comme il faut
Qui ne savent plus danser le soir au clair de lune,
Qui ne savent plus marcher sur la chair de leurs pieds,
Qui ne savent plus conter les contes aux veillées.
Seigneur, je ne veux plus aller à leur école !

Guy Tirolien
Écrivain guadeloupéen, de Marie-Galante. Il était à Paris aux côtés de Léopold Sedar Senghor et Aimée Césaire quand ils fondèrent le mouvement de la Négritude en 1940, et fut ensuite co-fondateur de la revue Présence africaine.
Il y a quelque chose d'autre qui me frappe dans la peinture de Ruby et de ses marshals, c'est que la position des hommes fait penser à un groupe musical noir de ces années là, qui dansaient en cadence, tous symétriquement, et claquaient des doigts, pour imprimer le groove. Remarquez qu'ils avancent du même pas, dans la même position, la main qui se détache devant.
Remarquez aussi que le tableau est déséquilibré, car Ruby est en avance sur eux....

Comme si cette petite fille introduisait par sa seule présence l'immense apport des afro-américains dans la culture américaine, entre autres musicale.

Et comme si le tableau disait, désormais, c'est cela qui donne le ton.

C'est aussi des soldats en marche, bien disciplinés, avec l'avenir au milieu, et elle dit la rupture de ces années-là, un monde en marche vers plus d'égalité, et cette avancée, elle va au moins jusqu'à l'élection d'Obama.
On va tous vers la gauche.
Cette chronique me remet en mémoire le très beau film de Todd Haynes Loin du Paradis où, dans l'Amérique des années 50, entre Cathy ( Julianne Moore) et son jardinier noir ( Dennis Haysbert) se noue une profonde amitié. Cathy est aussitôt rejetée par toutes ses charmantes amies de la veille.
Le jardinier a une petite fille qui pourrait être Ruby Bridges.
Je me joins au concert de louanges : très chouette chronique (as usual).
Je viens de découvrir qu'il existe un film sur l'histoire de Ruby Bridges, je ne sais pas si il existe en vf, en tout cas on le trouve en amerlocain par ici.
"georges horace lorimer qui était un homme de gauche,me précisa qu'il ne fallait jamais représenter des gens de couleur autrement qu'en serviteur"
ce rédacteur en chef,de "gauche"n'a jamais du se ballader à la nouvelle-orléans à cette époque,et entrer dans un des clubs de jazz,qui y étaient très nombreux.
Merci Alain.
Cette chronique est nulle !

Non, je plaisante. C'était juste pour faire contraste avec les autres commentaires.

Néanmoins, je suis un peu déçu.
J'espérais un chronique sur les chats, gros, voire les tigres. De l'Egypte aux LOLcats en passant par Franquin et beaucoup d'autres, il y avait matière.

J'aurais bien aimé apporté mon contribution de LOLcat mais le mien ne pense qu'à pioncer. Rien de LOL.

Bon. Tant pis.

Merci quand même et bien le bonjour chez vous.
Grand merci pour cette chronique.

Fascinant ces deux photos de foules de femmes hurlant contre des femmes et femmes en devenir (des enfants de 6 ans !) - qui ont le seul tort pour les deux premières de ne pas avoir le même taux de mélanine et pour les deux autres de vivre la biodiversité.

Une pensé pour Mme HENRY seule enseignante de cette école qui accepta RUBY dans sa classe.
Je ne comprends pas comment on peut voir le côté partisan de Norman Rockwell dans ces trois images?

Qu'est "le problème"? La petite fille, qu'on ait dû imposer une loi par la présence des forces de l'ordre, etc, on peut tout supposer. Et ils ne marchent pas vers l'avenir.
Pas trop le temps d'être très convaincante, et certainement que la parole du dessinateur fait foi. Mais les images ne sont pas très parlantes pour moi.
Passionnant . Merci
Une fois de plus, merci pour cette chronique.

J'avais fait une lecture moins optimiste de New Kids in the Neighborhood; il me semblait que le petit garçon noir savait par avance que ça se passerait mal d'où son air triste et résigné. Les enfants blancs me paraissaient bornés ( c'est peut-être le plan de la paroi du camion qui me donne l'impression que leur horizon, comme leur esprit, est borné). Le chien me semblait prêt à bondir sur le chat dès qu'il en aurait la possibilité, non pas pour jouer, mais pour le pourchasser. Je n'avais pas remarqué la femme à la fenêtre. Et je n'avais pas accordé d'importance aux gants de base ball, alors que c'est peut-être par ce jeu que les enfants vont entrer en relation.
Je vais faire l'original : merci.

Ce qui me glace, dans toutes ces images, ce sont les cravates des "marshalls", si sembables aux cravates des KKK...
Ca rappelle un peu Alphaville.
Qu'en pensent les FN du forum ?
Géniale chronique, merci.
Merci pour cette chronique et très rapidement je vais reprendre cette image en éducation civique avec mes jeunes élèves.
Peut-on vous dire autre chose que merci, Alain Korkos, pour cette chronique.

* Ruby Bridges

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