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Commentaires

Jérôme Cahuzac, entre Welles et Hitchcock

Un dédale recouvert de miroirs renvoyant des images trompeuses, des parts d'ombre, une silhouette se dédoublant à l'infini ou presque : tels sont quelques-uns des thèmes de l'affaire Cahuzac, une histoire en tous points hitchcockienne qui aurait peut-être également plu à Orson Welles...

Derniers commentaires

magnifique !
quand Cahuzac dit "je ne crois plus à la lutte des classes " dans un débat télévisuel.Holàlà.. ovations dans le monde journalistique ,les sociaux démocrates aux anges et les libéraux .On comprend mieux qu' Eric woerth and co.soit un ami de Cahuzac et un Honnête homme d'aprés notre premier sinistre .On a tout compris.
Le plus sidérant dans cette "affaire" Alain, c'est la presse toute entière qui emboîte le pas de cette "part d'ombre", de ce "dédoublement", que je rapproche de la "lutte contre lui-même" que Cahuzac mettait en avant dans la lettre ouverte qu'il a publiée il y a un mois. Pourquoi sidérant ? Parce qu'il n'y a dans la personnalité de cet homme pas plus de part d'ombre, de dédoublement, de "lutte contre lui-même" que de beurre en broche. Cet homme a poursuivi de longues études de médecine dans la branche (cardiologie) parmi les plus rémunératrice, et il l'a fait pour le pognon. S'il l'avait fait mû par une véritable inspiration personnelle, il n'eut jamais troqué cette fonction pour celle, naissante, subalterne MAIS fort rémunératrice d'implanteur de cheveux pour chauves déprimés. Il l'a fait pour le pognon. Il a arpenté une première fois les allées du pouvoir pour tisser des liens utiles afin de retourner dans le privé gagner encore du pognon. Il a conseillé des labos et fait du lobbying pour le pognon. Il a conservé ses liens avec eux pour le pognon. Il est retourné à la politique pour faire fructifier tout ça et gagner du pognon. Il a tenté de se faire payer au noir le plus souvent possible (les faits sont assez bien documentés je crois) afin d'engranger encore plus de pognon. Il a ouvert un compte dans un paradis fiscal pour détourner de l'impôt le maximum de pognon.... j'en passe ? Peut-être, et des meilleures.

En conclusion, c'est très joli d'employer de jolis mots, de parer des actes de métaphores poétiques, ça sonne bien le "dédoublement", ça en jette "la part d'ombre" et la "lutte contre soi-même", mais franchement, ce qui a le plus "déchiré" Cahuzac, et ça crève tellement les yeux que le travail journalistique de commentaire effectué sur le sujet en devient risible, grotesque, odieux, ce qui l'a déchiré le cher homme, c'est juste de s'être fait gauler ! Il avait un ticket gagnant du loto dans la poche et le vent l'a emporté jusqu'à une bouche d'égout. D'ailleurs, ce qu'il dit dans l'enregistrement qui l'accable, ce n'est pas "je regrette d'avoir commis un tel acte. C'est de l'égarement, c'est immoral et ça me hante"... non, non, non, il dit que ça l'emmerde parce que UBS n'est pas la banque la plus discrète. Y'a pas de part d'ombre dans cet homme. Il est lumineux. Il est à poil. Il est le prototype même des cinquantenaires d'aujourd'hui, qui ont été forgés dans les années frics facile des années 80, qui ont vécu les prémices du libéralisme à tout crin des années 90 et sont arrivés à maturité dans la dérégulation totale des années 2000. C'est un connard avide, point, rien de plus. Pas de complexité. Pas de double personnalité. Pas de profondeur chez ces Tapie, Arnault, Pinault qui ont suivi ces itinéraires de la toute puissance sans bride des années 80/90.... et rien de tel non plus chez Cahuzac. Pétri de remords il y a un an, il aurait décliné le ministère qui lui était proposé (voire promis), car quand on se sait escroc et qu'on a deux sous de conscience politique, on ne se met pas en position de compromettre un chef d'Etat comme un vulgaire Woerth de caniveau... à moins d'en être un également. Ce qu'il est par conséquent.

Et la complicité médiatique dans le commentaire psychologisant et le soutien de fait (car refuser de l'interroger strictement sur cette base d'avidité, et uniquement sur celle-là, qui le définit uniquement, c'est se rendre complice des communicants qui construisent "la part d'ombre"), ça finit par devenir vraiment à vomir et ne fait que confirmer l'osmose de ce monde "politico-médiatique", la consanguinité odieuse et perpétuelle... ça commence à bien faire. Je retourne écouter Chouard 10 minutes histoire de me nettoyer l'âme face à deux sous de dignité....
"J'ai une part d'ombre" dit Mr. Cahuzac en battant sa coulpe, mais il ajoute: "Qui n'en a pas ?"
Je suis prof, je connais l'élève qui fait des bêtises: "Madame, y a pas que moi, y en a d'autres, c'est pas juste !". Autrement dit: je suis coupable mais les autres aussi; tout le monde est coupable, tout le monde a sa part d'ombre.
Non, Jerôme Cahuzac ne s'est pas confessé, il est venu nous dire: je ne suis qu'un homme comme vous, en nous renvoyant subtilement à nos propres fautes, en créant ainsi une complicité, une empathie.
Mais on peut traduire ainsi: je ne suis qu'un enfant qui se défend en accusant ses camarades.
Quel infantilisme !
Et que dire de l'insinuation perfide: "J'ignore le degré de connaissance de Mr. Hollande" ? qu'on peut traduire en ces termes: Na na na, je coule mais je ne coulerai pas tout seul, tant pis si j'enfonce mes petits camarades, mon président. Au point où j'en suis !
Cette belle image romantique, excitante, tragique chez Welles et chez Hitchcock, qu'est "la part d'ombre", ce n'est pas chez Mr. Cahuzac l'escroquerie, le vol, le mensonge éhonté; c'est pire, c'est la cruauté raffinée et subtile du pervers narcissique (je ne dis pas que Mr. Cahuzac l'est, mais en l'occurrence, par ce fait précis il en a pris les traits) qui culpabilise, accuse et insuffle le poison qui tue.
Inconsciemment ? Peut-être... Dans ce cas Mr. Cahuzac n'est que l'ombre de lui-même.
La part d'ombre visualisée ...

PatriceNoDRM

P.-S. : image garantie sans D.R.M. et libre de droit (visuel composé avec Blender)
On pourrait qualifier ainsi certains individus dont le style général de comportement dans la vie quotidienne, seul ou en groupe, est caractérisé par l’excès, le trop, le risque. Entreprenants tous azimuts, grands travailleurs, gros consommateurs, ils ont plusieurs pleins temps, plusieurs liaisons simultanées, ils brûlent de passions, se lancent dans de toujours nouvelles aventures et ne reculent devant aucune expérience, surtout si elle est risquée, et encore mieux si elle promet d’être dangereuse.On les appellent les défoncés c'est le mal du libéralisme cette analyse est extraite du psychiatre cornut
réponses en vrac du samedi soir après l'resto


POISSON : j'ai acheté et lu le bouquin du gars qui a émis cette hypothèse des ombres. Inutile d'en faire l'emplette, il y dit la même chose que dans la vidéo, rien de plus.

MON NOMBRIL : Escher, qui est rare (hum…)

TCHD : Le miroir des basquaises de Mélanine, j'en avais déjà causé. Cocteau ? Non merci ;-)

FLORENCE A. : J'avais complètement oublié ce Chaplin.

ALAIN B. : J'avais oublié la labyrinthe de verdure de Shining (j'ai vraiment la mémoire qui flanche). Quant à mon unique expérience du labyrinthe de verre à la foire du Trône, elle se conclut par l'écrasement puis la chute de ma boule de glace à la vanille contre une de ces &#*% de vitre.

COMPUNET : L'illustrateur de la couv du Agatha Christie s'appelle Tom Adams, l'image date de 1962, j'adore cet illustrateur un peu kitsch.
la suite du film avec Le Miroir se brisa :)

très chouette chronique qui permet de revisiter quelques chefs-d’œuvre....

Cahuzac aurait dû essayer le masque plutôt que l'implant capillaire pour mentir en toute tranquillité...
Et dans Shining en plus des jumelles il y a aussi le labyrinthe, même si il n'est pas de glace (quoiqu'à la fin...).
J'en tenté une fois, gamin, le palais des glaces dans une fête foraine, c'est ce jour-là que j'ai su que j'étais claustro, quelle horeur.
bah toute façon la glace ça se brise
Déjà Chaplin dans Le cirque:
http://b.vimeocdn.com/ts/118/899/118899900_640.jpg
Ouf! On a echapé au fameux miroir des basquaises de Mélanine. Par contre, vous n'échapperez pas à la traversée du miroir de Cocteau.

Il ne s'agit pas de comprendre, il s'agit de croire.
Beaucoup de femmes dans ce commentaire très éclairant ? ! Ah la transparence ! ... je n'avais jusqu'à présent pas perçu tout le génie d' Hitchcok. L'homme politique parle souvent de sa réussite et y associe souvant sa propre femme, en est il de même lorsque ce dernier plonge dans l'abîme ? ...
En anglais il y a au moins deux mots shade et shadow. Cahuzac, je crois qu'il voulait dire qu'il était comme la lune, enfin, "dark side" included quoi.
Dessin et ombre m'ont fait penser à ça (explication possible plausible de dessins dans des grottes)
Ombres

Quand mes pensées s’arrêtent
Et figent les instants

Quand en moi se répètent
D’autres lieux d’autres temps

Quand d’un mot d’une phrase
S’estompe le décor

Et quand un ange passe
D’ennui ou de remords…

Je cours après mon ombre
Et nul ne sait

Quand la folle nature
Me fait de grands cadeaux

Quand d’une fleur d’un murmure
Me vient comme un écho

Quand soudain souvenances
Vont s’accrochant aux heures

Et quand réminiscences
M’emplissent de langueur

Je cours après mon ombre
Et nul ne sait

Quand mes pensées s’arrêtent
Et figent mes pensées

Quand en moi se projettent
Appréhensions rentrées

Quand le temps et ses traces
Me gavent de frayeurs

Et quand je les ressasse
Ricanant de mes peurs…

Je cours après mon ombre
Et nul ne sait

Quand les jours en dérive
Se taisent infiniment

Quand l’image s’esquive
Et se couvre d’un blanc

Quand les anges s’éloignent
Et n’en ai chaud ni froid

Et quand regrets me gagnent
D’en être sans émoi…

Je cours après mon ombre
Et nul ne sait

Esther GRANEK
Recueil : "Je cours après mon ombre"

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