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Commentaires

Entre "migrants" et "réfugiés", la presse balance

Migrants ? Réfugiés ? Voire clandestins ? La crise humanitaire en Méditerranée et une tribune de la chaîne Al Jazeera ont provoqué un débat dans la presse française sur le choix des mots pour décrire les milliers de personnes qui tentent de rejoindre l'Europe, souvent en provenance de Syrie, d'Afghanistan ou d'Erythrée. Si certains, comme Rue89, veulent voir disparaître le terme de migrants, d'autres, comme Le Figaro ou Le Monde, s'interrogent sur la pertinence des deux choix. Et continuent en attendant à utiliser les deux termes, alors que la distinction est loin d'être anodine, même sur le plan du droit international.

Derniers commentaires

Le problème réside dans le fait que parmi les populations qui émigrent tous n'ont pas le même motif.
On ne peut pas attribuer un qualificatif pour une population hétérogène.

D'abord ils viennent de pays différents, heureusement tous ces pays ne sont pas en guerre.
Il est évident que beaucoup viennent pour éviter les persécutions, ceux-là sont certainement des réfugiés.

D'autres ne sont pas persécutés mais n'ont pas d'avenir dans des pays aux systèmes corrompus, ça se comprend, mais le statut de réfugié n'est pas évident dans ce cas, c'est de l'émigration économique. Du reste cet état n'est pas nouveau, ce qui pose l'hypothèse qu'il y a un effet de mode, à mon avis un réseau qui entraine pas mal de gens qui par le passé dans des situations similaires ne partaient pas, à sauter le pas (pour leur propre profit et sans scrupules).

Enfin il y a un certain nombres de parias et de délinquants qui se font simplement zigouiller dans leur pays relativement peu tolérants à leur contribution, et/ou qui désirent étendre leur secteur d'activité, avec la filière lybienne ceux-là ont un boulevard.

Voici donc le problème nous avons un 3 en 1 massif qui est relativement inédit.

La presse cherche à essentialiser la population émigrante, et fait fausse route dans tous les cas, que ce soit la presse de gauche ou de droite, ils ont à la fois tort et raison, car si les faits nous montrent qu'on a bien ces 3 types de populations on ne sait pas dans quelle proportion elles sont distribuées.

On se trouve devant deux erreurs potentielles politiques : la première morale qui consisterait à refuser des gens qui risquent la mort, d'une situation que nous avons largement contribué à réaliser (Lybie, Syrie...)

La seconde qui consisterait à accepter tout le monde, en laissant passer des gens aux intentions douteuses (la délinquance tunisienne, lybienne etc..., voire les islamistes disséminés) en les confondant avec les premiers.

Sans parler de ceux qui ont le cul entre 2 chaises, qui n'ont pas de mauvaises intentions mais ont des raisons moins vitales que les premiers, en somme la situation de l'immigré telle qu'elle est débattue depuis 40 ans.
Dictionnaire historique de la langue française*

REFUGIE, le mot est adjectivé (1432), pour qualifier une personne qui a quitté son pays pour se soustraire à des persécutions, un danger, une condamnation.
Il est substantivé avec le même sens (1573) notamment en parlant des protestants français qui durent s'éxiler après la révocation de l'Edit de Nantes (coucou Oskar Lafontaine, et quelques autre teutons). De nos jour, le nom désigne surtout une personne ayant quitté son pays pour des raisons politiques, religieuses ou raciales.


A part la citation qui précède, je n'ai pas de réponse.

Mais beaucoup de questions.
Les huguenots accueillis en Suisse, en Allemagne, en Angleterre au XIXème siècle étaient-ils des réfugiés, ou des migrants ?
Les pilgrims qui ont fondé la Nouvelle Amsterdam au XVIIème siècle étaient-ils des réfugiés, ou des migrants ?
Les nobles qui se sont exilés après la révolution française étaient-ils des réfugiés, ou des migrants ?
Les alsaciens qui ont été « installés » en Algérie après 1870 étaient-ils des réfugiés, ou des migrants ?

Réfugié, migrant, éxilé, expatrié, colon, envahisseur, ...liste ouverte à compléter

Et je ne résiste pas à cette nième citation de Camus "Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde"



* sous la direction de Alain Rey
Et voilà le forum phagocyté par le triste sire.
Qu'en est-il du débat fort justement proposé par Vincent Coquaz ?
Et le droit d'asile dans tout ça, c'est quoi ? On peut être réfugié ET demandeur d'asile ?
C'etait un des sujets de Newsnight sur BBC cette semaine , voici l 'interview avec le directeur info de Al jazeera,


https://www.youtube.com/watch?v=ziyHapr5hIM
Le questionnement sur les mots semble être à l'ordre de ce jour.

"La récente « construction européenne » est au contraire un désir d’unité sans contenu, qui délaisse ses héritages comme si elle en avait honte (en témoigne la dénégation de ses « racines chrétiennes » et les images de ponts et d’arches figurant sur ses billets de banque qui symbolisent une Europe désincarnée). Vidée de tout contenu civilisationnel, l’Europe politique ne sait plus se rendre utile qu’en produisant des normes, comme une machine à standardiser sans finalité humaine.

Dans une étude sur la rhétorique, on doit s’arrêter un instant sur ce nom, « Europe », qui aura fini par revêtir deux significations antinomiques puisqu’il désigne à la fois une civilisation millénaire et un projet juridique abstrait. L’utilisation d’un même signifiant pour désigner deux réalités aussi différentes n’est pas innocente : elle permet de faire passer « l’euroscepticisme » pour un repli sur soi et une haine de ses voisins. Si je dis que vous êtes eurosceptique, je donne en effet l’impression à mon auditoire que vous détestez l’Europe en général, sans préciser si l’objet de détestation est la civilisation européenne en général ou le projet politique. En réalité, les « eurosceptiques » sont généralement attachés à la transmission du patrimoine européen, spirituel et matériel, et n’attaquent que la construction politique, qu’ils jugent trop atlantiste, trop technocratique, trop contraire à l’idée de souveraineté nationale et trop éloignée des peuples. Mais le terme de « scepticisme », dans la langue française, ne peut guère renvoyer qu’à la réserve éprouvée face à un projet, une promesse, une idée ou quoi que ce soit en attente de réalisation. Face à une réalité, on ne saurait être sceptique, le sceptique étant par définition celui qui demande à voir, qui réclame l’épreuve des faits. « Eurosceptique » ne peut donc pas faire totalement illusion : on comprend, même si l’on n’est pas linguiste, que l’« eurosceptique » critique l’Union européenne, et rien d’autre." Laurent Fidès, Face au discours intimidant

Source : http://www.bvoltaire.fr/laurentfides/livre-de-lete-face-discours-intimidant-7,197052?utm_medium=twitter&utm_source=twitterfeed
Vous avez raison, c'est important les mots. D'ailleurs comme disait Nietzsche : "encore un siècle de journalisme et tous les mots pueront". Alors, tenez, posons-nous aussi la question de savoir quel terme utiliser pour le processus que sont en train de subir malgré eux les peuples d'Europe : international-socialisme, grand remplacement, génocide ? Finalement ici, les trois sont synonymes. Pour une clarification du terme génocide, il n'y a qu'à lire la définition de Lemkin lui-même, son inventeur : http://www.casimages.com/i/150829063706564638.jpg.html

"Les nouvelles conceptions ont besoin de mots nouveaux. Par « génocide » nous voulons signifier la destruction d’une nation ou d’un groupe ethnique. Ce terme, inventé par l’auteur pour évoquer une ancienne pratique dans sa forme moderne, est construit à partir du grec ancien genos (race, tribu) et du latin cide (tuer) […]. Généralement parlant, génocide ne signifie pas nécessairement la destruction immédiate d’une nation, sauf quand elle est obtenue par le meurtre de masse de tous les membres d’une nation. Il veut plutôt signifier un plan coordonné de différentes actions visant la destruction des fondations essentielles de l’activité des groupes nationaux, avec comme but d’annihiler les groupes eux-mêmes. Les objectifs d’un tel plan seraient la désintégration des institutions politiques et sociales, de la culture, de la langue, des sentiments nationaux, de la religion, de l’activité économique des groupes nationaux, et la destruction de la sécurité personnelle, liberté, santé, dignité, et jusqu’aux existences des individus appartenant à ces groupes. Le génocide est dirigé contre le groupe national en tant qu’entité, et les actions entreprises sont dirigées contre les individus, pas en tant que tels, mais en tant que membres du groupe national."
Raphael Lemkin, inventeur du terme génocide (Axis Rule in Occupied europe, chap. IX-I Génocide, p.79 - 1943)
Quelles genres de valeurs l'Europe peut-elle encore prétendre défendre si elle est infichue de montrer la moindre solidarité, que ce soit avec ceux de ses membres qui sont endettés ou avec ceux qui rejoignent ses bords en fuyant l'horreur ?

Quelle genre de société la France peut-elle encore prétendre être si, traumatisée par un attentat, elle est incapable de tendre la main à ceux qui arrivent parce qu'ils fuient ce même genre de violence vécue au quotidien ?

L'édito du Monde est vrai et important, le problème c'est qu'après on ne peut pas s'empêcher de regarder les commentaires et ceux-ci semblent avoir été écrit exclusivement par une bande de sociopathes, comme les commentaires de la plupart des articles que je lis sur le sujet en ce moment. Que des gens soient capables de dire "dehors les clandestins" après les images de Daech, de morts repêchés en méditerranée ou retrouvés dans des camions en Autriche, ça me dépasse.

Je me sens assez d'accord avec cet article du NewStatesman http://www.newstatesman.com/politics/2015/08/europe-shouldn-t-worry-about-migrants-it-should-worry-about-creeping-fascism
Ce continent file un mauvais coton.
c'est evident que le terme "migrant" laisse entendre que les gens viennent par choix, et qu'on pourrait trouver normal de les renvoyer chez eux. là on parle de pays en guerre, ces gens ne fuient evidemment pas leur pays par choix, et il faut au minimum appliquer le droit international, considerer l'evenement comme on le ferait pour une catastrophe naturelle, c'est à dire fournir une aide humanitaire à la hauteur de la catastrophe (nourriture et logement), et acceuillir et naturaliser de manière systématique ces populations. les pays europeens ont l'air d'avoir une lecture toute particulière du droit international. Et si on peut comprendre l'expression "les gens sont anti-migrants"; être "anti-refugiés" n'as aucun sens. c'est quelque chose qui arrive, et même si c'est pas souhaitable, on peut pas être pour ou contre. au delà du droit c'est une question de strict minimum de décence humaine.

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