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Fin de récré

Barthès à Plenel, invité spécial du Petit journal

Derniers commentaires

"après la caricature, y a eu dix morts au Niger"
Mince: la bande de charlie hebdo s'est pointé au Niger pour tuer 10types?
Ha non, c'est des types qui du fait qu'ils n'aimaient pas les dessins de CH on décidé logique et légitime d'assassiner 10 personnes.
Sympa la logique d'Europe 1.
Donc si demain un serial killer bute 10 personnes en France parce qu'il pense que F. Hollande est satanique (la preuve, il fait tomber la pluie), faudra mettre Hollande en prison et laisser le tueur continuer son petit boulot?
ET aussi à écouter "secrets d'info" sur France Inter, vendredi à 19 h 20 et des poussières, sur l'Islam rigoriste qui s'installe dans nos campagnes avec l'exemple d'enfants déscolarisés ou de pères demandant deux entrées dans l'école pour que les mères, les pures et les impures, ne se croisent pas, demandé rejetée, dieu merci !!!
Ca tourne au réglement de comptes anti-Plenel (y compris pour de mauvaises raisons), mais ça mérite d'être lu :

http://www.marianne.net/tariq-ramadan-edwy-plenel-210115.html
Si la liberté d'expression souffrait d'exceptions ce serait une règle, non un principe.
Or pour moi, la liberté d'expression est un principe.

J'espère bien que Charlie Hebdo va continuer à transgresser, blasphémer, caricaturer et moquer à tout va.
Il en va de notre santé mentale.

Que ceux qui ne partagent pas ce point de vue (et ils en ont le droit !) essayent de bloquer la soupape d'une cocotte-minute...

PatriceNoDRM
Je sais pourquoi jamais, jamais je ne m'abonnerai à Médiapart. Plenel est si caricaturable que je comprends qu'il ne puisse pas défendre Charlie de manière franche. Il a tout de même participé à une conférence, pour ne pas dire un meeting, sur l'Islam avec Tariq Ramadan ! Ramadan est un garant de la laïcité et de l'égalité entre hommes et femmes .........c'est évident.
Très instructif, toute cette séquence entre Daniel Schneidermann et Edwy Plenel.

Moi qui ai depuis longtemps adhéré à (disons en gros) 90% à leurs analyses depuis des lustres, je fais désormais la distinction.
Il aura donc fallu ces fichus assassinats des 7-9 janvier.

Clairement, je suis du côté de Daniel Schneidermann et j'ai été choqué par les circonvolutions d'Edwy Plenel sur le plateau du Petit Journal. Lutter contre le racisme et les discriminations ne doit en aucun cas "nous" (esprits attachés aux Lumières) faire renoncer à ce qui est au coeur de notre vision du monde, sinon nos idées seront englouties, à commencer par le principe-même de la séparation du religieux et de la politique, et je crains que tout le reste partira avec, à un moment ou un autre.

Il n'y a parfois pas de "Oui mais" possible.
Lire cet article de Daniel, et les commentaires qu'il a échangés avec Edwy, m'a fait de drôles d'impressions.
Ca me fait penser à cette phrase assez connue de Montaigne, expliquant pourquoi il était devenu ami avec La Boétie : "parce que c'était lui, parce que c'était moi". C'est surement comme ça que ça marche : on sent que quelqu'un a une manière profondément proche de la nôtre de sentir les choses, on se sent un peu comme frère de coeur avec lui...
Inversement, quelqu'un me racontait qu'il regrettait de ne pas être allé plus loin avec une fille : elle était, disait-il, très gentille, pleine de bonne humeur, et par-dessus le marché il la trouvait attirante ; elle s'intéressait pas mal à lui, et elle l'avait invité chez elle un soir ; mais pourquoi, lui ai-je demandé, n'es tu pas allé plus loin ? ; à quoi il m'a répondu que c'est "parce que, quand on s'est installés dans sa chambre pour discuter, elle m'a mis cette chanson de Whithney Houston ("Y'll allways love you...")" ; résultat : il a pris ses jambes à son cou ; et, même s'il a peut-être fait une grosse erreur ce soir-là, je l'ai compris...
De même, même si bien souvent je trouve que Daniel dit des choses fausses, pour une fois je m'étais senti, l'espace d'un court instant, comme frère de coeur avec lui, quand il a dit que Barthés était la "Transgression devenue Norme".
Inversement, j'ai senti qu'un fossé me séparait d'Edwy, quand il a dit que le Petit Journal lui semblait "relever d'une ironie généreuse...". Avec quelqu'un qui sent les choses comme ça, me suis-je dit, on peut, éventuellement, garder des relations courtoises, mais il est impossible que ça aille plus loin... C'est comme une chanson de Whitney Houston...
Toutefois, je me suis aussi souvenu d'avoir vu Edwy défendre des valeurs auxquelles il semblait croire, au milieu d'une de ces émissions remplies de cette sorte de nihilisme idiot et satisfait de lui-même. Et je m'étais dit alors qu'Edwy aussi était un homme du monde d'avant, qui serait lui aussi englouti dans cet océan de nihilisme, et je m'étais alors senti solidaire de lui...
Bref, avec ces journalistes, je trouve qu'il est difficile de savoir sur quel pied danser...
Comment m'est venu, insidieusement, progressivement, une véritable aversion pour cette sorte de gauche dont pourtant je suis issu? Comment supporter les "mais" de Plenel, comment supporter que certains y voient une position "dialectique". Le schéma "antiraciste", où la victime est bien répérée, choyée même (musulman, pauvre, pas intégré...) et qu'on va protéger quelque soit la réalité, ce schéma est de retour... Il ne recule devant rien: les anathèmes évidement (la suspicion de racisme...) . Dorenavant, il y a les "mais" de Plenel. Donc , entendons nous bien? si à la suite de la publication du nouveau Charlie, il y a des morts (au Niger ou en France), Charlie sera clairement responsable, on les aura averti!!! Horrible, Scandaleux, voilà ce que je ressens...
Allez Daniel, encore un effort.

-Intéressant, cet échange entre Daniel et Edwy: on voit bien qu'après la retombée de la grande fièvre unanimiste - que j'avais dénoncé maladroitement dès le lendemain des meurtres - il est enfin possible de réfléchier et de discuter, et que finalement, tout le monde se rend compte peu à peu de l'inanité du slogan "Je suis Charlie".
Cependant, on voit bien encore des lignes de démarcation autour du journal, même si de plus en plus de gens osent dire qu'il faudrait se poser la question de la responsabilité plutôt que celle de la liberté d'expression dans l'affaire.

-Peux-tu résumer ce qui oppose Daniel et Edwy dans l'histoire?

-En gros, Daniel pose comme la liberté d'expression comme principe non négociable, ce qui implique de ranger tous ceux qui cherchent à la limiter - elle l'est déjà en droit - voire seulement à interroger et à contextualiser ce principe comme des "ennemis" de la liberté.
C'est d'ailleurs au nom de ce principe qu'il a publié mon post, en précisant qu'il ne partageait pas ce point de vue.
Edwy recherche lui un "équilibre", selon moi impraticable, entre le droit à la caricature, et la nécessité d'inscrire le débat public dans un climat où l'offense et la méchanceté sont bannis.

-Et toi est-tu plutôt Daniel ou Edwy?

-Je suis plutôt Edwy, puisque j'ai dénoncé immédiatement la folie et l'absurdité d'une société qui n'est capable de se donner comme seul mot d'ordre que le droit inaliénable de "se foutre de la gueule des autres". Et de plus en plus de gens se rendent compte de l'aspect délirant de ce slogan, dans toutes les couches de la société, à commencer par les travailleurs au contact des "néo-français" énervés, comme les profs et les travailleurs sociaux.

Mais je pense qu'Edwy ne va pas jusqu'au bout de sa position - certainement par sens des responsabilités et volonté de ne pas provoquer: car on ne peut soutenir une chose et son contraire. Défendre la liberté de caricaturer comme un principe absolu et inaliénable et vouloir en même temps un débat public apaisé est plus qu'un paradoxe: c'est une contradiction.

Enfin je pense qu'Edwy et Daniel se rejoignent car ils partagent encore un tabou autour de Charlie: l'impossibilité de reconnaître que c'était devenu un torchon raciste, sinon dans l'intention, tout au moins sur le seul plan de son contenu objectif.

-??? Non mais WTF???

-Oui, on voit bien qu'Edwy est gêné aux entournures quand Barthès lui demande ce qu'il en pense: mon idée est qu'il pense que c'est de la merde et qu'ils n'auraient pas du publier ça. Edwy est très clair: il n'est pas question de défendre l'humour et la moquerie lorsqu'ils s'attaquent à des personnes. Edwy n'est pas Charlie, c'est une évidence, mais il ne peut pas vraiment dire que c'est un torchon haineux, ou en tout cas certainement plus qu'inopportun en ces temps troublés.

-Pourquoi ne peut-il pas le dire?

-En supposant qu'il le pense - ce que je ne puis pas prouver évidemment, et s'il le disait, ce serait en des termes plus mesurés - il ne peut pas le dire car l'absence de motivation raciste ou xénophobe à Charlie est partout posée comme une évidence, avant même qu'on ait pu ouvrir la bouche.
Pourquoi Edwy répond-il "La haine ne peut pas avoir l'excuse de l'humour" à Barthès qui l'interroge sur Charlie? A qui pense Edwy?
A Charlie évidemment, mais il ne peut pas le dire.

-Et Daniel dans tout ça?

-Daniel ne comprend pas évidemment pourquoi Edwy parle de haine alors qu'on parle de Charlie, d'humour et de liberté d'expression.
Et effectivement il y a de quoi s'y perdre car Edwy ne va pas au bout de sa pensée.
Mais s'il ne va pas au bout, c'est parce qu'il est encore très difficile d'affronter cette évidence partagée selon laquelle Charlie n'a strictement rien à voir, ni de près ni de loin, avec toute expression de haine: puisqu'on vous dit que c'est la liberté d'expression.

C'est pourquoi Daniel écrit:

""La haine" ! Diable. A qui s'adresse l'avertissement ? Pas à Charlie, bien entendu. Mais alors à qui ?"

Donc avant même d'avoir parlé, Daniel comme la plupart des interlocuteurs d'Edwy répond à sa place: "Pas à Charlie bien entendu".

-D'accord, mais en admettant qu'il soit "interdit" - socialement j'entends - d'inscrire éventuellement Charlie dans une logique de "haine", mais seulement dans celle de la provocation gratuite, comprise comme l'exercice d'un droit fondamental à l'expression, à qui peut s'appliquer alors l'avertissement d'Edwy?

-Ben justement, les coupables manquent finalement à l'appel, et Daniel comme Edwy sont bien en peine d'en trouver. La plupart des humoristes s'autocensurent, et à part Timsit qui a eu des problèmes avec son histoire de "crevettes", il n'en reste à peu près qu'un seul à se mettre sous la dent: Dieudonné.
C'est la raison pour laquelle j'affirme aujourd'hui - après avoir précédemment réfuté cela - qu'il n'existe pas de différence objective - au sens d'examinée d'un point de vue extérieur - significative entre Charlie et Dieudonné.

-Hein? Non mais ça va pas? Charlie a clairement revendiqué le fait de ne pas être raciste, et Dieudonné est clairement antisémite!!
Vous êtres pro-Dieudo ou quoi?

-Non justement, même si j'ai conscience de prendre le risque de passer pour tel en tenant un tel propos, d'autant plus que celui-ci s'efforce de rester le plus neutre et objectif possible: en étant le plus rationnel possible, et en mettant sur le même plan Charlie et Dieudo, je vais forcément être rabattu du côté des pro-Dieudo. Car sur ces deux sujets, Charlie et Dieudo, il est aujourd'hui impossible d'être neutre: tu est forcément pour ou contre.

Je suis à la fois anti-Charlie et anti-Dieudo, ce qui ne m'empêche pas de penser qu'il existe objectivement un "deux poids deux mesures" dans ces affaires, et ce n'est pas parce que Dieudo en joue que je devrais me taire.

Charlie est vu par la doxa, la pensée dominante, comme étant un journal provocateur non-raciste, mais seulement anti-religions, et Dieudonné est perçu comme un dangereux antisémite .

-Et c'est pas vrai, Dieudo n'est pas un antisémite notoire?

-Prenons Dieudonné pour commencer. A-t-il jamais revendiqué d'être antisémite?

-Non bien sûr! Mais on sait très bien à quoi s'en tenir, il se dit "antisionniste" pour contourner la loi et ne pas être condamné. Personne n'est dupe!

-Exact, mais il n'empêche que dans tous ses sketches et ses videos, la cible explicite est systématiquement le "lobby américano-sionniste" et l'Etat d'Israël, jamais les Juifs. Que ces délires conspirationnistes relèvent d'une logique raciste et haineuse est difficilement contestable, mais on pourra faire la même remarque à propos de Charlie.

-M'enfin ça n'a rien à voir. Dieudo hait les Juifs, c'est une évidence. Ce n'est plus de l'humour ni de la provocation, c'est de la haine pure.

-D'accord, mais à partir de quand Dieudo a-t-il cessé d'être drôle et d'être soupçonné d'être antisémite?

-Le sketch sur le colon juif à la télé?

-Non, ici la cible est sans ambiguïté un colon Juif d'extrême droite intégriste. Il a d'ailleurs gagné son procès l'incriminant pour ce sketch.

-Le truc avec Faurisson? Le fait que peu à peu tous ces spectacles tournaient autour du même délire obsessionnel, qui faisait que ce n'était plus de l'humour, mais un délire antisémite?

-Oui, c'est là effectivement où Dieudo est devenu un bien triste bonhomme: il n'était plus méchant avec tout le monde, mais toujours avec les mêmes, les juifs. Soral est venu s'en mêler, le FN et on connaît la suite.

Mais on ne saura jamais si l'intention initiale, ni la motivation actuelle de Dieudonné est un antisémitisme dejà-là, inscrit dans son être: je pense qu'il l'est devenu, en partie en réaction à l'injustice qui lui a été faite après la diffusion son sketch à la télé.
Je pense que Dieudo est avant tout un entêté. Et je pense que c'est aussi le cas de Charlie.

-Mais quel rapport avec Charlie?

Avec l'arrivée de Val à la tête de Charlie, et le passage de Fourest, Charlie a focalisé ses attaques et ses caricatures sur l'Islam radical, Mahomet et les barbus. Pour nombre de lecteurs, Charlie a cessé d'être drôle, puisque, comme avec Dieudo, cet acharnement commençait vraiment à devenir douteux. Charb et l'équipe n'ont pas explicitement rompu avec cette ligne avec le départ de Val en 2009.

-D'accord, mais Charlie a toujours pris soin de préciser qu'ils tapaient sur toutes les religions.

-Il faudrait faire une enquête quantitative sur le nombre d'occurrence des dessins, unes, papiers de Charlie depuis sa renaissance avec Val, et comparer celles qui s'en prennent à chaque religion. Ma forte impression - largement partagée - est que l'Islam radical était devenu la cible n°1 de Charlie, en particulier lorsqu'ils ont repris les caricatures danoises.

-Peut-être, mais s'en prendre aux religions ce n'est pas interdit, ce n'est pas être raciste.

-Tout comme être "antisionniste" n'est pas être antisémite. Et c'est là tout le problème et toute la subtilité qui empêche beaucoup de monde d' y voir clair.

Durant les années 1990, le discours anti-immigrés, véhiculé par le FN et la droite du RPR, ne pouvait plus seulement cibler les étrangers, puisque la "racaille" était manifestement de plus en plus française, née en France.
D'autre part le "racisme" au sens biologique du terme, celui des années 1930, avait totalement disparu des esprits: plus personne ne croit à l'inégalité des races, ni même aux races elle-mêmes (merci l'école).
Pour cibler cette population qui "ne veut pas s'intégrer", les notions de "culture" et de "religion" se sont substituées à celle d'ethnie ou de "race": on s'est mis à stigmatiser le foulard, les prières de rue, les abattages rituels dans la baignoire, le Quick halal etc...et il était devenu très mal vu se foutre du nez des noirs ou de l'odeur des arabes - même si ces trucs reviennent quand les racistes se lâchent (cf Minute sur Taubira).

Et on s'est simplement mis à désigner cette population mal-aimée sous le terme de "musulmans": ce n'était plus les noirs et les arabes le problème, mais les "musulmans".
Mais en réalité, ce que l'on désigne par "islamophobie" ou "racisme anti-musulman'", c'est exactement la même chose que la haine et le mépris pour les noirs et les arabes des anciennes colonies. On a simplement changé le mot.

En ce sens, Charlie ne pouvait pas ignorer que les attaques contre l'Islam pouvaient être non seulement perçues comme des attaques racistes, mais qu'elles étaient l'expression même du racisme et de la xénophobie anti-arabes.

-D'accord, mais encore une fois Charlie ne s' attaquait pas aux musulmans, mais aux "islamistes", au radicaux, aux tarés barbus qui veulent appliquer la charia partout.

-Exact, c'est encore un autre voile - après celui qui déguise le racisme sous la religion - qui empêche de voir l'aspect identitaire des caricatures de Charlie.
Quand Charlie a repris les caricatures de Mahomet publiées dans le journal danois, ce pays était en proie à un prurit anti-musulmans très fort - de même que toute l'Europe du Nord. Le chef du parti d'extrême droite s'était fait assassiner, et la tension raciste était extrême. Charlie ne pouvait ignorer ce contexte.
Quand Val a entamé cette croisade idiote - et suicidaire - contre l'Islam radical, au nom de la liberté d'expression, il a forcément inscrit Charlie dans ce vaste mouvement islamophobe en Europe occidentale.

Car le délire islamophobe n'est pas aussi éloigné du délire antisémite de Dieudonné: le fantasme de l'invasion d'une entité exogène qui viendrait imposer la charia en Europe et tuer l'identité des européens. C'est exactement ce délire qui a conduit Breivik à massacrer de jeunes sociaux démocrates en Norvège.


-M'enfin tu peux pas comparer Val, Charb et Luz à Breivik. Ce sont les victimes du terrorisme, c'est pas eux les terroristes! C'est du confusionnisme!

-Bien entendu que j'ai envie de dire qu'ils n'ont rien à voir avec Breivik. Mais après réflexion, je soutiens néanmoins qu'ils ont un peu à voir avec ce fantasme islamophobe, de façon très indirecte et ambigüe.

Regarde par exemple la couv': "C'est dur d'être aimé par des cons".
Qu'est-ce qu'elle signifie pour toi?

-Ben c'est évident. Des enculés de terroristes commettent des crimes au nom de Mahomet, qui prophétisait l'amour et le respect de la vie, et il est dégouté d'être aimé par ces types qui n'ont rien compris.

-OK. C'est exactement le message que veut signifier le dessin.
Maintenant, mets toi à la place d'un français d'origine maghrébine, vaguement musulman de "culture", ayant une pratique souple, comme la plupart des français qui se disent chrétiens.

Certains vont bien comprendre le message: le dessin s'attaque à des mecs qui n'ont rien à voir avec moi.

Maintenant, dans un contexte de racisme "antimusulman" de plus en plus présent en France et dans toute l'Europe, venant d'un journal qui s'acharne systématiquement contre l'Islam - certes radical - mais l'Islam quand même, combien vont se dire que Charlie se fout aussi quand même de leur tête? Ont-ils tord? N'ont-ils rien compris?

Car ce sont aussi des gens qui "aiment" Mahomet, et ils peuvent naturellement se demander a force s'il ne font peut-être partie eux aussi des "cons". Car Charlie conchie les religions, certes toutes les religions, mais accessoirement - et pas qu'accesoirement - l'Islam.

Certes, c'est un contresens: Charlie ne les vise pas, mais il ne crie pas non plus quotidiennement son amour des arabes et des noirs qui vivent aujourd'hui en France, qu'ils soient musulmans ou non.
Il n'y a d'ailleurs pas grand monde pour le dire, cet amour.

-Bon, d'accord, mais à Charlie, ils insistent quand même pour expliquer qu'ils ne sont pas racistes.

-Dieudonné fait de même à propos des accusations d'antisémitisme le visant.
Le problème est qu'on se focalise sur les "intentions" des auteurs des offenses et des attaques symboliques - des dessins, des sketches - alors que le fond, ce n'est pas l'intention, mais le résultat produit dans un contexte donnée. O Cyran, un ancien de Charlie, leur avait dit "Pas raciste ? Si vous le dites…", après qu'ils se soient défendu de toute motivation raciste dans un article du Monde.

L'absence totale de la moindre motivation raciste à Charlie? Cyran en doute, et moi aussi, au vu de l'évolution du journal.

Mais ce n'est pas le problème, tout comme ce n'est pas le problème de savoir si Dieudonné est un authentique antisémite, ou de mesurer précisément quelle quantité de racisme inconscient, quelle quantité de sentiment antireligieux, et quelle quantité de provocation infantile anime les caricaturistes de Charlie, mais le résultat produit par leur oeuvre dans un contexte historique spécifique.

-Du coup, si je comprends bien, que Charlie soit raciste ou pas, que Dieudo soit antisémite ou pas, finalement ce n'est pas ça le problème? Le problème, comme dit Edwy, c'est de ne pas être dupe de l'humour et de la provocation "gratuits"?

-Oui, à condition que ces critiques soient équilibrées des deux côtés. C'est-à-dire reconnaître ce qui pue franchement dans les obsessions de Charlie depuis 10 ans. Et accepter d'entendre ceux qui disent: "ils l'ont bien cherché".

-Quoi??? Mais c'est de l'apologie du terrorisme?

-Non, il y a un monde entre dire "bien fait", ce qui revient à approuver les crimes commis par les terroristes, et reconnaître que la "provocation" par définition contient en elle-même un risque sérieux de réponse violente de la part des personnes provoquées: le but n'est évidemment pas de désirer se faire tuer, mais pousser les gens sciemment dans leurs retranchements.
A Charlie ils savaient qu'ils étaient sur la liste d'AQPA, qu'ils étaient en danger, on avait déjà foutu le feu à leurs locaux. C'est d'ailleurs ce que Delfeil de Ton, un des cofondateurs du journal, a reproché vivement à Charb: d'avoir entraîné toute l'équipe dans cette aventure très périlleuse.

-Mais finalement ça change quoi de reconnaître un fondement xénophobe - fût-il inconscient - de la part des journalistes et dessinateurs de Charlie?

-Revenir sur nos propres capacités à la méchanceté, à la haine de l'autre ne peut être qu'une entreprise saine dans un climat social extrêmement tendu. Cela implique de redescendre d'une position de suplomb, crachant à la gueule des autres nos grands principes républicains, sans se rendre compte qu'ils ne sont pas entendus. C'est ce que les profs ont bien compris dès le jour des massacres: ça va être compliqué demain, de gérer la "minute de silence".

Si l'on veut déverouiller les positions actuellement figées et extraordinairement crispées, il faut être capable d'identifier toutes les raisons qui font qu'on peut être anti-arabe, anti-juif ou anti-blanc en France aujourd'hui, alors que coexistent des arabes, des juifs et des blancs.

Dans le rejet des "valeurs" musulmanes, au delà des grands principes - laïcité etc... - il y a une composante clairement raciste et xénophobe, y compris chez les plus généreux défenseurs de l'amitié entre les peuples.

-Mais moi je ne suis pas raciste par exemple. Si je n'aime pas le niqab, c'est par féminisme. Si je n'aime pas un certain l'Islam, c'est par sa propension à vouloir régenter la vie concrète, et pas seulement les rapports à l'au-delà.

-Oui, moi aussi. Mais, je ne prétends pas être plus gentil ni plus méchant que les autres, et pourtant j'ai pu être animé par des pulsions clairement racistes: en entendant des gens parler fort dans le métro dans une langue étrangère, en voyant des femmes voilées intégralement ou des hommes barbus et habillés en costume traditionnel.

-Mais tu mélanges tout: ne pas supporter d'entendre des gens parler une autre langue, c'est une pulsion xénophobe, mais ce n'est pas pareil que ne pas supporter de voir une femme intégralement voilée, qui est la marque de l'oppression des femmes dans une culture rétrograde, inacceptable au pays des droits de l'homme.

-Eh bien si, justement, cela relève en partie du même processus de rejet. Prends le niqab: qu'est-ce qui te choque en premier?

-Ces femmes sont cachées au regards, emprisonnées dans leurs vêtements, bref elles sont exploitées par leurs frêres et maris.

-Oui, mais ça, c'est la rationalisation a posteriori d'un sentiment plus profond et immédiat de choc culturel.
Ce qui te choque en premier lieu, si tu es un homme, c'est en réalité qu'en étant habillée comme cela, cette femme se soustrait à la rencontre éventuelle, ainsi qu'à la disponibilité sexuelle virtuelle - une possibilité de séduction - à laquelle notre culture des relations entre hommes et femmes est très attachée en France. Chez nous, pour signifier cette "indisponibilité", on porte une discrète alliance: mais en réalité presque personne ne la porte.
Ce qui ne nous plaît pas, c'est que nous pensons que ces femmes nous signifient qu'elles ne veulent pas nous parler, nous rencontrer, en cachant leur traits et leurs formes: c'est perçu comme une manifestation d'hostilité.

Or il s'agit en premier lieu d'un malentendu.
Pour ces femmes, ces vêtements sont l'expression d'une culture religieuse qui ne place pas la pudeur là où nous, français d'origine, la plaçons. C'est comme si nous vivions dans une société primitive où tout le monde est à poil, et que nous nous sentirions agressés par quelqu'un qui débarquerait habillé: mais pourquoi veut-il se cacher ainsi, pourquoi ne fait -il pas comme nous?

Et ce qui renforce notre pulsion initiale de rejet, c'est que ces gens-là viennent d'ailleurs: ils n'ont pas à se croire tout permis, ils sont "chez nous."

Ce qui repose donc au départ sur une pulsion d'ordre xénophobe est pourtant validé par la puissance publique: les lois sur le "voile" - quoiqu'on en pense - sont perçues par la plupart des Etats arabes comme un agression vis-à-vis des musulmans, certainement plus encore que les caricatures. Et si la France et les français sont premiers sur la liste des pays à attaquer pour les terroristes islamistes, c'est au moins autant en raison de cette histoire de voile que de celles des caricatures.

-M'enfin on va quand même pas abandonner nos valeurs au prétexte de retrouver la paix sociale?

-Non bien sûr, mais ça serait bien de penser ce qu'il peut y avoir de "méchant" derrière l'affirmation arrogante de nos grands principes. Ce sont ceux qui pensent justement que nos valeurs sont en péril en Europe qui devraient commencer à se calmer et à réfléchir: on a parlé de "résistance" contre le terrorisme dans les marches "Je suis Charlie".
Quel sens cela a de parler de "résistance" alors que l'Etat français a mobilisé 88 000 fonctionnaires de police et de gendarmerie pour traquer les tueurs, et finir par les tuer au bout de deux jours?

Dénoncer la "méchanceté" des autres, les terroristes, les religieux radicalisés, ne doit pas nous exonérer d'explorer la nôtre, en écoutant attentivement la parole de ceux qui se disent offensés.
Si je te traite de "connard" ou de "pédé" et que tu le prends mal, et que je te rétorques que c'était pour rire, et que tu comprends rien, je redouble l'insulte en sous-entendant qu'en plus, tu est un idiot incapable de saisir le second degré. C'est pareil avec les musulmans.

Pour illustrer cela, je vais finir par un texte absolument limpide de F Flahaut:

« J’aimerais donc, pour finir, proposer quelques indications visant à articuler la question de la source intérieure de la méchanceté à l’autre question, celle des conditions sociales extérieures dans lesquelles la méchanceté se produit. Pour présenter ces indications, il est commode de découper l’éventail des relations humaines en trois grandes classes :

1 - l’ensemble des relations dans lesquelles les individus produisent mutuellement le sentiment de leur existence. On parlera dans ce cas de coexistence, d’« être à plusieurs » ou d’affiliation ;

2 - l’ensemble des relations dans lesquelles, pour que l’existence de l’un s’accroisse, il faut que celle de l’autre diminue. Il y a ici antagonisme, méchanceté et destruction ;

3 - l’ensemble des cas où l’autre est extérieur à notre sphère d’existence : éloignement, évitement, neutralisation.

[...]

Renversement de l’ami en ennemi, affrontement, duel, tout cela fascine. Du coup, lorsqu’on se penche sur la violence, on néglige souvent le troisième ensemble (éloignement, neutralisation) qui, par nature, tend à passer inaperçu. Il joue pourtant un rôle considérable aussi bien dans la vie sociale la plus paisible que dans les processus qui conduisent à la méchanceté. Chacun de nous distingue entre ceux avec qui il a un lien et les autres. Dans le cercle de nos proches, il y a les moments où nous sommes en contact et les moments où le contact est suspendu (il est en effet insupportable d’être obligé de maintenir le contact activé en permanence, même avec des personnes que l’on aime). Cette alternance est déjà observable chez le nourrisson, ainsi que la neutralisation des personnes qui ne lui sont pas familières. Nous pouvons bien inclure tout le monde dans la sphère du savoir (par exemple lorsque nous lisons le journal), mais dans notre sphère d’existence nous ne pouvons inclure qu’un nombre limité de personnes, et cela avec une alternance d’activation et de désactivation. Le processus de neutralisation - il faut insister sur ce point - est donc en lui-même à la fois sain et universel. Il est d’ailleurs inscrit dans le langage sous la forme de la troisième personne : sont neutralisés tous les ils dont je et tu s’entretiennent.

Cependant, la neutralisation n’est pas moins sujette à l’instabilité que la coexistence. Celle-ci peut tourner à la rivalité ; la neutralisation tourne aisément à la dépréciation et à l’hostilité. Comment s’opère le passage ? Les ils et les eux ne disparaissent pas de mon champ de conscience, je sais qu’ils existent, souvent même je les vois, je les croise dans la rue. Mais j’existe aussi bien sans eux, il n’y a pas entre nous l’existence commune que procure le fait d’aimer la même chose, de participer à la même sphère d’existence. Les ils et les eux existent dans d’autres sphères, ce qui compte pour eux n’est pas ce qui compte pour moi. Et c’est là que leur existence peut commencer à me gêner. Ce qui vaut à leurs yeux réduit indirectement l’étendue de ce qui vaut à mes yeux : ils ne font pas allégeance à ce qui soutient l’idée que je me fais de ma valeur, ils vivent comme si ce qui est important pour moi (pour nous) n’existait pas. Ainsi, indirectement, ils déprécient ce par quoi je m’apprécie. Nos différences nous appauvrissent (elles ne nous enrichissent que si, d’abord, nous nous sommes trouvés un terrain commun). Si en outre, je dois côtoyer ces autres alors qu’ils ne pratiquent pas les usages et les manières qui, dans mon entourage, constituent un terrain d’entente et me permettent de savoir où j’en suis avec mon interlocuteur ou mon partenaire, alors, me voici dans l’impossibilité de délimiter et de situer ce qu’ils me veulent. Je ne sais comment ménager une relation avec eux. Je me sens impuissant, ils me font peur. C’est comme si je me trouvais confronté à une présence non-délimitée, de sorte que je ne puis m’empêcher de projeter sur eux le fantasme de l’absolue malfaisance. Tous ces autres m’exposent donc à une humiliation et à une menace, celles de me sentir submergé par l’écœurante disparité de la macédoine humaine. Ainsi, comme les membres du nous contribuent mutuellement au maintien et au renforcement de leur sentiment d’exister, ils sont portés à retirer aussi du eux un surcroît d’existence, et c’est précisément ce qu’ils obtiennent en étant méchants avec eux. Comme je l’ai montré au cours des chapitres qui précèdent, la dépréciation et la haine, la souffrance infligée et la destruction, primo, apportent au nous un plus-être que la bienveillance ne saurait lui donner ; secundo, lui offrent réparation du moins-être que lui inflige toute non-allégeance aux insignes auxquels il attache le sentiment de sa valeur ; tertio, lui permettent de jouir d’une entièreté qui est l’image en miroir de l’illimitation mauvaise projetée sur ces autres."

F Flahaut, La méchanceté.
Ce qui me dérange sur ASI depuis les attentats, c'est que j'ai l'impression que vous refusez d'aborder réellement l'analyse de Charlie Hebdo sous l'angle idéologique.

Quel idéologie servait, avant le massacre, ce journal ? On a l'impression que vous en restez à la simple question du droit à la moquerie, à la caricature. Je trouve ça beaucoup trop court (même s'il faut bien sûr défendre le droit à la caricature et au blasphème). La bande de potaches farceurs qui faisaient des mickeys pour faire rigoler sans arrière-pensées, ce n'est pas raisonnable !

Vous ne pouvez pas occulter ainsi Val, Fourest, Malka, les soutiens de Charlie comme BHL, Daniel Leconte et E. Badinter, par exemple.

Vous ne pouvez pas occulter un article vantant Oriana Fallaci, les éditos pro-guerres "contre le terrorisme" pissé pendant des années par Val, ou ceux fustigeant la "politique arabes antisémite de la France qui perdure depuis Vichy". Et pourquoi ne parlez vous pas des dessins montrant par exemple des femmes voilées réclamant leurs allocations et j'en passe des pas moins douteux, qui vous auraient fait vomir si vous les aviez trouvé dans "Minute" ?

Pourquoi semblez vous passer outre ce bain idéologique, qui éclaire différemment la discussion sur les caricatures du Mahomet ? Ces dessins ne peuvent pas être déconnectés de tout ce qui imprègne politiquement ce journal depuis une dizaine d'année, qui est au fond, une validation sous la forme caricaturée de l'idée de Choc des Civilisation, de l'Occident menacé par le péril islamiste, un monde musulman au fond barbare dont il faut se prémunir en soutenant l'Amérique et Israël, malgré leurs côtés parfois excessifs mais bon, c'est quand même mieux que les sauvages du "monde musulman". Il faut admettre que par moments, Charlie Hebdo était bien proche de l'esprit "Riposte Laïque". En plus faux-cul peut-être.

Que ça échappe à un idiot comme Barthès, je comprends, mais vous, Daniel !

Faire ce constat, ce n'est pas approuver le terrorisme, ce n'est pas justifier la mort de ces types tous bien entendu talentueux et ne méritant pas un tel sort. C'est juste sortir de cul-cul la praline qui nous étouffe depuis 2 semaines !
" Transgressez tranquillement, sous le regard angoissé du monde entier"... effectivement comment vont ils gérer leur statut d' anarchistes d'état ?

Aparté : quand même heureusement que Cavana n'a pas vécu ça.
J'ai un problème... A deux reprises, j'ai fait un commentaire...
A deux reprises, lorsque je cliquais sur envoyer, my time was over !!!
Il faut écrire à la mitraillette ou il y a un bug ? Ou mon abonnement a déjà été résilié ? ;o(
Plenel en fait il croyait qu'on jouait au ni-oui ni-non :)
Bonne chronique.
Ma conclusion, c'est qu'on a la liberté de nier dieu comme Stephen Hawking mais pas comme Charb. C'est donc bien un retour au puritanisme qui s'annonce, sous la pression des croyants de toute obédience, et une défaite pour la libre pensée et la liberté. Conclusion de la conclusion : un bon massacre est efficace pour imposer ses idées.
Je suis triste qu'il n'y ait pas eu une telle réaction au moment de la tuerie de M Mehrad. Il y avait des enfants! Faut-il que la presse soit attaquée? DS par exemple n'a donc pas vu les choses autrement suite à cette horreur là? Bien sûr, nous avons protesté pour la liberté, mais c'était quoi cette fois là, mea culpa, nous avons bien du mal à nous réveiller ...
Mr Plenel si votre réponse à Barthès est en faite celle que vous avez écrite à DS, il ne fallait tout simplement pas venir au petit journal. On vous a posé une question simple il fallait une réponse simple c'est la loi de ce genre d'émission que vous connaissez. Et franchement ne pas oser dire que la une de charlie ne vous choque pas, ou pourquoi pas qu'elle vous choque, me laisse dubitatif sur votre propre liberté et celle de Médiapart !

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Modeste contribution d'un forumiste occasionnel : je ne comprends pas pourquoi l'on continue de faire monter en sauce cette prétendue contradiction. Bien sûr que l'on peut critiquer Charlie, et dire que ses couvertures "attisent la haine", si c'est ce que l'on pense et qu'on a un raisonnement un tant soit peu argumenté - tant que Charlie, justement, a le droit de continuer à sortir ces dites "unes". Que je sache, Plenel n'appelle pas les apprentis djihadistes de France, et autres décérébrés mentaux, à refaire couler le sang dans les locaux de la rédac. Je ne vois pas pourquoi l'on devrait s'abstenir de toute critique envers Charlie, au prétexte que l'on serait alors un "adversaire de la liberté d'expression". Personnellement, et pour établir un parallèle vachement parlant (vous allez voir), je suis extrêmement satisfait d'avoir la possibilité de conchier Valeurs Actuelles, aussi souvent que nécessaire, mais pour autant, je ne pense pas que je crierai de joie le jour où des terroristes marxisto-trotskysto-chavistes auront fait sauter le caisson d'Yves de Kerdrel.
Mort d'un Roi.
Hollande et Fabius se rendront lundi en Arabie saoudite pour lui rendre hommage.
Mode troll (mais pas vraiment) on :

http://www.marianne.net/agora-ecole-aucune-valeur-peut-enraciner-sur-socle-ignorance

Il n'est pas indifférent d'observer que l’auteur de ce coup de gueule est un professeur de français. Cette matière n'est pas plus importante que les autres : elle est juste leur base. Et sans fondation solides, une maison est fragile.

Mode troll (mais pas vraiment) off.
La liberté d'expression brandie par certains est ressentie par d'autres comme le droit de se foutre de la gueule des arabes !

C'est pourtant simple à comprendre.
Et multiplier ad nauseam les reproductions de caricatures ne va pas dissiper le malentendu.
Sec, sec les gars...la récrté est finie et les dirlos sont encore dans les couloirs.

Sec, sec!!!
Tout ça illlustre merveilleusement ce travers consternant du petit monde des éditocrates: ne pas faire, naturellement, la différence entre "désaprouver" et "interdire". Le gros du peuple a plus de facilité à ça, probablement parce qu'à chaque fois qu'il désapprouve, même en masse, ça arrive quand même. Mais pour les éditocrates, il faut aller au bout de ses idées: si je vais jusqu'à désapprouver, en toute cohérence je dois activement souhaiter vis à de mes lecteurs un monde privé de ce que je désapprouve.

Bref, c'est pourtant pas compliqué: Charlie a le droit de faire ces caricatures avec ou sans l'approbation de qui que ce soit. Ca ne veut pas dire qu'on doit les approuver non plus, ni qu'ils peuvent n'en prendre aucune responsabilité aux yeux de la société. Vaut aussi pour un trader qui spécule sur le blé: il tue des gens indirectement, mais il a le droit, mais la majeur partie des jeunes que j'ai connu qui ont pu le devenir s'en sont détourner pour ne pas faire ce genre de chose.

Pour le moment on considère la liberté d'expression et la liberté de la finance dérégulée comme trop importante pour être remise en cause. Enfin, sauf quand ça embete les puissants du moment, auquel cas les états d'un coup se portent garants des banques et Dieudonné n'a qu'à bien se tenir. Personnellement je réglerai avant tout ce deux poids deux mesures avant de m'attaquer à réformer les libertés. En tous cas je ne ferais pas l'un sans l'autre.
Je propose d'écouter la première émission de Là-bas si j'y suis sur internet, avec un premier sujet sur Charlie et notamment une interview dans une mosquée http://la-bas.org/la-bas-hebdo-premiere
Bonjour,
je me permets de rebondir sur la chronique de ce matin, non pas pour évoquer cette interview au Grand Journal mais pour m'étonner d'autre chose: la "fin de récrée" ne me paraît pas sifflée pour tout le monde. Dans l'éducation les débats suscités par la minute de silence et ses suites ne fait qu'enfler, aidés par les mesures annoncées hier, mais aussi par ce qui me semble être un emballement médiatique.
A ce propos, je m'étonne de la présence, ce matin sur inter, de M. Iannis Roder, professeur d'histoire à Saint-Denis, devenu en 15 jours l'expert unique des problèmes de laïcité dans les collèges et lycées de banlieues. Je l'ai entendu sur plusieurs radios ou télés. Savez-vous comment cette personne s'est retrouvée ainsi propulsée en figure médiatique de "l'enseignant de Seine-St-Denis", confronté aux problèmes de l'intégration et de la laïcité? Il a visiblement publié un ouvrage sur son expérience en 2008 ("tableau noir, la défaite de l'école"). Je précise que je ne l'ai pas lu. Cependant, ses interventions ne sont pas tout à fait marquées du sceau de la "neutralité". J'en veux pour exemple la façon dont, ce matin, un autre professeur qui indiquait que la situation ne lui paraissait pas si alarmante dans son établissement, s'est vu renvoyé dans ses cordes, accusé d'avoir baissé les bras.
La voilà, la conséquence du mot "ennemi" dans le discours de Daniel : désormais, la pensée se doit d'être manichéenne. Tu es avec moi ou contre moi, mais pas de demi-mesure.

Je lisais, je ne sais plus où, cette idée selon laquelle à force de combattre quelque chose, on devient l'équivalent de cette chose. Comme si, à force de combattre Sarkozy, on finissait par devenir son même, son reflet : son opposé direct, pareillement structuré. Je crois avoir lu la quasi-intégralité des éditos de Daniel depuis le lancement d'@si, et je vois un véritable et profond changement (annoncé clairement) depuis le 7 janvier (en même temps que Daniel reste Daniel, vous me suivez ?). Je ne sais pas trop jusqu'où ça va aller (il est évident que si j'ai évoqué Sarkozy par provocation, Daniel ne deviendra pas cet exactement même mais cet emprunt manichéen est tout de même frappant). En tout cas, le reversement est visible : voilà Barthès, lui l'anti-journaliste primaire d'hier, devenu le héro face à Plenel, ce journaliste par excellence d'hier. Pour ma part, les doutes de Plenel me rassurent précisément parce qu'ils sont dans le doute, et pas dans la simplicité lénifiante du tout ou rien.
J’aime bien Plenel, mais sur ce sujet c’est l’exemple typique du mec de gauche politiquement correct. Sa pensée est totalement altérée par son antiracisme version « touche pas à mon pote. » Sujet tabou, aucune critique possible. Et surtout, on mélange tout joyeusement : les Arabes et les Musulmans.
Non Charlie Hebdo n’était pas et n’est pas raciste. Ils prolongent la longue tradition de la libre-pensée (que beaucoup de gens semblent découvrir aujourd’hui) et qui s’en prennent non aux gens mais aux RELIGIONS.
Monsieur Plenel, détester les religions, s’en moquer, voir même les combattre, ne signifie pas forcément être raciste. Ce genre d’accusation en devient même offensant (pour le coup.)

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Cher Daniel, j'ai évidemment lu ta chronique de ce matin. Et je voulais y ajouter ces précisions.

La cible de mon propos (comme je l'ai également dit aux Grandes Gueules de RMC jeudi midi) n'était pas la transgression des amuseurs mais celle de ceux qui se prennent au sérieux en bénéficiant, au nom de la course à l'audience, de ce feu vert transgressif dans l'espace public. Je pensais évidemment aux zemmoureries et autres stigmatisions de l'Autre, surtout musulman ou arabe, étalées depuis tant d'années, notamment sur le service public, et je l'ai dit explicitement dans la version longue (non montée) du LPJ. Lequel Petit Journal me paraît au contraire relever d'une ironie généreuse, jamais blessante pour l'Autre à raison de son origine, de son apparence, de sa culture ou de sa croyance.

Mon point délicat ou difficile, comme je l'ai dit, c'est-à-dire demandant de bien vouloir entendre une réflexion complexe, pas binaire, c'est la question suivante : comment dire à des gamins qu'en cours de récréation ou sur les réseaux sociaux, ils ne peuvent pas lancer n'importe quoi, sur les juifs, les arabes, les homosexuels et j'en passe, et leur donner le spectacle d'une scène publique où ces transgressions sont admises, au nom de la critique d'un prétendu "politiquement correct" qui n'est autre que la civilité du débat public, sa correction, sa tenue.

Il nous faut tenir les deux bouts : défendre le droit à la caricature, à l'excès moqueur, à l'ironie mordante, et, en même temps, refuser que l'espace public soit celui où les haines pourraient chercher l'excuse de l'humour, dérive illustrée jusqu'à la caricature, c'est le cas de le dire, par l'antisémitisme de Dieudonné. Je le répète : relevant de la création artistique ou du parti pris d'opinion, la caricature ne saurait être la norme de notre vie publique.

Evidemment, l'écrit permet mieux que l'oral d'expliquer posément les choses. De fait, je l'ai écrit mardi dernier dans ma (que tu trouveras sans doute un peu pompeuse ;-) Lettre à la France, en forme d'appel à défendre le sursaut de l'égalité contre la guerre des identités. Et je l'ai répété, jeudi matin, dans ma chronique hebdomadaire de France Culture. Voici les liens, précédés du passage concerné dans mon article :

"Comment enseigner à notre jeunesse le respect de l’autre, la simple civilité, l’interdit de l’insulte et de l’offense vis-à-vis de l’origine, de l’apparence ou de la croyance, si notre espace public, ses médias, ses politiques, font avec complaisance la pédagogie inverse ? Celle d’une transgression irresponsable, destructrice de tout idéal solidaire, de toute République commune, de toute communauté nationale ? La proclamation de la liberté d’expression, cette défense du droit à la caricature, de ses excès ironiques ou moqueurs, qui accompagne la solidarité avec Charlie Hebdo, n’implique pas que notre vie publique doive s’abaisser et s’égarer dans la détestation d’une partie de notre peuple à raison de son origine, de sa culture ou de sa religion. La haine ne saurait avoir l’excuse de l’humour."

http://www.mediapart.fr/journal/france/200115/lettre-la-france

http://www.mediapart.fr/journal/audio/la-haine-ne-saurait-avoir-lexcuse-de-lhumour-0

Merci de ton attention.

En amitié et confraternité,

Edwy Plenel
Est-on responsable de la connerie des autres? Vaste sujet... Voir brûler un drapeau italien et l'effigie de Sarkozy brûlés au lieu de celui français et celle d'Hollande ne m'encourage pas à croire en leur intelligence.
Il n'y a pas si longtemps...

Qu'il était doux et réconfortant de se pelotonner dans le giron douillet de "je suis Charlie"!

Mais dans ce patchwork hétéroclite j'étais, nous étions des anonymes.

Ah, l'affront suprême , je ne suis plus, je n'existe plus, on ne me reconnait plus...
Cette reconnaissance sacrée dont naîtra la position et le pouvoir (ou pas) sur l'autre.

Vite retirons la couette pour que je puisse briller au pâle soleil d'hiver!

Fini le brouillard qui uniformise tout.

Que chacun ramasse ses billes!
L'ironie est facile et devient réactionnaire (comme réaction, voir plus loin). Et la vôtre le devient autant que celle de Barthès.
Son interview est symptomatique de la "non pensée", du refus de la réflexion.
Une question simpliste doit avoir une réponse simpliste.
Les "Mais" de Penel sont systématiquement coupés parce qu'ils amorcent une "réflexion" dialectique qui tient compte de deux ou plusieurs thèses.
Mais, Barthès comme vous dans ce papier en tenez pour "Noir ou Blanc". Non-pensée, binaire. Réflexe quasi pavlovien. un stimulus = une réaction (comme réactionnaire) : si le voyant s'allume c'est bon, s'il ne s'allume pas c'est mauvais. Juste un réflexe. pas de réflexion.
Effectivement, Riss a raison ainsi que Boris Cyrulnick (http://www.tv7.com/point-de-vue-de-boris-cyrulnik-neuropsychiatre_3979593465001.php) et Alain Chouet (http://videos.senat.fr/video/videos/2010/video3893.html)
Allez sur les sites suivants :

http://www.manifeste.org/article.php3?id_article=113

http://la-voie-de-la-raison.blogspot.com/

qui sont des sites musulmans "contestataires".
Si vous n"avez pas le temps de tout lire, voici une page du Manifeste des Libertés qui s'arrête à 2006 :

Ce qui est fait au nom de l’islam partout dans le monde

par A.M.L
Association du Manifeste des Libertés

SOUDAN
Janvier 1985 : Mahmoud Mohammed Taha fut condamné à mort et pendu à Khartoum, à plus de 80 ans. Il avait écrit un livre sur l’histoire de l’islam où il défendait l’idée de séparation du politique et du religieux (« Un islam à vocation libératrice », L’Harmattan, 2002). Il défendait l’idée que le message spirituel du prophète, tel qu’il fut révélé à La Mecque, est universel, mais que toute la construction juridique élaborée à côté, dans un contexte historique précis, n’était plus en phase avec la vie des musulmans aujourd’hui.
1991 : Ajjabna Mohammed devient apostat : il est renvoyé de l’Université. Rejeté par sa famille, il tente de s’enfuir ; on le met en prison, où il subit des tortures pour revenir à l’islam.

IRAN
1946 : Assassinat de Ahmad Kasrawi, historien, juriste et linguiste accusé d’incroyance par les Fida’iyyani Islam, et assassiné sous une fatwa pour hérésie.
1946 (mars) : l’écrivain Ahmed Kusravi est assassiné par des membres des associations unionistes islamiques.
1981 : Saïd Soltanpour, poète et metteur en scène du théâtre, est exécuté en raison de ses convictions politiques.
1982 : Ata Nourian, homme de lettres et membre de l’Union des écrivains, est exécuté en 1982, en raison de ses convictions politiques.
1984 : Ali Dashti, auteur d’un livre très critique envers l’islam, meurt en prison de mauvais traitements à 83 ans.
1987 : Autodafé à l’Université d’Ispahan : 80 000 livres sont brûlés.
1989 (février) : Exécution des écrivains iraniens Amir Nikaiin, Monouchehr Behzadi, Djavid Misani, Abutorab Bagherazdeh.
1989 : Exécution des poètes iraniens Saïd Soltanpour et Rahman Hatefi.
14 février 1989 : « Les Versets sataniques », roman de Salman Rushdie, sont déclarés blasphématoires par Khomeyni, qui appelle au meurtre de l’auteur « ainsi que de tous les éditeurs » du roman. Trois millions de dollars sont offerts en récompense à celui qui donnera la mort de Rushdie (un million seulement si c’est un non-Iranien). Attentats en juillet 1991 contre le traducteur italien à Milan et le traducteur japonais à Tokyo. Attentat perpétré sur les ordres des services de renseignement de Téhéran le 29 mars 1989 contre le recteur de la Mosquée de Bruxelles et son adjoint, qui avaient déclaré que Rushdie devait être jugé et se repentir comme l’exige la juridiction. Cette fatwa est toujours en cours parce que déclarée irrévocable, le seul pouvant l’abroger, Khomeyni, étant mort.
1992 : Freydoun Farrokhzad, poète et homme de spectacle, est assassiné en Allemagne, en raison de ses activités artistiques considérées comme blasphématoires.
1993 : Un dessinateur satirique, Manouchehr Karimzadeh, est condamné à dix ans de prison pour avoir dessiné un footballeur dont le visage ressemblait vaguement à celui de Khomeyni. Le directeur du journal est fouetté, de même que le dessinateur ; les peines ont ensuite ét réduites (article du « New York Times »).
1994 : Saiidi Sirjani, écrivain, essayiste et romancier, est assassiné en prison pour avoir publié à l’étranger ses ouvrages interdits en Iran.
1994 (mai) : Arrestation de l’universitaire et militant des droits de l’homme E. Sahabi pour avoir participé à un colloque en Allemagne, jugé comme une « manifestation anti-révolutionnaire ».
1995 : Ahmad Miralai, homme de lettres et traducteur de la littérature étrangère en persan, est assassiné, en raison de ses activités littéraires.
1996 : Ghafar Hosseini, écrivain, est assassiné en raison de ses activités au sein de l’Union des écrivains en Iran.
1996 : Reza Mazlooman, journaliste et écrivain, est assassiné à Paris, en raison de ses écrits sur la période pré-islamique en Iran.
1996 : Ebrahim Zalzadeh, éditeur, est assassiné, en raison de ses activités d’édition.
1996 : Ahmad Tafazoli, chercheur et traducteur, est assassiné en raison de ses activités.
1998 : Pirouz Davani, journaliste, est enlevé et assassiné en raison de ses activités journalistiques.
1998 (novembre) : Majid Sharif, sociologue, journaliste et traducteur dans un journal progressiste interdit, est assassiné.
1998 (décembre) : Mohammad Mokhtari, poète et écrivain, est retrouvé étranglé. Il avait essayé de créer une association d’écrivains libres.
1998 (décembre) : Mohammad Jafar Pouyandeh, traducteur et écrivain, est retrouvé étranglé en raison de ses traductions et de ses activités au sein de l’Union des écrivains iraniens.
1998 (novembre) : Assassinat par des islamistes de deux intellectuels iraniens : Darius et Parvaneh Foruhar.
1998 : Hamid Pour Hajizadeh, poète, est assassiné avec son fils âgé de 9 ans en raison de ses écrits.
1999 (février) : Le religieux réformateur Hadi Khamenei est battu à Qom par des étudiants islamistes.
1999 (novembre) : Arrestation du rédacteur en chef d’une revue iranienne pour « injures aux valeurs de l’islam ».
1999 (novembre) : Condamnation du journaliste Chamsolvaezin à trois ans de prison pour propagande anti-islamique.
2000 (août) : Hassan Eshkevari, religieux iranien, est accusé d’apostasie, de blasphème et d’hérésie.
2003 : Zahra Kazemi, journaliste, est assassinée pendant sa détention, en raison de ses activités journalistiques.
2004 : Ahmad Bayat Mokhtari, poète et musicien, est enlevé et écrasé sous une voiture à Chiraz, en raison de ses activités artistiques.
2006 (janvier) : La journaliste de l’hebdomadaire « Tamadone Hormozgan » Elham Afrotan est emprisonnée le 23 janvier 2006. Selon des informations, la journaliste serait dans le coma suite à une tentative de « suicide ». Induite en erreur par le titre d’un article émanant d’un site Internet qui prônait la lutte contre le sida, l’équipe de rédaction en a fait une reprise dans sa page « santé ». Il s’agissait d’un article satirique comparant la venue de l’ayatollah Khomeyni au sida. Les journalistes ont été appréhendés à Bandar-Abbas, au sud du pays, après la publication de l’hebdomadaire. Les médias proches du pouvoir, les organisations gouvernementales et les écoles coraniques en ont profité pour organiser des manifestations, qui ont abouti à la mise à sac et à l’incendie du siège du journal.
Depuis leur arrestation le 23 janvier, Elham Afrotan et six autres collaborateurs de son journal étaient harcelés afin d’avouer « qu’ils recevaient des ordres à l’étranger les incitant à insulter l’ayatollah Khomeyni ».
Par ailleurs, Ali Afsahi, critique de cinéma et ancien rédacteur en chef de la revue culturelle et sportive « Cinama-Varzech » (suspendue en 2000), collaborateur d’Emadoldin Ebaghi, journaliste et fondateur d’une association de défense des droits des prisonniers d’opinion, a été arrêté le 12 février sans motif officiel. Le journaliste avait déjà été arrêté le 30 décembre 2000, et condamné à quatre mois de prison par le tribunal spécial du Clerg.

EGYPTE
1925 : Le cheikh d’Al-Azhar Ali Abd ar-Raziq est radié de l’université et interdit de publication par ses pairs pour avoir proposé une séparation entre la religion et l’État.
1925 : Interdiction du livre d’Ali Zbd ar-Raziq « Islam et principes de gouvernement » pour hérésie.
1926 : Interdiction du livre de Taha Hussein « Poésie pré-islamique ». Taha Hussein est expulsé en 1931 de l’Université par le ministre pour ses intérêts pour la littérature pré-islamique.
1981 : Interdiction du livre de Fikri Al Aqad « Histoire de la langue arabe ». L’auteur écrivait que certains mots du Coran étaient d’origine égyptienne.
1985 : « Les Milles et Une Nuits » sont condamnées par le Tribunal des mœurs du Caire, pour atteinte à la pudeur et pour corruption des mœurs des jeunes. Le tribunal ordonne la destruction de 3000 exemplaires saisis, l’emprisonnement de l’éditeur et de l’imprimeur. Une autodafé publique a lieu.
1990 : Nasr Abou Zeid, professeur d’Université, qui a « commencé à penser l’islam de l’intérieur et à présenter une voie profondément réformiste (« Critique du discours religieux », Actes Sud, Sindbad, 1999), est menacé de mort par les islamistes pour avoir voulu historiciser le Coran. Déclaré apostat le 14 juin 1995 par la Haute Cour égyptienne qui lui ordonne de se séparer de sa femme, il doit quitter l’Egypte et s’installer en Europe.
Janvier 1992 : Une délégation de savants d’Al-Azhar demande la saisie de huit publications traitant de l’islam.
8 juin 1992 : L’intellectuel laïque Farag Foda est assassiné par les islamistes en juin 1992, après avoir publié « La vérité absente », et après que le cheikh de la mosquée d’Al-Azhar au Caire l’a déclaré quelques jours auparavant « apostat ». Les universitaires d’Al-Azhar condamnent les conditions du meurtre de Foda, mais ils estiment qu’il était un apostat, et qu’il méritait une mort légale.
Décembre 1992 : Sur ordre d’Al-Azhar, « au nom de l’islam, religion de l’État », les œuvres de Foda, rééditées en hommage, sont interdites et saisies.
14 octobre 1994 : Nagib Mahfouz, 83 ans, le plus célèbre écrivain égyptien, Prix Nobel de littérature en 1988, est poignardé au Caire par un jeune intégriste, et gravement blessé à la gorge. Cette tentative d’assassinat a été revendiquée par Al-Djamaa al-Islamiya. En 1959, puis en 1988, juste après son prix Nobel, les romans de l’écrivain égyptien avaient été censurés par l’université Al-Azhar.
1997 : L’université Al-Azhar prépare l’interdiction de 196 livres pour des raisons morales et religieuses.
1997 : l’université Al-Azhar prépare l’interdiction du livre d’Al-Qimany « Dieu du Temps » pour dérision envers la religion puis hérésie de « réécriture de la tradition musulmane ». Le livre est saisi dans les imprimeries.
1998 : l’écrivain Ala’a Hamed est poursuivi pour « injure envers l’islam » dans un roman.
Avril 2000 : L’écrivain syrien Haïdar Haïdar est devenu la cible des islamistes égyptiens pour son livre, « le Festin pour les Algue marines ». Son roman, édité pour la première fois en 1983 à Chypre, allait être réédité par le ministère de la culture en Egypte. Une campagne est menée contre le roman. C’est un journaliste du périodique « Ach-Chaab », organe du parti de l’Action, qui a lancé le premier cri de guerre dans un article intitulé : « Qui fait le serment de mourir avec moi ? Puissent vos mains être coupées ! Il ne reste plus que le Coran... Que se passera-t-il si nous disons que le premier ministre est de la merde ? » On demande la condamnation du ministre de la culture et des responsables de l’édition. On s’en prend aux personnages du roman, et le recteur d’Al-Azhar appelle à un cérémonial d’autodafé du roman dans un lieu public 2000 : « La liberté d’expression est bienvenue, mais tous les hommes de lettres doivent comprendre que cette liberté est restreinte par le respect de Dieu, du Prophète et des valeurs religieuses. »
2000 (mai) : Le président d’Al-Azhar dit des intellectuels qui critiquent la censure : « Ils veulent la liberté absolue, sans respecter les valeurs et la morale religieuse. »
17 mai 2000 : l’Académie des recherches islamiques, sous l’autorité d’Al-Azhar, émet une déclaration, diffusée par le bureau du Grand Imam de l’université, Mohammed Sayyid Tantaoui. Le roman est considéré comme contrevenant à l’islam - littéralement, pour « être sorti de ce qui est connu en matière de religion » (khuruj ‘amma hua maalum min ad-din). L’Académie a incriminé le ministère de la culture qui a entrepris la réédition de roman. Des milliers d’étudiants d’Al-Azhar ont manifesté. Suite à cette affaire, le ministère de la culture interrompt l’impression de trois autres romans condamnés pour atteinte à la pudeur.
Janvier 2001 : Le diwan d’Abu Nuwas était exposé dans la foire du livre au Caire mais n’était pas à vendre. Agissant comme un Saint-Office pour la salubrité de la pensée, l’Académie azharite des recherches islamiques continue son œuvre censuriale : elle n’autorise pas la diffusion d’un livre sur « La femme dans la pensée de Khomeyni », fait appel au « Comité de la censure sur les œuvres artistiques » pour qu’il saisisse un livre intitulé « Appel à la réflexion et à la méditation du Coran et de la tradition du prophète, etc. »
2001 : Nawal Saadaoui fait l’objet d’une plainte formulée par les islamistes ; une audience est fixée pour le 18 juin 2001. Elle est reconnue coupable d’atteinte à la religion. Aujourd’hui, elle est menacée de mort par les intégristes. Déjà, en 1981, elle a été emprisonnée pour onze ans en raison de son engagement et de ses écrits féministes.
2001 : L’auteur Salaheddin Mohsen et la prédicatrice Manal Manea sont condamnés à trois ans de prison, pour athéisme et blasphème contre l’islam.

INDE
1989 (février) : Emeutes à Bombay contre « les Versets sataniques » : 12 morts.

BENGLADESH
1993 (24 septembre) : Un groupe d’islamistes du Bangladesh prononce une fatwa contre Taslima Nasreen, la condamnant pour blasphème. Sa tête est mise à prix. Sous la pression des manifestations islamistes, un mandat d’arrêt sera lancé contre elle en juin 1994. Médecin, écrivain (son dernier livre : « Rumeurs de haine ») née en 1962 au Pakistan oriental, devenu en 1971 le Bangladesh. Ses chroniques dans la presse, ses critiques de la condition faite aux femmes, de la religion et du pouvoir religieux, puis son livre « Lajja » en 1993, qui relate les exactions contre la minorité hindoue au Bangladesh au nom d’Allah, ont provoqué la haine des fondamentalistes musulmans. Lors du Salon du livre national, ses livres furent brûlés en public. Un comité « Détruisez Talisma » fut mis en place, et elle n’eut plus le droit de se rendre au salon du livre. Les fondamentalistes ont envahi les librairies qui vendaient ses livres et tout cassé. Après une campagne de haine sans précédent, le gouvernement a confisqué son passeport et lui a ordonné de cesser d’écrire si elle voulait garder son poste de médecin dans un hôpital public. Elle a été contrainte de s’exiler. Depuis lors, elle continue son combat pour la laïcité et pour la liberté des femmes.

PAKISTAN
1995 (avril) : Fatwa d’excommunication contre le poète Mohammed Alvi par le mufti Shabbir Siddiqi d’Ahamdabad, pour une phrase dans un poème écrit dix-sept ans auparavant : « O Dieu, si tu es trop occupé pour nous rendre visite, envoie un bon ange pour nous guider ». 1998 : Condamnation à mort d’Ayub Masih pour blasphème.
2000 (octobre) : L’universitaire pakistanais Younus Shaik est arrêté et condamné à la prison à vie pour ses écrits jugés blasphématoires.

SYRIE
1977 (février) : Le président de l’Université de Damas est assassiné sur le campus par des islamistes.
2004 : Nabil el-Fayadh, chercheur et écrivain, auteur de plusieurs ouvrages interdits en Syrie et dans la plupart des pays arabes, est arrêté par les services de renseignements le 30 octobre 2004 à Damas. Comme lors des précédentes interpellations, l’incarcération fait suite aux plaintes déposées par l’un des savants en religion les plus intégristes, Mohammed Saïd Ramadan el-Bouti, de l’Université de la Charia de Damas. Il a par ailleurs été menacé de mort à plusieurs reprises par le cheikh wahhabite Khatib Khodra.

ARABIE SAOUDITE
En Arabie saoudite paraît un livre où un anathème général est lancé contre plus d’une centaine d’écrivains arabes morts et vivants : Salama Moussa, Shibli Shmmayyil, Naguib Mahfouz, Lufti as-Sayyid, Muhammad al-Jabiri, Shakir Shakir, Saïd Aql, Adonis... Ces auteurs sont toujours interdits dans ce royaume.
1992 (3 septembre) : Sur la grande place de la ville de Qatif, le poète Sadiq Melallah a été décapité au sabre. Son délit : blasphème et abjuration.
1993 : Une bande dessinée publiée dans le « Arab News » provoque l’arrestation de deux employés indiens ; selon les théologiens, elle remettait en cause l’existence de Dieu. Les deux hommes sont condamnés à 300 et 500 coups de fouet. Sous la pression internationale, ils sont pardonnés par le roi.
1993 mai : Emprisonnement pour quatre ans du professeur M. Al Awaji, intellectuel réformateur ; il est démis de ses fonctions et son passeport est confisqué.
2003 : Le quotidien « Al-Watan » relate l’agression dont a été victime l’un de ses journalistes, qui a requis l’anonymat. En pleine journée, à la sortie d’un restaurant, trois membres de la police religieuse (les « moutawa ») emmènent le jeune homme dans un poste de police où la torture est ouvertement pratiquée. Le chef du poste de police lui reproche d’avoir les cheveux longs et de travailler pour un journal d’« impies ». Outre les insultes et les humiliations, la police lui coupe les cheveux, en lui dessinant, comme à l’habitude, des trous au ras du crâne. Le journaliste se voit confisquer son agenda et une disquette sur laquelle se trouvaient ses reportages.
2003 (27 mai) : Le rédacteur en chef d’« Al-Watan », Jamal Khashoggi, est limogé, moins de deux mois après sa nomination, pour avoir autorisé la publication d’articles critiquant ouvertement l’establishment religieux, notamment les « moutawa » (police religieuse). Le gouvernement saoudien a cédé à la pression des religieux ultraconservateurs qui avaient condamné le journaliste, l’accusant notamment de « se moquer [...] des gens vertueux » et de « propager le mal et la corruption » et avaient appelé au boycott du journal. Après les attentats-suicides du 12 mai à Riyad, attribués au réseau Al-Qaeda et qui ont fait 34 morts, le journal avait servi de tribune pour les écrivains et intellectuels réformistes du royaume.
2003 (fin juillet) : Le grand mufti interdit à l’auteur réformiste Abdulaziz al-Qasim d’exprimer ses vues dans le quotidien « Al-Madina ». Cette interdiction s’inscrit dans une large campagne d’intimidation des médias saoudiens engagée après l’attentat du 12 mai à Riyad. Si la presse paragouvernementale se félicite, timidement, des quelques réformes politiques annoncées par les autorités, celles-ci et l’establishment religieux ultraconservateur n’ont de cesse de réduire au silence les voix contestatrices qui jugent ces réformes trop restreintes et leur adoption trop lente. D’après Ali Al-Ahmad, un dissident saoudien basé à Washington, une centaine de journalistes, écrivains et intellectuels réformateurs auraient été censurés ou interdits d’écrire dans les journaux du royaume entre juillet et novembre 2003.
2003 (29 juillet) : le journaliste Hussein Shobokshi n’est plus autorisé à publier dans le quotidien « Okaz », suite à un article dans lequel il disait rêver du jour où les Saoudiens auraient le droit de voter, de débattre des droits de l’homme et les femmes le droit de conduire. Cette interdiction aurait été signifiée au journal par le ministère de l’information. Quelques jours plus tard, sa rubrique dans un autre journal, « Arab News », est à son tour supprimée et son émission politique, diffusée sur la chaîne à capitaux saoudiens « Al-Arabiya », est rayée de la grille des programmes. En juillet toujours, la chronique de l’écrivain Dawoud al-Shirian dans le quotidien « Al-Hayat » est suspendue. L’éditorialiste Mansour al-Nogaidan du quotidien « Al-Riyad » est quant à lui mis en congé pour une durée indéterminée. Comme Hussein Shobokshi, il affirme avoir reçu plusieurs menaces de mort.
Le Mouvement pour la réforme islamique en Arabie (MIRA), basé à Londres, s’est doté, en mai, d’une nouvelle chaîne de télévision, « Islah TV », diffusée par satellite. Fin août, la télévision cesse mystérieusement d’émettre. La fabrication des programmes, leur diffusion et l’émission du signal transitent via plusieurs pays européens. D’après Saad Al-Fagih, directeur du MIRA, de fortes pressions saoudiennes sur les différents opérateurs intervenant dans la diffusion de cette télévision sont à l’origine de cette interruption. L’opposant politique et porte-parole de « Islah TV », Saad Al-Fagih, avait été attaqué et blessé à coups de couteau par des inconnus qui s’étaient introduits chez lui à Londres, le 22 juin. Ils lui auraient dit en partant : « C’est un message du gouvernement. »
Fin août, le ministre de l’information émet des directives interdisant la publication des articles de Wajeha al-Huwaider, du quotidien arabophone « Al-Watan » et du quotidien anglophone « Arab News ». Ce geste intervient suite à la parution, fin mai, d’un de ses articles traitant du sentiment de désillusion de certains citoyens saoudiens à l’égard de leur pays et de leur tendance à se tourner alors vers les Etats-Unis.
Mohammed al-Harbi, enseignant, il est condamné à 750 coups de fouet, trois ans et quatre mois de prison, pour « atteinte à l’intégrité de l’islam ».
Mohammed al-Souheimi, enseignant saoudien, est condamné à 300 coups de fouet, trois ans de prison et interdiction d’exercer pour apostasie.

KOWEIT
Ahmed al-Baghdadi, enseignant d’université accusé de « dévalorisation de la religion », « d’insulte ou de dérision envers les préceptes de la religion » ou de « blasphème », est arrêté à plusieurs reprises.
1996 : l’« Arab Times » publie une bande dessinée américaine sur le viking Hagar ; il est représenté en prière et un voix sort des nuages pour dire après un long silence : « Pardon ? » ; une émeute est organisée contre le journal ; ses locaux sont détruits ; le directeur est poursuivi par la foule et reçoit des coups de feu.
2000 (janvier) : Deux femmes écrivains, Leyla ‘Uthman et ‘Alia Sha’ib, sont condamnées à un mois de prison pour outrage aux mœurs et à la religion.

JORDANIE
2000 (février) : Mossa Hawamda, poète, est accusé d’apostasie par un tribunal.

TURQUIE
Turan Dursun, ancien mufti turc devenu athée, est assassiné par les islamistes.
1993 : Assassinat d’intellectuels et de poètes alévis et kurdes dans l’incendie d’un hôtel à Sivas, où une réunion se tenait avec le traducteur des « Versets sataniques » de Salman Rushdie. Le dessinateur satiriste Asaf Koçak, militant des droits de l’homme et adversaire des islamistes, y meurt.
1998 (décembre) : Le journaliste Nuredin Sirin est condamné à vingt mois de prison pour avoir écrit : « Nous devons soutenir les opprimés même s’ils sont athées. »

ALGERIE
1973 : En Algérie, assassinat par des islamistes, du poète Jean Sénac.
1993 : S’ouvre en Algérie une hécatombe des intellectuels et artistes : assassinatsdeDjilaliLiabès(sociologue),AhmedAsselah(directeurdesBeaux-Arts),M’hamedBoukhobza(sociologue),Salah Djebaïli (recteur de l’université Bab-Ezzouar à Alger), Youssef Sebti (poète et écrivain), Abdelkader Alloula (dramaturge et metteur en scène), Mahfoudh Boucebci (psychiatre), Salah Chouaki (inspecteur de l’Education nationale), Azzedine Medjoubi (dramaturge), Dilalli Belkhanchir (pédiatre), AbderahmaneFaredeheb(économiste),FerhatCherkit,YoussefFathallah,Lamine Lagoui, et Ziane Farrah (journalistes)... La liste est douloureusement longue.
26 mai 1993 : Tahar Djaout, écrivain, poète et rédacteur en chef du magasine « Ruptures », est assassiné.
31 juillet 1993 : Merzag Baghtache, journaliste et écrivain, est blessé dans un attentat.
3 août 1993 : Rabah Zenati, journaliste de télévision, est assassiné.
9 août 1993 : Abdelhamid Benmenni, journaliste à « Algérie-Actualités », est assassiné.
11 septembre 1993 : Saad Bakhtaoui, ancien journaliste d’« El-Minbar », est assassiné.
28 septembre 1993 Abderrahmane Chergou, écrivain et journaliste, un des animateurs du FAM (Front de l’Algérie moderne), est assassiné devant chez lui.
2000 : juin : Fatwa de mort contre le réalisateur algérienM.Zemmouri,auteur du film « 100 % Arabica » consacré au raï.

MAROC
1975(18décembre) : Omar Benjelloun,leaderdel’Unionsocialiste desforces populaires (USFP) et directeur du journal « Almouharrir », est poignardé à mort par un groupe faisant partie de La Jeunesse islamique.

FRANCE
1989 : Manifestation à Paris contre « les Versets sataniques ».
1989 (septembre) : demande de saisie des « Versets sataniques » à Paris ; appel rejeté.
1994 (janvier) : « Affaire Claudia Schiffer » qui défile avec une robe sur laquelle sont écrits des fragments de versets coraniques : scandale en France dans les organisations musulmanes et dans les pays musulmans ; Chanel s’excuse, fait brûler les trois robes, exige la restitution de toutes les images de la robe ; son PDG déclare « qu’en aucun cas son respect de la religion musulmane ne l’aurait porté à commettre un sacrilège ou à offenser la communauté musulmane ».

GRANDE-BRETAGNE
1989 : 20 000 manifestants à Londres contre « les Versets sataniques ».

CANADA
Irshad Manji, journaliste et essayiste (« Musulmane, mais libre »), née ougandaise, de parents d’origine indienne, vivant au Canada, est régulièrement menacée de mort.

PAYS-BAS
Theo Van Gogh, cinéaste, est assassiné par un islamiste marocain pour avoir réalisé un film, « Soumission ».
Ayaan Hirsi Ali, députée hollandaise, d’origine somalienne, scénariste du film de Theo Van Gogh Soumission, est menacée de mort dans une lettre poignardée sur le corps du cinéaste assassiné. Cette lettre se termine par :
Je suis certain, O Amérique, que tu périras
Je suis certain, O Europe, que tu périras
Je suis certain, O Hollande, que tu périras
Je suis certain, O Hirshi Ali, que tu périras
Je suis certain, O infidèle fondamentaliste, que tu périras »
[quote=Didier Fassin]Le sociologue allemand Max Weber peut nous aider sur ce plan. Dans une conférence fameuse sur la politique, il écrit que «toute activité orientée selon l’éthique peut être subordonnée à deux maximes totalement différentes et irréductiblement opposées». D’un côté, «l’éthique de conviction» repose sur le principe kantien du devoir : il faut agir en fonction de principes supérieurs auxquels on croit. De l’autre, «l’éthique de responsabilité» relève de la philosophie conséquentialiste : il faut agir en fonction des effets concrets que l’on peut raisonnablement prévoir. Bien sûr, précise le sociologue, «cela ne veut pas dire que l’éthique de conviction est identique à l’absence de responsabilité et l’éthique de responsabilité à l’absence de conviction.» Néanmoins, face à une décision politique engageant des choix éthiques, l’une ou l’autre de ces positions prévaut : «Lorsque les conséquences d’un acte fait par pure conviction sont fâcheuses, le partisan de cette éthique n’attribuera pas la responsabilité à l’agent, mais au monde, à la sottise des hommes ou à la volonté de Dieu qui a créé les hommes ainsi. Au contraire, le partisan de l’éthique de responsabilité comptera justement avec les défaillances communes de l’homme et il estimera ne pas pouvoir se décharger sur les autres des conséquences de sa propre action pour autant qu’il aura pu les prévoir.» Homme de conviction, Max Weber penche cependant vers l’éthique de responsabilité.

Je n'ai rien à rajouter: ça exprime fort bien ce que je touillais au fond de moi sans bien parvenir à le clarifier. Ce que c'est, quand même, que d'être philosopphe...
J'ai déjà posté ce lien, hier.
Mais il me parait essentiel de faire entendre à nouveau la parole de cet homme debout, victime d'une "fatwa" mafieuse, quand tant d'autres, leaders d'opinion pusillanimes, capitulent et se délitent dans des discours ambigus.
Bien vu Daniel. La norme face à la norme, ça aurait pu être le titre de ce tableau télévisuel. Le juste normé interrogé par le bouffon normé.

Vive les anormaux.

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