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Pas de comédiens amérindiens : un spectacle sur la colonisation capote au Canada

Ariane Mnouchkine débarquait en urgence jeudi dernier à Montréal pour rencontrer les signataires d'une lettre ouverte au sujet de "Kanata", une création du Théâtre du Soleil, sur l'histoire de la colonisation canadienne. Le projet se monte sans comédiens ou collaborateurs autochtones, et ça ne passe pas du tout... y compris dans les instances culturelles du gouvernement fédéral. Ariane Mnouchkine réagit en interview à la fin de cet article.

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"Mnouchkine explique que l'absence de comédiens autochtones n'est pas à ses yeux un enjeu : « Ce sera toujours un acteur qui va jouer Hamlet ; et il n’a pas besoin d’être danois. Je dirais qu’il vaut mieux qu’il ne le soit pas »"


Elle a évidemment rai(...)

On marche sur la tête ! 

Mnouchkine ferait bien de réfléchir à cette histoire. Je ne sais pas d'où elle vient, mais c'est un Tunisien qui me l'a raconté...


"Un jour, un enfant pose une question à son père :

– Dis papa, quel est le secret pour être (...)

C'est (aussi?) une fable de La Fontaine, "Le meunier son fils et l'âne". Extractivisme? Ou libre circulation des idées et des fables?

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Kanata, le spectacle de Robert Lepage, jugé indésirable au Canada pour cause "d'appropriation culturelle",  sera finalement présenté à Paris au Théâtre du Soleil.

En mai dernier, the Art Gallery of Ontario (AGO) annonçait qu'elle allait renommer un tableau peint en 1929 par la Canadienne Emily Carr. L'auteure l'avait nommé "Indian Church", mais ce titre étant, selon l'AGO, de nature à heurter des autochtones, elle a rebaptisé l'œuvre "Church in Yuquot Village".

https://www.facebook.com/michel.nadeau.338/posts/2166357060101849


Un des dramaturges de la pièce c'est exprimé sur le sujet.
On pourrait avoir un follow up sur l'article ? Il y a pas mal de choses en jeu dans ce débat, et il serait intéressant de l'approfondir via le prisme du traitement médiatique. J'ai l'impression qu'au coeur de tout cela, se joue la culture universaliste française versus le multi-culturalisme anglo-saxon. Deux axiomes philosophiques aux conséquences diamétralement opposées. Dès lors, il ne peut y avoir que de l'incompréhension lorsqu'on invoque un universalisme de l'Humanité, là où d'autres ne voient que des Blancs, des noirs, des femmes, des hommes, des dominés, des dominants, etc.
J'ai l'impression que l'impossibilité de compréhension du concept d'extraction culturel par Mouchkine, vient de là.

Lors d'un séjour d'un mois à Montréal, j'ai posé des questions sur les populations amérindiennes;  je peux témoigner de la gêne et du trouble ressenti et souvent du rejet total de ces  questions, par les descendants de colons (pourtant j'étais dans un milieu présupposé ouvert de "théâtreux" et ceux qui tournent autour). 

Ce déni consiste à dire qu'il n'y a plus de problèmes, tout est réglé pour le mieux depuis longtemps; tout en laissant entendre que les autochtones des territoires les plus septentrionaux étaient  des ploucs, des arriérés ou des sauvages et qu'il fallait soit les civiliser, soit les abandonner à leur sort!

Quand on voit la politique gouvernemental de dévastation des dits territoires au profit des grandes entreprises nord-américaines on ne peut être que renforcé dans le sentiment que, même si c'est moins violent qu'en Palestine, la colonisation continue, sous d'autres formes. 

On peut comprendre donc la susceptibilité des militants amérindiens face à un Robert Lepage, représentant typique des descendants de colons ; ce qui n'enlève rien à son talent (essentiellement mis au service des problématiques existentielles de blancs nord-américains et particulièrement québécois et qui s'interroge sur son rapport avec la France, la politique, la langue, la culture, etc; problématique de blanc, ignorant tout, ou du moins est-ce imperceptible, du massacre génocidaire qui est à l'origine de ce Nouveau Monde tel que nous le connaissons et l'encensons maintenant!).

Mais...

Il faudrait voir ce spectacle pour le juger.

Si il s'agit d'une compagnie française (donc pays d'origine d'une partie des ancêtres colonisateurs), par fraternité, solidarité, et avec un engagement constant,  le théâtre du Soleil est une des rares compagnies (sinon la seule en France) à faire appel à des femmes et des hommes d'autant de nationalités différentes pour représenter la diversité du monde , sans pour autant cantonner les Pakistanais dans le rôle de Pakistanais, des Afghans dans celui des Afghans, des Russes dans celui des Russes.  Cette compagnie milite pour une ouverture au monde, faite de générosité et de solidarité.

Il s'agit d'une troupe nombreuse aussi et comment ne pas admettre que les membres de cette troupe joueront les protagonistes de l'histoire qu'ils vont nous raconter? Nombre d'entre eux ont une histoire violente , venant de divers pays très violents et les croirons nous assez idiots pour ne pas trouver de similarités entre leurs propres expériences et celui des colonisé.e.s du Nouveau Monde, et, ainsi, de se poser et de poser, au travers du spectacle, toutes les questions que la colonisation, les pillages et les massacres suscitent?

Là où il y a peut-être un autre  couac c'est de confondre cinéma (et son réalisme tel qu'il nous l'impose, ou l'obligation de nous faire croire que Superman est devant nous; travers dans lequel est tombé monsieur Lepage , notamment dans "Pique"première partie de sa tétralogie -inachevée? - "Cartes"  ) et théâtre , fait de conventions avec les spectateurs (ce soir telle actrice jouera la  déesse Athéna, tel acteur Jupiter son père; évidemment on ne vous montrera jamais la naissance de la Sagesse, sortie de  la cuisse de son père; il suffira que nous nous le racontions et l'admettions comme un fait et dont on va s'amuser). Ce serait une erreur de croire qu'Othello ne pourrait être joué que par un homme de couleur noire, Shylock par un juif, un personnage historique que par lui même, ainsi Richard III. Un.e Amérindien.ne par un.e Amérindien.ne? Pourquoi pas par un.e Iranien.ne ou un.e Jamaïcain.e ou un.e Suisse?


Il est certain que les spectacles de Buffalo Bill avec plein de figurant authentiquement autochtones étaient plus politiquement correct.

Dans la même veine , mais plus flagrant : http://www.bihorcouture.com/


Sans doute Robert Page ne s'y reprendra plus et cessera de créer sur les cultures des minorités... Sans aucune assurance que de nouveaux spectacles voient le jour sur ces sujets. Comme ça, pas de chichi, tout le monde est perdant. A l'exception de ceux qui ne voudraient pas qu'on en parle, évidemment. 

ASI,


pourquoi les mises à jour d’articles ne nous sont aucunement signalées en page d’accueil ou sur le forum ?

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Une évidence. La parole doit être partagée. 

Pour réponde à Ariane Mnouchkine, le comédien appartient à un monde dont il connaît la réalité et les codes. Donc, il a une connaissance historique et artistique de son monde - occidental. Et une tradition théâtrale établie.

L'exemple de la Bonne Âme de Setchouan de Brecht. Les comédiens n'étaient pas chinois, mais la pièce est construite en miroir de l'Occident et dans un contexte particulier, le rôle de l'économie dans l'aliénation. des individus. Brecht était un interculturel avant la lettre. La "distanciation", traduction française  approximative , c'est mettre sa réalité à distance pour mieux la voir et la comprendre. C'est donc autre chose que de vouer LE comédien à l'universalité. 

J'ai vu jouer des Suisses et des Finlandais Hamlet, mis en scène les deux par Benno Besson, alors directeur de la Comédie de Genève. Les deux versions, racontaient une histoire du rôle du corps dans deux cultures théâtrales différentes pourtant du même contient. Passionnant. 

Aujourd'hui c'est essentiel d'avoir recours à l'autre, quelle que soit sa culture et sa partie du monde.. Entre parenthèse, le colonialisme existe toujours, mais silencieusement. Des siècles de suprématie planent sur le monde, C'est une supériorité inconsciente . Ariane Mnouchkine étant une grande artiste profitera de cette confrontation.

Enfin on découvre que les idoles des bobo sont des profiteurs-ruses  ça fou les boules, pourtant Nouchkine c'était couru d'avance, pendant les manifs contre les retraites en 2010, y'avait les belles chorégraphies avec marionnettes , et alors ?rien ... juste du spectacle mais aucune revendication, de l'habillage pour faire sa pub surement. Les blancs trouvent normale de se servir de la souffrance des autres pour être connu, comme i on avait besoin d'eux pour connaitre la vie, comme Daniel qui a fait des titres d'articles sur l'inceste, putacliq, sans se préoccuper de la douleur des victimes, et meme quand je lui en ai fait remarque en message privé, il s'en fou, une femme infesté , ont va pas l'écouter, quand on est bobos , on est au dessus de ca. Les zelites blanche bobo , ont des métiers cool, soie ils gagnent bien leur vie en utilisant la vie douloureuse des autres tout en refusant d'assumer leur actes, sois ils utilisent la douleur/colere,  des victimes pour se valoriser, comme les politiques. Je trouve lamentable que des comédien-ne-s blancs-ches jouent les rôles de noirs, surtout quand aucun-e-s noirs (sauf un exemple j'imagine, pour faire semblant d'être non raciste),  ne jouent les rôle de blancs .. et dire que des gens osent encore se prévaloir d'art pour voler les oeuvres, les vies.. LA culture bourgeoise, de #lautredroite est pénible, et n'a pas de sens , sauf celui désincarné de la bien pensance petit chef. 

Je me souviens... un triste sire s'insurgeant dans une réunion de linguistes de ce qu'un américain - Noam Chomsky en l’occurrence -  prétende nous apprendre, à nous, la grammaire française! (et il "oubliait" que N.C. est  juif et apatride). Et un autre, qu'un autre américain vienne nous donner des leçons d'histoire de la France de Vichy...

Pourquoi tel ou telle artiste ne pourrait-il/elle  pas raconter une histoire différente de celle de son grand-père, que celui-ci soit auvergnat, wayuu, ou russe ?

Les exemples que vous donnez sont, en effet, ridicules, mais pas comparables à la situation présente. Le contexte change tout. 

Dans vos exemples (Chomsky et Paxton, je suppose), il y a un champ d'études préexistant, celui de la grammaire et de l'historiographie françaises, très largement dominé par des savants français : leur refus (le refus de certains, du moins) d'entendre une autre voix est stupide.


Pour le cas qui nous occupe, il ne me semble pas que les Amérindiens dominent le champ culturel, y compris dans leur propre pays. Quand avons-nous entendu parler des Amérindiens par des Amérindiens, pour la dernière fois ? Combien de fois ces Amérindiens ont-ils eu droit à un discours et une représentation sur eux-mêmes qui émanent quasi exclusivement des instances médiatiques et culturelles dominantes, c'est-à-dire occidentales ? Comment ne pas imaginer qu'ils connaissent déjà par coeur ces discours, aussi divers et même bienveillants fussent-ils ? Pourquoi accepteraient-ils d'être seulement consultés, sans être vraiment écoutés, semblent-ils, ni être appelés à participer activement au spectacle, d'aucune manière que ce soit, puis brandis comme alibi quand ça commence à chauffer ? S'ils acceptent sans réagir, parce que c'est Mnouchkine quand même, une artiste vous savez, et qu'elle a son point de vue à exposer etc., il faudra accepter aussi la prochaine fois, et la suivante, et la suivante, pour les mêmes raisons. Quand ils pourront au moins faire entendre leur propre voix sur le domaine qui leur appartient (leur histoire, leur culture), il leur sera peut-être plus facile de montrer quelque intérêt a des voix étrangères, si elles ont quelque chose de nouveau à dire.


Certes, il fallait écouter Chomsky et Paxton. Il serait temps aussi d'écouter les Amérindiens, plutôt que de les prendre pour des agités qui ne comprennent rien à leurs vrais problèmes.



Je me souviens... un triste sire s'insurgeant dans une réunion de linguistes de ce qu'un américain - Noam Chomsky en l’occurrence -  prétende nous apprendre, à nous, la grammaire française! (et il "oubliait" que N.C. est  juif et apatride). Et un autre, qu'un autre américain vienne nous donner des leçons d'histoire de la France de Vichy...

Pourquoi tel ou telle artiste ne pourrait-il/elle  pas raconter une histoire différente de celle de son grand-père, que celui-ci soit auvergnat, wayuu, ou russe ?

Je sais pas quoi penser de ces histoires de réappropriations culturelles.


D'un côté, c'est évident qu'il est plus que temps de partager l'espace public et culturel aux minorités et les laisser s'exprimer sur les sujets qu'elles maitrisent mieux que les dominants.

D'un autre côté, l'art a toujours été par essence un melting-pot d'influences culturelles. Le cantonner à un cadre strict national/ethnique et empêcher les mélanges le dégénérerait. Sans dire que les artistes sont en dehors de la politique, leur démarche de s'inspirer des autres cultures a rarement pour but d'exploiter des oppressés.


Est-ce que les artistes ne sont pas malgré eux des victimes collatérales d'une bénéfique prise de pouvoir/parole des minorités qui, après des siècles d'oppression, décident légitimement de se réapproprier leurs cultures en en gardant jalousement l'accès ? Ou bien sont-ils déconnectés, à s'accrocher à ce "droit à l'inspiration" qui ne serait en fait qu'un privilège ?

Ça me rappelle les propos très éclairants de Marie-Pascale Dubé, chanteuse  proposant du chant de gorge inuit, lors de l'entretien mené par Raphaëlle Tchamitchian sur Hors-Série.


https://www.hors-serie.net/Diagonale-Sonore/2017-12-30/Chant-inuit-aujourd-hui-id280

L'extrait sélectionné en accès libre évoque justement les pensionnats organisés par les colonisateurs.

(dans l'émission complète, vers 8', évocation pendant une dizaine de minutes des grandes étapes de la colonisation )

Et allusion aux implications politiques à divers endroits de l'entretien.


Pour illustrer sa préoccupation de ne pas dénaturer l'esprit du chant traditionnel inuit, de ne pas s'approprier une culture juste pour se faire remarquer, elle cite cette phrase de sa "coach" inuit : "Tu sais, les blancs nous ont tout pris, ils ne peuvent plus rien nous prendre pour briller"


C'était une très belle émission, elle me semble très complémentaire avec l'article d'Emmanuelle Walter (merci Emmanuelle !)

"Mnouchkine explique que l'absence de comédiens autochtones n'est pas à ses yeux un enjeu : « Ce sera toujours un acteur qui va jouer Hamlet ; et il n’a pas besoin d’être danois. Je dirais qu’il vaut mieux qu’il ne le soit pas »"


Elle a évidemment raison dans l'absolu d'une société véritablement égalitaire. Aucun danois n'irait protester que Hamlet soit joué par un non danois (et d'ailleurs écrit par un non danois). Mais nous ne sommes pas (pas encore?) dans un cadre égalitaire, où une indienne pourrait jouer Marie-Antoinette sans que personne s'en émeuve.

Par ailleurs, vous êtes bizarre, ASI.
Vous avez placé cette chronique concernant un combat des Amérindiens dans le dossier « Nègres, Noirs, Blacks »…

Un fait qui n’est pas dit dans cette intéressante chronique :

le Théatre du Soleil est une troupe, une tribu, même.


Je ne les connais pas plus que ça, mais je les vois mal faire des castignes à droite, à gauche.


Autrement, je préfère la chronique par écrit. :)

On marche sur la tête ! 

Mnouchkine ferait bien de réfléchir à cette histoire. Je ne sais pas d'où elle vient, mais c'est un Tunisien qui me l'a raconté...


"Un jour, un enfant pose une question à son père :

– Dis papa, quel est le secret pour être heureux ?

 

Ne sachant que répondre à cette interrogation, le père propose à son fils de le suivre. Ils sortent de la maison, le père sur le vieil âne et le fils suivant à pied. Les gens du village accusent :

– Son père est un père indigne ! Il monte son âne quand son fils le suit à pied !

 – Tu as entendu mon fils ? Rentrons à la maison, dit le père.

 

Le lendemain ils sortent de nouveau, mais cette fois le père installe son fils sur l’âne et l’accompagne en tenant la bride. Les voisins disent alors :

– En voilà un fils indigne : il ne respecte pas encore son vieux père et le laisse aller à pied !

– Tu as entendu mon fils ? Rentrons à la maison, dit le père.

 

Le jour suivant ils s’installent tous les deux sur l’âne puis quittent la maison. Les villageois critiquent à nouveau le père et le fils :

– Ils ne respectent pas leur bête à la surcharger ainsi !

– Tu as entendu mon fils ? Rentrons à la maison.

 

Le jour suivant, ils partirent en portant eux-mêmes leurs affaires, l’âne trottinant derrière eux. Cette fois les gens du village y trouvèrent encore à redire :

– Voilà qu’ils portent eux-mêmes leurs bagages maintenant ! C’est le monde à l’envers !

– Tu as entendu mon fils ? Rentrons à la maison.

 

Arrivés à la maison, le père dit à son fils :

– Tu me demandais l’autre jour le secret du bonheur. Peu importe ce que tu fais, il y aura toujours quelqu’un pour y trouver à redire.

FAIS CE QUE TU AIMES ET TU SERAS HEUREUX !!"

Merci pour ce bel article.

Merci pour ce très bon article. A VOTER !!!!!!

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