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Commentaires

La Chasse au snark : "flouter les visages des ados, c'est les enfermer"

Des adolescents et des pré-adolescents difficiles et leurs rapports intenses, parfois tendus, avec les éducateurs et les enseignants : c’est le sujet, délicat, du documentaire La Chasse au snark qui nous montre un établissement très différent de toutes les idées reçues. Nous avons invité son réalisateur François-Xavier Drouet qui a filmé pendant un an la vie de cette institution basée à La Louvière en Belgique, née d’un projet d’autogestion et d’éducation non-répressive, et qui accueille une trentaine de jeunes inadaptés au système scolaire classique. Il est accompagné de Louise Tourret, journaliste spécialiste des questions d’éducation, animatrice de l'émission Rue des écoles sur France Culture et chroniqueuse pour le site Slate ainsi que François Laboulais, chargé de mission Education aux médias au sein des CEMÉA, mouvement national d'éducation nouvelle.

Derniers commentaires

Je trouve regrettable que les enfants soient autorisés à fumer dans cet établissement; un travail devrait au contraire être fait pour aider ceux qui ont commencé à arrêter.Si ce travail n'est pas fait là, où sera-t-il fait?

Sachant que les cigarettes sont remplies de produits nocifs destinés à rendre dépendant dès 2 ou 3 cigarettes, les éducateurs devraient tout faire pour empêcher les enfants qui leur sont confiés de rentrer dans cette spirale infernale qui leur coûtera beaucoup d'argent et détruira leur santé.
Les entreprises privées s'introduisent de plus en plus dans les établissements scolaires; quelques exemples récents:

Les apple-stores, futurs lieux de sorties scolaires;
Carrefour , Leclerc: opération ramassage des déchets;
La banque de France qui dès le CP va initier les enfants au monde de la finance;...

Parfois, s'il reste un peu de temps, ils feront un peu de français, ils entendront un peu parler de poésie, ils étudieront quelques vagues notions de mathématiques...

Voilà à quoi a mené la prétendue refondation de l'école; école dont les fondations ont donc été détruites; pour reconstruire sur ses ruines selon les goûts d'intérêts privés.

Toutes ces réformes ont été destructrices et ne peuvent rien apporter de bon aux enfants en grande difficulté.
document très interessant mais ai- je bien vu des bouteilles d'eau d'une marque bien (trop) connue sous le bureau avec étiquette lisible. votre seul moyen de financement est -ce encore les abonnements ou bien?
Bonjour,

Merci pour ces réflexions. Nous sommes en plein dans ces sujets en ce moment dans nos propres émissions. Notamment sur le retour de l'éducation transmissive autoritaire. Votre sujet explique (grâce aux images vues à la télé) le retour dans les esprits de ces pratiques soit-disant éducatives et d'un autre temps. Les images du "grand frère" sont consternantes.

Les nouveaux médias (Youtube) sont également contaminés par les défenseurs de ce type de pratiques. Nous avons nous-mêmes très récemment réagi aux propos d'un youtubeur (malheureusement suivi et apprécié par un public très jeune) sur le sujet de l'éducation. Selon lui, l'école devrait servir à former des petits soldats pour la guerre économique. Notre sujet "Quel est le sens de l'école ?" permet d'approfondir les réactions de vos invités. Il est complémentaire de certaines réflexions formulées sur le plateau.

Notre podcast : L'éducation selon Bob Lennon

Romaric et Flavie Briand
Documentaire très intéressant ! Mais ça veut dire quoi : adopter des codes masculins ?
Acte 2, 9ème minute.
Louise Tourret commente et considère que ce que l'on voit de l'enseignement au Snark n'est pas très différent de ce qui est pratiqué dans un établissement scolaire classique.
Gloups !

Si j'ai bien compté, ils sont 3 en classe.
Et pendant le cours de dessin, chacun a un projet très différent.

Mon propos n'est pas d'émettre un avis sur le fait que c'est bien ou mal, mais franchement ... dire que ce n'est pas très différent, c'est gros. UN peu trop gros.
En cela, je rejoins un commentaire fait plus haut : 5 mois, c'est très court pour prétendre connaitre un univers.
Le réalisateur de cet excellent documentaire a passé davantage de temps au Snark que la chroniqueuse dans une classe ...
La question du floutage est intéressante. Elle fait le titre de l'émission, mais pourtant je trouve qu'elle aurait pu être plus creusée. A plusieurs reprises pendant le film, je me suis posée la question de savoir si les ados qui exprimaient des choses intimes était conscients que ce qu'ils disaient risquait d'être vu par des milliers de personnes. On a affaire à des jeunes qui visiblement ont de grandes difficultés à entrer en contact avec autrui (sinon par l'agressivité, l'insulte), et ne semblent pas capables d'exprimer leur ressenti (Angèle est intéressante de ce point de vue : dès que la conversation touche à des questions personnelles, elle s'agite, prend des choses dans sa main, les jette, part puis revient...). Et d'un coup, face caméra, ils expriment des choses très intimes (et là, je salue le travail du réalisateur, qui réussit à développer une vraie relation de confiance avec ces ados si méfiants de prime abord). Je me demande (et j'aurais aimé savoir) comment ces jeunes considèrent ce qu'ils ont pu dire et la manière dont ils ont été montrés, alors que plusieurs années ont passé depuis le tournage. J'oscille entre deux possibilités :
- la honte / le regret : ces jeunes qui ont enlevé leur masque du quotidien pour se dévoiler à la caméra, laissant tout le monde découvrir qui ils sont profondément (j'imagine que le doc a été diffusé au Snark, et que ceux qui étaient dans le film l'ont vu), peuvent voir leur quotidien perturbé : les relations sociales se basant sur le fait de rouler des mécaniques et de ne pas montrer ses faiblesses, comment être face aux autres quand tout le monde a vu par le film sa fragilité et ses souffrances ?
- le soulagement : quand c'est impossible d'exprimer sa souffrance ou sa fragilité directement aux autres, n'est-ce pas finalement un soulagement de pouvoir le faire grâce à un objet médiateur, en l'occurrence la caméra ? Comme moi, adulte à l'enfance harmonieuse, mais pudique, j'ai pu parfois dire aux autres ce que je ressentais via l'écrit car trop pudique pour m'exprimer en face à face. D'ailleurs, à un moment de l'émission, un des intervenants fait référence au psychodrame, qui consiste à rejouer sa propre vie de manière théâtralisée en adoptant le rôle d'une personne de son entourage, permettant ainsi d'exprimer un ressenti personnel, mais de manière décentrée. Ainsi, ce film aurait-il pu enlever un poids à ses ados, ouvrir une brèche permettant à leur sensibilité de s'exprimer ?
Ce qui revient à poser la question des différentes facettes du film, dont une qui, il me semble, aurait pu être plus creusée, à savoir quel impact a pu avoir ce film pour les protagonistes : délétère, ou thérapeutique ? Ce n'est pas forcément une question que pose ASI quand il interroge des images, car elle n'a pas toujours lieu d'être posée (quoique ?), mais ici elle me parait essentielle car, à partir du moment où le réalisateur est présent pendant un an dans ce lieu et qu'il en tire cet objet, il est évident qu'il joue un rôle et a un impact auprès de ces jeunes.
Où sont ces jeunes aujourd'hui ?
Ils me fatiguent un peu tous ces chroniqueurs, journalistes et autres (type la présentatrice de rue des écoles, mais elle est loin d'être la seule) qui ont enseigné quelques mois au pire, deux trois ans au mieux en ZEP, qui ont arrêté et qui pensent avoir un avis autorisé sur l'éducation nationale fort de cette mini expérience. LA seule chose dont ils peuvent témoigner réellement, ce sont des causes de leur échec personnel: pourquoi ils n'ont pas réussi à rester dans l'éducation nationale : lourdeur administrative, trop grande illusion face au métier, trop grand écart socio-culturel avec leurs élèves du fait de leur origine sociale et de leurs cursus universitaires qui les faits ne pas toujours comprendre les élèves et se braquer face à eux etc.. Mais utiliser cette expérience pour légitimer une opinion sur le système éducatif en général est quelque peu pénible. La réalité du terrain et de son évolution n'est vraiment connue que des acteurs de terrain présents depuis un certains moments ou de gens qui étudient sur le terrain. Mais l'expérience d'un échec même en immersion ne légitime pas un propos, qu'il soit favorable ou défavorable à l'institution par ailleurs.
Votre propos tombe un peu à côté de la plaque, dans la mesure où l'expérience de Louise Tourret n'est ni préalable à son entrée dans le journalisme ni une tentative de reconversion.

Je vois bien le problème que vous soulevez, mais il y a quand même quelque chose de fondamentalement positif dans la démarche du journaliste qui décide de passer 6 mois de sa vie à faire un métier différent du sien pour en rapporter ses impressions…

Après, nul doute qu'il s'agit de faire la part des choses entre le compte-rendu d'une expérience effectivement différente de celle d'un prof qui a passé 10 ans en ZEP. Mais là encore, je ne me souviens pas que dans cette série de chronique, cette expérience ait été mise en avant pour raconter des choses qu'on n'entend pas, justement, de la part de vétérans de l'EN.
"La réalité du terrain et de son évolution n'est vraiment connue que des acteurs de terrain présents depuis un certains moments ou de gens qui étudient sur le terrain"

C'est vrai, aussi vrai que ceux qui s'en sortent globalement le mieux dans le système scolaire sont les enfants de prof. Faut-il attendre de ces derniers qu'ils aient un éclairage plus pertinent sur la façon de faire réussir les élèves les plus en difficultés, quand ils ont eux même réussi dans un système éducatif qui les a favorisé et continue de favoriser leur propres enfants?


La journaliste ne met d'ailleurs pas en avant sa petite expérience d'enseignement, au contraire.
Ravi de rencontrer l'auteur du documentaire. Merci ! A la fois pour le travail réalisé et le partage !

Pour ce qui est du floutage , n'est-ce pas un moyen de rendre les protagonistes "superflus" (au sens de Arendt) ?
Y'a aussi en France des structures public, comme le Lycee auto géré (LAP-) a Paris 15eme et je crois 3 autres en province ...
Est-ce que ce sont ces jeunes qui sont inadaptés au système scolaire ? ou est-ce que c'est l'inverse ? Ce n'est pas la même chose.

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